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tagada : Nouvel(le) essai
 Publié le 10/01/09  -  5 commentaires  -  20675 caractères  -  64 lectures    Autres textes du même auteur

Un début, un milieu et surtout une fin, c'est tout.
Un tout, un résumé. Se questionner au travers d'une histoire banale. Convenue.
C'est sur le manque, l'absence, mais surtout sur le sentiment d'être vivant. Présent, ici et maintenant.


Nouvel(le) essai


Ça y est ! Elle pense qu’elle est devenue une plume de choix parce qu’elle s’est fait éconduire par un amoureux et qu’elle est malheureuse comme un tas de cailloux. Alors, d’un seul coup, elle se prend pour une de ces auteurs à succès : Christine Angot, genre introspection tumultueuse, Anna Gavalda, pêchue, juste et beau à la fois, ou Ann Scott avec un style « saut du lit », « J’écris comme je vais faire pipi et en plus ça marche ! »

La première, elle ne l’a jamais lue. La deuxième, c’est vraiment trop bien et trop fort pour qu’elle puisse y voir une quelconque filiation. Quant à la troisième, c’est du rapide mais elle le reconnaît, assez efficace.


Elle cherchait vraiment à se justifier ce matin-là, en se disant que l’affiche du concours de nouvelles, ça faisait un moment qu’elle lui trottait dans la tête. Et puis aussi que lorsque qu’Alex leur avait, un soir, lu son petit bout d’histoire, écrit dans des circonstances inconnues, elle avait trouvé ça bien ! Bien d’avoir osé, d’imiter un style assez commun avec de l’humour, enfin elle s’était dit « pourquoi pas moi ».

Un quart de seconde, elle avait même pensé que ça pouvait être salutaire, comme de raconter ses malheurs à une vieille copine, de pleurer un bon coup ou n’importe quelle autre connerie censée faire du bien.

Au bout de la troisième ligne, elle savait déjà que c’était illusoire, que « ça » ne lui ferait pas du bien. Parce qu’elle ne savait plus très bien où elle avait mal, un peu partout à vrai dire.

Elle allait essayer quand même. Ça lui donnerait quelque chose en plus. Une mission à long terme pas payée très cher, mais qui pouvait faire son petit effet.

Elle n’était vraiment pas sûre de pouvoir dépasser les 20 lignes.


Mais alors, une fois posés ces préliminaires, par où commencer, quoi raconter ? D’un seul coup, elle ne savait plus.

Alors pour un début, donner dans le classique : commencer par la fin, le truc nul, l’écrabouillage de cœur, l’insomnie, le whisky, les larmes, enfin le tableau complet quoi !



Quand l’affreux pressentiment qu’elle flairait depuis quelque temps a pris forme… Il lui a sauté à gueule. Quand il lui a dit qu’il n’avait plus envie, qu’il pensait ailleurs, que ce n’était pas grave, c’était même normal, il n’y avait vraiment pas de quoi fouetter un chat…

Une petite histoire de rien du tout, une histoire qui pour l’un n’engage à rien, pour elle était un début, un truc génial qui sentait le neuf, qu’elle n’avait pas envie d’arrêter. Qui lui faisait comme une paire de chaussures neuves ! Celles qu’on n’arrête pas de regarder et avec lesquelles on a presque envie de dormir. Avec lesquelles on a envie de marcher longtemps.


Continuellement passait ce défilé sinistre dans sa tête. Les bons mots, les bons moments, les choses qui font qu’elle n’y comprenait plus rien tout d’un coup. « C’est pas possible », « J’ai dû mal comprendre, il n’a pas pu me dire ça ». Elle s’est refait le film. À essayer de réaliser, de se mettre à sa place à lui, quand un jour, elle aussi, elle avait eu sa dose d’amour à sens unique. Et là, horreur malheur, quelle malchance, c’était vraiment trop injuste !


Après la gueule de bois, était venu l’état liquide, elle se serait bien promenée dans un seau. Ça aurait été plus pratique, un seau !

Parce qu’elle était pleine de pluie, de froid. Elle n’arrivait plus à se remplir de solides. L’alcool, la fumée des cigarettes et des pétards étaient les seules choses qui pouvaient pénétrer dans son corps complètement démoli. Elles anesthésiaient un peu sa souffrance et en même temps accentuaient le chagrin. Drôle de sensation…


Ses copines étaient là, quelquefois drôles, toujours compréhensives, assez souvent justes. Elles essayaient de soigner mais étaient aussi impuissantes qu’un oncologue devant un patient cancéreux en phase terminale. Grâce à elles, naissaient quelques moments de répit, de calme dans la tempête.


