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Fantastique/Merveilleux
Twinkle : Nuages et Dragon
 Publié le 10/05/08  -  4 commentaires  -  4625 caractères  -  14 lectures    Autres textes du même auteur

Nuages et Dragons se suivent toujours.
Qui pourrait jamais séparer l’un de l’autre ?
Gao Qi (1336-1374)


Nuages et Dragon


- Je suis comme le Soleil, se lamenta un jour Shou Hsing. J’ai beau répandre chaleur et lumière, mon cœur demeure seul et pleure.


Dixième Soleil rougit de colère en l’entendant.


- Jamais je n’ai pleuré ! Jamais je ne me sens seul ! Je n’ai même pas de cœur !


Pour punir l’insolence du jeune homme, Dixième Soleil se mit à chauffer de toutes ses forces. Les sources se tarirent, les fruits se desséchèrent, la poussière envahit le silence des cités, la mort se faufila dans les rues désertées. Shou Hsing seul restait insensible à la chaleur et pleurait. L’astre rentra au lac de Tanggu intrigué et questionna ses frères.


- Quelle est la vertu qui permet à un homme de subir ma colère et de ne pas en souffrir ?

- C’est la mort dit Premier Soleil.

- Impossible ! Il parlait et les morts ne parlent pas.

- La pauvreté, affirma Deuxième Soleil.

- La richesse, rétorqua Troisième.

- La dévotion, suggéra Quatrième.

- Pauvre, riche, religieux, il n’était rien de tout cela.

- Le courage ! Cinquième n’hésita pas.

- La folie, ricana Sixième.

- La sagesse, contra Septième.

- La volonté, proposa Huitième.

- Un peu de tout cela et quelque chose de plus, suggéra Neuvième.

- L’amour…


Xihe, mère des Soleils, avait parlé. Le mot flotta longtemps dans les branches de Fusang.


Dixième Soleil ne parvenait pas à oublier Shou Hsing et brûlait d’en savoir plus sur l’amour. Il espionna le jeune homme autant qu’il le put. C’est ainsi qu’il rencontra Lin Yao. Lin Yao était belle et intrépide, aussi pauvre que Shou Hsing était riche, aussi éprise de lui qu’il l’était d’elle. Chaque fois qu’ils le pouvaient, les deux amants se retrouvaient loin des regards désapprobateurs. Une petite crique isolée cachait leurs rendez-vous. Dixième Soleil s’interrogeait. Était-ce l’amour qui rendait Shou Hsing si heureux lorsqu’il voyait Lin Yao, si triste quand il la quittait ? Lin Yao pourtant ne pleurait pas loin de son bien-aimé.


- Peut-être qu’elle ne l’aime pas, suggéra la mère Xihe. Il est riche et elle est pauvre, cela se sera déjà vu.


Dixième Soleil commença à nourrir des soupçons à l’égard de Lin Yao. Il approuva Shou Hsing de ne pas l’épouser, d’obéir à son père quoiqu’il lui en coûta. Une jeune dame sage et douce, voilà bien qui lui conviendrait.


Le soleil brilla quand Shou Hsing épousa la jeune dame, brilla si joyeusement qu’il ne vit pas les larmes éphémères de Lin Yao. Shou Hsing continua de fréquenter la crique, Lin Yao d’y promener son sourire. Dixième Soleil s’en irrita.


- L’amour est une mauvaise chose, qui détourne le gentilhomme de son foyer. Un paysan rude et travailleur pour Lin Yao, voilà bien ce qui lui conviendrait.


Les autres Soleils approuvaient. Seule la mère Xihe gardait le silence. Quand le rude paysan se présenta à la porte de Lin Yao, la jeune femme ne dit rien. Elle prit son sourire et se rendit à la crique. Sans larme et sans bruit, elle se jeta dans la rivière et mourut. Dixième Soleil vit tout cela et en éprouva comme un regret.


- Je ne comprends rien aux humains ! Voyons ce que Shou Hsing fera maintenant.


