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Fantastique/Merveilleux
solidane : Arbre rêvé…
 Publié le 08/05/09  -  8 commentaires  -  5731 caractères  -  98 lectures    Autres textes du même auteur

Ombre douce du lilas... Il n'y avait que l'ombre.


Arbre rêvé…




Si j’avais un lilas, j’y ferais mon lit là…


Bon, la phrase est un peu simplette, mais elle me plaît. J’ai bel et bien un lilas ; cette année, les fleurs nombreuses embaument et se projettent au-dessus du cotonéaster. Il y a un an, l’arbre souffrait de la présence de l’arbrisseau. Nous n’avions eu que peu de fleurs, malingres, comme obligées de paraître. Le cotonéaster envahissait tout, lançant de sa base de longs rameaux qui étouffaient le lilas.

Aussi, à l’automne, qui fut aussi celui de notre amour, Léa et moi, jouant des sécateurs, avions sérieusement taillé l’exubérant. Il m’avait alors fallu la freiner dans son intransigeance ; elle confond aisément mal nécessaire et destruction, jugement que je reconnais être très personnel. Sans mon intervention, l’arbrisseau eût été arraché, découpé, jeté ! L’essor de l’arbre en eût-il été favorisé ? Rien n’est moins sûr.


Reste que cette année, les fleurs qui me sont destinées, mais resteront pour autant sur leur support naturel, sont resplendissantes.


Si je vous livre cette anecdote, c’est que j’ai aussi un lit. Il se trouve dans ma chambre, l’idée, je le sais, n’est pas en soi originale. Mais je dis ce qui est. Il est vaste, immensément vaste depuis son départ. L’aisance y a maintenant vaincu la sensation de vide. J’y suis bien. Les murs qui le ceinturent me sont plus difficiles à supporter. Je manque un peu d’air. C’est pourquoi je songe à le déménager.


L’entreprise n’est pas aisée. Certes avec quelques amis, l’affaire serait vite réglée. Et des amis, je n’en manque pas. Mais je leur ai trop demandé. Aussi ai-je décidé de me débrouiller seul. Je commence à tous bien vous connaître. Quoi de plus facile, même pour un homme seul ? Eh bien, détrompez-vous, certaines tâches sont plus ardues qu’elles semblent l’être au premier abord. Représentez-vous donc les choses comme elles m’apparaissent en ce moment.


Je suis allongé, bien, la tête enfin reposée. Je sais ce que j’ai décidé, mais par où commencer ? Première évidence, me lever. Et déjà là…, premier effort ; je suis si bien étendu. Je plaisante, il ne me faut pas plus d’un saut pour me redresser.

Dégager le matelas, confortable, mais pesant croyez-moi. Je songe à le rouler, j’ai des années de pratique avec mes cigarettes. Premier mensonge, je n’ai jamais su rouler du tabac dans du papier, j’ai résolu le problème en fumant des cigarillos.

Alors j’ai tiré. Mon matelas s’est affaissé sur la moquette. Aucun effort de sa part. Tant mieux, c’est moi qui le déplacerai. Je sens déjà chez lui quelque mauvaise volonté. Qui suis-je pour décréter unilatéralement son transport immédiat, sans aucune préparation psychologique ? Je fais fi de mes scrupules, lui fais franchir le pas de la porte et l’amène à l’escalier. Surplombant les marches, il résiste encore, s’accroche désespérément aux barreaux de la rambarde. Je le pousse comptant sur la gravitation pour aider à la descente. Ses efforts sont désespérés, il n’y a en moi aucune humanité. Quelques violentes poussées et il lâche enfin prise. La chute en roulé-boulé est rapide. Il a renoncé ; battu, transféré. Sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits, de se réarmer, je le traîne encore, lui fais franchir la porte-fenêtre, et le laisse enfin choir à l’ombre du lilas. Le premier acte est joué. Rien d’original se disent certains d’entre vous. J’ai eu à vaincre sa détresse et mes propres scrupules !


Retour à la maison, que ferai-je d’un matelas sans son sommier ? Lui est plus léger, mais moins facile à manœuvrer. Pas question de le rouler. Eh bien si justement, j’ai opté pour la ruse. J’ai pris mon temps, à genoux sur la moquette. Je lui ai tendrement parlé. Beaucoup de sordide dans mes propos. La fin justifie les moyens et moi qui n’y ai jamais cru. Tant pis tout comme l’autre, il cèdera. Je lui ai fait doucement comprendre que dans la vie, il y a des fatalités, des déplacements irrémédiables qu’on n’a jamais désirés. Rien n’y fait, il est sourd à mes dires. Plus malin que je ne le pensais. Je lui parle alors de sa longue amitié avec le matelas, cette divine complicité. Je sens que ses lattes se détendent, j’ai enfin touché le point faible. Alors que je le caresse tendrement, lui expliquant que ce déménagement peut être temporaire, et qu’en rien il ne sera éloigné, je sens son sourire… Difficile à imaginer, mais c’est vrai. Le cadre s’est distendu, courbé en une sorte d’imitation de plaisir, de détente, enfin rassuré. L’idée fait son chemin.


Et là, je me suis trop précipité, je l’ai saisi par le côté, l’ai dressé. Sa résistance s’est manifestée, il m’a projeté une latte au visage. J’ai esquivé. Fermement accroché, je l’ai tiré et appuyé contre la fenêtre de toit. Il a réellement paniqué. D’autres lattes ont fusé, l’une m’a frappé à l’épaule. Douleur cuisante qui renforce ma détermination et ma méchanceté. Je l’ai levé d’un bloc et l’ai fait basculer. Il gît là trois mètres plus bas, comme inconscient, assommé. Je dévale les étages, rien à voir avec du remords. Apparemment, rien de cassé. J’ai récupéré les quelques lattes abandonnées, traîné l’ensemble auprès du lilas.

