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Poésie libre
Alivore : Il aurait fait quoi, sinon
 Publié le 18/12/25  -  6 commentaires  -  769 caractères  -  87 lectures    Autres textes du même auteur

Petit portrait d'effondrement.


Il aurait fait quoi, sinon



Couru.

Mais après quoi.

Couru pour voir
pour croire, pour rien
la peur derrière
devant dedans

Trouvé, perdu
son souffle
ses os qui lâchent
rien à saisir
pensé à blanc
jusqu’à se tordre

vécu collé
peau sale
quitté sa voie
rien pu garder
que sa carcasse
en camisole

usé comme linge
terré dedans
le vent les gens
ce qui craque sans bruit
et le mépris
qui tient tout seul

couru encore
bavé sous vide
tourné court
chien en cage
gratté la chair
toujours trop loin

stoppé
debout couché
sans heure
dormi d’oubli
le lit qui pue et

sa gamelle trouée.


 
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   Myndie   
19/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Avec son style haché, ses vers brefs et suggestifs, c'est le poème de l'essoufflement et de l'urgence.
Il colle bien avec la fulgurance d'une course ou d'une fuite en avant, sans avoir d'autre alternative, comme le suggère le titre.
De quelle fuite s'agit-il ? Tout laisse à penser qu'il s'agit d'une perte de repères, du refus de la réalité jugée insupportable, d'une confusion mentale qui brise et enferme en soi :
«  ses os qui lâchent »
« sa carcasse en camisole ».
Toutefois, pour lui, les jeux sont fait car la vanité de cette course folle est annoncée dès la première strophe :
«  Couru pour voir,
pour croire, pour rien
la peur derrière
devant dedans ».
Et la fin est encore plus dure et plus brutale, qui déshumanise totalement le personnage en renvoyant l'image d'un animal misérable.
Le sentiment d'angoisse et d'accablement est absolu dans ce poème très sombre qui capture à vif toutes les émotions de cet homme en pleine détresse.
J'aime beaucoup cette écriture tranchante et sensorielle.

   Donaldo75   
30/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'aime bien le rythme de ce poème, un peu comme une course à la lecture où le signifiant court après le signifié et inversement. Je sais, cette analyse est un peu brumeuse mais c'est comme ça que j'ai envie de la rédiger.

"vécu collé
peau sale
quitté sa voie
rien pu garder
que sa carcasse
en camisole"

La construction de ces strophes avec un verbe au début imprime le rythme à la lecture et évite le côté statique d'une strophe aux verts courts. La fin est abrupte.

Merci pour le partage.

   Ornicar   
30/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Ces vers, étrangement rédigés, dégagent de la puissance et de l'impact à la lecture. Sans tout saisir clairement de ce récit - le poème procède par de nombreux blancs - on pense à un animal traqué avec l'image mentale de la chasse à courre qui s'impose naturellement au lecteur par le rythme des vers. Au point d'ailleurs de transformer, vers la fin du poème, l'homme en bête : "bavé sous vide... chien en cage / gratté la chair... sa gamelle trouée". On pense aussi à la psychiatrie, ou tout autre univers carcéral : "carcasse en camisole".

L'expression est volontairement décousue à l'image de l'état de confusion mentale du narrateur. Le lecteur ne saisit que les bribes d'une réalité qui lui échappe comme elle échappe au locuteur. Dans le même temps, cette confusion est toute entière tendue vers quelquechose. Quoi ? On ne sait pas. Mais c'est une action plutôt qu'un but clair et prècis : courir ! Courir malgré tout, coûte que coûte. Comme ces foules de civils qui courrent sans autre but que fuir l'impact des bombes. Autre image qui s'impose à mon esprit. Que faire d'autre, en effet ? Merci pour ce texte à la fois immersif et dérangeant.

   papipoete   
18/12/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
bonjour Alivore
Il courut, pour voir de loin horrifié qu'il était ; tout ce qui défilait sous ses yeux, jamais il n'aurait le courage de l'affronter !
Son coeur qui bat à tout rompre ; sa peau qui colle à sa trouille ; et soudain, comme atteint d'une balle ennemie, stoppé net !
S'il n'avait été celui-là, qu'aurait-il fait ?
NB les actes de bravoure ces derniers temps ( cet homme en Australie, qui met sa vie en jeu face à l'assassin, et sauve tant de futures victimes ) fait un peu d'ombre à notre petite personne ; aurions-nous osé ?
Je crois que le héros du poème fut un semblable, mais le courant de la vie l'a sûrement rendu peureux, persécuté dont tout l'être ne peut être qu'un spectateur, et la strophe finale semble nous montrer, qu'au bout du bout le voici rendu...
des vers libres certes, mais leur découpage me choque un peu, vu leur jet ligne par ligne ( je comprend qu'ils soient le reflet de saccades, comme psalmodiés entre deux sanglots )

   Ascar   
18/12/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
je vois ici le récit d'un burn-out qui amène à la faillite des finances et de l'esprit. Une descente aux enfers où celui qui subit perd le nord et l'espoir pour finir reclus.

Un texte avec beaucoup de force

   AntoninMartaud   
18/12/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J'aime beaucoup ce texte. J'aime la brièveté des vers qui montre l'essoufflement, la cadence, et la densité des idées qui se glisse dans ces mots. J'aime la dépersonnalisation total du "il", qui n'apparaît que dans le titre. C'est fort, car ce il est remplaçable, et chacun sans doute a pu y voir "le sien". J'aime tout, en fait.

J'aime ce qu'il dit de notre société. Dès son entame "Couru. Mais après quoi.". L'important n'est plus la destination, n'est pas le résultat, n'est pas le voyage non plus. C'est la mobilité, le mouvement. En tant que tel, sans aucune autre exigence. C'est une injonction structurelle désormais de courir.

Et cela crée des individus abimés. Soit en camisole, soit animalisés et mis en cage. Ce qui dévie de la norme doit être neutralisé.
Tout à fait désorientés "la peur derrière devant dedans", ni le passé ni le futur ni l'intériorité ne sont plus refuges pour une quelconque stabilité chez certains de nos contemporains.
Il ne leur reste "rien à saisir", "que sa carcasse".

Le mépris lui même tient tout seul, structure sociale autonome, mécanisme intégré aux institutions. Ce n'est pas une émotion, c'est une infrastructure dans ce texte.

Je vais plus rien dire de foucaldien, promis, mais je note encore "le vent les gens", sans ponctuation, mis en équivalence... Le monde est toujours hostile ou indifférent. Mais il passe autour de nous.

Je ne sais pas, peut-être que je politise trop un texte qui n'a pas à l'être, et qui est plus intime que cela... Peut-être est-ce aussi ma manière justement de le percevoir et que si je le commente à ce niveau, c'est qu'il m'a touché intimement et que c'est comme cela que je perçois le monde... Je ne sais pas.

Merci pour cette lecture en tous les cas.


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