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Policier/Noir/Thriller
TITEFEE : Le village aux sept péchés - suite 13
 Publié le 16/09/07  -  4 commentaires  -  13258 caractères  -  12 lectures    Autres textes du même auteur

Le mystère s'épaissit !


Le village aux sept péchés - suite 13


Gilles retourne dans sa tête les propos de son voisin et essaie de rapprocher les propos des deux lettres anonymes qu’il a reçues et qu’il montrera aux gendarmes… D’ailleurs l’estafette de ces derniers se gare sous l’appentis et en descendent le capitaine, le brigadier et le Père Mathieu. Gilles ouvre la porte vitrée pour les faire entrer dans la grande salle et met tout de suite la cafetière en route et sort du placard une bouteille de vieux marc à peine entamée.


- Bonjour Monsieur Gaucher, on est venu avec le père Mathieu comme je vous l’ai dit au téléphone. Celui-ci va vous expliquer l’endroit où il pense que l’on pourrait retrouver Coraline et vous nous direz si ça vous dit quelque chose.

- Si je peux vous être utile ! Vous n’avez pas encore de nouvelle ? Non ! Sinon vous auriez commencé par ça. Ma femme est malade depuis. Elle est partie pliée en deux par son ulcère et…

- Vous vous êtes cogné Monsieur Gaucher ? On dirait que vous avez un coquard ?

- Oui je me suis cogné, mais contre quelqu’un, je vous expliquerai, j’ai des choses à vous dire ; ce n’est pas que le père Mathieu me gêne, mais je préférerais vous les dire à vous… en particulier.

- D’accord pas de problème, on pourra se voir après l’entrevue. Je serai d’astreinte à la gendarmerie ce soir, … et vous, après le travail de vos bêtes, je pense que vous serez plus libre.

- Vous savez, si vous voulez je peux remonter chez moi à pied, dit le père Mathieu. J’ai à voir la vieille Marie qui a un lumbago et qui n’est pas bien patiente. On peut tout de suite déplier la grande carte sur la table et je vais montrer au Gilles où mon pendule tourne…

- Non Père Mathieu, ça peut attendre, lui rétorque Gilles. Ce que j’ai à dire n’intéresse pas l’affaire qui nous met les sangs dessus dessous...


Le brigadier sort de la sacoche noire une carte et la déplie. Sur la ville de Châteauroux le père Mathieu a inscrit au stylo feutre rouge trois cercles :


- Un vers Diors… Vous connaissez ? Près de la forêt de Mâron, puis Vouillon et châteauroux.

- Attendez un peu, je crois bien que l’avant-dernière famille d’accueil ne se situait pas très loin de Mâron. C’étaient des maraîchers. Je crois me souvenir que Marguerite leur a parlé de Coraline dans les débuts où nous l’avions chez nous.

- Mon pendule tourne entre Mâron et Diors, preuve que la tiote est vivante affirme le Père Mathieu en pointant du doigt la carte.

- Pourtant, dit le capitaine, les Fontan ont été interrogés et ils ne savent rien.

- L’est pas très loin des bois de Mâron en tous les cas… regardez donc, en dehors de ce périmètre mon pendule ne veut plus rien savoir !


En effet le pendule en bois tourné se met à plomber dès que le père Mathieu l’éloigne de ses trois cercles concentriques.


- On va encore interroger les Fontan alors. Bon Monsieur Gaucher, le temps pour nous de raccompagner le Père Mathieu et on revient vers vous. Comme ça vous n’aurez pas à vous déplacer.


Mais le Père Mathieu a déjà enfilé sa veste de velours côtelé et vissé son chapeau à larges bords sur sa tête et déclare :


- Mais non, sans façon. J’ai promis à la vieille Marie de passer et son fils m’a dit qu’il me raccompagnerait après ! Allez à la revoyure et surtout cherchez dans la campagne ou dans les bois de Mâron, la petite je ne crois pas me tromper, doit s’y trouver encore. J’espère qu’il ne sera pas trop tard après !


