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Poésie libre
ALDO : Sophia
 Publié le 15/03/24  -  8 commentaires  -  819 caractères  -  221 lectures    Autres textes du même auteur

Une enfant avait dit : « Je me sens seule de toi. »
J'aurais pu voler la formule et l'inscrire en haut de ces lignes.
Mais je suis encore trop adulte.
Alors je dis que j'écris pour adoucir une apocalypse…
Mais je travaille à me faire enfant.


Sophia



Je remontais les marches de quelque nuit
quand je reconnus la porte de sa chambre.

À son lit, la Dame se penchait sur le livre des morts.

Elle parlait de soleils à voix basse, de poussières,
et toutes choses tristes avaient pris goût de menthe, de feuille de figuier…
… de s’oublier dans le philtre,
celui dont les grands fonds bercent les jarres…

Et les vents se levaient.
Des spasmes de mémoire secouaient le haut du monde.

Alors, délaissant l’idéal de sa page noire,
elle rendait au ciel son beau nom de « miroir ».

Et puis l’heure légère est venue, du dernier murmure.

Je refermai la porte avec les précautions du concertiste
et me tournai vers le large.

L’étoile Absinthe se posait sur les eaux.


 
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   Eki   
16/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
C'est un poème en vers libres très réussi.
Du raffinement dans l'écriture, de l'élégance aussi...
Remonter les marches de quelque nuit a ouvert ce texte avec originalité.

Bel univers poétique qui raconte son histoire, déploie sa langueur qui nous enveloppe...

Elle parlait de soleils à voix basse, de poussières,
et toutes choses tristes avaient pris goût de menthe, de feuille de figuier…
…de s’oublier dans le philtre,
celui dont les grands fonds bercent les jarres…

J'ai eu le sentiment de pousser une porte secrète et d'écouter les murmures de Sophia, de ne pas m'en lasser, de m'y enlacer avec tendresse...j'ai ressenti une émotion vive à la lecture de ce texte...la beauté n'y était pas étrangère.

Bravo pour ce ciel découvert !

   Jemabi   
29/2/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
On plonge ici dans un univers poétique très fort, avec des expressions puissantes qui saisissent le lecteur dès la première phrase, puis l'emportent assez vite aux confins du rêve, du conte ou du fantasme, le poème gardant jusqu'au bout un plein mystère, et c'est ce qui en fait tout son prix. L'écriture est sobre, et elle n'use d'aucun artifice, mais elle n'en atteint pas moins un grand pouvoir d'évocation.

   Myndie   
15/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Aldo,

d'abord vous dire que j'aime beaucoup l'accroche du poème, petite pépite de poésie à elle seule ; ensuite que je retrouve avec plaisir cette plume aussi sibylline que suggestive qui m'avait déjà séduite dans votre précédent texte.

En forme de récit à l'imparfait et au passé simple, votre poème fait ressortir la dou/l/c/eur de la perte et cette nostalgie qui submerge tout le reste quand le souvenir devient impérieux, envahissant ; on a juste envie de se laisser envahir par cet envoûtant vague à l'âme à l'évocation de celle qui ne reviendra plus, Sophia.
J'aime le rythme de votre poème  et ces vers qui créent l'impression à la fois de mouvement, de lenteur et de douceur :
«  Je remontais les marches de quelque nuit »
« Alors, délaissant l’idéal de sa page noire,
elle rendait au ciel son beau nom de « miroir ». »
«  Je refermai la porte avec les précautions du concertiste »
et la subtile image qui clôt le texte.
Votre poème dit simplement les choses mais délivre l'émotion poétique dans ce qu'elle a de plus mélancolique.

J'ai aimé partager cet instant de vie où le regret et l'amertume - où l'émotion en un mot - s'emparent de l'âme.

   Eskisse   
15/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Bonjour Aldo,

Un portrait tout en évanescence, jalonné de formules percutantes, et apaisantes . Les vents qui se lèvent... c'est comme si la femme décrite avait accès à la magie.

