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Poésie libre
Aconcagua : La misère et la maraude
 Publié le 09/03/19  -  19 commentaires  -  1750 caractères  -  221 lectures    Autres textes du même auteur

J'ai essayé de porter un regard tendre et empathique sur les SDF et ceux qui, la nuit, viennent leur apporter de quoi survivre et beaucoup de réconfort.


La misère et la maraude



J’avais attrapé la misère
du côté de la Goutte d’Or
Elle avait grignoté mes rêves
crevassé mes doigts
gonflé une bulle d’indifférence
autour de ma dépouille
Elle sentait l‘humus et la mort
dans l’hiver bleuissant
des nuits sans étoiles
elle s’étalait sur le sol
comme une mauvaise réussite

Pourtant j’étais cariste
j’avais dans mes mains
l’acier des machines
pour déplacer le monde
Pourtant j’avais Virginie
elle était si belle
que mes palpitations
chérissaient son corps
à en oublier de vivre
Pourtant Pauline ma fille
avec son babil de mésange
et le précieux de ses mains
tricotait des rangées de douceur

J’avais attrapé la misère
et les vapeurs hostiles
des mauvais alcools
et les cabanes en carton
pour garder le chaud
et les dents qui tombent
en oubliant de faire mal
et les petites pièces
souvent orphelines
et les passants qui fleurent bon
les pauvres parfums
et qui marchent vite
la tête dans les nuages
pour oublier la honte
et mon odeur indiscrète

Ce soir elle est venue
avec son café
diamant noir de la nuit
avec la douceur en papillotes
avec les mots caressants
du beau monde
avec du pain blanc
et du jambon rose
Ce soir elle est venue
dernier gardien de phare
sur la route des déserts amoureux
elle est venue
elle a osé me toucher
elle a prononcé mon nom
je l’avais oublié
dans les eaux profondes
de mes vagabondages

Elle maraudait du côté de Pigalle
elle était venue pour moi
juste pour moi
pour moi


 
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   domi   
12/2/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Magnifique..
Bouleversant.
Un texte sur le sujet parfaitement "abouti" à mon sens.
Ce "rose" d'une tranche de jambon qui devient poésie et douceur absolues...
Les deux premiers vers sont confondants de simplicité et de réalisme, et pourtant, quelle poésie dans ce bel oxymore : la misère et la Goutte d'or !

   Corto   
15/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comme quoi la poésie peut, avec talent, parler de la vraie vie.
Ici le thème est osé mais je crois traité avec dextérité.
Pas de fleurs de jasmin à l'horizon ni de roses bleues, mais la misère toute nue, malvenue "du côté de la Goutte d’or".

"J’avais attrapé la misère" qui revient en refrain ouvre des descriptions sobres et précises bien adaptées au sujet.
Le tableau de la maraude elle aussi décrite avec talent et sobriété fait toucher du doigt l'importance de la relation autant que du matériel: "avec les mots caressants du beau monde
avec du pain blanc et du jambon rose".
L'auteur ne néglige rien: "elle a prononcé mon nom je l’avais oublié".

Une belle description bien menée sur un sujet délicat.

Respect.

   STEPHANIE90   
17/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Merci,

pour cette lecture, revigorante, dans le froid et la misère de la nuit.
La mise en avant de ce SDF anonyme qui est avant tout, un homme avec une vie entre parenthèse, une histoire, des sentiments et encore un peu d'espoir grâce à ces bénévoles qui donnent de leur temps, de l'attention, de l'écoute, et de la vie à leur quotidien si triste.

"Ce soir elle est venue
avec son café
diamant noir de la nuit
avec la douceur en papillotes
avec les mots caressants
du beau monde
avec du pain blanc
et du jambon rose"

Peut-être pour nous rappeler que cela n'arrive pas qu'aux autres...
Juste quelques "et" bien redondant dans la troisième strophe qui hachent le texte et lui font perdre sa poésie. Mais avec quelques modifications, cela n'y paraîtra plus.