Là-dessus, de sa démarche claudicante mais étonnamment rapide malgré son handicap, il s’éloigne, caresse au passage le chien qui tire sur sa laisse en jappant et on voit la silhouette du vieil homme bientôt tourner à la fin de l’allée et disparaître.


Quelques minutes plus tard, la voiture de Marguerite se gare dans la cour. Elle claque la portière et se dirige vers la maison en remarquant que la voiture des gendarmes est encore là sous l’appentis. Son cœur alors s’emballe…pourquoi sont ils encore là., se dit elle. Il y des choses qui ont dû mal se passer… je le sentais, je le savais !


Elle ouvre la porte vitrée de l’entrée et pénètre dans la pièce où sont encore attablés devant la grande carte d’état major largement dépliée, les deux gendarmes et Gilles.


- Bonjour Messieurs, vous avez des nouvelles ! Vous savez où elle est notre Coraline ?

- On aurait bien aimé avoir de bonnes nouvelles à vous annoncer mais…


Le sang de Marguerite ne fait qu’un tour, ses jambes se dérobent sous elle et elle s’écroule comme une poupée de chiffon. Sa tête heurte violemment le plancher. Elle demeure étendue, une jambe repliée sous elle. Lorsque enfin, après quelques minutes, elle rouvre les yeux, Gilles est entrain de la gifler, et le brigadier de l’éventer avec sa casquette.


- Dites-moi vite, elle est... Elle est morte ?

- Mais non mamour, rassure-toi ! Le père Mathieu affirme qu’elle est toujours vivante. Tu nous as fait une de ces peurs !

- Mon estomac sans doute, cela fait des nuits que je ne dors pas et que je souffre. Je suis passée chez le toubib. Je n’ai que 9 de tension. Ce n’est pas étonnant. ! Tout l’après-midi j’étais au bord de la syncope. Mais parlez-moi de Coraline …

- Eh bien c’est surtout à vous de nous renseigner Madame Gaucher, car l’on sait par votre mari que vous avez eu des contacts avec les Fontan.

- Oh, c’était seulement quelques jours après la venue de Coraline chez nous… Ça doit bien faire cinq ou six ans. La petite n’allait pas très bien et elle réclamait Tati Rose constamment… Tati Rose c’est Madame Fontan à qui elle était très attachée. Elle était heureuse dans cette famille, jusqu’au passage de la psychologue et de l’éducateur qui avaient remarqué l’amour que tous portaient à la petite fille… Oui, oui, trop d’amour et de démonstrations de tendresse chez les Fontan à l’égard de l’enfant… Une petite fille de quatre ans !! Alors l’administration l’a changée de famille !

- Ça c’est ce qu’ils vous ont dit, c’est un peu subjectif, dit le capitaine…

- En tous les cas, c’est ce que m’a dit Rose Fontan à l’époque… Elle avait encore beaucoup de chagrin de cette séparation… et avait été très surprise que je m’adresse à elle car elle ne savait pas où avait été placée Coraline.

- Maintenant ça ne se passe plus comme ça je pense, dit le brigadier.

- En tous les cas, nous n’avons jamais eu de problème semblable avec le directeur, ni avec la psychologue, ni l’éducatrice qui vient régulièrement rendre visite à Coraline… Et la petite est très contente de la voir. Elle l’attend même et lui a toujours offert un petit cadeau fait de ses mains. Grâce à Dieu les structures actuelles sont moins rigides que dans le temps !!!

- Et que vous avait dit Rose Fontan à l’époque ?

- Que Coraline parlait constamment de sa maman car celle-ci lui avait rendu visite une fois, chez eux, et que depuis la petite faisait des cauchemars. Ils devaient laisser une lumière brûler toute la nuit dans sa chambre. Au fait, ce matin je leur ai écrit une lettre leur demandant s’ils savaient quelque chose.

- Aux Fontan ?

- Oui aux Fontan… un détail qui leur aurait échappé pourrait leur revenir. Tout ce temps qui passe ne joue pas en notre faveur j’en ai bien peur.