Je ne sais pas trop dire mais certains mots, pourtant simples, restent toutefois trop énigmatiques pour moi. ( le miroir par exemple) Je ne parviens pas à les associer aux autres si bien que ce qui me reste c'est un mystère. Mais n'est-ce pas là le propre de l'être humain ?
L'étoile Absinthe est le titre un roman, mais lui aussi reste mystérieux, il est beau mais opaque.

   Cox   
17/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Bon allez, il faut bien qu’un gros bourrin se dévoue pour vous livrer un ressenti que j’espère ne pas être le seul à éprouver :
C’est à peu près imbitable pour moi.

Et moi, être primaire, quand je comprends rien, ca me bloque un peu.

Il y a de belles formules, qui sont originales, et qui dégagent une esthétique certaine lorsqu’elles sont prises en isolation, mais je ne comprends pas ce qu’elles veulent dire, et je ne vois pas un tableau cohérent émerger. Les images se suivent, on les lit avec un certain plaisir, mais elles ne paraissent pas s’entrelacer pour tisser une fresque solide et cohérente.

Obsédé du sens que je suis, je vous livre mes quelques interprétations de vos vers, pour peut-être vous faire sentir ce qui me frustre dans l’hermétisme du texte :

“Je remontais les marches de quelque nuit
quand je reconnus la porte de sa chambre. »

Ces vers-là me plaisent. Ils sont ambigus : est-ce qu’on remonte vraiment des escaliers dans la nuit, qui se font madeleine de Proust et rappellent une maison connue ? Ou alors est-ce qu’on gravit les marches de la mémoire ? Je ne sais pas, mais pour une ouverture cette ambiguïté n’est pas du tout gênante, et la formule est suffisamment élégante pour se suffire.

À son lit, la Dame se penchait sur le livre des morts.
En première lecture « son lit » m’avait paru designer le lit de la Dame. Mais en avançant dans le poème, j’en viens à penser qu’elle est au chevet de quelqu’un d’autre (un mourant). Déjà un début de confusion qui rend l’évocation du poème un peu plus nébuleuse pour moi (quoique cette confusion n'est survenue qu'en seconde lecture).
Quant au « livre des morts », bon, la formule claque mais je ne sais pas trop ce qu’on veut dire. Est-elle au chevet d’un mourant avec une Bible a la main ? Est-ce simplement un symbole de sa mélancolie/dépression ? De la mémoire des choses perdues ? Est-ce qu’elle est elle-même au seuil de la mort ? Pas sûr…

Elle parlait de soleils à voix basse, de poussières,
et toutes choses tristes avaient pris goût de menthe, de feuille de figuier…

La voix basse suggère peut-être qu’elle est agonisante, effectivement. Mais d'un autre cote, elle parle: est-ce au narrateur ou a un mourant dans son lit?
L’opposition entre le soleil (symbole de vie, d’Energie, de lumière), et la mort ou les poussières est intéressante. Dans la même logique, le vers suivant transforme également la tristesse en un goût doux et sucre. On installe une saveur douce-amère ou le macabre se mêle au radieux, la puissance a la débilité et le plaisir á la mélancolie.
D’accord mais pourquoi ? Pour adoucir une mort imminente ? De quoi parle-t-on au juste avec ces soleils et ces poussieres ? Aucune idée. Peut-être doit-on se contenter de l’atmosphère sans chercher de sens précis ? J’ai du mal.

… de s’oublier dans le philtre,
celui dont les grands fonds bercent les jarres…

Là, je suis perdu dans la syntaxe. Est-ce qu’on dit que « les choses tristes avaient pris le gout […] de s’oublier dans le philtre » ? La phrase est branlante pour moi. Si c’était le goût du philtre ou á la rigueur le goût de l’oubli… Mais le goût de l’action de s’oublier, lá j’avoue que je ne l’ai pas en bouche.
Les grands fonds qui bercent la jarre, je trouve l’image jolie (j’imagine le clapotement du philtre qui vient livrer ce « bercement » liquide), mais hors de propos. Ça ne me parait pas participer a l’atmosphère qu’on développait précédemment, presque un aparté pour caler une image sympa. Je ne sais pas de quel philtre on parle. La construction « celui qui » me rend l’hermétisme encore plus frustrant, elle qui suggère qu’on va préciser de quel philtre il s’agit, pour au final ne livrer qu’une image générique qui s’appliquerait à n’importe quelle bibine. Le philtre de la mémoire ? Les douleurs de Sophia décantées dans leur goût de menthe ? Le philtre de la nature humaine ? Un philtre de mort ?

