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Strawbob : L'impuissance
 Publié le 07/10/15  -  15 commentaires  -  13886 caractères  -  132 lectures    Autres textes du même auteur

Un jeune homme écrit une histoire.


L'impuissance


Rimbaud avait seize ans quand il a écrit « Le dormeur du val ». Seize ans. C’est ce qu’il s’est dit à lui-même au moment de sortir son crayon, son papier, et de s’asseoir à son bureau. Il a repoussé l’ordinateur : Rimbaud écrivait à la main.

Il a dix-huit ans, deux ans de plus qu’Arthur. Alors si ce n’est pas maintenant, ce ne sera jamais : demain il sera trop tard. Il doit être minuit passé, il est seul dans sa chambre et ses parents dorment à l’étage. Il s’est dit, ce soir, ça y est, ce soir j’écris : depuis trop longtemps, les mots bouillent en lui, mais il ne peut pas écrire « bouillir », c’est trop laid. Il a pensé toute la journée à ce qu’il pourrait raconter, cela fait trois ans qu’il l’imagine dans sa tête, qu’il tourne et retourne les mots, les phrases, les conjonctions, les coordinations, trois ans depuis qu’une fois, en cours de français, sa prof (Justine, la quarantaine, il l’aimait beaucoup, il lui est même arrivé de penser à elle avant de s’endormir) lui a dit « tu devrais écrire plus souvent, tu as du talent ». Du talent, il s’en souvient très bien, il l’a regardée avec un air interrogateur, il a réfléchi, ausculté, disséqué, mais il ne trouvait rien alors il a demandé, bêtement « comment ça, du talent ? », mais elle était déjà partie. Lui n’en est jamais revenu : depuis trois ans maintenant, il a du talent, mais il n’a jamais su quoi en faire. Et si ce n’est pas maintenant, ce ne sera jamais : demain il sera trop tard. Rimbaud a écrit « Le dormeur du val » à seize ans.

La feuille est blanche encore, mais la plume est affûtée. Il l’a dans les doigts, attendant l’inspiration. Il a toujours rêvé d’être un artiste, mieux, il a toujours su qu’il l’était. C’était avant la prof de français, c’était, en y réfléchissant, bien plus tôt. Souvent, quand il marchait pour aller au lycée, quand il écoutait de la musique triste sur son téléphone, quand il se masturbait ; il pensait, et le fruit de ces pensées lui paraissait assez original, enfin, partageable, exploitable. Il entrevoyait dans ces idées au hasard un potentiel gigantesque, une modernité incroyable, une valeur nouvelle, un langage différent. Au moins une de ces choses-là.

Il aurait dû les écrire avant, il aurait dû les montrer, peut-être qu’il serait déjà connu et peut-être qu’on le reconnaîtrait déjà dans la rue. On se rendrait compte, déjà, de ce fameux talent. Car depuis trois ans, plus personne ne lui avait plus jamais rien dit. Il n’avait jamais rien fait pour, en vérité, il n’avait jamais écrit, jamais rien montré, mais pourtant il aimait répéter à ses amis, à ses camarades en cours, à ses parents, et à lui-même aussi parfois « c’est pour bientôt ».

Et bientôt, c’était ce soir. Car demain il aurait dix-neuf ans, et demain il serait trop tard.

Il n’y avait pas que Rimbaud d’ailleurs. Musset aussi avait commencé à écrire dès dix-sept ans. Et il connaissait quelqu’un, quelqu’un de vivant celui-là, qui l’avait déjà battu. Enfin il ne le connaissait pas vraiment, c’était Thomas quelque chose, un de ses amis sur Facebook. Il avait dix-huit ans, et il venait de publier un roman chez Gallimard… Gallimard, imaginez. Un très mauvais roman qu’il n’avait pas lu. À dix-huit ans, il l’avait battu et il le détestait. Thomas. S’il n’avait pas pu faire plus tôt, alors il ferait mieux. Sinon, il serait devancé et on l’oublierait : on ne retenait jamais que les premiers.