- Bon ! On va aller leur rendre visite demain. Brigadier vous avertirez les collègues de Châteauroux pour qu’ils nous y accompagnent…

- Mais ils ne sont pas à Châteauroux ! s’écrie Marguerite. Leur ferme est située vers le Tecq. Pas loin de la Forêt de Saint Maur et le bois des Mardelles. Je m’en souviens vaguement… Pas facile à trouver leur ferme d’ailleurs …


À ces mots, Gilles lève un sourcil interrogateur.


- Mais, Marguerite, tu ne m’as jamais dit que tu étais allée les voir ces gens-là. Tu sais bien que c’est interdit !

- Oui je sais, mais Rose et moi nous nous sommes rencontrées à un endroit convenu à l’avance. Elle m’attendait dans sa voiture au croisement de la D80 et je l’ai suivie jusqu’à Villedieu sur Indre. Nous étions deux mères qui nous rencontrions et qui savaient que nous risquions autant l’une que l’autre qu’on nous retire les enfants que l’on nous confiait…

- N’ayez crainte Madame Marguerite, rien de ce que vous venez de me dire ne transpirera. Ça restera dans le secret de l’instruction. Mais qu’avez-vous appris d’autre ? dit le capitaine.

- Eh bien rien de plus, justement. Aussi j’attends une réponse à ma lettre car des années se sont passées depuis cette rencontre. J’avoue ne pas avoir recherché leur n° de téléphone que j’ai perdu.

- Ne vous inquiétez pas. Le directeur Monsieur Pinchon connaît toutes les adresses, mais une fois de plus rassurez vous je ne lui confierai pas ce que vous venez de me révéler.

- Je vous en remercie.

- Bon, alors, maintenant à nous Monsieur Gaucher, je vous écoute !

- J’en sais pas plus.

- Je voulais savoir la raison du fameux coquard que vous avez.

- Ah oui, j’aurais bien voulu que ça ne se sache pas mais comme mon adversaire ne semble pas l’entendre ainsi, et que vous allez en entendre parler au village…Voilà : hier en revenant de chez vous, nous avons Marguerite et moi trouvé la chaîne de la grille sciée et un des vantaux ouvert. Rien n’avait bougé dans la maison, mais la porte de l’étable était grande ouverte, elle aussi !

- Et vos vaches ?? Parties ???

- Non elles étaient au pré depuis le matin, comme tous les jours, donc là rien non plus n’avait été volé…

- Vous êtes sûr d’avoir bien fermé l’étable en partant.

- Bien sûr. Comme tous les jours !

- Bon rien d’autre à signaler alors ? Vous avez peut-être dérangé vos visiteurs ?

- J’en sais rien, sans doute, mais ce n’est pas tout ce que j’ai à vous dire…

- Je vous écoute.

- Peu après j’ai entendu des coups de feu tirés par derrière la mare aux canards. Comme j’avais laissé Marguerite dans la voiture pour qu'elle fasse le gué, pendant que je visitais la propriété j’ai eu peur qu’elle soit tombée sur mes cambrioleurs et je suis parti à sa rencontre en courant. Marguerite revenait elle aussi dans ma direction apeurée qu’il me soit arrivé quelque chose. J’y ai dit de se barricader dans la grange et de m’attendre…

- Oui et elle s’est trouvé nez à nez avec…

- Non pas du tout, du tout, j’ai suivi le chemin du droit de passage du fils Roubault d’où il me semblait provenir les coups de feu et j’ai vu que clôtures étaient elles aussi cisaillées et les poteaux abattus et mes bêtes sur la propriété de Roubault en train de boire à son abreuvoir. Et il tirait en l’air pour effrayer mes bêtes. Une discussion un peu vive s’en est suivie et on en est venu rapidement aux mains ! Demain je réparerai la clôture, mais…

- C’étaient vos vaches qui ont saccagé son terrain et les barrières ?

- Non je vous ai dit que c’était un acte malveillant, car ça avait été fait sciemment. On a saboté l’entrée du terrain du côté des Roubault pour que mes vaches aillent là où elles avaient l’habitude d’aller boire avant que l’on soit en froid avec mon voisin. Depuis il m’avait condamné l’accès à l’eau.

