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Fantastique/Merveilleux
Tailme : Chasseur de démons : genèse du duo
 Publié le 05/02/14  -  4 commentaires  -  21690 caractères  -  80 lectures    Autres textes du même auteur

Yornak, chasseur de démons à la renommée sans limite, va lier le destin de deux antagonistes à travers sa mission.


Chasseur de démons : genèse du duo


I


Le petit Nicraf courut aussi vite qu’il le put pour rattraper le peloton d’enfants devant lui. Ce jeune garçon de onze ans débordait d’énergie et n’eut aucun mal à se raccrocher aux autres. Ils étaient, en majeure partie, rassemblés près de la rivière quelques minutes plus tôt. Elle constituait une source inépuisable d’amusement pour ces jeunes enfants. S’éclabousser, chasser vainement les poissons ou simplement observer les petites araignées d’eau se déplacer en douceur sur la surface liquide. Une fille était arrivée à grande vitesse, avait repris son souffle quelques secondes puis avait crié :


– Le chasseur est là !


Le résultat avait été immédiat. Tous avaient arrêté leur activité pour se joindre à la gamine qui les guiderait jusqu’au nouveau venu. En voulant sortir de l’eau, Nicraf avait glissé sur la plage marécageuse et touffue. Effondré sur la berge, enfoui dans les joncs, Nic regarda en silence les autres partir. « Lève-toi ! Tu dois le voir ! », s’imposa-t-il. Il poussa sur ses paumes afin de se remettre debout et entreprit sa course.

Traversant les petites maisons de bois, sautant par-dessus les poules, Nic rattrapa donc le groupe d’enfants. D’autres se joignirent à eux en chemin. Ils atteignirent finalement un rassemblement de personnes à l’entrée du village. Nic se glissa entre les jambes des adultes et poussa sans force certains pour se frayer un chemin. Une fois le parcours d’obstacles accompli, Nic se retrouva au-devant de la masse silencieuse que formaient les villageois. En face de lui ne se trouvaient que le chef du village et un second homme, le chasseur. Le chef était grand, large, fort et imposait une certaine prestance et un puissant respect. Cependant, l’autre, plus chétif, écrasait l’atmosphère de sa présence. Rien qu’à le regarder on comprenait pourquoi il portait une telle réputation, une réputation de héros implacable.

Oui. C’était Yornak de Bénélie. Le chasseur de démons à la renommée sans limite. C’était le genre d’homme qui donnait envie à Nic de devenir lui aussi un chasseur. Il se voyait souvent, dans son imagination ou dans ses rêves, dans une armure blanche éblouissant les monstres et portant une épée d’argent ardente tranchant sans difficulté la chair de ces bêtes. Yornak ne portait néanmoins pas une armure lumineuse. Lui, était habillé d’un pourpoint noir recouvrant une cotte de mailles visible à certains endroits, d’un pantalon noir et serré et de bottes de la même couleur obscure. Une épée pendait dans son dos. Ses yeux sévères, surmontés de sourcils couleur de la nuit et de cheveux mi-longs de même teinte, fixaient le chef du village.


– Six ? demanda Yornak.


Six démons. Nic vivait dans une région qui portait le nom de Bolie. Une terre envahie et dévastée par les démons. Seuls les chasseurs de démons experts s’y risquaient. Récemment, le village avait perdu un homme, tué par l’un de ces démons. Ceux qui se trouvaient avec le regretté en avaient compté six. Ils avaient ensuite fait courir le bruit que le village avait besoin imminemment d’un chasseur pour s’en débarrasser. Et voici que deux jours plus tard, se présentait à eux l’un des plus grands chasseurs.


– C’est exact, confirma le chef.

– Allons chez vous. Nous discuterons en privé.


Les deux hommes se dirigèrent vers la maison du chef du village. Les gens s’écartaient pour les laisser passer et analysaient l’homme venu à leur rescousse.