Il fixa sa plume, l’admira un instant. Il aimait bien dire « la plume » au lieu de « stylo ». La plume, ça faisait auteur, littéraire, quelqu’un d’important, quand il prenait la plume, c’était vraiment qu’il allait se lancer dans une œuvre inoubliable, le genre d’écrit qui change une vie, et il espérait bien changer celle de milliers de gens, au moins une centaine. Il ressentait cette envie, ce besoin, une nécessité à la fois angoissante et solitaire, celle d’accomplir quelque chose. Quelque chose. N’importe quoi qui pourrait montrer aux autres et à lui-même qu’il était capable. Il devait donner une preuve de son talent, il avait trop longtemps capitalisé sur une remarque anodine et quasi anonyme de Justine, son héroïne. C’est pour cette raison qu’il était assis là sur son bureau, l’air d’un con, en attendant l’illumination, la foudre divine, le Messie. Et pendant ce temps-là, l’horloge tournait, les secondes, les minutes, les années ; et sur son bureau, la feuille était vierge. C’est une drôle de frustration que l’on ressent quand, devant son papier – les doigts en position, le pouce bien accroché, l’index et le majeur contre la plume, l’attrapant, la serrant, l’empêchant de s’évader – rien ne sort. Il fallait qu’il fasse quelque chose.

Il n’avait qu’à raconter sa vie : Proust l’avait fait, et ça avait bien marché pour lui. Mais c’était un génie. Il posa sa plume, une seconde, pour réfléchir, vraiment pas longtemps, c’est juste qu’il avait besoin de ses doigts pour compter dessus le nombre de génies qu’il connaissait, enfin dont il avait entendu parler. Surtout, il voulait savoir les points communs qu’ils avaient avec lui, pour se rassurer, pour se rappeler pourquoi il faisait tout ça. Bon Proust, c’en était un. Sur Wikipédia, il avait vu : au moins une centaine de livres ne parlant que de lui et de son génie. Il avait lu le début de « Du côté de chez Swann » il avait trouvé ça merveilleux, vraiment, un chef-d’œuvre. Et si lui aussi écrivait des confessions, enfin quelque chose comme des confessions, un témoignage de sa vie d’aujourd’hui ? Pas trop besoin d’inventer ou de réfléchir, juste raconter sa vie. Comme Proust, exactement comme lui. Il n’y avait qu’à commencer par maintenant, par ce soir et puis, tout d’un coup, à la manière des grands romanciers, se lancer dans le récit d’un beau souvenir, pas forcément beau d’ailleurs, les lecteurs aimaient un peu de sale, de dur, du sang et de sexe. L’inspiration viendrait forcément ensuite. Il réfléchit et il se concentra, quelques intenses secondes.

Il allait raconter Élise. Comment leurs corps moites s’étaient rapprochés, comment lui, petit garçon de seize ans, avait séduit la plus belle fille du lycée, comment un soir, il l’avait retrouvée chez elle, déshabillée, comment ils avaient fait l’amour sous les draps encore humectés du parfum de son copain, comme ça lui avait plu. Lui amant merveilleux susurrant à l’oreille de son amante des poèmes érotiques qu’il inventait au fil de l’amour ; lui le poète, lui le romantique, tordant, contractant, griffant le dos nu d’Élise, elle la vénus adorée, criant, frémissant au rythme insolent de ses va-et-vient. Aux lecteurs, ça leur plairait, ils n’avaient pas forcément besoin de savoir que ce n’était pas vrai.

L’esprit vidé, le corps dans le vague, inspiré, il se sentait prêt, capable de tout désormais. Il se mit à écrire son roman, ses confessions, il commença, « il fait nuit » puis, sans un bruit, la plume crachota quelques petites gouttes d’encre séchée et s’affaissa, battue avant même de partir au combat. Décidément, quand ça ne voulait pas sortir, ça ne sortait pas. Il alla chercher dans son tiroir une nouvelle cartouche d’encre pour continuer, non sans avoir, sur la route, jeté un œil vers son ordinateur, qui, sans qu’il puisse vraiment dire pourquoi ou comment, lui manquait. Il était là, juste devant lui, dans son plus simple appareil, et ainsi il lui semblait à cet instant précis recouvrir un trésor sans nul autre pareil. Il secoua la tête : il était là pour écrire et puis de toute façon, à cette heure-là, il n’y avait plus personne sur Facebook. Il était seul.

