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Brèves littéraires
Sidoine : Réveil
 Publié le 03/06/25  -  6 commentaires  -  1910 caractères  -  51 lectures    Autres textes du même auteur

Il suffit d'un peu d'eau pour que l'esprit déraille et que le réel bascule…


Réveil


L’eau, sur ses membres endormis, coulait sans s’arrêter, aimante, doucereuse, serpentine, lustrale, avec son parfum savonneux qui pulsait dans la cabine étroite, ses petites dents moroses qui perlaient en vagues vives, ses écailles de poisson lacté, son souffle sempiternel qui clamait : « Oui, oui, encore, je te purifierai jusqu’à ce que tu perdes la raison ! »

Il n’était pas très réveillé, ce jeune homme svelte qui, dans la pâleur fastueuse de la salle de bain, se douchait avec assiduité.

Mais il savait une chose : la journée serait parfaite ; ses collègues, il les catapulterait d’un revers de main, et son épouse, il la quitterait sans regret pour une femme fatale.

Et les songes de la nuit glissaient entre ses doigts humides ; leurs flots sombres, en poussière spongieuse, se déversaient sur ses jambes endolories, avant de gagner le siphon esseulé – cet antre velu qui les aspirait sans retour.

C’étaient de maigres cauchemars : son corps démembré qui explosait en jets incandescents dans le ciel terne, une ombre opaline aux yeux sanguins qui posait sur son nombril sa langue violette , le velours moribond d’un canapé titanesque sur lequel battait son cœur à la dérive.

Mais déjà, il se sentait mieux : sa chevelure fine se hérissait sous le shampooing nacré ; son visage tendu abandonnait son masque monstrueux ; son torse pubescent se couvrait d’une clarté nouvelle.

Il ferait ses preuves ; la réalité n’avait qu’à bien se tenir ; de son esprit endiablé, il la déchirerait à coups de ciseaux et se gausserait de son pouvoir épileptique.

« Mon Dieu ! Une bête noire dans mon champ de vision ! »

Les pattes plantées sur un coin du plafond, elle l’observait, immobile et touffue, de son regard blafard où se perdait la lumière des néons.

Et le rire qui jaillit de sa mâchoire immonde entailla son espoir d’une plaie éclatante.


 
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   Cyrill   
30/5/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J’ai vu dans ce récit, qui semble se présenter comme un banal réveil sous la douche, la métaphore d’une puberté ou post-puberté angoissante et néanmoins désirable. J’ai beaucoup aimé la description d’une viscosité nocturne vaincue par l’eau « aimante, doucereuse, serpentine, lustrale », n’en jetez plus, l’ambiance est installée.
Le corps du protagoniste se transforme au gré ou à la force de ses fantasmes ( convenus : les collègues à moucher, l'épouse à plaquer), de ses cauchemars souvenus de la nuit, et de cette anguille liquide et savonneuse censée le laver.
« son corps démembré qui explosait en jets incandescents » : un orgasme destructeur dont il faudrait se laver ? Allô, tonton Sigmund ...
Le style emprunte à la poésie ce qu’il faut de flou artistique pour laisser le champ libre à l’interprétation, avec cette bestiole effrayante dont on se demande ce qu’elle représente pour le gars de terreurs inconscientes à propos d’une réalité au « pouvoir épileptique ». Pas mieux que les cauchemars qui précèdent, donc...

   Myndie   
3/6/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Sidoine,

elle a tout ce qu'il faut pour me plaire cette Brève. En plus d'être bien écrite, elle développe du début à la fin une atmosphère aussi onirique que saignante
La salle de bains, d'une «  pâleur fastueuse », est le théâtre de visions inflammatoires, d'images effrayantes et de pensées assassines qui se bousculent à l'intérieur d'une tête pas encore bien réveillée. Pour me représenter la scène, ce sont des images du film « The substance » avec Demi Moore qui me sont immédiatement venues.
C'est là que fusionnent réalité, rêves et cauchemars. D'un côté la blancheur, la pureté, les parfums doucereux, la sécurité, de l'autre, les « flots sombres », le «  corps démembré qui explos(e) en jets incandescents », l'araignée monstrueuse, le délire, le danger, l'angoisse.

La richesse des expressions met bien en évidence la dualité du subconscient.
J'ai beaucoup aimé la personnification de l'eau purificatrice et, en contrepoint, la noirceur de la dernière phrase

   Provencao   
3/6/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Sidoine,

J'aime bien cet esprit qui déraille et ce réel qui bascule qui fidélisent en eux ce mouvement, ce tracé, nécessairement en dualité et contradictoires, de ce réveil.

En cela, le cauchemar, soigne à ses bords le confus d’où il émerge.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Mikard   
3/6/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bien joué ce texte. Avec ce titre je voyais arriver un début de journée plein de bonnes résolutions puis une chute comique genre « après cette bonne douche il décida d’aller se recoucher » et puis non c’est plutôt une fin genre film d’horreur avec la bestiole. Un peu d’érotisme pour pimenter l’affaire, pas trop long, parfait pour démarrer en douceur. Sur le style, un peu trop d’adjectifs peut-être mais c’est vraiment pour dire quelque chose.

   Dimou   
3/6/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ce réveil cauchemardesque ne marque aucun pas de bout en bout.

Le parcours est riche, et la tension, concentrique. Ce qu'on demande à une brève quoi.

il n'est pas de bétoire chez dame Nature pouvant évacuer la noirceur, la gluante, elle l'expulse même ; mais à entaille humaine, dans le siphon d'une douche...

Vision rapportée à ma propre xp : délire maniaque. Le grand 8 n'est pas bien loin pour le personnage.

Aucun pas marqué et un style qui vous est propre.

Une pièce psychotique rondement saignée, vraiment et j'en fais pas des caisses.

L'encre ne sèche pas, elle coagule.

   Charivari   
3/6/2025
Bonjour, désolé de laisser ici une note discordante:

44 adjectifs! Phrases longues et répétitives, toujours sur le même modèle, je trouve que c'est en inadéquation avec ce qu'on prétend narrer, un gars qui devient à moitié fou, la forme est trop sage par rapport au fond, enfin c'est un point de vue tout à fait personnel, bien sûr.
Ceci dit, il y a de belles trouvailles.


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