II


Nic s’assit, le dos contre le mur, sous l’une des fenêtres de la maison du chef du village. Elle donnait, vers l’intérieur, directement sur la pièce principale du domicile ; pièce où étaient installés le chasseur et son hôte. Tous les villageois étaient retournés à leur quotidien en attendant la réponse du chasseur, mais Nic, lui, avait préféré filer les deux hommes pour tout entendre. La discussion dura quelques instants, mettant les deux individus d’accord sur la récompense (deux pièces d’or pour chaque tête). Le chasseur termina la conversation en annonçant qu’il partait sur-le-champ à leur recherche et reviendrait annoncer leur mort avant la tombée du soleil. Nic perçut alors le grincement de la porte de bois et le « bon courage » du chef du village. Il regarda longuement le chasseur partir en direction de la forêt, qui se trouvait un peu plus loin derrière la rivière. Tous les villageois en firent de même et, lorsqu’il fut à une distance convenable, se bousculèrent jusque devant le chef. Le tumulte se composait de mots inidentifiables et de phrases incompréhensibles cependant le chef comprit.


– Il a accepté, lança-t-il dans la foule.


Et le brouhaha recommença de plus belle.

Nic profita de ce remue-ménage pour s’éclipser et suivre discrètement Yornak. Arrivé à la rivière, le jeune garçon attendit que le chasseur ait traversé l’obstacle pour s’y risquer. Ainsi, Nic pensait que le bruit de l’eau dérangée n’atteindrait pas les oreilles de Yornak. Mais Nic était trop naïf. Le chasseur avait senti sa présence depuis le début, et même dans la maison du chef. L’enfant observa l’homme s’engouffrer dans la forêt sombre. Il le suivit furtivement, se déplaçant de cachette en cachette : derrière un arbre, sous de formidables racines ou même entre des arbustes aux épaisses feuilles.

L’épaisseur de la végétation de la forêt s’amplifiait à chaque pas que les deux individus effectuaient. Le phénomène continua jusqu’à ce que, d’un coup, il n’y eût plus un seul arbre devant eux. En fait, c’était une grande clairière. Au milieu de celle-ci se dressait un monticule de grosses pierres. Elles formaient une espèce de dôme avec une ouverture haute comme un homme. Nic ouvrit grand les yeux. Cela devait sûrement être le domicile des démons.


– Petit, l’interpella Yornak (à ce mot, Nic fut tellement surpris qu’il se figea), je t’ai laissé me suivre jusqu’ici parce que je connais ce sentiment de curiosité qui t’envahit ; et je sais également que si on t’empêche d’assouvir ce besoin de découvrir, le sentiment devient encore plus intense et plus rien ne peut t’arrêter pour le rassasier. J’étais pareil que toi quand j’étais gosse. Mais maintenant, on est chez eux. Chez ces démons fouteurs de merde. Tu es trop jeune pour voir ce qui va se passer. Enfin, c’est ce que dirait un adulte responsable, mais je n’en suis pas un. (Nic sourit à ces mots qui venaient de détendre l’atmosphère.) Alors je te laisse choisir. Soit tu détournes le regard soit tu assistes au spectacle macabre.


Nic ne répondit pas et ne sortit même pas de sa cachette. Yornak esquissa un sourire puis retrouva son air grave et sérieux et descendit la pente menant dans la clairière. Le jeune garçon laissa dépasser son œil droit de derrière l’arbre. Voyant que Yornak ne regardait pas dans sa direction, il s’avança un peu et alla se camoufler sous une colossale racine. De son repaire, il pouvait épier le chasseur. La peur s’agrippait de plus en plus férocement à ses petits membres et lui chuchotait dans l’oreille de rebrousser chemin. Cependant, son désir de voir les démons le clouait au sol.

Yornak se posta à une dizaine de pas de l’imposante et mystérieuse construction de pierre. Il attrapa son épaule droite avec sa main gauche et entama son échauffement en faisant rouler sur lui-même son bras droit. Il en fit de même avec son second bras.