Il rechargea sa plume, rapidement, et se jeta sur le papier vénéré, prêt à tout. Mais au moment de continuer la phrase qu’il avait pourtant si joliment commencée, une phrase qui avait la vocation d’être magnifique, un monument de sensibilité, un chef-d’œuvre pour les générations présentes et à venir, il ne put rien faire d’autre que de mettre un point rageur.

Ça y est, il l’avait perdu, une nouvelle fois. « Il fait nuit. » C’était tout ce qu’il avait. Il réfléchit, mais c’était le noir, le noir encore et il s’impatienta : trois ans que les mots se tournaient et se retournaient dans sa tête, trois ans ! Et au moment de les sortir de cette prison macabre qui les retenait, au moment de pouvoir enfin déchaîner toute leur puissance, ils restaient là, faibles, imbéciles, inexistants. Les lâches ! Ils étaient là pourtant, ils pouvaient les sentir, presque les toucher, mais que faisaient-ils ces putains d’enculés, pourquoi ne voulaient-ils pas sortir, juste une fois, juste pour être sûr qu’il l’avait, ce talent dont on lui avait parlé, juste pour se persuader qu’il n’avait pas misé toute sa vie sur du rien, sur un terrible malentendu, une envie d’ado, un besoin futile : celui d’être un génie.

Alors vint l’angoisse.

Il était là, le souci, le merveilleux souci : le génie. Il ne comprenait pas qui l’avait et qui ne l’avait pas. Était-ce un don, une maladie ? Qui la donnait, comment la recevoir ? Le génie, le génie, le génie, le génie le génie le génie le génie le génie le génie le génie le génie le génie le génie le génie le génie, il décortiqua le mot, mille fois entre ses doigts maladroits, mille fois entre ses lèvres étourdies, espérant en retirer quelque chose, un peu de son mystère, un peu de son malheur.

Au moins, les génies n’ont pas peur du noir, il se dit. Lui avait peur, une peur terrible : le vide, le vide considérable de son esprit quand il se mettait à sa table, il ne le comprenait pas et il se disait… Il ne se disait rien et c’était cela exactement que l’horreur : il ne se disait plus rien. Les artistes, eux, se mettaient à leur table, et ils écrivaient, ils écrivaient des heures. Kerouac avait écrit « Sur la Route » sur un seul rouleau en une seule fois ! UNE SEULE PUTAIN DE FOIS.

Lui n’arrivait à rien. Il écrivait trois mots et puis il s’écroulait, il divaguait, digressait, tout seul dans son coin de chambre. C’était toujours pareil, il n’avait rien à raconter, rien à donner. Alors on lui avait menti. Oh il en voulait tellement à Justine, si jolie prof de français, lui avoir menti comme ça, de ne pas lui avoir répondu à cette époque-là où il ne savait rien déjà, elle lui avait gâché sa vie. À cause d’elle et de sa trahison, il se retrouvait là, minuit passé, à écrire ses confessions que personne ne pourrait jamais lire, à tenter de passer l’étape de la première phrase, passer « il fait nuit » ; et demain il serait trop tard.

Il se leva. Il devait se lever, vite, sinon il perdrait la tête. Il tourna, entre ses quatre murs, comme un lion en cage, ses pensées bousculées, piétinées, tombées à terre au champ des peurs. Il fit les cent pas, regarda cette feuille blanche avec ses trois pauvres mots qui le narguaient, qui lui criaient dans une langue qu’il ne connaissait que trop bien : tu n’es rien, tu ne seras rien et tu n’iras nulle part. Ha ha ha. Petite merde. Le mépris que tu as pour ceux qui ont mieux réussi que toi quand tu imagines que tu aurais pu faire mieux. Alors, vas-y, fais mieux !

