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Brèves littéraires
Yakamoz : Elle lui dira
 Publié le 18/09/25  -  6 commentaires  -  1969 caractères  -  80 lectures    Autres textes du même auteur

Le train s’arrête en rase campagne…
Demain elle lui dira.


Elle lui dira


Le train s’arrête en rase campagne. Pour la deuxième fois. Maintenant c’est certain, elle va rater sa correspondance, elle ne sera pas à Paris ce soir. Elle respire longuement. Rien ne sert de s’énerver, elle est impuissante, prisonnière dans cette boîte de métal. Elle ferme les yeux.


Elle lui avait envoyé un message le matin même, « tu peux venir me chercher gare de Lyon vers 21 h 30 ? ». L’instant d’après, la notification s’était affichée, « oui, pas de problème », et il avait proposé de dîner au Japonais où ils avaient leurs habitudes. Elle n’avait pas répondu. Elle allait lui dire, ce soir, à son retour de week-end, sans attendre. Elle avait trop attendu.


Cela faisait plusieurs mois qu’elle était fatiguée. Sans raison, tout le temps. Elle avait consulté des médecins, ils avaient cherché, rien trouvé. Elle attendait les résultats d’un scanner. Elle n’en avait pas parlé, elle attendait que le diagnostic soit posé. Elle ne voulait pas l’inquiéter, il était si fragile. Tous les jours ou presque, il lui répétait « je t’aime tellement, je ne pourrais pas vivre sans toi ». La semaine dernière, elle avait déclaré « je vais passer le week-end chez Louise, dans les Alpes ». Il s’était raidi, l’espace d’un instant, puis avait répondu « jamais entendu parler de cette fille », sur un ton glacial. Il ne voulait pas qu’elle fréquente d’autres personnes, elle était obligée de voir ses amies en cachette. Il la voulait tout entière pour lui. Il avait fini par lâcher, dans un demi-sourire, « vas-y, l’air de la montagne te fera du bien ». Souvent ils se disputaient à propos de l’enfant. « Quand est-ce que tu vas te décider à faire ces examens ? Tu sais, l’horloge tourne, ma vieille. » Elle détestait qu’il l’appelle « ma vieille », lui prétendait que c’était affectueux et il continuait, encore et encore.


Le train repart. Elle rouvre les yeux. Elle lui envoie un message laconique, « problème de train, je rentre demain ». Demain elle lui dira.


 
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   Donaldo75   
20/9/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Yakamoz,

Je constate avec tristesse que ton texte n’a pas encore été commenté. Dommage. Personnellement, je le trouve vraiment intéressant, surtout dans cette catégorie de « brèves littéraires » qui n’est pas des plus simples et des plus claires. Ici, tout est concentré sans pour autant tomber dans le pur résumé. La tonalité persiste et elle prend encore plus de force dans les phrases de fin.

« Elle respire longuement. Rien ne sert de s’énerver, elle est impuissante, prisonnière dans cette boîte de métal. Elle ferme les yeux. »

En fait, je pense qu’au-delà de la simple narration, ces phrases symbolisent la vie de « Elle » que ce soit dans sa situation ou dans sa perception de la situation ou dans sa décision de comment vivre la situation. Et la situation est ici permanente. Le résumé de leur vie l’exprime bien. La phrase de fin également.

Ce texte est donc plus subtil qu’il n’y parait. Pour cette raison, j’ai commencé une analyse de type cerveau gauche alors que je déteste ça (et ce depuis des lustres) afin de montrer (attention, ce n’est que l’avis d’un lecteur du samedi) le dessous des cartes (comme ils disent sur Arte).

Bravo !

   Provencao   
20/9/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Yakamoz,

Plusieurs lectures pour mieux approcher votre nouvelle.

"Demain, elle lui dira..." j'aime cette imagination qui n’est pas tant illustrée de la perception, qu’elle n’est ce qui l’épanouit à des habiletés et des possibles, grâce et à la docilité des images dont la nouvelle dispose. La capacité à mon sens est de celle qui imagine à errer dans ses perceptions , permettant d’introduire " Elle lui dira".

Au plaisir de vous lire,
Cordialement

   EtienneNorvins   
21/9/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Un texte bref - peut être un peu trop. L'incipit fait songer à un jeu à la Roussel : comment passer de la première à la seconde phrase en moins de 2000 caractères...

Petites touches d'un mystère qui va bifurquant, et dont on n'aura pas la clé. La chute est un "chut" dont le lecteur est exclu : cela restera entre "elle" et "lui", qui décidément sont très enfermés dans cette relation.

Et du coup, la fin me laisse un peu trop sur ma faim... Sans doute suis-je trop prosaïque :)

   papipoete   
22/9/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour Yakamoz
Elle attendait le moment opportun pour lui annoncer la nouvelle ; mais quand pourrait être le bon moment, au vu de la teneur des résultats médicaux...
" et l'enfant, t'y songes ? tu commences à te faire vieille ! "
NB à mon avis, ce ne doit pas être favorable, en matière de bébé à venir, alors que " Il " commence à sérieusement s'impatienter...
Ce " père en puissance " me laisse une impression désagréable ; exclusif ( je te veux que pour moi ) jaloux ( ne pas voir d'autres gens )
Une Nouvelle format mini, mais un peu trop à mon avis ; on voudrait en savoir davantage...mais la teneur du propos put devenir intolérable ?

   GLOEL   
6/10/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonsoir,

La nouvelle peut attendre demain : “Lorsque l’enfant paraît…” laisse place à l’attente, à l’incertitude, à ce tremblement entre l’espérance et la crainte.
Peut-être était ce une autre nouvelle. Le lecteur ne saura pas non plus !

   Boutet   
6/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Le titre m'a interpellé. Elle lui dira demain, mais quoi ? Voilà ce qui me plaît bien, que l'auteur n'en dise pas plus et laisse au lecteur l'opportunité d'imaginer. Et bien imaginons : une relation toxique, c'est indéniable quand on lit ce passage :
« je vais passer le week-end chez Louise, dans les Alpes ». Il s’était raidi, l’espace d’un instant, puis avait répondu « jamais entendu parler de cette fille », sur un ton glacial. Il ne voulait pas qu’elle fréquente d’autres personnes, elle était obligée de voir ses amies en cachette. Il la voulait tout entière pour lui.", le demi-sourire, "ma vieille".Cette pression aussi concernant l'enfant : Le conjoint semble plus inquiet concernant une future maternité que pour la santé de son épouse. Pourra-t-elle avoir cet enfant ? J'imagine que non suite aux résultats du scanner qui, peut-être ne sont pas bons. Mais ce n'est que mon imagination ! Finalement, peut-être est-ce une belle surprise ? Qui sait ?


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