– Eh ! Les affreux, appela le chasseur.


Une forme humanoïde considérable s’extirpa de la demeure rocheuse par l’entrée qui paraissait trop petite pour lui. Le monstre se dressa de toute sa hauteur. Il dépassait le chasseur de trois têtes. Sa peau noire et épaisse fit frissonner Nic. Les deux longues cornes pointées vers l’avant donnaient au démon un aspect encore plus menaçant. Il ne portait qu’un pagne sombre. Les deux énergumènes se dévisageaient : le chasseur souple sur ses jambes prêt à tout instant à faire crisser son épée dans son fourreau et le colosse respirant bruyamment, faisant mouvoir ses formidables muscles afin de décourager son adversaire.


– Que veux-tu, petit humain ?

– Vous avez tué un homme. Je suis venu pour vous le faire regretter.


Le monstre grogna et souffla agressivement. À ce moment, sortirent de la demeure, un à un, quatre autres démons. Ceux-ci étaient plus petits, une taille moyenne pour un humain, et moins larges. Ils avaient tous les mêmes cornes que le plus grand. On aurait dit des copies du premier, mais en moins considérable. Finalement, un dernier démon se présenta sous le soleil épuisant. Il était encore plus petit et des formes se dessinaient au niveau de son torse. De longs cheveux rouges coulaient dans son dos. Malgré le fait que ce soit un démon, son visage était beaucoup plus doux. Yornak le sut instantanément : c’était une femelle. Elle portait quelque chose dans ses bras et le serrait avec avidité contre sa poitrine. Ce ne pouvait être qu’un nourrisson. Une famille. Le père, grand et fort, les enfants et la femme gardant le petit nouveau.


– Ils étaient trois, commença le démon à la taille intimidante. Ils allaient s’attaquer à ma Irnolve. (Yornak supposa que c’était le nom de la femelle démon.) Je n’ai fait que les effrayer. Mais l’un d’eux croyait avoir la force pour contrer mes coups. Il est mort sur le coup. Je ne cherchais en aucun cas à le tuer. Mais je ne regrette pas mon geste. Et s’il faut recommencer, je recommencerai sans hésitation. Pour assurer la sécurité de ma famille.

– Tu assures la sécurité des tiens, j’assure la sécurité des miens. Là, nous arrivons à un conflit d’intérêts.

– Nous allons donc nous battre, grommela le démon avec un ton qui sonnait comme du regret aux oreilles de Yornak.


Aucune haine. Les adversaires ne se détestaient pas. Ils allaient seulement faire ce qu’ils avaient à faire, sans réelle conviction. « Triste histoire », pensa le chasseur. Il fit grincer son arme ; elle brilla et renvoya les rayons du soleil.


– Effectivement, conclut le chasseur.


Le colosse ordonna quelque chose dans la langue démoniaque à sa femme, « sûrement de rentrer pour se cacher » supposa Nic, mais elle ne bougea pas. Une épée démesurée apparut et se posa dans les mains du démon. D’autres armes – épées et haches de guerre – se matérialisèrent dans les mains des autres créatures. Le plus développé grogna de nouveau et tendit la paume de sa main gauche, droit vers eux, leur commandant de rester hors du conflit. La bête posa son regard ténébreux et réprobateur sur le chasseur. L’atmosphère bascula. Le merveilleux soleil de cette belle journée d’été se couvrit de nuages malicieux. Le vent se leva, balayant les multiples feuilles tombées des arbres à proximité de la clairière. L’une de ces feuilles coupa, innocemment, les éclairs que se lançaient les deux adversaires. Pendant un infime instant ils ne se virent plus. Et lorsque leurs yeux se retrouvèrent ensuite, le combat s’amorça. Le monstre effectua un bond prodigieux en avant tandis que Yornak chargeait, l’épée pointée devant lui. Premier contact. Un bruit métallique puissant. Chacun poussa de son côté afin de faire reculer l’autre. Second coup. La lame démentielle du démon fendit l’air circulairement mais le chasseur se baissait déjà pour frapper plus bas. Deux fissures rouges se dessinèrent, symétriquement, sur les deux cuisses du monstre. Elles se mirent ensuite à vomir un liquide de la même couleur. Le démon se laissa choir sur les genoux. Yornak leva son épée au-dessus de la tête du blessé. Il ne put terminer son geste : les enfants démoniaques s’étaient précipités à la rescousse de leur père, l’un contrant le coup du chasseur.

