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Sentimental/Romanesque
steph081976 : En attendant l'aurore...
 Publié le 08/03/12  -  7 commentaires  -  30862 caractères  -  115 lectures    Autres textes du même auteur

L'itinéraire de jeunes en manque de repères.


En attendant l'aurore...


La ville palpitait, de ses veines de bitume, de son cœur de ciment. Parfois, une survivance d’herbe jaune, un arbre rachitique aux racines prisonnières de l’asphalte semblaient infecter cet organisme urbain d’une étrange maladie, mais le Monstre-Ville dévorait tout.

David marchait entre les murailles de béton percées d’un damier de fenêtres sombres. Il avait envie de frapper quelqu’un. Quelque chose. Comme ça. Pour rien.

Depuis quelques heures, en ce cinq juillet mille neuf cent quatre-vingt douze, il avait dix-huit ans. Depuis moins longtemps, une nouvelle altercation l’avait opposé à son père.

Il s’alluma une cigarette avec le mégot de la précédente, qui lui jaunissait les doigts. Pourquoi y prêtait-il encore attention ? Ces dix dernières années n’étaient-elles pas une seule et longue discorde avec son paternel ?

« Putain de vie. »

Il descendit la rue, cherchant du regard une bande qui serait prête à en découdre. Il ne trouva personne. Il savait que plusieurs hommes auraient facilement raison de lui, qu’il pourrait même mourir d’une lame sournoise ou d’un mauvais coup.

Quelle importance ? Seule comptait la violence. La violence assénée, la violence reçue… Cette férocité nourrissant le brasier qui lui dévorait les entrailles.

La Mulatière comptait quelques jolies rues. Pas celle-là. Son errance l’amena au bord de l’autoroute. Le vrombissement incessant des voitures, jusque-là étouffé, l’agressa de toute son intensité. Il lui semblait avoir lu quelque part qu’autrefois la berge descendait en une pente douce et herbeuse jusqu’au Rhône. Aujourd’hui, seule une passerelle enjambait le flux mécanique pour mener dans une vieille écluse désaffectée.

Le Rhône… Cela faisait naître en lui un souvenir fugace, enfoui sous des années de colère et de hargne. Une réminiscence bien antérieure aux bagarres incessantes qui rythmaient désormais sa vie. Il traversa le frêle ponton.

L’écluse était quelque peu aménagée. Il lui semblait que des joutes nautiques se déroulaient ici, parfois. David s’installa au bout du quai, s’asseyant à même le sol, face au fleuve.

Quand était-ce, la dernière fois ? Il y avait forcément plus de cinq ans… Il se souvenait de parties de pêche, de promenades dans des sous-bois touffus, le long d’une lône… Ces choses qu’il faisait avec son grand-père, avant… Avant qu’il ne décède.

Ici, il peinait à reconnaître le fleuve. Son aïeul avait vécu plus au sud, près d’Avignon. Ces étés lui semblaient maintenant presque irréels, perdus dans les limbes de colère qui occupaient aujourd’hui son cœur et son âme. Pourtant…

Pourtant il avait rarement volé, il n’avait jamais agressé plus faible que lui… Peut-être n’était-il pas encore totalement un animal. Peut-être que les valeurs transmises par le vieux Marius vivaient encore en son esprit, perdues parmi les manifestations de la Bête. Il alluma une nouvelle cigarette, la main tremblante.

Et ce fleuve. Son grand-père lui en parlait souvent. Pour lui, c’était infiniment plus que de l’eau. David avait du mal à saisir cela. Le flot s’écoulait à ses pieds, terne, sale. Le gris venant de la Saône était d’ailleurs différent de celui issu des eaux du Rhône, que le confluent réunissait en cet endroit.

Il lui fallait savoir. Savoir qui était ce fleuve.

Mais surtout savoir ce qu’il subsistait d’humanité en lui.


La nuit avait été courte, le doute attisait son insomnie comme l’aurait fait un brandon ardent.

Enfin, l’aube avait illuminé la façade de l’immeuble, et il avait entendu les bruissements coutumiers de ses parents se préparant à leur journée de labeur. L’agitation cessa bientôt avec le claquement de la porte d’entrée, immédiatement suivi par un silence reprenant soudain possession de l’appartement désert.

David se glissa hors du lit. Aujourd’hui, il était censé chercher du travail, ses études n’ayant été qu’une longue litanie de mises à pied et de renvois ; pour bagarre, la plupart du temps.

Il dénicha un vieux sac à dos au fond d’un placard, qu’il emplit de quelques victuailles, d’une cartouche de Marlboro, de plusieurs vêtements, et d’un antique duvet. Il hésita à y ajouter un livre, mais la route serait longue, et se surcharger dès le départ serait une erreur.

Il vérifia la présence de sa carte de retrait dans son portefeuille avant de le glisser dans la poche arrière de son jean. Il possédait environ deux mille francs sur son compte, reliquat de ses emplois épisodiques.

Avant de partir, il rédigea une courte lettre à sa mère, qu’il déposa sur la toile cirée recouvrant la table de la cuisine, accompagnée de ses clés. Enfin, il claqua la porte derrière lui.

