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Fantastique/Merveilleux
Twinkle : La pêcheuse de la rivière Liu
 Publié le 28/10/07  -  9 commentaires  -  10627 caractères  -  13 lectures    Autres textes du même auteur

D'où vient la capacité de la vieille Xing Xing à avoir toujours un étal bien fourni en poissons de la rivière Liu ?


La pêcheuse de la rivière Liu


Le marché de Lonne est le plus important de la province. Dès l'aube, les badauds envahissent les ruelles animées et se pressent autour des étals colorés. La place de la Lune d’automne est le lieu le plus populaire du marché. C’est ici que les femmes de pêcheurs se sont installées.


Dans un coin de la place, une vieille femme veille sur un petit étal vide. On l’appelle la vieille Xing Xing. Elle a vendu tout son poisson à l'aube mais aime bien rester toute la matinée pour profiter de la vie du marché. La vieille Xing Xing est très respectée car elle est la seule à vendre du poisson pêché dans la rivière Liu. Les acheteurs viennent de loin pour pouvoir goûter la chair délicate de ces poissons que seule Xing Xing réussit à capturer.


Xing Xing est aussi la préférée des enfants, qui adorent entendre ses histoires. Souvent, des adultes se mêlent à l’auditoire pour essayer de percer son secret de pêche…


Quand Xing Xing était jeune fille, les pêcheurs pouvaient aisément subsister grâce à la rivière Liu. Il leur suffisait de lancer leurs filets et d'attendre tranquillement que les poissons s'y jettent. Xing Xing allait à la pêche chaque matin et chaque après-midi. C'était une tâche inhabituelle pour une jeune fille mais qui lui plaisait. Elle vivait seule dans une petite maison de bois à l'entrée du village.


Et voilà qu'un jour, à cause d'une pluie qui avait abîmé cette maison, Xing Xing oublia d'aller chercher son filet de l'après-midi ! À force d'écoper, de nettoyer, de redresser, elle en avait oublié ses poissons. La nuit était tombée lorsque la jeune fille atteignit la rivière. Son filet lui parut très lourd lorsqu'elle le tira, et elle se félicita d'avoir fait une belle prise. Mais quelle surprise lorsqu'elle n’y trouva pas le moindre petit poisson, pas même un bout d'écaille. À la place, des dizaines de petites étoiles scintillaient, coincées dans les mailles du filet. Xing Xing fut très étonnée, car elle n’avait jamais entendu dire qu’on pouvait pêcher les étoiles. La jeune fille ramassa prudemment les étoiles et les déposa dans son panier. Elles étaient tièdes et éclairaient faiblement la rive. Finalement Xing Xing décida de les ramener chez elles ; ces étoiles ne servaient vraiment à rien, mais elles étaient vraiment très belles...


Le lendemain matin, Xing Xing retourna pêcher comme à son habitude. Elle fut très surprise d’entendre une petite voix l'interpeller, et encore plus lorsqu’elle découvrit à ses pieds une grenouille qui sautillait nerveusement.


« C’est toi qui a parlé ? demanda Xing Xing. Arrête un peu de bouger, je ne comprends rien à ce que tu racontes. »


La grenouille s’immobilisa en roulant ses gros yeux. Elle ne semblait guère rassurée mais trouva la force de parler.


« Rends-nous nos étoiles, couina-t-elle. Il fait trop froid sans elle ! S’il te plaît »


Xing Xing ne put s’empêcher d'éclata de rire.


« Il y a d'autres étoiles plus loin dans la rivière, répondit-elle. Déménage, et tu auras assez chaud. »


La grenouille se mit à croasser d'indignation, mais voyant que Xing Xing lui tournait le dos en riant, elle plongea dans la rivière et disparut.


Ce jour là, Xing Xing trouva peu de poissons dans son filet. Elle partit les vendre au village, mais ses prises ne la laissaient pas tranquille.


« Xing Xing, piaillaient les poissons, aie pitié de nos enfants ! Il fait trop froid sans étoile ».


« Taisez vous, répondait la jeune fille avec agacement, vous faites fuir les clients ».


Et chaque fois qu'elle vendait un poisson elle lui glissait méchamment à l’ouie :


« Poisson, réjouis-toi. Bientôt tu vas avoir très chaud».


Après une telle journée, Xing Xing ne pouvait être que de mauvaise humeur. Lorsqu'on osa frapper à sa porte alors qu'elle rêvassait tranquillement devant ses étoiles, cela l'embêta terriblement. Elle ouvrit brusquement et un chat noir se faufila sans manière dans la maison. Le chat fit un petit tour dans la pièce, renifla les étoiles et pencha la tête vers Xing Xing.


« Petite fille, rends-nous les étoiles, miaula-t-il, il fait trop sombre sans elle ».


C’en était trop pour Xing Xing. Elle s'empara de sa sandale et lui lança au museau en criant :


« Il fait encore assez clair pour tes mauvais coups. Ouste ! Disparais ! Du balai ! ».