La plupart du temps, c’était pour faire bonne figure, parce que même si elle savait qu’elle pouvait se lâcher avec elles, il ne fallait pas les lasser, il fallait les garder pour la suite. Elle savait déjà que le plus dur n’était pas encore fait.

Ça lui paraissait impossible d’être dans un état plus pitoyable, pourtant une petite voix intérieure lui disait que ce n’était pas fini. De remplie de douleur, il allait falloir passer au vide, à l’absence.


Tout le monde sait cela. Il faut avoir touché le fond, comme on dit, pour pouvoir remonter, au moins partiellement.

C’était une chance, une étape bénie en fait. Elle se haïssait. Se détestait. Son amour propre était au placard, avec l’estime de soi et tout le reste. Enfermés à double tour, tous punis ! Mais cette étape-là, avec le mal qu’elle lui portait, lui donnait aussi la force de refaire surface.


Elle s’est dit que Non ! Elle n’était pas si moche, pas si conne, pas si naïve : la preuve, elle l’avait vu venir, ce moment-là.


D’un seul coup elle se mettait à remercier ses parents, de l’avoir suffisamment aimée, pour qu’à son tour, elle s’aime suffisamment pour vivre correctement. Et puis cette douleur qu’elle ressentait, c’était la preuve qu’elle était vivante.


Non ! Elle n’appartenait pas à ce clan des survivants, ceux qui se laissent porter par le confort de la vie quand elle veut bien leur accorder suffisamment de bien-être matériel et de sécurité affective.

Pour le reste, tant pis pour eux. Ils ne connaîtraient pas le chagrin mais pas non plus la joie intense, le bonheur fugace, ce qui fait l’attrait et tout l’intérêt de la relation amoureuse et dangereuse. Elle crevait d’envie de leur crier « Emmerdez-vous bien, mes chers compatriotes ! »


Elle, elle allait reprendre vie, c’était sûr, ça lui ressemblait si peu cet état de fantôme. D’ailleurs, il suffisait qu’elle veuille quelque chose très fort et la machine allait se remettre en route.

Elle allait baiser avec quelqu’un d’autre, ce serait bien. De toutes les façons, ça ne pouvait pas être moins bien ! À cette étape-là, « il » n’était plus le seul homme. D’autres l’entouraient et allaient l’aider à guérir. Ça passe avec le temps ou avec un autre. Elle savait qu’elle n’était pas patiente. Elle allait prendre la deuxième piste !


Le subterfuge fut efficace, Elle s’est surprise à l’oublier, à ne pas le regretter. Être capable de se coucher aux côtés d’un autre ! Formidable ! Elle se pensait en rémission.


Puis, petit grain de sable dans un rouage qu’elle supposait bien huilé. L’histoire suivante n’était pas la même, ne se déroula pas comme prévu. Ce n’était pas « un autre » qu’elle voulait.

La confiance retrouvée s’en est allée de nouveau. Elle croyait l’avoir (presque) oublié et il revenait au triple galop. Rechute ! Whisky, cigarettes… bis repetita !


Encore un peu de temps et une autre musique s’est mise à fredonner dans sa tête.

« Qu’est-ce qu’aimer si ce n’est le don absolu, le bonheur de l’autre à tout prix », plus fort que tout le reste. Vouloir qu’il soit heureux, sans elle y compris. Et elle se disait qu’elle l’aimerait comme ça, à distance, sans bruit. Qu’elle serait son ange gardien. Veillerait sur lui sans même qu’il ne s’en rende compte. De toute façon, elle n’existait plus pour lui, il ne la voyait pas. Mais si jamais il tombait, elle serait là, c’est sûr.


Alors elle s’appliquait : présence tranquille et discrète. Elle préférait le voir, le savoir pas trop loin, tout plutôt que ce calvaire de l’absence et du manque. Le téléphone ne sonnait plus mais tant pis, elle s’y ferait.

Utopie puérile ou maternelle, qui fait abstraction du désir, de la jalousie, de la vie et de tout ce qui va avec.

La secrète attente du retour était encore là et il valait mieux montrer figure humaine qu’une serpillière qui traîne sa peau. Pour jouer le jeu jusqu’au bout, elle se disait qu’elle serait forte. Se remettre à le voir, à lui parler. L’écouter lui raconter sa vie de maintenant, sans elle.