Merci pour la lecture et la parole donnée à cet anonyme, cet lueur d'espoir dans la strophe finale :
"elle était venue pour moi
juste pour moi
pour moi"

Oui, pour lui !

   INGOA   
21/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Il y a une belle leçon d'humanisme dans ce texte à la progressivité judicieuse mais pénalisée par une absence totale de ponctuation. Par rapport à sa définition, j'ai du mal à partager le sens de maraude et le situer du côté de Pigalle dans écriture par ailleurs très agréable.

   Gouttes-de-Vie   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ce poème me touche énormément. J'ai accompagné quelques fois des "maraudes" et tout ce que je ressentais est écrit là. En cinq strophes. L'aveu est saisissant. Pas de misérabilisme dans ce texte. Juste la transcription de l'intérieur de l'âme, de ce cri du cœur et une belle reconnaissance envers ceux qui justement, viennent aborder l'oublié pour le reconnaître.

   TheDreamer   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Comment ne pas songer au recueil publié par Jean Richepin en 1876 : "La chanson des gueux". Ouvrage qui dénonçait la pauvreté et la misère et qui sera condamné en son temps par la bien-pensance et la justice pour "outrage aux bonnes moeurs".

Un poème pour décrire l'inacceptable condition sociale de certains individus. Aujourd'hui la précarité galopante est l'antichambre de la rue, le nombre de travailleurs pauvres ne va qu'en s'accentuant, ouvrier percevant un salaire et incapables de se loger faute de revenu suffisant comme le souligne un passage du texte :

"Pourtant j'étais cariste,
J'avais dans mes mains
l'acier des machines".

L'emploi ne permet plus à un nombre important de personnes de vivre dignement et en écrase littéralement d'autres et la chute entraine tout et en particulier les proches l'amour et l'amour filial et à sa suite la déchéance sociale produit la déchéance physique et morale.

Certains sont là qui veillent, si petite lumière dans une nuit sans fin et pleine de désespérance.

Merci !

   papipoete   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Aconcagua
Mon domaine, c'est le trottoir où je suis tombé ; c'est pas la faute à Voltaire mais celle de la couleur de ma vie, NOIR ! J'avais tout comme vous m'sieur dame ! un boulot, une famille, la santé et puis plus rien ! Maintenant, on me croise la tête en l'air et une piécette tombe dans ma gamelle de temps en temps...mais Vous Madame, m'avez regardé, sur moi Vous êtes penchée, m'avez écouté...
NB une histoire toute simple comme il en arrive, peut arriver à chacun ! Celle d'un miséreux contre son gré, que l'infortune a choisi, pour sur lui jeter son dévolu ! Il ne lui avait rien demandé, marchait droit au travail et auprès des siens ; n'était pas anar ou iroquois ; il décrocha pourtant " le gros lot " à cette loterie où l'on ne joue pas, et aujourd'hui il rêve au ras du bitume...quand une fée maraudant vient à passer...
Un récit poignant qui peut hanter nos consciences, en le projetant sur nos enfants, nous-même ( il n'y a pas d'âge pour être malheureux ! ) et l'auteur semble habiter le héros, particulièrement attendri par l'avant-dernière strophe !

   Anonyme   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très certainement, "la tendresse et l'empathie " sont présentes dans ce beau texte.

" J’avais attrapé la misère " une façon de dire que nul n'est à l'abri de sombrer dans cette condition, comme l'image si bien la strophe 2.

Une délicatesse omni présente tout au long de cette poésie.

" les petites pièces
souvent orphelines "

" les passants...qui marchent vite
la tête dans les nuages
pour oublier la honte
et mon odeur indiscrète "

" dernier gardien de phare
sur la route des déserts amoureux ".

J'ai beaucoup aimé cette façon de traiter le sujet.

   Davide   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Aconcagua,

Un texte fort, poignant, mais écrit tout en finesse, un regard plein de tendresse ourlé de poésie. Tout est beau dans l'écriture.
Une remarque : "elle était si belle / que mes palpitations / chérissaient son corps". Un jeu de mot avec "palpations" ?