Le chat s'enfuit piteusement en laissant des traces de griffes sur le plancher. Xing Xing passa le reste de la soirée à pester contre ces maudits animaux et ne parvint pas à s’endormir.


Le lendemain matin, elle fut assaillie par des centaines de grosses libellules qui l’attendaient sur les berges de la rivière.


« Xing Xing, sifflaient-elles, Les étoiles, Les étoiles, Xing Xing, nos larves ont froid. Rends les étoiles ».


Le nuage bourdonnant terrifia la jeune fille qui laissa tomber toutes ses affaires et s'enfuit en pleurant. « Laissez moi tranquille, Laissez moi tranquille ».


Le reste de la journée ne fut pas plus joyeux. Xing Xing n’osait plus retourner voir cette rivière qu’elle connaissait si bien.


Le soir venu, alors qu'elle faisait cuire son riz, un bruit furtif l'attira à l'extérieur. Une mère panda se tenait craintivement sur le seuil, les yeux baissés en signe de respect. À ses pattes, un ourson jouait silencieusement. En voyant Xing Xing, il frissonna et courut se cacher dans la fourrure de sa mère.


« Mademoiselle Xing Xing, murmura la mère panda en s'inclinant. Sans les étoiles, mon bébé ne peut plus dormir. Aidez-nous ou il va mourir ».


L’animal fixait ses grands yeux larmoyants sur la jeune fille. Le bébé sortit timidement la tête pour mieux écouter. Xing Xing hésita, puis leur demanda d’attendre un instant. Elle courut chercher une petite étoile et la tendit à la mère panda. En voyant la lumière, l’ourson retrouva son audace, et vint faire des cabrioles jusque dans la tunique de Xing Xing. Sa mère remercia poliment et demanda à Xing Xing si elle aurait l’amabilité de remettre l'étoile dans la rivière. Toute seule, elle ne pouvait vraiment pas surveiller son bébé et la petite étoile en même temps.


Xing Xing accepta, et une drôle de compagnie s'engagea dans le sentier. La jeune fille marchait en tête, tenant solennellement son étoile à la main. Derrière, le petit panda courait comme un fou, sous l'œil attentif de sa mère. Arrivés devant la rivière, la mère panda s'arrêta.


« Voila, c'est ici qu'il faut remettre l'étoile indiqua-t-elle, entre le gros nénuphar et le petit caillou, juste derrière les roseaux ».


Xing Xing regarda attentivement, et visa. Plouf, l'étoile retrouva sa place dans la rivière.


Il se passa alors une chose étonnante. Les poissons remontèrent à la surface, les grenouilles sautèrent sur les nénuphars, les insectes et les oiseaux envahirent la moindre brindille. Un chat vint même se frotter aux jambes de Xing Xing. Tous répétaient la même chose :


« Xing Xing, il fait froid ! »


« Xing Xing, il fait sombre ! »


« Xing Xing, rends nous nos étoiles !»


Il y avait de quoi être très perturbée. La petite étoile semblait clignoter de toutes ses forces pour convaincre Xing Xing. La jeune fille respira un bout coup, et se tourna résolument vers l'assemblée d'animaux qui la guettait.


« Bon, alors, on va les chercher ces étoiles ? » s'écria-t-elle.


Ce fut un tintamarre indescriptible, qui réveilla tout le village. Les pêcheurs étaient terrorisés au fond de leur lit. S'ils avaient eu le courage de regarder dehors, ils auraient vu tous les animaux de la rivière traversant la place en portant précieusement chacun une petite étoile. Xing Xing fermait la marche.


Sur la rive, chacun remplit son rôle avec beaucoup de sérieux. Choisir le meilleur emplacement, viser, et Plouf, Plouf, Plouf, Plouf, les étoiles retrouvaient leur place. Un petit singe facétieux osa tenter un ricochet, mais il fut très vite réprimandé. À la fin les étoiles n'étaient pas toutes au bon endroit, mais l'ensemble rendait assez bien. Les poissons étaient satisfaits même s’ils ne pouvaient s’empêcher de critiquer un peu. « Plus à gauche, criaient-ils de temps en temps » ou « Là, au milieu, il en manque une. Mais faites un peu attention quand même ! »


Quand tout fut arrangé, les animaux rentrèrent se coucher et Xing Xing resta seule au bord de l'eau. Voyant ces belles étoiles brillantes qu'elle venait de perdre, elle eut soudain très envie de pleurer.


Ces larmes attirèrent un vieux brochet qui osa un sourcil hors de l'eau.


« Pourquoi pleures-tu ?» demanda-t-il


« Maintenant, je n'ai plus d'étoile à moi » sanglota la jeune fille.