Avec l'espoir qu’il aurait assez de délicatesse pour ne pas aborder les sujets qui font mal ! Les autres filles, ses nouvelles envies…


Tout allait bien, il était bien élevé ! Alors l’espoir se renforçait : il l’épargnait, chic ! C’était donc qu’il y avait quelque attachement. Maigre certes, mais là quand même. Elle y voyait un zeste d’intérêt, sans oser parler d’affection, là où il n’y avait sans doute qu’une forme de politesse des sentiments : « C’est terminé, cela ne m’intéresse plus mais restons civilisés » !



Quel regard, quelle image d’elle-même a-t-elle construite pour tomber dans un truc pareil ! Qu’est-ce donc que ce grand chambardement ! De quelle sauce étrange est faite le dévolu balancé sur quelqu’un, pas au hasard, non, mais presque !

Pourquoi ne voit-elle en lui que ce qui est le beau, le bon, le drôle, le lumineux ?

Être même capable de transformer sa part d’ombre, d'insensibilité, d’égoïsme, les petites laideurs du corps et de l’âme, en choses attrayantes et sexy en diable.


C’est connu, archiconnu. Pour beaucoup, c’est de l’alchimie ! Mais elle n’aime pas la physique, ni les barbus devant leurs alambics. Alors quoi, merde ! Ça vient d’où, cet attachement déraisonné ?


L’approche sociologique ? Elle se dit que nous sommes des êtres grégaires, des homos habitus qui voulons nous lier à un groupe social assez en vogue depuis quelque temps : le binôme mâle-femelle. L’envie secrète de ressembler à son voisin, à Paul et Virginie, à…

L’explication des scientifiques ? Les phérormones et le cortège des particules chimiques incontrôlables... Trop simple ! C’est un peu comme si arrêter de fumer relevait uniquement de dépendance à la nicotine !

Elle, comme tous les toxicos de ce monde, sait bien qu’il ne s’agit que d’une part infime de l’addiction.

Quelquefois, pour la part sexuelle de la relation, les molécules prennent le dessus.

Son odeur, son contact, et tout part à toute vitesse. Une envie folle de baiser ; le sexe, le cul, qui ne tiennent plus en place. Avoir un peu le sentiment d’être dépassée par quelque chose de plus fort que l’intellect.

C’est sûrement cela aussi qui lui fait rechercher davantage la présence et le réconfort au masculin.

Pourquoi les hommes savent-ils mieux la consoler que les filles ? Les filles lui font du bien au moral, l’aident à passer les caps les plus durs, les douleurs les plus intimes, les plus intérieures.

Mais les hommes, il n’y a rien de mieux pour regonfler son ego, l’estime de soi. Ce sont eux qui l’aident à avancer, qui chaque matin mobilisent son esprit et lui donnent l’envie de se lever. Ce ne sont pas les filles, se sont les hommes !

Les copains, les collègues, les inconnus, ceux qui lui adressent un regard qui peut vouloir dire « Tu existes, même si ce n’est que pour ma bite. »


Alors il lui reste le point de vue des « psys ». Au travers de « l’autre » voit-elle son histoire, son intime ? Quelque chose en lui qui doit susciter la sécurité. Celle d’être nourrie, aimée, protégée. Est-ce au travers de son physique, de l’intonation de sa voix, d’un mot de trop… ? Elle se projetterait au travers d’une histoire fantasmée pour l’essentiel ? Pas plus convaincant que cela. Parce que, depuis longtemps déjà, elle s’est penchée sur son histoire. C’est dans tous les cas insuffisant comme éclaircissement.

Elle ressent toutes ces tentatives d’explications sans pour autant qu’elles ne l’apaisent. Alors, si aucune des interprétations ne lui convient, c’est peut-être parce que c’est tout cela à la fois.

L’alchimie, c’est cela finalement. Le mystère vient de la part inquantifiable de chaque approche.


Toute cette phase d’auto-analyse est parfois salutaire. Elle lui permet d’éloigner l’objet de convoitise. Le rend moins humain et plus virtuel. Il n’est plus qu’un sujet de réflexion sur elle-même.

À d’autres moments, elle le rend encore plus présent, lui montre la distance, l’impossibilité de rattraper ce qu’elle croit être des erreurs de parcours, ce qui l’a fait fuir.