Yornak fit rouler sa lame autour de celle du jeune démon, puis fit un pas en avant. Rapide, précis, le coup atteignit l’ennemi : la lame traversa de part en part la gorge sanguinolente. Le corps tomba sur le dos, inerte. De son perchoir, Nic vit l’ensemble des réactions. La mère hurla de rage et de peur, les enfants reculèrent envahis de crainte et d’effroi et le père se releva immédiatement, non sans mal, pour venger son fils. Yornak enfonça son épée dans le torse du colosse qui effectua quelques pas en arrière, par réflexe, pour fuir le danger. Les autres avaient repris leurs esprits et s’apprêtaient déjà à frapper le chasseur. Il esquiva en roulant sur lui-même ; mais ne gaspillant aucune seconde dans ce combat à mort, il en profita pour laisser glisser son glaive entre le haut des épaules et le bas du cou d’un des démons. La tête roula par terre. Un autre frappa horizontalement. Le chasseur plia ses genoux, se rétractant, et lança la pointe de son arme verticalement, laquelle transperça sans difficulté le crâne du démon. Le dernier enfant bestial fonça sur Yornak. Le coup de poing du chasseur fut plus vif que celui du monstre. Ce dernier s’effondra, rebondit légèrement sur le sol puis, finalement, fut cloué à terre par l’épée de Yornak.

Le chasseur n’eut pas le temps de déloger son arme du cadavre : le père, animé par une force qui n’avait plus rien de raisonnable, contrôlé par une folie démentielle le plaqua au sol. Yornak subit une rafale de coups de poing au visage. Il réussit néanmoins à entourer le monstre, au niveau de la taille, avec ses jambes et à le faire basculer sur le côté. Changement de position. Cette fois, le chasseur surmontait le corps féroce du démon. C’était à son tour de lâcher sa furie. Il frappa, brisa, écrasa le crâne de son ennemi. Et pour en finir, il arracha l’une des cornes du démon et la lui enfonça sanguinairement entre les deux yeux.

Yornak lâcha son arme improvisée. Il se rendit compte que son corps bouillait, que son souffle était bruyant et que ses poumons le brûlaient. Un sentiment de bien-être l’envahit ; en fait, c’était la rage qui s’évadait de tout son corps, descendant savoureusement jusqu’au bout de ses membres. Il se releva doucement et difficilement. Ses jambes faillirent le laisser tomber mais il tint bon. Un cri agressivement aigu tinta dans ses oreilles. C’était la mère qui courait vers lui, une dague à la main. Elle avait posé le bambin juste devant la demeure de pierre. Sans la quitter du regard, le chasseur retira son épée du bout de chair saignant. Il leva son arme dans la direction de la mère. Ce geste voulait dire : « Stop », mais elle n’écouta pas. Yornak, sans force, sans conviction, frappa et découpa la gorge de la femelle démon. Elle chuta. Une mare sombre prit forme autour d’elle. Il rengaina l’épée dans son dos. Il se dirigea vers le dernier survivant, pataugeant dans la flaque rouge et laissant des traces de pas de la même couleur derrière lui. Il regarda longuement le gamin puis posa son pied sur lui. Le petit démon se mit à pleurer bruyamment. Il n’avait plus qu’à appuyer, même légèrement, pour en finir avec cette famille monstrueuse.