« Hum, répondit le brochet, peut être que notre conseil peut t'aider. Peut-être pas qui sait »


Il ne fallut que quelques minutes au vieux brochet pour rassembler tous les poissons du conseil. C’était les plus sages et les plus vieux habitants de la rivière, et le brochet leur soumit le problème de Xing Xing. La discussion fut mouvementée. Certains pensaient qu'elle n'était qu'une voleuse, et après tout bien fait pour elle. D'autres se plaignaient de la pêche qui décimait leurs petits. Quelques uns reconnaissaient la bonne action de la jeune fille. Au petit matin, le brochet se glissa vers Xing Xing qui attendait inquiète et lui annonça la décision des poissons.


« Xing Xing, le conseil a parlé. Nous ne voulons plus que les pêcheurs mangent nos petits, et que les filets volent nos étoiles. À partir de maintenant, plus aucun poisson ne se laissera attraper ».


À ces mots, Xing Xing se remit à pleurer de plus belle. Voilà maintenant qu'elle allait mourir de faim !


« En récompense de ta compassion, continua le poisson, nous allons bénir ton filet. Tu seras la seule à pouvoir attraper des poissons. Mais attention, n'en abuse pas, et ne tente jamais de reprendre nos étoiles ».


À son signal, des dizaines de poissons rapportèrent vers Xing Xing le filet qu'elle avait oublié le matin même. Elle le reprit prudemment, et eut à peine la présence d'esprit de remercier les poissons.


À partir de ce jour, les pêcheurs de la rivière Liu étaient toujours bredouilles. Seule Xing Xing revenait de la pêche avec du poisson plein ses filets. Comme elle partageait sans difficulté, personne n'osait trop l'embêter. Les gens avaient un peu peur aussi, car ils remarquaient que la jeune fille riait souvent avec les animaux. On l'avait même vu se promener avec un bébé panda rondouillard ! Avec le temps, les pêcheurs prirent l'habitude de se tourner vers la mer. Xing Xing elle-même épousa un marin, mais elle continue chaque jour à se rendre sur la rivière Liu avec son vieux filet, en prenant bien soin de ne pas l’oublier.



 
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   nico84   
28/10/2007
 a aimé ce texte 
Bien
Belle histoire mais si moi j'étais un poisson je ne remercierais pas quelqu'un en lui disant tiens avec ce filet tu pourras manger ma famille :(

Et normalement dans ce type d'histoire, le comportement de la jeune fille aurait du se finir par une punition ...

Mais l'histoire est bien racontée malgré ces deux points qui m'ont interloqué.

   Togna   
28/10/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un joli petit conte. Le style, simple, suggère de belles images extrême-orientales.

   Liry   
29/10/2007
Un joli conte. L'écriture est fluide et très agréable à lire. J'ai passé un bon moment.

Juste une petite chose qui m'a interpellée, cette jeune fille a un caractère plutôt égoiste et cruel et, ensuite, elle va pleurer devant des poissons qu'elle n'hésiterait pas à vendre pour qu'ils se fassent manger ! A croire que les poissons ont plus de coeur qu'elle !!

   Anonyme   
29/10/2007
 a aimé ce texte 
Bien
On se laisse porté par ce joli conte, c'est agréable, le style est simple. Dommage, il y a quelque répétitions le style en patit un peu

   Pat   
1/11/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Joli conte agréable à lire... Ca fait du bien de rêver un peu... j'ai l'impression de me retrouver enfant à lire ce genre d'histoires qui me ravissait... Bel hymne à la nature et à son respect.

   Twinkle   
5/11/2007
Merci (^_^)

   Anonyme   
13/11/2007
C'est une jolie histoire.

   marogne   
25/1/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai revu en lisant cette nouvelle la rivière Li serpantant au milieu du troupeau figé de Guilin. Le parc des septs étoiles, et son panda vedette accueillent toujours les touristes. Une bonne tasse de thé parfumé aux fleurs d'osmanthus est peut être l'accompagnement idéal?

L'égoisme de Xing Xing, que je ne peux m'empècher de comparer à la bêtise (?) des cormorans, a un peu gaché mon plaisir. Mais il est vrai que la culture chinoise vis-a-vis des animaux est assez différente de ce à quoi nous sommes arrivés dans le monde occidental (et sans jugement de ma part).

Un bon assemblage de thèmes de contes Chinois et Japonais à la mode de chez nous. Il témoigne d'une bonne culture, mais j'eusse préféré une fin plus à la Walt Disney, ou dans le contexte, à la Imamura, j'aurais relaché l'anguille!

   xuanvincent   
20/6/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un bien joli conte chinois, entre rivière et étoiles, où une jeune femme comprend le langage des animaux !

L'histoire me paraît bien écrite.
Petits détails : Que les poissons puissent "piailler" m'a un peu amusée.
"personne n'osait trop l'embêter" : "embêter" dans ce contexte me paraît dans registre un peu trop familier.

J'ai bien aimé la fin du conte.

PS : Je suis d'accord avec nico84, les poissons sont bien magnanimes de permettre à la jeune femme de continuer à pouvoir pêcher leurs semblables.


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