Bientôt, il atteignit la sortie sud de la ville. Il avait décidé de suivre les berges du fleuve, mais cela lui était impossible tant qu’il n’avait pas quitté le ventre de la conurbation lyonnaise.

Cela faisait maintenant plusieurs heures qu’il marchait. Il avait dépassé les zones portuaires, et avait même trouvé un sentier longeant le Rhône entre Irigny et Vernaison. Derrière lui, les cheminées de la raffinerie de Feyzin se dressaient fièrement dans l’atmosphère tiède de cette fin de matinée. Il fit une pause sous le pont de la cité vernaisonnaise. Le cadre était bucolique, et un bref repas lui redonna un peu de courage. Le fleuve s’écoulait ici sur un banc de gravier. Son lent flux semblait l’apaiser. Depuis son départ, il ne s’était pas senti dévoré par sa « bête ». Certes, il la sentait bien là, lovée au creux de son estomac, ramifiée solidement dans son esprit, prompte à jaillir à la moindre provocation… Mais elle ne lui brûlait pas les tripes en permanence, projetant sa haine sur tout ce qui l’entourait, comme elle le faisait trop souvent. Partir avait sans doute été la bonne solution. Il reprit sa route.


Le crépuscule avait déjà cessé d’allonger les ombres, et brunissait de plus en plus les encoignures de la ville. Ampuis, reine de la vigne avec sa colline intégralement recouverte de ceps, s’enfonçait dans les ténèbres. David s’installa un peu en contrebas des habitations, à l’abri des regards. Le ciel percé d’étoiles lui promettait une nuit sèche, aussi il étala son duvet au couvert d’un bosquet d’arbres, sans se soucier d’un inutile toit. À quelques mètres seulement, le fleuve dévalait, parfois fendu par une péniche projetant ses vaguelettes sur la berge terreuse.

Bientôt, le sommeil s’empara de son corps fourbu par une journée de marche, et entraîna son esprit au pays des songes. Et des cauchemars.

L’espace d’un instant, il ne sut pas s’il était éveillé ou encore prisonnier de ses rêves. La Lune était haute dans le ciel, et éclairait la nuit de sa lueur blafarde. Il se redressa. Une brève panique l’envahit… Il devait dormir, sinon cette silhouette ne serait pas là, au bord de l’eau… David se frotta les yeux. L’ombre n’avait pas disparu. Silencieusement, il s’approcha sous le couvert des buissons, jusqu'à la voir, de profil, à quelques mètres seulement.

C’était une femme. Une jeune fille, en fait. Son opulente crinière rousse feu crevait l’obscurité en cascadant sur ses épaules. Ses mains étaient jointes au niveau de son ventre, sur le tissu rouge d’une robe qui descendait presque jusqu’au sol.

Elle pleurait.

Le sillon des larmes révélé par l’astre blanc ne laissait aucun doute, même si le silence le plus total accompagnait ses sanglots.

Quelques minutes s’écoulèrent ainsi, comme suspendues hors du temps ordinaire. Cela aurait pu durer encore si la jeune femme, alertée par un craquement, n’avait pas soudainement tourné la tête et aperçu cet homme qui l’observait. Un cri s’échappa de ses lèvres, et, avant que David n’ait pu réagir, elle tenta de s’enfuir. Sa course ne s’amorça même pas, trahie par le talon de sa chaussure qui glissa et lui vrilla la cheville. Elle s’étala au sol, recroquevillée sur elle-même.


– Je vous en supplie, ne me faites pas de mal.


David s’approcha doucement, les mains levées.


– Je ne veux rien te faire, ne t’inquiète pas…


Il s’accroupit près de la cheville endolorie.


– Je peux ?


La femme, tremblante, hocha doucement la tête. David saisit délicatement la jambe. Il ne savait pas vraiment ce qu’il fallait faire, mais examiner cette blessure semblait être une bonne chose… Et cela lui donnait une contenance, lui qui s’en voulait d’avoir été un peu trop voyeur.

Heureusement, l’entorse semblait sans gravité, et la jeune femme put bientôt retrouver toute sa mobilité. Contre toute attente, elle n’en profita pas pour fuir mais s’installa en face de lui.


– Tu fais quoi, tout seul dehors ? À part faire peur aux filles, bien sûr !

– Et toi ? Tu fais quoi au bord du Rhône en plein milieu de la nuit ?

– J’ai posé la question la première…


Un ange passa.


– Je voyage… Je descends le fleuve, en fait.

– Ah… Cool… Pourquoi ?

– Je sais pas… Je le saurai en arrivant, je suppose… Et toi ? Tu vas me répondre ?

– … Rien de bien passionnant. Ça fait un an aujourd’hui que maman est morte. J’arrivais pas à dormir, alors j’ai mis la robe qu’elle préférait me voir porter et je suis venue ici, là où elle aimait se promener… Cherche pas, je suis folle.


Un sourire plissa les lèvres de David.


– Si toi tu es folle, que dire d’un gars qui descend le Rhône à pied !