Nic ouvrit si grand les yeux qu’on aurait dit qu’ils allaient s’échapper de leur orbite. Il ne pouvait pas croire ce qu’il voyait. « Non ! Non ! Non, tu ne peux pas faire ça », hurla-t-il silencieusement. Les chasseurs étaient des héros. Ils tuaient les méchants, ils ne massacraient pas les enfants sans défense. Il n’avait pas le droit de faire cela. Mais il ne put cependant pas bouger pour arrêter le chasseur, il était fixé au sol par la peur.

Yornak analysa le petit minois du monstre. Malgré ses origines, le bambin n’avait rien d’écœurant. Il n’avait même pas encore de dents.


– À quoi bon vivre quand tu n’as plus rien qui te retient dans ce monde ? lui demanda le chasseur à voix basse. Ils m’ont demandé six têtes. Officiellement tu n’existes pas, petit. Veux-tu vivre ?


Le minuscule démon ne répondit que par des gémissements. Yornak réfléchit un instant, puis reprit :


– Tu crois que tu serais à la hauteur pour cette mission ? comme si le démon le comprenait et savait de quoi il parlait. Et lui, dit le chasseur en montrant d’un mouvement de menton le petit humain caché sous la grosse racine, tu crois qu’il sera à la hauteur ? On ne perd rien à essayer, tu me diras.


Il leva son pied et ramassa le petit.


– Officiellement tu n’existes pas, répéta le chasseur.


Nic sentit tous ses muscles se décontracter lorsque le chasseur se baissa pour prendre le bébé dans ses bras. Le chasseur rejoignit l’enfant. Ils se regardèrent un moment puis Yornak lança :


– Je pensais que tu gerberais à la vue de tout ce sang. Mais apparemment tu as le cœur bien attaché.


Il rigola narquoisement.


– Suis-moi, petit. Quel est ton nom, gamin ?

– Nicraf, s’exclama-t-il fièrement.

– Tu veux devenir chasseur, toi ?

– Oui !

– Comme tu as pu le voir, ce n’est pas un boulot facile. Il faut devenir fort, il faut beaucoup d’entraînement pour pouvoir vaincre des démons. Mais ce n’est pas le plus dur. La véritable difficulté, tu la rencontreras toi-même lorsque tu deviendras chasseur, et la question de morale, la question sur la déontologie des chasseurs de démons. Je ne vais pas m’attarder dessus, c’est mieux que tu le découvres toi-même. Après tout, on apprend avec l’expérience. Mais sache que le Mal ne se cache pas que sous la peau des démons. En devenant chasseur, tu deviens tueur de démons. Cependant, il ne faudra pas t’arrêter à ce seul point. Tue les méchants, épargne les bons. C’est pour cela que je préfère me faire appeler chasseur plutôt que chasseur de démons. Au moins, avec ce titre, ma profession prend en compte l’ensemble des races. Tu comprends ce que je veux dire ?

– Heu… Oui, mentit Nic.


Ils continuèrent leur route jusqu’à la rivière. Là, ils stoppèrent leur marche.


– Les chasseurs ne cherchent qu’à faire respecter la paix dans le monde, commença Yornak. Mais après mes années de vagabondages, de recherches de contrats, je peux affirmer qu’exterminer tous les démons n’est pas la bonne solution. Je pense qu’une alliance pourrait faire l’affaire. Une entente pour combattre tous les véritables monstres, qu’ils soient démons, humains, elfes ou même nains. J’ai longuement réfléchi à des solutions, mais en vain. En tout cas jusqu’à aujourd’hui. Quand j’ai vu ce petit démon, je me suis dit qu’il était la clé de cette alliance. Lui et toi, vous êtes la réponse que je cherchais. Quand nous traverserons la rivière, j’irai récupérer la récompense et toi tu iras cacher ce petit. Tu t’occuperas de lui jusqu’à ce qu’il soit un adulte. Vous vous entraînerez. Vous deviendrez des chasseurs. Le démon et l’humain, les chasseurs du Mal. Vous serez un symbole. Le symbole d’une nouvelle ère. Ça te dit, petit ?