Merci pour ce poème,

Davide

   senglar   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Aconcagua,


J'ai rarement lu un poème qui exhalât une telle tendresse. Extrêmement réconfortant en ces temps de laissés-pour-compte. Merci pour saluer aussi ces bonnes âmes en maraude. Merci encore de montrer qu'au delà de la détresse les délaissés acceptent encore la main tendue et peuvent baigner eux-aussi dans un climat, un esprit d'empathie en retour, un semblant de bonheur.

Poésie d'une grande humanité des deux côtés de la barrière, quasiment charnelle.


senglar

   emilia   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Merci à vous de partager votre regard tendre et empathique en posant des mots touchants et poétiques sur la misère, l’abandon familial, la honte et la souffrance exprimées, lorsque, au froid de la nuit, s’illumine la présence chaleureuse d’une maraude enveloppante de douceur, de « mots caressants » pour redonner un nom à celui qui l’avait oublié en exprimant une telle reconnaissance pour ce rappel à l’existence à travers ce « moi » qui résonne trois fois… ; une très belle valorisation de l’engagement pour ceux qui souffrent et une sensibilisation pour ne pas les ignorer…

   Anonyme   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Peinture réussie sur la misère que l’on ne veut pas voir, surtout le pouvoir, de ces invisibles hors système, ne recevant pas d’aides de l’état, ne comptant pas dans les statistiques du chômage...belle description de la détresse, l’abandon, la souffrance, la reconnaissance.

   VictorO   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très beau poème, triste et émouvant, avec l'espoir qui surgit dans la dernière strophe. Je l'ai trouvé aussi très musical grâce à son rythme et à certaines répétitions. À cela s'ajoute de belles images :
"Dernier gardien de phare sur la route des déserts amoureux", "une mauvaise réussite", " diamant noir de la nuit", "elle avait grignoté mes rêves".

   Raoul   
10/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Merci pour ce texte très fort (la première personne du singulier) qui abordé un sujet dont il est difficile de parler avec "justesse" c'est à dire sans condescendance ni pathos. Écriture simple et sans fioritures pour "faire image" - juste "bulle d'indifférence", peut-être un peu trop, mais bon...-, l'humanité est partout et tout au long du texte.
Attraper la misère, comme une maladie de peau, l'idée est très parlante, evoquatrice.
Les cabanes en carton, on y retrouve presque des souvenirs d'enfance et d'insouciance en filigrane...
Pleins de trouvailles qui ont des résonances profondément humaine, d'autant plus que ça parle de déshumanisation.
Et puis ce café, pas celui que l'on se jette derrière la cravate au café, vite fait, non celui que la main tend, celui qui se partage, celui qui fait que des doigts vont se toucher, presque une caresse.
" C'est ainsi que les hommes vivent."...
Un très beau texte, tendre qui plus est.

   Quidonc   
11/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

J'ai beaucoup aimé ce texte qui parle de grandeur et de décadence
de l'être humain. Et ça n'arrive pas qu'aux autres, preuve en est la deuxième strophe. Un texte qui parle aussi de rédemption grâce à cette "maraude" qui vient comme un ange. Encore faut il pouvoir , avoir envie de prendre la main qu'on vous tend.
Un très beau texte quoi qu'il en soit.

   Pouet   
13/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bjr

un texte fort, tout en percussion et en pudeur.

Franchement je reste un peu sec devant le texte, je n'ai pas grand chose à dire, à ajouter à vos mots.

Très très bien.

PS: seul le titre me semble perfectible.

   Gabrielle   
3/4/2019
Modéré: commentaire non argumenté.

   Octavie   
3/4/2019
modéré: Commentaire non argumenté.

   Robot   
15/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Parmi les textes qui m'avaient échappés, je trouve celui-ci.
Parvenir à une telle ampleur poétique sur ce thème de la misère et de la solidarité est peu ordinaire. Il y a de l'amour dans le rapprochement de cet être que l'on n'aperçoit plus qu'en silhouette et cette visiteuse discrète qui apporte un fond de chaleur humaine.
Un texte d'une poésie réaliste et chaleureuse malgré le contexte.
C'est trés fort !


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