Comme un écho, un petit rire perça, fusant de la gorge de la fille.


– Et c’est comment, ton nom ?

– David, et toi ?

– Carole.


Ils parlèrent encore presque une heure, puis elle remonta vers les maisons noires. David la regarda partir, disparaître peu à peu dans l’ombre, puis tenta de se rendormir. Ses rêves furent étrangement peuplés de chevelures rousses, comme le feu.


Une douce tiédeur l’extirpa de sa somnolence. L’aube incandescente dorait son visage au travers des frondaisons. Un instant, il crut une fois encore qu’un mirage onirique s’attardait en lui… Carole était-elle réellement là, assise à quelques mètres de lui, un sac à dos à ses côtés ?


– Heu… Salut. Tu fais quoi, là ?

– Je pars avec toi…


David marqua une hésitation.


– Je ne crois pas que ce soit une bonne idée… En plus, tu es mineure, il me semble…

– J’ai dix-sept ans, et de toute façon mon père est trop saoul du matin au soir pour s’inquiéter de quoi que ce soit…

– Et que veux-tu venir faire avec moi ?

– Ici, je n’ai rien… Que la peine de ce que j’ai perdu. Au moins, en partant, je prends une partie de mon destin en main. Je veux voir autre chose que ce que j’ai toujours vu.


David eut un mouvement d’impuissance.


– Après tout, fais comme tu veux…


Si, par quelque caprice de la vie, Carole eut été bénie d’un don télépathique, si elle avait pu déchiffrer les circonvolutions de l’esprit du jeune homme, elle aurait alors su qu’il n’avait pas même osé rêver de cela ; qu’il avait morigéné son imaginaire de lui infliger une vision aussi chimérique… celle d’une cataracte de boucles flamboyantes cheminant à ses côtés.

Les sacs furent hissés sur les épaules. Carole portait une charmante robe estivale dévoilant ses genoux, et était chaussée de tennis en toile.


– Tu es jolie comme ça… La plupart des filles de notre âge ne mettent pas de jupe… Tu vas être à l’aise pour marcher ?

– Tu apprendras que je ne suis pas comme la plupart des filles… Et on marche avec les jambes, pas avec ce qu’il y a autour !


Un sourire mutin fendit ses lèvres, illuminant un visage gracieusement rehaussé de discrètes rousseurs aux pommettes.

Ils reprirent la route sur un sentier terreux. À leurs pieds, le fleuve scintillait sous la caresse de l’astre matinal. Parfois, leur cheminement s’effectuait en silence, bercé par le chant des oiseaux ou le ronronnement étouffé des voitures qui fonçaient sur l’asphalte, cachées par le rideau sylvestre ou quelques hectares agricoles. À d’autres moments, la conversation rythmait leur marche, naturelle et fluide, entrecoupée de petits rires ou de hochements de chef.

Ils étaient deux écorchés de l’existence, deux solitudes unies par le hasard… Deux survivants égarés dans un monde qui se refusait à devenir le leur. Mais si les blessures de David l’avaient précipité dans un enfer de hargne et de colère, celles de Carole lui broyaient le cœur d’une sombre mélancolie, masquée parfois par une jovialité forcée.

Mais leur principale ressemblance restait le désespoir.

L’avenir n’existait pas.


La matinée s’égrena au rythme lancinant de la marche, des péniches croisant sur le flux, des ampoules meurtrissant des pieds trop tendres, des épaules cisaillées par les sangles des sacs à dos.

La hauteur du soleil comme les tiraillements de leur estomac sonnèrent l’heure de la pause. Assis sur des rochers, ils engloutirent le pain agrémenté de charcuteries achetés deux heures plus tôt dans un village qu’ils avaient traversé. Carole observait discrètement son compagnon de route. Brun, grand, il était plutôt beau garçon malgré la légère brisure dans la ligne de son nez et cette petite cicatrice qui étoilait sa pommette gauche. Mais ce qui la troublait le plus dans son visage restait ses yeux. Des rétines indéfinissables de malachite rayées de bronze, incrustées entre des cils noirs très longs… presque trop longs, pour un homme.

Mais ce regard était en feu.

Le plus souvent, les flammes s’apaisaient lorsqu’il lui parlait. Mais parfois, sans raison apparente, l’incendie fleurissait au sein de ses orbites, consumant un visage qui prenait alors la dureté de la pierre.

Un souvenir. Une pensée. Rien… elle appréhendait mal ce qui provoquait ces sombres brasiers. Pourtant, inexplicablement, elle savait être en sécurité avec lui. Les feux de cette colère ne sauraient la blesser, tout comme l’océan de sa propre peine ne le suffoquerait pas.

L’après-midi s’écoula comme la matinée, leurs pieds poussiéreux dévorant les kilomètres de chemins terreux, de routes au bitume suant sous la brûlure du jour, de bourgades et de hameaux.

Le soleil n’était pas encore derrière la colline quand ils pénétrèrent dans le village d’Andance. Leurs jambes lasses furent heureuses de s’avachir sur un banc, face au Rhône.