Il ne pouvait pas. Il voulait mais il ne pouvait pas.

Alors il hurla en silence pour ne pas réveiller les voisins. Il frappa, il cogna, abruti, contre les murs de sa chambre qui ne lui avait rien fait, il se gifla espérant pouvoir faire sortir quelques mots si ce n’était pas par la plume au moins par la force, il heurta le pied de son bureau avec sa jambe, sauta sur son lit, battit l’air de ses petits poings tout faibles, pleurant, dégoulinant de sueur, tapant tapant encore contre ce bureau qui en plus de l’empêcher d’être heureux lui avait désormais démonté la jambe. Sa colère enflait et il se détestait. Mais plus que tout il la détestait, elle.

Elle. La feuille adorée, la feuille bénie. Il l’avait sortie, c’était il y a quelques heures, en espérant que ce soir, ce soir serait le soir car demain il serait trop tard mais maintenant qu’il la revoyait, blanche et presque vierge, nouvelle, à peine effleurée par ses mains inutiles, il aurait voulu qu’elle n’existe jamais, qu’elle disparaisse de sa vie et de sa mémoire. Alors il s’approcha d’elle, les yeux convulsés de rage, et d’un geste sec il la prit, il la froissa, il la tordit. Ignorant ses cris de douleurs, prenant plaisir à la voir ainsi petite et faible, il abattit sur elle sa fureur de n’être personne, il la déchira, les mains tremblantes, il la mit en pièces. Au moins il se dit qu’ainsi il ne ferait plus jamais nuit et il rigola, il s’esclaffa de peur et de haine, incapable crétin, torturant la feuille qu’il avait tant aimée, dépeçant bout par bout la pauvre expression de son génie meurtri.


Le massacre terminé, à bout de force, soufflant, soufflant très fort, il se calma.

Cela ne servait plus à rien maintenant. Le jour allait se lever dans une ou deux heures. Il avait besoin de remettre ses idées en place. Après tout, ça ne voulait rien dire, ce n’était qu’une soirée gâchée.

Repense à Justine, il se dit. C’est vrai tout de même, elle n’avait pas pu lui mentir aussi effrontément.

Et puis, il avait encore le temps. Il récupéra son ordinateur, pour vérifier. Soulagé, il put lire sur Wikipédia que James Joyce avait trente-deux ans quand il avait publié ses premières nouvelles. James Joyce ! Un vrai génie, lui aussi. Et trente-deux ans, cela lui laissait donc encore au moins dix ans, au moins dix ans.

Il rangea sa plume dans son écrin et jeta les restes de la feuille morte. Il était tard, désormais, vraiment tard et demain, il avait dix-neuf ans.

Il alla se coucher, et blotti dans son lit, alors que le sommeil l’emmenait doucement, tendrement, il se mit à penser, à penser de nouveau à toutes ces jolies choses qu’il aurait pu écrire, qu’il pourrait écrire, ces merveilles de beauté. Le talent qu’il avait et qu’il pourrait utiliser, un jour. Alors il dériva, lentement.

Et tandis qu’il rêvait, « c’est pour bientôt », il se disait.

C’est pour bientôt.


 
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   carbona   
31/8/2015
 a aimé ce texte 
Pas ↑
Je n'ai pas accroché, votre texte est bien écrit, ça se lit aisément mais c'est vraiment l'histoire qui m'a désintéressée. Je n'ai pas l'habitude de la catégorie "reflexion/ dissertation", peut-être est-ce tout simplement pour cela.

Je m'ennuie dans ce genre de récit, on ne voyage pas, on tourne en rond dans l'esprit d'un adolescent, c'est très répétitif.

Et toutes ces références aux auteurs, ça ne me touche pas. J'ai beaucoup aimé la première avec Rimbaud et après je me lasse.

Peut-être est-ce dû au thème: écrire sur l'acte d'écrire...

J'ai aimé : "il allait raconter Elise"

Bravo, en tout cas, pour l'écriture qui est bonne : fluide et juste !