Et les vents se levaient.
Des spasmes de mémoire secouaient le haut du monde.

On sort de la chambre, on s’ouvre au reste du monde. J’ai trouvé ca dommage, on perd un peu de l’intimisme que créait l’huis-clos dans mon imaginaire. Mais pourquoi pas. Du mouvement se crée, il y a de la vie, même si on garde un aspect lugubre. Les vents se font l’écho des sentiments de Sophia ?
Les spasmes de mémoire qui secouent le haut du monde, si je me force à y déchiffrer un sens, j’y lis des nuages dont les formes changeantes vous plongent dans vos souvenirs. M’enfin je ne suis pas bien sûr, je ne vois pas l’intérêt de le dire d’une façon aussi alambiquée si c’est c’est aussi simple. Ça fait peut-être écho aux marches de la nuit, pour renforcer l’aspect « balade intérieure ». Ça reste vague, et pourrait être interprété de 32 façons tout aussi valables les une que les autres, ce qui me laisse avec un petit goût de facilité d’écriture.

Alors, délaissant l’idéal de sa page noire,
elle rendait au ciel son beau nom de « miroir ».

La page noire rappelle le livre des morts. Le fait qu’elle soit idéalisée suggère un suicide ou une euthanasie ? Bizarre, aucun autre indice dans ce sens. Peut-etre juste une acceptation de la mort, je ne sais pas, c'est le probleme quand il faut tirer le sens par les cheveux. Je ne sais toujours pas trop ce que represente le livre.
Le miroir du ciel pourrait être cohérent avec l’interprétations précédente où les masses nuageuses renvoient l’observateur méditatif en lui-même.
Je ne comprends pas en revanche ce que cette transition représente : elle délaisse un objet extérieur symbole de tristesse pour se plonger dans une mélancolie plus interne ? Non, je ne vois pas. Pourquoi « rendre » au ciel sa nature de miroir, pourquoi l’avait-il perdue ? N’sais pas…

Et puis l’heure légère est venue, du dernier murmure.
Voila le vers qui me fait penser qu’elle était au chevet d’un mourant. Mais peut-être est-elle mourante elle-même ? Qui sait.

Je refermai la porte avec les précautions du concertiste
et me tournai vers le large.

La ça va, c’est clair. Ça traduit une certaine pudeur face a la douleur. L’histoire est finie, une porte se clôt sur cette vie éteinte (enfin si j’ai bien compris). Le silence remplace le concert de la vie. Les précautions du narrateur me laissent à penser que Sophia n’est pas morte et qu’elle était bien au chevet de quelqu’un d’autre (on ne veut pas la déranger dans sa douleur). Mais peut-être pas.

L’étoile Absinthe se posait sur les eaux.
Ouah, alors là, aucune idée. On se bourre la gueule pour oublier ? Comprends pas.


Bref ! Je n’hésite pas à passer pour le gros bœuf de service, qui ne comprend rien à ce qu’on lui dit et qui est prosaïque au point de chercher un sens à la poésie. Parce que peut-être finalement que je ne suis pas le seul bovin et que je peux parler au nom d’un petit troupeau silencieux ? 😋

En conclusion, j’ai quand même trouvé un peu de plaisir à la lecture parce que les formules sont originales et jolies. Et comme elles ne veulent pas forcément dire grand-chose, on peut les remplir des interprétations qu’on voudra. Cependant, le style hermétique ne me laisse pas tout à fait l’impression d’un tableau maitrisé qui sait faire passer les images et les émotions avec précision. Question de goûts !