Le Rhône… David avait l’impression de le regarder pour la première fois. Il semblait pourtant identique à lui-même, lui offrant un panorama semblable à ce qu’il avait pu observer depuis son départ.

Et pourtant il était différent. Comme à chaque minute, comme à chaque méandre.

La lumière rasante parait le pilier de pierre du vieux pont d’une toge aurifère. Autour de lui, le fleuve s’écorchait, ployait, puis poursuivait sa course. Il était vivant.

Ces couleurs, ces reflets sombres ou pâles qui déformaient l’image de ces arbres, ces bâtiments qui se dressaient sur la berge ; ces frissonnements mats ou scintillants sous la caresse de l’astre ; cette sourde respiration de l’onde marquaient une existence plus qu’animale. Presque divine.

C’était beau.

Il pouvait donc discerner le beau ? Lui qui était dévoré par une douloureuse rage depuis si longtemps n’était manifestement pas encore un monstre.

Un monstre pouvait-il apprécier, admirer… aimer ?

Il saisit la main de Carole, qui ne la retira pas.

C’était ainsi que le vieux Marius devait percevoir le fleuve. Comme un être, doté d’une âme.

Comme une force gigantesque, qui apaisait quelque peu l’esprit de son admirateur.

Ils restèrent ainsi longtemps, laissant les ombres s’étaler puis se dissoudre autour d’eux dans un silence monastique.

Enfin, ils s’éloignèrent.

La veillée fut brève. Un repas froid contenta quelque peu leurs organismes fatigués, puis ils se glissèrent sous leurs duvets, dissimulés par des buissons à la périphérie du village.

Les ténèbres furent longues à envahir la vallée. David chercha, et trouva, la paume de Carole. Enhardi, son autre main se posa sur un sein, et il approcha les lèvres des siennes.


– S’il te plaît… Non…


David s’immobilisa.


– Je ne te plais pas ? Qu’est-ce qu’il y a ?

– Je ne veux pas… Je ne veux pas que nos rapports changent de nature… Pour l’instant en tous cas.


David s’allongea sur le dos.


– Tu m’en veux ?

– Pfff… Non.

– Je suis ton amie. Je me sens bien avec toi… Tu me plais énormément. Mais… C’est juste que…

– C’est rien, ne t’inquiète pas.


Le ton de sa voix démentait ses paroles.


– Laisse-nous du temps… Je t’en prie.


Carole posa sa tête sur la poitrine de David, se serrant contre lui.


– Ne m’en veux pas, surtout…


Elle s’endormit ainsi. Longtemps après, le jeune homme succomba à son tour.


Une averse les réveilla peu avant l’aube. Leurs lourdes jambes semblaient n’être qu’une souffrance, tant elles étaient fourbues par les heures de marche.

L’ondée ne dura pas, et bientôt les nuages s’écartèrent sur le bleuissement du ciel matinal.

Enfin, ils vainquirent l’ankylose de leurs membres et reprirent la route. La journée s’écoula, déjà routinière. La vie n’avait-elle été qu’une marche ?

Encore, ces kilomètres dévorés pas à pas.

Encore, ce repas frugal, pris face au fleuve.

Encore, cette fatigue douloureuse.

Mais, pour la première fois de leurs vies, tant de choses s’offraient à eux.

La beauté de ce fleuve sans cesse renouvelée, le fou rire partagé après quelques minutes de douches volées dans un camping… Cette complicité naissante au détour d’un mot, d’un regard, d’un sourire.

Car David apprenait à sourire.

Car Carole apprenait le rire.


Deux journées s’étaient écoulées. Leurs muscles semblaient peu à peu s’affranchir de la douleur, fortifiés par l’exercice quotidien couplé à la jeunesse de leur corps.

Carole terminait une cigarette, devant l’épicerie. À ses pieds gisaient les deux sacs de toile, David effectuant quelques achats dans le magasin. De la nourriture, surtout.

Ce quartier de Guilherand-Granges n’était pas le plus touristique de la cité. La grisaille des murs était parcourue d’un entrelacs de graffitis, fendus parfois par une lézarde du crépi.


– Eh, mademoiselle !


Carole détourna le regard. Deux jeunes hommes goguenards l’interpellaient.


– Eh, mademoiselle, tu sais que t’es mignonne ! T’es rousse de partout ?


Un rire vulgaire déborda du visage caché sous une casquette crasseuse.


Carole tenta de les ignorer, scrutant l’épicerie. Une main tenta de soulever le pan de sa jupe.


– Mon copain va arriver! Dégagez !

– Ton copain, j’en ai rien à battre.


L’un des hommes chercha à toucher sa poitrine, tout en saisissant ses poignets. L’autre posa son odieuse main sur ses fesses, froissant le fin tissu du vêtement.

Carole cria, se débattit. Hurla.

Puis l’homme hurla.

Son genou venait de se tordre en un angle impossible. David, aidé de toute l’amplitude de sa course, venait de briser l’articulation d’un coup de pied. Il se tourna face au second voyou. Un coup atteignit le visage de David. Puis un autre. Un troisième, qui n’effaça pas le sombre rictus qui fendait les lèvres du jeune homme, ni les flammes de haine qui avaient fleuri au cœur de ses yeux devenus fous.