   AlexC   
17/9/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Un texte très parlant pour tout ceux qui se sont confrontés au syndrome de la page blanche. Un texte que j’ai beaucoup aimé. De par son rythme soutenu malgré sa situation statique, son style qui n’en fait pas trop et sa profondeur jamais lourdingue. Vous êtes vraiment aller au bout du sujet avec cohérence et justesse. Bravo.

Quelques remarques :
-trop de “au moins”
-“démonté la jambe” : trop familier

Je tique :
-“l’attrapant, la serrant, l’empêchant de s’évader”


Merci pour ce joli texte.

   ameliamo   
19/9/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Une lecture sympa, même si ils sont des passages longés artificiel. Le désir d’être différent, d’être meilleur que les autres, d’être au dessus de tout le monde, d’être un génie, c’est l’élément essentiel de ce texte. Un rêve qui attend caché dans la tète et, il est suffisant un simple espoir de la parte de quelqu'un pour le libérer Bel fantasme. C’est bien décrite cet état d’esprit juvénile d’espérer.

   jeanmarcel   
7/10/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Un essai intéressant, bien tourné, sur la difficulté de noircir la page blanche en racontant une histoire...ou son histoire. Toutes ces références littéraires poussent le jeune auteur débutant à se croire (déjà) maudit et le bloquent dans son envol, comme si un guitariste débutant écoutait Jimi Hendrix à longueur de journée ou un peintre débutant restait planté devant un Van Gogh. Même si je n'ai jamais été touché par ce syndrome, je dois reconnaître que le texte est riche et bien documenté, intelligent et pédagogique. Strawbob en a sous la semelle et doit s'affranchir d'une certaine sagesse dans le récit pour vraiment captiver son lecteur dans ce genre particulier qu'est la nouvelle. Un petit grain de folie serait le bienvenu, mais cela n'engage que moi bien entendu. Vas-y Strawbob, lâche-toi.

   alvinabec   
7/10/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Strawbob,

Le titre est bien choisi à mon sens.
Bon, ce jeune homme qui se tient sec devant sa feuille, ça n'est pas une révolution mais ça se veut une réflexion sur les atermoiements de l'écrivain (ou supposé tel) débutant et c'est pas mal ficelé.
Comme tout scribouillard qui se respecte, il se compare aux plus grands, les cite (mal à propos d'ailleurs ce qui rend le discours touchant), se dit que ...et puis que...ce qui prête à sourire.
Un bémol: si vous pouviez enlever la référence à Wiki...ça fait cheap en diable pour un futur littérateur de belle facture.
La stylistique ici employée est en tous points adaptée au récit.
A vous lire...

   Blacksad   
7/10/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte sympathique, plutôt bien écrit et qui dépeint avec justesse les affres des écrivains en herbe et plus généralement des adolescents... je pense qu'on aura tous reconnus quelque chose de soi-même, de ses doutes, de ses espoirs, ce qui signifie que c'est bien vu, bien retranscrit =)

   Anonyme   
8/10/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Mystère et malheur, c’est vous qui l’écrivez. Voilà les deux mots marquants la page blanche devant laquelle bataille votre héros.

Deux mots qui, de mon point de vue, résument assez bien le grand « pourquoi » qui nous pousse à prendre la plume. Votre écriture est limpide à ce sujet.

Après, je n’ai pas l’impression que les tourments qui agitent le narrateur correspondent à une personne de dix-huit ans, exceptés les fantasmes d’ado sur Justine et Elise.

Il me semble qu’à cet âge, on fonce davantage que de se perdre en considération. Et puis, franchement, une vraie âme d’artiste se pose-t-elle vraiment la question de devenir ou pas célèbre ?

Deux invraisemblances qui m’empêchent d’apprécier totalement cette nouvelle. Peut-être aussi à cause du genre « réflexion dissertation » qui n’est pas ma tasse de thé habituelle.

Je vous tire cependant mon chapeau, vous qui osez faire ce que jamais je n’oserai : écrire, et vous le faites bien.