Nic n’avait pas bien compris la fin mais l’idée de devenir un chasseur et d’avoir un ami démon lui plaisait fortement. Il acquiesça. Yornak sourit, plein d’espoir.


III


Nic entra dans la petite grange délabrée. Celle-ci avait été abandonnée quelques années auparavant, suite à un incendie mystérieux. La rumeur avait alors décrété que la petite structure du bois, excentrée du village, était maudite ou hantée par un esprit maléfique. Plus personne ne s’en approchait. Plus personne à part Nic. Le petit intrépide, ou peut-être trop sot, avait exploré à de nombreuses reprises le bâtiment. Il en avait fait son terrain de jeu personnel. C’était l’endroit idéal pour cacher le petit démon. Il le déposa dans la paille qu’il avait ramenée deux jours plus tôt pour le décor de l’une de ses aventures imaginaires. Le démon poussa un petit cri plaintif, lequel annonçait la venue d’une tempête de pleurs. Nic comprit cela. Il le regarda fixement dans ses étranges et petits yeux rouges.


– Si tu ne veux pas qu’ils te trouvent, si tu veux continuer à vivre sans qu’on ait de problèmes et si tu veux qu’on devienne un jour de grands chasseurs, il va falloir que tu arrêtes de pleurer.


Et comme si le petit monstre avait compris ce que lui disait le garçon, il se tut et ne pleura plus une seule fois de sa vie.

Yornak, quant à lui, se dirigea vers la maison du maire. Tous les gens qui l’aperçurent se mirent à le suivre jusqu’à sa destination. Le maire attendait devant sa maison, assis sur un tabouret de bois. Il releva sa tête, un peu surpris.


– C’est déjà fini ? lui demanda-t-il.

– Oui, confirma Yornak.

– Où sont les cadavres ?

– Ils gisent dans la clairière. Allez vérifier. Vous trouverez six corps sans vie.

– Excellent. Vous valez bien votre réputation, honoré chasseur. Voici l’or.


Il lui tendit une bourse fermée par une corde fine. Yornak en vérifia le contenu avant de serrer la main du maire. Le chasseur fit ses adieux et reprit la route.

Au bout de quelques minutes de marche, il entendit que quelqu’un lui courait après. Il se retourna et ne fut pas surpris de voir Nic, rougi par l’effort.


– Tu t’es occupé du nourrisson ?

– Oui ! Je l’ai caché et j’ai déjà réfléchi à comment m’occuper de lui sans que personne ne le voie. Je resterai avec lui toute la journée et lorsque l’heure du repas sonnera, je me dépêcherai de finir mon assiette pour le rejoindre. Le seul problème est : comment vais-je le nourrir ?


Le chasseur rigola bruyamment.


– Les bébés démons ne sont pas pareils que les bébés humains. Ils peuvent, même sans dents, manger tout ce qui n’est pas trop dur ou trop difficile à déchirer. Par contre, en ce qui concerne leurs besoins naturels, ils sont similaires aux humains.

– Beurk…

– Tu t’y habitueras, le railla Yornak.

– Une dernière question, comment est-ce que je peux savoir son nom ?

– Son père, tout à l’heure, a ordonné à sa femme : « Rentre, avec Grinnetokakos. » Voilà son nom.

– Tu parles le démon, s’étonna le gamin.

– Un peu, expliqua le chasseur en haussant les épaules. Allez, bon courage Nicraf. On se revoit dans quelques années, quand tu seras un chasseur.

– Oui !


Puis Nic observa longuement, sans bouger, en ne pensant plus qu’au petit monstre qui l’attendait sagement, le chasseur disparaître à l’horizon.