Puis David frappa.

Les coups puissants ouvraient les arcades, les pommettes, les lèvres de l’homme. Quand il chuta, David l’enfourcha et continua de frapper son visage désormais méconnaissable.


– Arrête! Tu vas le tuer !


La voix de Carole l’extirpa de sa folie. L’homme avait perdu connaissance. Le sang dégoulinait du visage inanimé, de ses propres poings… le liquide rouge avait giclé sur ses vêtements, sur sa peau.

Il allait le tuer.

Il se mit à trembler. Cette fois, les yeux de la Bête l’avaient abandonné. Il revoyait désormais la scène avec ceux, emplis de pleurs, de Carole.

Silencieusement, il se releva. Il endossa son sac, regarda un instant son amie dans les yeux, posant une main sur son épaule. Ensemble, ils quittèrent ce lieu, sous le regard ahuri des badauds.


– Je te fais peur ?


Ils étaient assis sur la berge herbeuse, à quelques centimètres du flux. Ils s’étaient extirpés du tumulte citadin, avaient marché durant une heure, puis, blêmes, s’étaient arrêtés au couvert de la vorgine.


– Non, tu ne me fais pas peur. Je voudrais simplement pouvoir mieux te comprendre.


David parla.

Il lui raconta son enfance solitaire, et son incapacité à se lier avec les autres.

Et puis son père… et ses innombrables corrections. Dès ses neuf ans, il avait résolu de ne plus fuir les coups. Provoquant, insultant, il redressait la tête sous l’avalanche de violence. « Tu ne me fais pas mal… tu tapes comme une fille… » Souvent, le père arrêtait, troublé par cette flamme qui germait au fond des yeux de l’enfant.

La Bête naissait.

Et la Bête avait faim. Sa vie se transforma en une succession de combats, nourrie de rage, de hargne et de férocité.

Les années passèrent, et la douleur n’exista plus. Seule une chaleur cuisante accompagnait les coups, que son corps endurci ne percevait plus comme gênante. À quinze ans, il riposta aux frappes de son père, l’assommant à demi. Ce jour-là, la violence physique quitta le foyer familial, mais pas son Être façonné par la colère.

La fureur fut sa loi, et le néant son avenir. S’il ne ressentait pas le besoin d’interrompre lui-même cette existence erratique, il n’aurait eu aucun regret à voir sa vie s’échapper par le fil d’une lame d’acier déchirant son ventre. Aucune bonne étoile ne l’attendait, simplement une réalité au goût saumâtre. Il n’avait rien à perdre.


– Tu sais, aujourd’hui, la Bête a été encore plus violente que d’habitude… Quand je t’ai vue avec ces connards…

– Tu as également su l’arrêter… Tu l’as maîtrisée.

– … Oui, tu as peut-être raison.


Carole se blottit contre lui. Leurs chaleurs se mêlaient. Le bras de David enlaça la jeune fille, qui releva le menton. Ils se fixèrent un instant, plongeant l’un et l’autre dans l’océan vibrant de leurs yeux.

Puis les lèvres de Carole s’entrouvrirent, se posèrent sur celles de l’homme. Leurs corps s’étreignirent un peu plus fort.

Le Rhône fut l’unique témoin de leur premier baiser.


Puis ce fut la nuit. Puis ce fut l’aube, encore.

Ils arpentaient un sentier étroit, affleurant la surface étincelante du fleuve. Sur leur droite, la forêt les isolait totalement, et seul le passage sporadique d’une péniche leur rappelait la persistance d’un monde moderne qui semblait s’être désagrégé sous l’abondance sylvestre.

Soudain, une odeur familière flotta dans l’air. Du café. Ils s’approchèrent prudemment.

Derrière le rideau végétal, la courbe révéla un bateau blanc, doté d’une cabine. Un mât traversait la longueur de l’embarcation, à l’horizontal. Sur la terre ferme, un homme, assis sur une vieille souche, surveillait la cafetière italienne qui fumait abondamment sur un réchaud à gaz.

Ils restèrent ainsi quelques instants, puis émergèrent du couvert des feuillages. L’homme redressa la tête, observant le jeune couple, puis les héla.


– Un café, les jeunes ?


David salua à son tour, puis s’avança. Leurs estomacs vides comme la curiosité suscitée par cette étrange rencontre les incitèrent à accepter. L’homme fit un rapide trajet jusqu’au bateau, récupérant deux tasses supplémentaires, et tous trois s’installèrent autour de la cafetière d’étain.

Léon avait soixante-six ans. Sa barbe blanche comme sa casquette de capitaine prouvaient qu’il cultivait une apparence marinière, même s’il avouait être un ancien cheminot.


– Je suis passé du vaisseau des rails au vaisseau des fleuves… Et je préfère mille fois naviguer que rouler !


Il avait descendu tous les fleuves de France à bord de sa « Rossinante », et effectuait son troisième trajet sur le Rhône.