Merci

   bigornette   
8/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Bon, je ne devrais pas le dire, mais j'ai beaucoup aimé. Je n'aurais pas dû le dire parce que je vais devoir me justifier. Parce que si j'ai beaucoup aimé, c'est parce que le sujet m'évoque quelque chose de familier. Quel écrivain ne s'est jamais posé ce genre de questions : suis-je un bon écrivain, suis-je publiable, suis-je le nouveau Rimbaud ? Quel écrivain peut avouer sans rougir ne s'être jamais intéressé à l'âge des plumitifs célèbres au moment pour eux d'être reconnus ? Quel écrivain n'est pas intéressé par les appréciations sur Oniris ? Les commentaires, c'est une chose ; les appréciations, vous me corrigez si je me trompe, mais c'en est une autre. Votre nouvelle est pour moi un hommage sensible à tous ces littérateurs en herbe qui ont malheureusement trouvé la réponse à cette question : suis-je un génie ? Question posée parfois même plusieurs fois au cours d'une vie. Voire tous les matins. Question que je me pose en ce moment. M'aimera-t-on plus tard ? Merci.

   Lulu   
10/10/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Strawbob,

j'ai bien aimé votre texte dans l'ensemble. Pourtant, ce n'était pas gagné, car j'ai trouvé quelques redondances au début, qui ont ralenti ma lecture, comme, par exemple : "Alors si ce n’est pas maintenant, ce ne sera jamais : demain il sera trop tard." => le "demain il sera trop tard" me semble de trop.

Cependant, plus l'on progresse dans la lecture, plus l'on a l'impression d'une écriture très fluide ; les pensées du personnages sont bien rendues, déversées à foison. J'ai bien aimé cet aspect là. De ce point de vue, j'ai trouvé votre texte très réussi.

Par contre, je n'ai pas du tout aimé - vraiment pas ! - l'expression "ces putains d'enculés". Etait-ce indispensable ? De même, plus loin, on retrouve, et en majuscules, pour le cas où on serait déficients visuels... "une seule putain de fois"... Ces mots vulgaires n'ont pas, pour moi, leur place en littérature. Ils font trop oral, et c'est un oral que je déteste...

Tous mes encouragements pour la suite.

   Bidis   
11/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pour moi, ce texte est comme une déchirure dans un bâillon. Je le trouve très fort en ce sens. Mais il demanderait peut-être une écriture plus forte, plus percutante ou plus belle, je ne sais pas, pour que le cri s'entende tout à fait bien.
Néanmoins, je trouve qu'il est très difficile d'exprimer les désarrois d'un adolescent devant la difficulté d'exprimer sa pensée, une pensée lumineuse parce qu'entière, mais une pensée inaudible par l'adulte qui, lui, a perdu beaucoup de son intégrité.
J'admire donc que l'auteur soit parvenu à surmonter cette difficulté-là si je trouve l'écriture un peu maladroite.

   lala   
17/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Strawbob,

Je me suis laissée emporter dans vos phrases comme dans une vague tiède. Votre rythme est lent mais rien ne presse, vous écrivez comme les pensées qui passent. Il y a des brins d'humour ou d'inattendu qui viennent relever vos phrases souvent longues et agrémentent une réflexion qui aurait pu devenir soporifique. Par exemple : « Rimbaud écrivait à la main », « changer celle de milliers de gens, au moins une centaine », « l’horloge tournait, les secondes, les minutes, les années », « les restes de la feuille morte » etc. J'apprécie également les différents niveaux d'abstraction, les digressions qui aèrent le propos : « demain il aurait dix-neuf ans, et demain il serait trop tard », «Il aimait bien dire « la plume » au lieu de « stylo » », « la plume crachota quelques petites gouttes d’encre séchée » etc.
Globalement, c'est construit et écrit de manière très correcte et efficace. Les états, les sensations, les hésitations, les pensées, les actions du jeune sont précises et crédibles.
J'ai relevé quelques coquilles (à confirmer !) :
« Ça y est, il l’avait perdu » : Ça y est, il l’avait perdue (la phrase),
« ils pouvaient les sentir » : il pouvait les sentir (le jeune homme),
« c’était cela exactement que l’horreur » : c’était cela exactement l’horreur,
« les murs de sa chambre qui ne lui avait rien fait » : les murs de sa chambre qui ne lui avaient rien fait.
« demain, il avait dix-neuf ans » : demain, il aurait dix-neuf ans.