Piège ! Dans lequel elle se sent tomber mais vers lequel, malgré toute la conscience qu’elle en a, elle se laisse entraîner. Alors si ce sont ses erreurs, ses maladresses qui le lui ont enlevé, elle se dit qu’elle peut rattraper cela. Elle va jouer fin, retenter la séduction, la fille bien réveillée, les yeux grands ouverts sur lui.

Elle y croit mais sait dans le même temps que c’est illusoire. Ce n’est pas une vraie histoire, donc pas une vraie rupture, alors pas de véritable récupération.

Il a su toute la détresse dans laquelle il l’avait mise. Elle sait qu’elle court le risque du refus, de la pitié, de l’ennui.

Le décalage dans l’attachement entre deux personnes est inévitable. Mais là il est trop grand, il le gêne, il l’embarrasse, il l’ennuie.


Pourtant comment faire ? Comment ne rien oser ? Il faut se hasarder à une forme de reconquête. Comment peut-elle avoir peur du résultat alors même que l’équation d’aujourd’hui semble insoutenable ? Elle ira, malgré la menaçante précarité de la situation.


C’est le stade : « Au point où j’en suis, je n’ai rien à perdre ». Elle se dit que si on écoutait plus souvent ses bas instincts, on serait plus humains.

Même en sachant qu’elle peut se faire mal, elle préfère en prendre le risque plutôt que celui des regrets, de n’avoir pas essayé, d’avoir juste oublié quelque chose d’essentiel. Quelque chose qui produirait un déclic chez l’autre.


La seule possibilité entrevue pour renouer un dialogue suffisamment fort et digne d’intérêt, repose sur l’espoir qu’il soit un peu privé de sexe, en tous cas suffisamment pour succomber.

Elle va lui avouer que la vie est bien moins drôle sans lui, les nuits plus fades. L’attraper par la queue, seul appendice accessible à ce stade du récit.

Elle veut se laisser aller, se dire que ce qui est pris, c’est toujours une petite dose de plaisir, un petit bonheur qui s’accumulera aux bons souvenirs. Puis elle se trompe. Finalement, elle ne trouve pas sa place, elle a peur. Peur de lui marcher sur les pieds au réveil. Puis elle y retourne, encore, avec la même appréhension au ventre. Peur de quoi d’ailleurs ?

Qu’il pense qu’elle s’accroche ? C’est sûr, mais à quoi ? Pas à une espèce de vie de couple idéalisée en tous cas. Ce n’est ni la vaisselle, ni les séries télé du samedi soir ou les activités du mercredi qu’elle a envie de partager. C’est déjà fait, déjà vécu, déjà apprécié, mais déjà maudit aussi.

Alors quoi ! C’est quand même pas la mer à boire ! Juste quelque chose de bien. D’assez fréquent et complet pour qu’elle ne l’attende pas trop, mais assez distant pour aimer le retrouver.

Avec lui elle veut chanter, boire, rire, deviser, manger, parler des cons, des enfants, des parents, des amis, de la musique, du cinéma…

Pourquoi faut-il que l’idéal commun lui semble à ce point si proche et si éloigné du quotidien ?


Elle retourne sans cesse la même question dans sa tête sans arriver à la partager avec lui : « Un truc merdique, sexuel, et occasionnel est-il préférable à rien ? »

Selon les moments, elle diffère la réponse, se dit que oui, tout est préférable à rien en ce qui le concerne.

D’autres fois, elle est convaincue que ça ne convient à aucun des deux et donc à quoi bon s’entêter. Mais l’apparente clarté de ses sentiments ne semble plus être la seule en jeu. L’attirance physique prend soudain plus de place, sans doute parce que le reste, ses sentiments à lui, n’en prennent pas assez…


Son envie se fait de plus en plus précise. Ce n’est plus seulement lui qu’elle veut mais son corps qu’elle veut sentir, sa bite qu’elle veut sucer, sa peau qu’elle veut pétrir.

Que lui aussi la prenne ! Tout court et comme une chose désirée. Qu’il fasse d’elle ce qui lui plaît! Se laisser porter, se laisser prendre. Laisser faire… Elle aime tout avec lui sauf les silences qui durent et qu’elle ne peut combler. Ceux qu’elle ne peut pas camoufler.

Avant lui, depuis quelque temps, elle faisait l’amour pour elle seule. Lassée par l’usure de la vie de couple où chacun baise pour lui lorsque l’amour a pris la forme d’une accoutumance physique.