   Pouet   
16/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Slt,

je trouve que le poème commence très poétiquement avec le premier vers, j'aime cette idée de gravir la nuit où plutôt une nuit indifferenciée. J'ai bien apprécié aussi qu'on parle de soleils et de poussières à voix basse.
Il semble qu'au seuil du dernier voyage les souvenirs se confondent avec l'instant.
J'ai pensé à la fois à la mort et à l'océan, à l'aventure et à l'intimité.
Il y a cette idée de départ et de chuchotements, de petits pas feutrés sur le parquet grinçant de l'existence. Un spectre matérialisé.
Le dernier vers m'évoque la "fille verte" et le "spleen" de Ferré dans "la mémoire et la mer."

   Vincente   
16/3/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Comme l'écriture est belle, la première lecture nous porte à survoler en douceur l'atmosphère suggestive et vaporeuse. Arrivé au bout de ce voyage agréable mais hermétique, vient le besoin d'en profiter un peu plus, un peu mieux. Sinon une bien agaçante frustration pourrait même en gâcher la plaisante expérience.

Après la sensation, le besoin si ce n'est de "compréhension", tout du moins, de rattacher ces séduisantes évocations à une volonté de partager quelque chose sur lequel il serait dommage (contreproductif si l'on peut se permettre un qualificatif si éloigné d'une "logique" poétique…) de ne pas se rencontrer.

Alors ce que j'ai aperçu, après ce superbe préambule qui introduit avec finesse le propos.
Après avoir tout d'abord pensé qu'il s'agissait d'une lecture onirique faite le soir pour aider à l'endormissement d'un enfant, j'ai dû la reprendre à zéro, y compris avec l'intro ; pas terrible comme efficience narrative, mais j'ai cru à un manque de disponibilité de ma part. Soit.
Bien décidé à être plus perméable à ces mots prometteurs, je me suis ensuite senti glissé vers une histoire, un état bien plus sombre. Le "livre des morts" (sans majuscules, donc pas un ouvrage sacré emblématique, mais plus simplement son symbole) m'a conduit à voir une défunte, entrevue par le narrateur revenant sur le lieu de sa chambre mortuaire, où "des spasmes de mémoire" la réanime. Dans son "son beau nom de « miroir »", j'ai vu les reflets qui ont dû s'imprimer dans les souvenances du locuteur. Mais ceci restant fuyant, évanescent, l'on saisit que assez vite apparu "l'heure légère" et son "dernier murmure", souvenir des derniers instants de l'agonie sur lequel se superpose celui de la réminiscence évoquée.

J'aime beaucoup ce qui, pour moi, aurait pu être le final, ouvert :

"Je refermai la porte avec les précautions du concertiste
et me tournai vers le large.
".

Car le vers épilogue semble ni ne profiter à ce qui précède, ni en découler et l'aboutir, il semble exogène. Par rapport à ce qui s'est dit, pourquoi une "étoile", pourquoi "Absinthe", pourquoi l'élément liquide "eau" ?

Je regrette que la force poétique qui enserre à ce point le propos n'ait pas trouvé quelques ponts plus expressifs envers le lecteur. Il se trouve dans une alternative un peu trop tranchée il me semble, ainsi il doit choisir entre accepter l'hermétisme accompli qui s'affiche et se repaître de la seule poésie de l'expression, ou courir après les éléments l'éclairant a minima.
Ce qui reste étonnant cependant, et bien plaisant, c'est qu'il reste une luminosité franche alors que le propos se fonde sur une "sombritude" assumée.

   Zeste   
17/3/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
La visite du caveau familial, où repose une mère je présume; c'est un peu le retour à une enfance arrachée. En même temps qu'elle est de velours une poésie percutante qui met en exergue le savoir du coeur jusqu'au retour emportée par une vague noire, le texte néanmoins de très haute facture reste un tant soit peu inaccessible.
La poésie libre est un vaste champ où le poète en plus d'extérioriser l'authenticité de ses sentiments et de son intimité dans ce qu'il y a de plus profond n'enchaîne pas le talent quand il existe.
J'ai lu avec beaucoup d'émotion!


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