– Ils ont eu beau le saccager, avec tous ces canaux et ces barrages, ça reste mon préféré.


Une heure passa ainsi, discutant entre les gorgées de café brûlant. Léon était un personnage volubile, jovial, qui mettait immédiatement ses interlocuteurs à l’aise.


– Vous allez en Avignon ? À pied ! Je vous y dépose, si vous voulez ! C’est à un jour et demi, à bord de ma Rossinante.


David et Carole s’entreregardèrent quelques secondes. Puis le jeune homme répondit.


– Ce serait volontiers, mais… pourquoi feriez-vous ça ?

– Que veux-tu, j’ai de la mémoire. J’ai été jeune, moi aussi, et heureusement que l’on m’a aidé.


Un fantôme traversa brièvement son regard gris.


L’embarcation fendait l’épiderme argenté du fleuve qui cicatrisait loin derrière elle, après les tourbillons générés par l’hélice du moteur.

Assis à la proue, David contemplait cette vallée avec un œil neuf, captivé par tant de splendeur.

Magnifique, la lumière oblique qui frappait l’onde bleue, écaillant la surface de myriades de diamants éblouissants.

Magnifique, ce village de pierre aux tuiles rondes, égaré hors du temps sur les berges d’un fleuve éternel.

Magnifique, ces îles touffues, boisées, d’où s’envolaient hérons, buses et cormorans ; ces castors plongeant bruyamment dans le flux tournoyant d’une meuille ; ces carpes affleurant la surface au détour d’une crique chaude et peu profonde.

… Magnifique, Carole, assise à ses côtés. Sa robe jaune pâle épousait ses jeunes formes, glissant sur ses hanches, couvrant sa cuisse élégamment pliée. Sa chevelure léonine, embrasée par l’éclat du jour, cascadait sur sa nuque, longeant ses bras blancs qui s’appuyaient nonchalamment sur le pont.


– Comment fais-tu pour être comme ça ?


La question surprit David alors qu’il admirait l’exquis cintre de sa fine taille.


– Comme ça… Tu veux dire un fou dangereux ?


Elle rit.


– Non, justement… Avec toute la colère, la rage qu’il y a en toi, comment se fait-il que tu ne sois pas un monstre sans scrupule, un tueur… ou pire encore. Comment fais-tu pour être ce garçon intelligent, sensible même, quand on regarde sous la carapace…


David marqua un silence, fixant un point imaginaire sur le blanc cassé du pont de la Rossinante.


– Je crois que c’est grâce à mon grand-père, Marius. Quand j’étais enfant, chaque été passé chez lui était un oasis de bonheur dans ma vie. Il m’a appris le bien, le mal… Il m’a surtout appris le respect… Que je pouvais être respecté, moi aussi. Il m’a appris le plaisir de lire, d’apprendre… Et je pense qu’il a aussi mis en moi les germes de ce fleuve, ce qui m’a poussé à chercher à le connaître aujourd’hui.

– Tu es devenu quelqu’un de bien, tu sais…

– Je ne sais pas si je suis quelqu’un de bien… J’ai tant de colère en moi. Parfois, je marche dans la rue et j’imagine que je massacre le premier costaud que je croise, comme ça. Pour rien. Juste pour frapper… Peut-être pour encaisser, aussi, et dominer cela. J’ai les valeurs de Marius en moi, mais parfois elles sont noyées dans la hargne, la colère…

– Mais tu ne le fais pas… Tu n’agresses pas les gens.

– Non. Mais je saute sur chaque occasion, chaque provocation…

– Hier, tu t’es finalement maîtrisé… Je pense que tu peux vaincre cela.

– Je ne sais pas…

– Moi, je le sais. Tu es quelqu’un de bien.


Les doigts graciles de la jeune fille se posèrent sur ceux, encore écorchés, de l’homme.


Les souvenirs battaient l’esprit de David comme des vagues harcelant la grève. Ils avaient plusieurs fois fait le tour de la maison, s’attirant la curiosité des habitants de ce hameau d’ordinaire éloigné de l’agitation séculière.

Léon les avaient débarqués peu après Avignon, laissant derrière eux les longues murailles de la ville. Les adieux avaient été chaleureux, et le vieil homme était reparti sous une pluie de remerciements.

Ils avaient rapidement rejoint ces quelques maisons, paradis perdu d’une enfance si proche et si lointaine à la fois. Carole suivait David en souriant, émue de le voir ainsi fébrile, guettant chaque recoin dans l’espoir d’en extraire quelque résurgence. Ils marchèrent sur un sentier longeant une lône. David serrait la main de son amie, silencieux, respirant chaque parcelle de passé flottant dans l’atmosphère chlorophyllée.

Le Rhône apparut au détour d’un rideau de bambous jaunis. Ils s’installèrent dans l’herbe, face au fleuve, et David serra fermement Carole par la taille.

Une heure passa, seulement peuplée par le chant crissant des cigales et la beauté du paysage.

Puis David parla.


– Je pense enfin comprendre ce qu’est le Rhône, ce qu’il était pour mon grand-père.

– Oui ?

– Oui. Le Rhône n’est pas unique, intangible. Chacun se crée son Rhône.