Shou Hsing vint et ne trouva pas Lin Yao. Il attendit longtemps sans un soupir. Jour après jour, il visita la crique. Les printemps se succédèrent et Lin Yao ne revint pas. Les étés asséchèrent la crique et Shou Hsing attendit. L’automne et l’hiver s’emparèrent de lui sans qu’il oublie le rendez-vous


- Cheveux de nuages, vieux fou, criaient les enfants en le voyant. Que cherches-tu dans la rivière ?

- Que cherche-t-il dans la rivière ? demandait Dixième Soleil.


Shou Hsing aux cheveux de nuages cherchait le dragon prisonnier de la rivière.


- L’amour, murmura la mère Xihe.


En l’entendant, Dixième Soleil conçut un dessein insensé. Il demanda audience à l’Empereur du Ciel et lui raconta l’attente de Shou Hsing. Le dieu l’écouta attentivement.


- Une passion capable d’émouvoir un Soleil, cela ne s’était jamais vu. Viens avez moi, nous allons sauver ces deux amants !


Ce soir-là, Dixième Soleil vient s’asseoir au milieu de ses frères, tout décontenancé.


- L’Empereur du Ciel a proposé à Shou Hsing de retrouver sa jeunesse et sa bien-aimée.

- Alors, tout est bien qui finit bien, répondit Premier Soleil.

- Il a refusé !

- Refusé ?

- Oui… L’Empereur a souri et il est parti. Shou Hsing a souri et il est mort au bord de l’eau. Je ne comprends rien à l’amour !

- Quelle importance ? La mère Xihe regardait son fils avec compassion. Tu es un soleil, tu n’as pas besoin de comprendre l’Amour.


Dans le ciel, Nuages et Dragon s’entremêlaient. Un long silence s’installa à l’ombre de Fusang.



 
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   Lycanthrope   
10/5/2008
Un très bon texte pour moi, même si la narration comporte quelques lourdeurs et inconvénients... J'ai tout à fait adhéré à l'histoire: bonne philosophie, bonne construction, TRES bonne fin. Je ne suis pas particulièrement fan de la culture asiatique, mais je crois qu'on tient ici un conte sympathique, pas trop long, compréhensible et véridique en mettant l'accent sur la connerie et l'incohérence des sentiments humain extrêmes.

Bravo, donc, et merci pour ce bon moment.

   xuanvincent   
11/5/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Quelle inventivité ! C'est toujours avec plaisir que je lis le dernier conte de Twinkle !

Pour la structure, je note un début - direct, par un dialogue et non par une phrase d'introduction, qui pourrait évoquer celui d'une nouvelle et non d'un conte. Mais le thème est d'emblée bien celui d'un conte.
La fin fait écho à une phrase du début : le conte se conclut sur un silence à Fusang, contrastant avec la discussion au début de l'histoire.

L'histoire, concernant le style, est bien écrite. La morale m'a plu. Le thème, l'intervention d'un astre qui s'interroge sur l'amour chez les hommes, m'a intéressée. Par contre, j'ai dû m'accrocher un peu pour suivre l'histoire des amours de Shou Hsing... C'est vrai, comme le laisse entendre ce beau conte, que l'amour chez les humains est bien compliqué à comprendre !

   widjet   
13/5/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Un autre conte humaniste, écrit dans un style classique et accessible, l'histoire est un peu confuse par instant et le tout mériterait peut-être d'être retravaillé. Je ne suis pas très friand de ce genre de nouvelle, cela étant, j'ai passé un moment agréable.

Widjet

   marogne   
11/11/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’ai d’abord cru lire « pluie et nuages » … et cela m’étonnait de Twinkle… quoique la crique…. ! peut être d’avoir trop lu mélénea !

Et bien encore un bien joli conte de twinkle, que je trouve vraiment exceller à rendre l’ambiance de ces pays qu’il semble tant aimer.

Une petite critique, que je relève car assez fréquente. L’auteur parfois laisse quelques incohérences dans ses textes, ici il dit dans un paragraphe qu’elle autant éprise de lui que lui d’elle, et puis quelques lignes après le soleil se demande si elle l’aime.

Et puis bon sang, pourquoi c’est encore la jeune femme pauvre qui en bave le plus ?!!!

Enfin j’arrive à Saint-Pancrace … et je vais commencer ce week-end à Londres en rêvant à ce dixième soleil que j’ai bien peu de chance de rencontrer….


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