Elle n’aimait rien tant que de coucher avec lui, justement parce qu’elle ressentait le plaisir de le faire sans égoïsme, avec légèreté. Avec du cœur et en pleine conscience du présent mais sans les conséquences des dettes réciproques qui s’accumulent dans les histoires qui durent.

Malgré tout, aujourd’hui, elle sait que tant que l’amour ne sera pas rendu, même un peu, elle gardera son empreinte. En creux. Se donner, c’est attendre d’être remplie, comblée. Elle n’avait pas eu sa dose. Ce n’était pas allé au bout.

Elle se laisse aller à penser que, pour d’autres, cela a fonctionné. Une relation qui part ou repart sur du sexe, malgré le goût du réchauffé, peut trouver une issue. Peut-être…


Elle veut l’avoir à l’usure ! Elle sait qu’il n’y croit pas mais elle y croit au minimum pour deux. Cela va donc finir par être contagieux toute cette bienveillance à son égard ! Et puis, à froid, lorsqu’elle regarde tout cela avec un peu de distance, si cela lui est encore possible, elle n’a pas encore essuyé de véritable échec. Ses tentatives, insatisfaisantes sur bien des points, ne se sont pas encore soldées par un NON.

Un de ceux, catégoriques et sans appel, qui font qu’elle ne pourrait pas revenir, sauf à y laisser son âme et sa santé.

Malheureusement aussi, un de ceux que justement les hommes ne savent pas très bien formuler ! La fuite semble plus facile. Elle ne l’est pas.

Certainement pas pour celui qui reste et attend. Le goût de l’inachevé est le plus amer de tous. Pour celui qui part, n’y a-t-il pas de fin plus digne ? N’est-ce pas là un moment d’authenticité à côté duquel il passe. S’avouer, se dire, à soi plus encore qu’à l’autre ?


Si cette fin ne vient pas, quel autre choix a-t-elle si ce n’est celui de s’imposer, à elle, une rupture d’avec ses croyances d’hier ? Celles qui lui faisaient supposer, espérer, œuvrer en vue d’une issue favorable.

Sûre, depuis le début, que cette histoire-là serait prépondérante. Selon toute vraisemblance brève, mais elle avait l’idée précise qu’elle trouverait chez lui ce qu’elle cherchait. De la retenue et de l’exubérance, de la pudeur et du spectacle, de la sensibilité et de la rudesse. Ce que tout le monde possède, recherche, mais là elle le sentait, le dosage était parfait pour elle. De l’homme de personne elle voulait passer à celui de tout le monde. Quitte à avoir de la concurrence, à se brûler les ailes.


Elle a maintenant la ferme perception de sa position à lui. Distante, inconsistante, indifférente. Elle la perçoit partout. Dans ses actes, ses paroles, mais aussi dans les yeux compatissants des autres. Rien n’est là pour la rassurer, lui laisser une brèche par laquelle elle pourrait éteindre un peu ses craintes.


Elle a peur de s’entendre dire ce qu’elle sait déjà mais qu’elle a trop de mal à concevoir. Quelque chose qui ressemblerait à un « Allez, ça suffit maintenant !»


Pourquoi n’est-elle pas prête à tout ? À harceler, à perdre encore une dose d’estime et de dignité ? Pour qu’à défaut d’attention, elle puisse susciter la pitié, l’agacement, la gentille moquerie et le rire, quelque chose qui ressemble à un affect, aussi pitoyable soit-il.

Elle a le désagréable sentiment d’avoir fait le tour de la question. D’avoir poussé toutes les issues de secours.

Certainement pas toutes mais, dans tous les cas, celles qu’elle est en capacité de tester : une hésitation insistante.

Quelque chose qui navigue entre un chagrin, un manque à peine voilé et un semblant d’aisance et de détachement.


Elle n’a de prise que sur elle-même et tout est préférable à l’inaction. Celle du corps et de l’esprit. Alors elle passe. Rentre chez elle sans passer par chez lui. Elle laisse la prime aux suivantes.


Elle essaye de laisser passer le temps, les autres. Elle ne peut plus être celle qui toujours l’attend, se fige. Elle ne choisit pas de laisser tomber mais cela s’impose à elle avec force.


Encore une petite victoire de l’autre. Il ne lui laisse pas d’autre alternative. Elle veut bien avoir mal mais elle ne peut plus prendre le risque de s’abîmer plus encore. Elle arrête, elle abdique, elle stoppe toute tentative. Sûrement qu’après avoir aimé, il faut admettre d’avoir besoin de se reposer, d’attendre celui qui aimera. Décider, se faire attendre à son tour.