– Je ne te comprends pas…

– Chacun doit y trouver ce qu’il veut y chercher. Sa beauté n’est pas la même pour toi, moi, Léon… Il est travail pour le marinier, loisir pour le pêcheur, il peut être monstrueux pour l’homme qui se noie et providentiel pour celui qui en vit. Il est une identité commune sous une divinité multiforme.

– Tu veux dire qu’il représente des choses différentes pour chacun ?

– Il est différent pour chacun, car chacun le forge au fond de son cœur. Un Rhône distinct coule à l’intérieur de chaque amoureux de ce fleuve. Sa force, c’est de savoir appartenir à tout le monde et d’être unique et singulier pour tous.


Carole posa sa tête sur l’épaule de son compagnon.


– Tu veux aller au cimetière, maintenant ?


David embrassa le fleuve d’un mouvement de bras.


– Pourquoi faire? Marius est là, autour de nous.


La nuit avait peuplé d’ombres les arbres, les rochers. Même le fleuve s’était mué en une effusion d’encre noire. Couchés sur un lit de mousses vertes, le jeune couple se frôlait, leurs regards prisonniers l’un de l’autre, figés. Les doigts de David, glissant sur le tissu, effleuraient la jeune poitrine. Il déboutonna maladroitement le premier bouton du décolleté puis s’interrompit, suspendant son geste, cherchant un assentiment. Carole tremblait. Doucement, elle hocha la tête.

Les mains se firent plus fermes. Les vêtements churent un par un autour d’eux. Ils roulèrent l’un sur l’autre, fusionnant bientôt leurs corps juvéniles dans la découverte commune du plaisir, puis s’interrompirent, haletant, frustrés. Avides.

La nuit fut longue. Elle fut douce et tendre. Elle fut violente et délicieuse. Elle fut peuplée de caresses réinventées par la fougue de leur jeunesse, d’étreintes affectueuses ou brutales, des cris d’une jouissance inconnue perçant l’obscurité.

Le rougeoiement enflammant le ciel oriental les trouva enlacés, enfin repus. Leurs corps épuisés gisaient, satisfaits. David embrassa doucement la tempe de sa compagne.


– Tu as raison, tu n’es vraiment pas une fille ordinaire…


Elle sourit. S’approchant de son oreille, elle chuchota.


– Je t’aime.


David la fixa un instant, puis l’embrassa doucement.


– Moi aussi, je… je t’aime.


Le globe rouge émergea des collines, noyant le monde de sa lumière.

La voix fluette de la jeune femme reprit.


– Tu… tu crois qu’on aura une belle vie ?

– Je crois… qu’on peut peut-être se la construire. J’ai envie d’une belle vie. Avec toi.


Elle se blottit un peu plus contre lui.

La Bête avait reflué loin, très loin au fond de lui. Elle n’était pas morte… David la savait immortelle. Elle n’était pas morte, mais était vaincue. La guerre comporterait plusieurs batailles, mais il possédait désormais une arme redoutable.

L’Espoir.

L’aurore illuminait enfin cette terre.


 
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   Anonyme   
19/2/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une belle histoire, vraiment. Je trouve que vous savez donner de la profondeur aux personnages, nous les faire aimer ; c'est quelque chose de précieux dans votre écriture : vous aimez vos personnages (y compris le Rhône), c'est ainsi que je le ressens.
En revanche, par moments je trouve le style du texte un peu trop maniéré, académique, voire cliché. Quelques exemples à la volée :
"le brasier qui lui dévorait les entrailles",
"Le sillon des larmes révélé par l’astre blanc",
"les nuages s’écartèrent sur le bleuissement du ciel matinal".
Notamment, je trouve complètement ratée la scène de sexe, avec la nuit douce et tendre, violente et délicieuse, la fougue de la jeunesse des amants, etc.
Mais, je le redis, pour moi l'histoire est simple et belle, les personnages touchants.

"Ces couleurs, ces reflets sombres ou pâles qui déformaient l’image de ces arbres, ces bâtiments qui se dressaient sur la berge ; ces frissonnements mats ou scintillants sous la caresse de l’astre ; cette sourde respiration de l’onde marquaient une existence plus qu’animale. Presque divine." : j'aime beaucoup ! Là, pour moi, il y a une force qui dépasse le côté parfois "pompier" (tel que je le ressens) de l'écriture.
"Un troisième, qui n’effaça pas le sombre rictus qui fendait les lèvres du jeune homme, ni les flammes de haine qui avaient fleuri au cœur de ses yeux devenus fous." : lourde, cette phrase, pour moi, avec ses trois relatives dont deux imbriquées ; et les flammes de haine qui fleurissent dans des yeux devenus fous, je trouve l'image maladroite et cliché.

   matcauth   
19/2/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
bonjour,

Votre texte oscille entre les envolées lyriques et les dialogues d'une affligeante banalité. C'est assez bien écrit, mis à part pour les phrases clichés, les expressions inutiles et sans autre but que celui de nous faire croire qu'elles sont poétiques.

mais, surtout, l'histoire ne tient pas. Je n'adhère pas à la vie de cet écorché de la vie qui en fait est un littéraire, un poète, qui en deux jours de marche joyeuse parvient à surmonter ses doutes et ses craintes... non. Vraiment, non.
De même, la jeune fille qui parle au premier gars qui passe, qui se fait quasiment agresser par deux inconnus, non, je n'accroche pas. ça n'est pas irréaliste, c'est vrai. Disons plutôt que ça sonne faux.

