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Poésie libre
A2L9 : Voilà moment
 Publié le 24/08/25  -  4 commentaires  -  650 caractères  -  96 lectures    Autres textes du même auteur

Entre tu et vous
mais avec des fleurs.


Voilà moment



Voilà maman dans sa robe de fleurs
Et les pétales tournent et tombent

Tes sandales aux herbes de chiendent
S’enracinent après chaque ronde

Tu aimes les bals et ses vieux fusils
Comme tu dis lorsque tu parles
De ces enfants qui ont ton âge à présent
Et vous dansez dans l’ivresse du moment

Quand le bouquet aura perdu son odeur
Elle ira au bistrot du coin faire un pied de nez
Au tenancier que l’on surveille
Parce qu’il est temps d’éteindre la lumière

Tu lui tendras un verre
Sans qu’il soit pourtant ton ami
Et il le remplira de la liqueur des dieux


 
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   Cyrill   
19/8/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Je pense qu'il faut lire le titre et l'incipit très attentivement et les garder en mémoire pour la lecture du corps du poème . Il semble travaillé autour d'une mère qui prend différents visages, selon les «Moment». Mère d'une mauvaise graine, le «chiendent», traînant de mauvaise grâce sa progéniture accrochée à ses basques. Puis femme allant danser au bal, et dont « les pétales tournent et tombent », un peu comme si l’enfant la démythifiait. Enfin femme ivre et désinhibée. « Elle ira au bistrot du coin faire un pied de nez » : j’imagine la position d’équilibriste que les buveurs sont censés tenir pour prouver qu’ils n’ont pas trop bu. La surveillance imaginée sur le tenancier serait-elle un moyen de garder la main sur une vie qui se délite ?
Le locuteur, vieil enfant cabossé, hésite entre le tutoiement et le voussoiement, quand il n'emploie pas une troisième personne, encore plus distanciée. Il ne sait pas se situer et trébuche sans arrêt sur l'image d’elle qu’il veut retenir.
C'est toute une histoire qui me semble se dérouler en creux.
« Voilà Moment », dirait un enfant qui ne maîtrise pas tout à fait l'élocution ni l’orthographe, au retour d'une mère souvent absente, préférant bals et bistros. Maman équivaut à Moment de présence, d'où cette confusion.
Mention pour l’emploi d’« Odeur » : c'est le terme approprié. L'enfant ne dira pas fragrance ni parfum, c’est trop sophistiqué. L'odeur d'une mère est une des premières sensations du nouveau-né, elle est prégnante, primitive, animale. Elle me paraît donc dans l’exact registre du propos. C’est bien l’odeur d’une mère que recherche le locuteur, plutôt qu’un parfum féminin élaboré.
Le tercet final dégage d’un désert affectif un vernis prestigieux, il rétablit le mythe par l’évocation des Dieux.
Peut-être que ma lecture personnelle est loin de vos intentions d’auteur, mais tel que je le reçois je trouve ce poème poignant.

   Ornicar   
19/8/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
A la première lecture, je n'ai pas compris grand chose à ce poème. Mais je lui ai trouvé de l'impact, une puissance évocatrice certaine s'exprimant au travers des nombreuses images qu'il recèle.

La seule chose que je comprends - de manière rationnelle j'entends - c'est que la mère du narrateur est âgée. C'est ce que semble vouloir dire la strophe 3 : "Tu aimes les bals et ses vieux fusils / Comme tu dis lorsque tu parles / De ces enfants qui ont ton âge à présent". C'est le seul élement tangible pour moi, mon point fixe en quelque sorte autour duquel je roule et je tangue comme un bateau autour de son ancre.

Après, il y a ce que je pense percevoir d'une manière plus confuse et intuitive. C'est essentiellement le registre des images. Celles-ci par exemple :
- il y a d'abord ces "sandales aux herbes de chiendent (qui) s'enracinent après chaque ronde", comme si le sol voulait retenir cette mère prisonnière, et même la happer, l'enterrer vivante. L'image surfe sur l'opposition classique entre le mouvement (ou la vie) et l'immobilité (ou la mort).
- le "bouquet" - qui finira bien par se fâner - est pour moi l'image de la vie qui passe ou qui tourne. Tout comme la roue ou la danse.
- le "tenancier" du bistrot enfin, figure énigmatique. A mes yeux, il incarne à la fois le maître des horloges (vers 12 : "Parce qu’il est temps d’éteindre la lumière") et la figure de la mort qui la donnera au moment opportun. Voir le dernier vers - ou verre - en forme d'antiphrase : "Et il le remplira de la liqueur des Dieux". D'ailleurs, ce n'est pas une figure amicale, loin de là ! comme il est dit plus loin (on le "surveille") ainsi qu'au vers 14 ("Sans qu’il soit pourtant ton ami").

Tout aussi énigmatique est le titre ("Voilà Moment") et là, je ne peux m'empêcher de penser que le narrateur a des origines picardes ou nordistes : sous sa langue et sous l'effet de l'accent qui ferme et transforme les "A" en "O", "maman" deviendrait "moment". Ce que semble confirmer l'étrange symétrie visuelle entre le titre et les tous premiers mots du premier vers : "Voilà Moment" et "Voilà maman..."
Chouette poème !

   Provencao   
24/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour A2L9 et bienvenue,

J'ai Beaucoup aimé ce silence implicite en votre poème. Ce "Voilà moment " pourrait etre voué au dépérissement quand il n’est plus en rapport avec le silence. J'ai aimé ces mots qui gardent en eux la résonance du silence et dans ce silence vibre toujours quelque chose de précieux et d'intime.

Beau mystère en vos mots où la fragilité puise sa vérité...

Au plaisir de vous lire,
Cordialement

   papipoete   
24/8/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
bonjour A2L9
très énigmatique ce pseudonyme ?
Comme tous les textes en vers libre, il ne faut pas chercher à en comprendre le thème, mais ressentir son fil conducteur.
Sûr que sous ce toit, nous sommes plutôt chez Thénardier, que chez la famille de monsieur Madeleine ; et cette maman vit un peu avec le présent, mais beaucoup avec le passé lorsqu'elle se remémore ces bals, quand elle dansait avec " ces enfants qui ont son âge à présent "
NB " moment " m'inspire des moments, ces moments qui mettent ce pauvre coeur en joie, quand le tenancier lui sert ce verre de " liqueur des dieux "
mais aussi
" moment pour moman " diminutif désuet pour parler de notre mère ; moi, ma mère je l'appelle " moman " selon la région ( patoi usité ici ou là )

tu pour toi
et
vous pour toi et tes amis

les rondes au jardin la voient traîner les pieds si las, que de plus en plus, ses sandales semblent s'enraciner au traître chiendent...
la 4e strophe particulièrement douloureuse, est mon " moment " préféré... mais Dieu comme il saigne !


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