   Mauron   
27/10/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le sujet est rebattu mais la façon dont vous l'avez traité me semble assez spirituelle. En tout cas, ce texte m'a parlé parce qu'il y a de le justesse. Voici ce que j'y vois: de fait, ce jeune homme cherche là où il n'y a rien, il cherche à être reconnu comme un génie, c'est-à-dire, qu'il cherche dehors, il va voir des sommités, Proust, Joyce, excusez du peu, et donc il ne cherche pas en lui. Ce qui est pas mal (mais cela a déjà été fait et refait par bien d'autres) c'est qu'en douce, le narrateur de la nouvelle, lui, écrit pendant que son personnage se morfond. Il réussit là où l'autre (son double) échoue. Il faut "mettre à mort un personnage" pour devenir écrivain, voilà ce que votre personnage ne sait pas encore... Flaubert a fait cela dans "L'éducation sentimentale" , mais aussi Gide dans "Les faux monnayeurs"... Et vous suivez leurs traces. Du moins votre narrateur...

Bon, comme je vous l'ai dit, cette "mise en abyme" n'est pas neuve, elle fonctionne mais j'aurais aimé que ce soit l'occasion de se poser des questions sur ce que c'est qu'écrire (or vous en restez à des réponses superficielles et faciles). Est-ce devenir célèbre (comme le jeune Marin Marais qui veut devenir violiste pour cela dans "Tous les matins du monde"), est-ce se confronter au temps, à d'autres, à des pères, à l'Absolu, au silence?... Tout cela reste à peine ébauché dans votre nouvelle et c'est dommage.

   Anonyme   
30/10/2015
 a aimé ce texte 
Bien
J'approuve le thème du texte sur l'impulsion intense d'écrire qui ne vient pas, les angoisses et questionnements qu'un jeune homme peut se poser face à tant de "génies. " Le vocabulaire utilisé est accessible et la tonalité du texte est rythmée avec une ponctuation bien utilisée. Mais ça ne va passez loin pour moi c'est à dire qu'à la fin,il manque un vrai rebondissement. Peut être qu'il y a une suite? Et même s'il n'y en a pas le texte pourrait être plus riche encore des turpitudes de ce jeune homme vis à vis de ces grands auteurs qui écrivaient à un âge similaire. On ressent bien la frustration mais pas vraiment l'autre gamme de sentiments abordés comme l'angoisse de la page blanche. L'écueil de ce genre de texte est de mieux décrire l'envie de plaire que l'envie d'écrire.

   singuriel   
14/4/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Le héros est impuissant mais l'auteur à la solution. Jeter sur le papier son angoisse à trouver la première phrase.
Le texte est fluide et bien écrit. Il communique efficacement le malaise et chacun peut s'identifier. L'essai est réussi pour entrer dans la tête de ce jeune homme plein d'illusions et perméable aux comparaisons stéréotypées.
Le sujet de la page blanche étant très anxiogène, j'aurais aimé le vivre au travers d'un héros plus âgé et explorer d'autres raisons plus profondes, plus personnelles qui l'empêche d'écrire.
La réflexion reste un peu courte bien qu'elle soit adaptée à ce jeune homme de 19 ans.

   AuteurFanatique   
11/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai bien aimé oui... mais malheureusement trop d'erreurs et de bêtises...

Je trouve l'histoire intéressante, mais il y a des choses inutiles de racontées et certaines phrases mal formulées.
Malgré cela je suis parvenu à me glisser dans l'histoire et je n'ai pas lâché, ce qui montre que c'est malgré tout une belle écriture.
Parfois, il y a des phrases qui tombent "comme un cheveux sur la soupe" et je trouve cela dommage, car souvent cela brise la fluidité du texte.

Pour conclure, c'est à retravailler par moments mais bravo tout de même!


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