Trop difficile pour elle d’accepter qu’elle n’est pas continuellement telle qu’elle voudrait être, pas à la hauteur de ses espérances. Ce que je suis et ce que je veux ne cohabitent pas toujours dans le meilleur des mondes.


Trop difficile aussi d’accepter quelque chose de moins fort, de plus léger, et surtout de moins risqué. En somme, il lui faut se préparer à une petite extinction (provisoire ?).


 
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   Bidis   
12/1/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Au début, j’ai trouvé ces états d’âme autour d’une déception amoureuse fort bien exprimés. Puis, l’impatience m’est venue de lire un événement nouveau, quelque chose qui vienne relancer le récit… Ou quelque chose, une caractéristique du personnage, en dehors de ses problèmes sentimentaux, qui me le rendent attachant, sympathique. Mais rien - et cette sorte de ressassement ne m'a guère laissé d'impression après lecture.

- « elle se mettait à remercier ses parents, de l’avoir suffisamment aimée, pour qu’à son tour, elle s’aime suffisamment pour vivre correctement. » : je trouve cela bien, une bonne idée, que d’introduire la notion du « parent nourricier » dans un texte.

   xuanvincent   
13/1/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je partage dans l'ensemble l'avis de Bidis sur cette nouvelle.

Le texte m'a au début intéressée, mon intérêt s'est réduit par la suite.

Le nombre des points d'exclamation et des points d'interrogation a retenu mon attention.

   melonels   
13/1/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai aimé ce texte peut être parce qu'une de mes proches a vécu cela il y a quelques semaines. Le texte est bien écrit, la sensibilité est là, la colère, l'absence de dignité, tous ces sentiments mêlés qui nous détruisent lors d'une rupture.
On sent le vécu sans tomber dans le pathos du vulgaire témoignage France Loisirs.
Merci et bravo.

   Anonyme   
17/2/2009
Oui. Une petite extinction... que j'espère de tout coeur provisoire.
La passion ! Aimer pour pouvoir Etre. L'absolu. La perfection d'une entente. L'osmose.
L'univers repose sur cette quête et la vie, telle qu'on est bien obligé d'admettre qu'elle est, nous fait perdre de vue cette quête.
On vieillit, on prend des coups, on se brûle les ailes, le coeur est broyé, il se reconstruit comme un puzzle, machine infernale qui nous pousse à survivre et à apprendre à nous contenter de ce qu'il y a. Prendre ou crever. Passer inaperçue, devenir invisible. Plier le genou pour ne pas s'éteindre, rentrer dans le vif du sujet : la vie, la vraie. La passion ? Planquée quelque part. Elle existe, faut mettre la main dessus et prendre le risque de tout perdre pour elle. Sinon, à quoi peut bien servir cette toquante qui nous maintient en vie ?
Beau texte, belle écriture, échevelée, douloureuse.
L'accouchement a sans doute été difficile mais le bébé est très beau.
Au plaisir de te lire.

   Nongag   
18/2/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Très intéressante réflexion sur le deuil d'une relation et les étapes psychologiques qui peuvent s'y rattacher. Propos intelligents, souvent pertinents.

Deuxième moitié comportant quelques répétitions alourdissant un peu l'ensemble. Écriture inégale, manque de relecture? Des bouts de phrases inutiles, redondantes. Par exemples:
"D’autres l’entouraient et allaient l’aider à guérir. Ça passe avec le temps ou avec un autre. Elle savait qu’elle n’était pas patiente. Elle allait prendre la deuxième piste !" Ma correction donnerait:
"D’autres l’entouraient et allaient l’aider à guérir. Ça passe avec le temps ou avec un autre. Et elle n’était pas patiente..." On comprend avec moins de mots.

Ou encore:
"Elle se projetterait au travers d’une histoire fantasmée pour l’essentiel ? Pas plus convaincant que cela. Parce que, depuis longtemps déjà, elle s’est penchée sur son histoire. C’est dans tous les cas insuffisant comme éclaircissement." J'irais pour:
"Elle se projetterait au travers d’une histoire fantasmée pour l’essentiel ? Pas vraiment convaincant. Depuis longtemps déjà, elle s’est penchée sur son histoire. Vraiment insuffisant comme éclaircissement."

L'idée est de coupée le superflu, pas le sens. Beaucoup de relectures sont nécessaires (j'y arrive pas toujours moi non plus!).

Très bien le propos. Moyen + l'écriture.


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