 
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   Anonyme   
18/1/2014
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai trouvé l'histoire naïve mais en même temps touchante, de ce chasseur qui tue les démons en rêvant d'une alliance entre humains et démons de bonne volonté, et de ce duo improbable qui se forme. Les personnages sont plutôt archétypaux, mais enfin cela convient au genre "aventures" ; en fait, ce texte me paraît plutôt relever de la littérature "jeunesse"... de ce point de vue, il est assez réussi à mon avis.

"l’un d’eux croyait avoir la force pour contrer mes coups. Il est mort sur le coup" : je trouve la répétition maladroite.

   jaimme   
5/2/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Oui, c'est une genèse. Celle d'un récit d'heroïc-fantasy. Et celle d'un auteur sur Oniris.
J'ai trouvé que cette histoire en devenir comportait un vrai atout: celui de vouloir faire du neuf, de l'original. En effet je n'ai jamais lu cette histoire ailleurs (on me détrompera peut-être, mais je ne pense pas), un background nouveau ce n'est pas rien. Et pour moi c'est essentiel.
Bien sûr il reste à donner une maturité à cette écriture, mais nous en sommes tous là, sinon nous vendrions notre quatorzième livre.
J'encourage donc l'auteur à continuer, à développer cette amitié, cette complicité et ces aventures entre les deux personnages. Cela pourrait donner quelque chose de très agréable à lire.
Un conseil, parmi d'autres possibles, et qui me semble ici essentiel: se relire et se relire et... se relire; à force de lire des textes sur Oniris je commence à repérer ceux qui ont ce quelque chose d'intéressant, et mon truc est tout simple: en général ceux qui vont vite faire des progrès n'écrivent pas très bien le début de leur histoire, puis au fil des paragraphes cela se bonifie rapidement. Il faudrait donc réécrire le début avec la facilité qui apparaît ensuite.
Bonne continuation!

   antares77   
5/2/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
c'est pas trop mal, un peu carrément sanguinolent, mais bon ...
l'écriture est celle d'une jeune personne, cela coule de toutes les phrases, et au-dela des scènes de combat qui rappelle étrangement certains jeux vidéo ...
il y a trop de répétitions, trop de phrases bizarrement construites, trop de vocabulaire un peu pueril (rigoler) pour qu'on accroche durablement.
les scènes de combat sont trop longues à mon humble avis. j aurais préféré a la place en savoir plus sur les personnages, sur ces étranges démons, sur le monde de cette nouvelle.
et puis je pense que j'aurais également apprécié une suite, pour découvrir ce que cette association peut apporter à cette guerre que l'auteur décrit bien comme sordide (en même temps quelle guerre ne l'est pas).
la xénophobie, la colonisation type conquistadors ou cowboy, l'apartheid ... autant de thèmes que je vois dénoncés ici et cela me ravit !
Il y a du vrai grand potentiel ici. le genre me plait, avec beaucoup de travail en amont et l'imagination de l'auteur qui est réelle tout ça peut exploser !

   Perle-Hingaud   
8/2/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Tailme,
J’aime bien votre envie de raconter. Une histoire, une vraie, avec des gentils, des méchants vrais ou faux, des combats et des réconciliations. A présent, il vous faut encore travailler l’écriture : éliminer tout ce qui semble redondant ou inutile, par exemple : Ils étaient, en majeure partie, rassemblés près de la rivière quelques minutes plus tôt « en majeure partie » est-il bien utile, et surtout, approprié ?, imager davantage votre vocabulaire en tentant de réduire les « finalement », « vouloir », « voir », « c’était »… (un dico des synonymes peut donner bien des idées)…
Peut-être trouverez-vous quelques conseils utiles dans cette chronique : http://www.oniris.be/forum/chronique-destinee-aux-auteurs-s-estimant-debutants-t5578s0.html
Sinon, vous avez un bon rythme, la description du combat (un chouia long) est très visuelle, les personnages sympathiques.

Merci pour cette lecture, et bon courage à vous pour la suite de cette aventure !


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