Et je pense que ce sentiment général tient surtout au fait que vous ne faites que survoler la personnalité du héros. Passons encore sur le fait que ce type de garçon est banal, fade, archi évoqué dans la littérature. Mais, surtout, je ne vois pas un parcours initiatique se compléter en seulement 30000 caractères. Du coup, tout est bâclé, les révélations arrivent à toute vitesse, et on emballe le tout.

Je pense qu'il aurait été préférable de développer une "petite partie" de ce parcours initiatique, le développer VRAIMENT, mettre de côté les tournures de phrases lourdes et inutilement ampoulées et recadrer l'histoire de façon à la rendre plus crédible, plus réaliste, explorer en profondeur l'aspect psychologique.

   macaron   
26/2/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
Un texte un peu long avec de nombreuses peintures du Rhône. Vous aimez votre fleuve, je ne peux pas vous le reprocher. L'histoire est d'un grand romantisme, pas inintéressante mais malgré tout sans surprise. L'écriture est agréable avec ce qu'il faut de lyrisme, la psychologie bien distillée ici et là. Par contre, je trouve les dialogues peu percutants, un rien fades. Leur rencontre ou la rixe pourraient avoir plus de relief. Bien aimé le passage avec Léon.

   Anonyme   
27/2/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Cette référence à la "bête", sourde pulsion de violence, fait immanquablement penser à Jean Gabin dans le film "La Bête humaine". Lui aussi est parfois submergé par une sorte de démence qui lui fait perdre le contrôle de soi.

"Ils étaient deux écorchés de l’existence, deux solitudes unies par le hasard". Justement, les ficelles sont un peu grosses ! C'est tout de même une sacré coïncidence que ce héros en fugue qui tombe sur une fille elle aussi en plein désarroi. Vous auriez dû faire un effort d'imagination pour les faire se rencontrer sous d'autres circonstances.
Mise à part cette facilité scénaristique, j'ai trouvé le texte agréable à lire, bien écrit, peut-être un peu trop surchargé dans les descriptions mais ce n'est qu'une affaire de goût.

L'histoire n'est pas d'une grande originalité mais elle est tellement bien traitée qu'elle remporte mon adhésion.

   jeanmarcel   
1/3/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une bouleversante descente du Rhône, pleine d’émotion et d’images fortes.
L’ombre de Bernard Clavel et de son seigneur du fleuve plane sur ce magnifique récit.
L’histoire d’amour progresse avec sensibilité en même temps que le passé violent du héros s’estompe.
Les descriptions sont très belles, littéraires mais sans aucune lourdeur.
Quant à La Bête, elle renvoie aux récits brutaux et réalistes d’Edward Bunker, a un réalisme américain qui apparaît par petites touches pour consolider cette randonnée fluviale à la française.
Je pense que l’auteur est à maturité, qu’il maitrise son art et possède une palette de mots remarquable.
La grande aventure du roman (fleuve ?) est à sa portée. Félicitations pour cette nouvelle d’une grande beauté formelle.

   alvinabec   
8/3/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour,
L'idée est sympathique, ce foot-movie charmant, allégorique sans doute, réaliste pour un "jeune en manque de repères" non. Une vie de douleur, de violence, de haine, de colère résolue en qqes jours de marche avec une autre "cassée du rêve" qui s'avère une muse délicieuse, me semble un traitement précipité.
Sur le style: votre texte aligne des expressions convenues, des descriptions assez banales qui éparpillent la lecture au détriment d'une tension qui aurait pu être plus vive. Le sujet s'y prête pourtant.
Voir à reécrire sans trop de pqparfait, cela alourdit votre propos. Et peut-être à élaguer de ci de là.
A vous lire...

   brabant   
11/3/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour steph081975,


Une errance sous l'égide du Rhône, car ne nous y trompons pas c'est lui le véritable héros de ce récit, avec une chevelure rousse pour "lorelei" et Marius comme esprit tutélaire. De quoi tuer le Drac qui sommeille en David (que l'on peut voir à l'ample d'une rambade du pont Saint-Bénézet en Avignon).

Le voyage initiatique de Carole et de David est accompli, la fusion alchimique et charnelle peut avoir lieu avec la naissance au bonheur, renaissance à la vie. Souhaitons à ce couple délivré, libéré et dans une certaine mesure racheté, placé sous le signe de la rédemption, le bonheur que la vie lui a refusé jusqu'alors.


Bon, un peu fleur bleue et eau de rose quand même, hein ! Faut pas pousser non plus ! lol. :)

:D


Bonne continuation à l'auteur(e) (?) ! J'aurai plaisir à le/la relire.


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