Enfin après avoir les avoir réassociés, je m’allonge, persuadé que le temps et leur longue amitié, viendront à bout de leur rancœur. Je ne suis pas fier de moi, j’évite de me poser trop de questions.


J’ai un lilas, et j’y ai fait mon lit là…


Pourtant, j’y suis moins à l’aise que ce dont j’avais rêvé. Il me manque la chaleur de cette chambre, l’ombre rassurante de ces murs. Et je sais trop que s’il était relativement facile de procéder à la descente, il me sera seul rigoureusement impossible d’aborder la remontée. Qui d’entre vous pense encore qu’un tel travail est relativement aisé ?


 
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   Anonyme   
8/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Heureusement que c'est assez court, et bien écrit. Cette histoire de lit a failli m'endormir, mais elle m'a fait penser (avec bonheur) au combat que mena jadis Pierre Desproges, dans un de ses textes, avec les cintres.
Le lit est un loup pour l'homme.
J'apprécie la personnification des lattes qui n'en font qu'à leur tête! Mais e regrette que le récit ne soit pas plus vivant , plus percutant. Et si vous introduisiez quelques répliques dans ce récit (rapportez au style direct les paroles que le narrateur adresse à son sommier)?
Et quelques phrases exclamatives pour donner du rythme.

   Ariumette   
8/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
L'idée est originale, l'humour est bien présent... Ce texte a vraiment tout pour plaire mais... il manque ce petit quelque chose dans le rythme pour en faire soit un texte franchement poétique, soit franchement drôle (ou les 2, pourquoi se restreindre).
Bref, l'humour est affaire de rythme et parfois, ton écriture traîne un peu trop en longueur. Peut-être en coupant en 2 certaines phrases ici et là pour rendre un peu mieux l'impression de bataille, peut-être en employant un vocabulaire moins calinant (mais là ça changerait peut-être trop l'essence du texte)...
Néanmoins ce texte a les qualités du conte. En peu de mots, il nous emmene loin, et nous apprend qu'il faut se méfier des sommiers !
Merci Solidane pour cette jolie lecture !

   Selenim   
8/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Et ben non.

Malgré une écriture qui butine déci delà, la trame est ultra slim.

Pour déplumer un sujet tel que celui-ci, il faut se débarrasser de sa tête. Aller au bout du délire et de l'absurde.

Un récit beaucoup trop timoré et raisonnable.

La personnification du matelas est juste une ébauche, une frêle esquisse.

   Menvussa   
9/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Le parallèle entre cet arbre qui souffre de l’arbrisseau dont on le débarrasse par élagage et cet homme qui se retrouve seul, mais finalement pas plus mal, du moins en apparence, m’a plu. On retrouve ce rapprochement à la fin du récit, une fois le lit sorti, de l’espace, oui, mais ce manque de sécurité.

Entre les deux, il ya cette longue digression. Évidemment, on y voit l’allégorie d’une séparation un peu brutale, un rejet de l’autre qui en définitive laisse un grand vide. Mais, je n’ai accroché que moyennement

L’écriture est agréable, le thème abordé d’une façon un peu superficielle.

   widjet   
9/5/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Alors, bien sûr c’est traité avec légèreté et drôlerie, mais ce déménagement est pour ma part la résultante de quelque chose de plus triste. Derrière ce texte, j’y ai vu autre chose, l’absence, l’absence de l’autre, celle dont le départ, engendre cette douce folie. Le lit n’est pas un meuble anodin, c’est celui des retrouvailles des corps, des peaux. Pas étonnant que le héros veuille s’en débarrasser depuis le départ de sa douce.

On reprochera à l’auteur de parfois se disperser, mais l’ensemble reste agréable, le rythme ne retombe pas (trop) et l’écriture est enlevée.

Je suis sceptique sur la catégorie en revanche.

W

   horizons   
20/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai beaucoup aimé cet texte certainement parce qu'il m'est arrivé la même aventure il y a quelques années, suite à un rupture...Même efforts desespérés, même découragement, pour faire sortir le lit de la pièce (ou son occupant de ma vie?). Mais
l'humour et les jeux de mots s'ils sont ici une forme de pudeur masquent peut-être trop la souffrance affective, qui est pourtant sous jacente dans cette nouvelle. Un peu plus d'ironie encore, de grincements et de larmes (pour une fois) auraient aiguisé ton propos.
Mais, pour moi c'était tt de même un bon moment de lecture.
H.

   florilange   
22/6/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Désolée, pas accroché du tout sur 1 texte pourtant bien écrit. J'aurais souhaité 1 parallèle plus flagrant entre le départ de la personne aimée & l'expulsion du lit, voulu sentir + de chagrin pour expliquer cette rage soudaine. Le lit n'est, après tout & en soi, responsable de rien, sinon de rappeler des souvenirs. Quant au lilas, il ne calmera rien. Déplacer le mal n'empêche pas qu'il faudra l'affronter. Alors, j'aime les symboles, à condition qu'ils soient exploités à fond, surtout avec l'humour dont l'auteur semble être parfaitement capable.
À bientôt,
Florilange.

   littlej   
19/12/2009
 a aimé ce texte 
Pas
L'idée n'est pas mauvaise - l'intrusion du merveilleux m'a plu - mais l'écriture, quant à elle, m'a vraiment déçue.

J'ai senti une recherche de poésie dans les phrases, d'accord mais parfois (souvent) c'est lourd. Et c'est assez ennuyeux par moment.

Décidément, je suis allergique à la poésie en prose.

Désolé.

j


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