- Mais l’eau est à tout le monde ?

- Non, elle est sur sa propriété et il interdit à quiconque de venir en user. Il a détourné le dévers pour qu’il coule maintenant dans un fossé de l’autre côté chez les Bertrand et de là, rejoindre le petit ru qui passe près du cimetière. Ce qui m’a dans un premier temps obligé d’aller faire boire mes bêtes à la fontaine sur la place des fêtes, jusqu’à ce que le maire me l’interdise… Et maintenant je dois amener deux fois le troupeau près du cimetière par la route qui est toute défoncée depuis belle lurette. Je gage qu’on va me mettre sur le dos ses nids de poule… C’est pourquoi j’ai entrepris de creuser moi-même un puits mais je n’ai pas encore trouvé l’eau... La limite de la nappe se situe vraiment à cinquante mètres chez Roubault d’après le père Mathieu.

- Bon tout ça peut se discuter et se régler au conseil municipal ! Va falloir soumettre votre problème monsieur Gaucher…

- Vous savez, pour ici je suis l’étranger, le parisien et on ne va pas me faciliter la chose.

- Ne noircissez pas le tableau, on est au vingtième siècle quand même…

- Peut-être, mais regardez un peu ce que j’ai reçu…


Et sur ce, Gilles va chercher les deux lettres enfermées dans une chemise jaune et les tend au capitaine. Ce dernier les lit et les passe à son brigadier, puis les reprend, les relit, en silence.


- Qu’en pensez-vous Monsieur Gaucher ? Vous connaissez-vous un ennemi ?

- Dans ce village je ne me suis jamais senti intégré. Jamais ! J’ai voulu fonder une association pour parler et promouvoir la race aubracque dans le Berry, et personne n’est venu ni ne s’est inscrit et vous avez pu lire, comme moi dans la gazette municipale l’article sur…

- Non !

- Alors il n’y a pas loin à penser que l’on va me mettre sur le dos la disparition de Coraline. Et d’après certains commérages c’est bien commencé !

- Vous savez bien que la vérité éclatera, quelle qu’elle soit. Les choses vont vite se tirer au clair et on pourra respirer lorsqu’on aura retrouvé Coraline. Bon c’est tout ce que vous aviez à me dire ? Je vais convoquer le fils Roubault et on va discuter de votre problème. On doit pouvoir trouver une solution à ce problème de voisinage !


Sur ces paroles, les gendarmes prennent congé de Marguerite et Gilles. Le soir est tombé. Les premières lumières du village s’allument et brillent à travers les arbres de l’allée.


 
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   nico84   
31/10/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je n'ai lu que cette partie donc je ne peux critiquer cette partie dans l'ensemble.

Mais cette partie, à part, est bien décrite, plein de détail qui nous mettent dans le décor de ta nouvelle.

Les dialogues sont aussi plaisants, l'intrigue n'est pas négligée.

Bravo Titefee !

   Anonyme   
27/3/2008
C'est bien écrit, c'est "couleur locale" sans exagération.

Y a-t-il une suite et fin: j'

   Anonyme   
27/3/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comme j'essayais de le dire cet après-midi; j'attends la fin avec impatience après avoir tout lu en deux fois. J'aime vraiment.

   xuanvincent   
25/9/2008
 a aimé ce texte 
Bien
L'intrigue ne m'a pas paru avancer beaucoup. Arrive un autre couple de personnages, qui a dans le passé accueilli la fillette disparue, et qui m'a paru semble rendre encore plus embrouillée l'intrigue.

... Plus les épisodes passent, et plus je me demande - différents éléments m'ont paru converger dans cette direction - si cette fillette n'est pas partie tout bonnement à la recherche de sa mère biologique... Et si cette histoire n'est pas le prétexte à faire parler des gens du terroir berrichon, de parler de cette région.

PS : - Le récit s'est-il arrêté là ??! Comment se finit cette histoire, faudra-t-il l'inventer ?
- Je n'ai toujours pas compris le sens du titre du roman, "Le village aux sept péchés"... Bon, dès le départ, j'avais ma petite idée, j'en resterai sur cette idée.


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