Ainsi vont les choses, le temps passe, les fleurs fanent, la poussière se pose sur les toiles d'araignées, le vieux parquet du vieux manoir grince ...et la belle et le beau prince vieillissent pour ne plus jamais rajeunir.
Pas vraiment de scoop la dedans, un constat auquel toutes les carabistouilles des contes ne changera rien:
"Un mécompte de fées" (joli titre)

J'aime bien le ton et la manière revue et corrigée avec lesquels ce plaisant poème fait du nouveau avec de l'usé, si souvent rabâché à toutes les sauces par les poètes de tous les temps

Pas mal je trouve.

En EL

Une parodie en vers des contes de fées que j'ai pris plaisir à lire et à dire.
La morale exprimée au quatrain final nous invite à voir dans ce texte une fable sur le danger qu'il y aurait à succomber aux apparences.

contemporain
La morale de l'histoire vaut que ce texte soit lu jusqu'au bout ; en effet, pour une fois le récit ne triche pas et s'endormir à 20 ans, ne signifie pas que l'on se réveillera au même âge !
tous ces défunts cryogénisés voilà quelques décennies, dans leur châsse de ver, si la vie leur revient un jour, auront quel âge ???
Cela fait que votre texte fait sourire, avec ce vieux prince qui dort et ronfle comme un sonneur !
Pour une fois, un scénario autour de la mort, dont le déroulé ne fait vraiment pas pleurer !
NB chaque strophe est croustillante, quand elle n'est pas simplement réaliste, et la dernière et ses images " sans dent/cent ans " est bien troussée.
techniquement, malgré hiatus et rimes singulier/pluriel, la forme " néo-classique " me semble devoir qualifier ce ravissant " mécompte de fée "
N'est que " belle " qui put trouver un synonyme, lors de répétitions multiples
papipoète

La bonne idée de ce poème est de revisiter un thème éculé, celui du prince charmant qui ne résiste pas aux outrages du temps, par le prisme du "conte de fée" pour mieux souligner l'envers - l'enfer ? - du décor. C'est à la fois un emprunt et un détournement du conte. Mention pour le titre accrocheur même si personnellement j'aurais supprimé l'article pour encore un peu plus d'impact ("mécompte de fées").
Je suis par contre moins convaincu par son écriture. Il me semble que le poème y gagnerait si l'expression était plus soignée. Il y a un peu trop de répétitions, peut-être volontaires pour l'auteur, mais insistantes ou gênantes de mon point de vue : "belle", "endormi", "croire, croit, croyons". La strophe 3 comporte pas mal de relatifs ("qui") associés à des participes présents de sorte que sa lecture perd en fluidité, et le récit en impact. Le vocabulaire me semble assez pauvre dans l'ensemble. Dommage toutes ces petites imperfections car, au final, mon sentiment général s'en ressent.

J'ai bien aimé cette version d'un thème aussi connu.

"Mais il ne faut pas croire à tout ce qu'on raconte,
Et, si l'on croit aux fées, ne croyons pas leurs contes,
La belle, en un miroir, vit son reflet sans dent,
Et se mit à pleurer, la belle avait cent ans."

Ce quatrain dans sa tonalité contient ce qui me plait, un côté fable, et je crois que c'est le meilleur dans la forme. Avant celui-ci, et je suppose que les points d'interrogation ne m'ont pas fait pencher du bon côté, cela manque un peu de "drive" pour que la fable s'emballe et que le poème dépasse son côté scolaire.

Une histoire souriante qui défait la sempiternelle image de la beauté éternelle.

C'est dommage que trop de répétitions alourdissent le propos et que l'écriture manque de maturité car ce conte aurait pu tenir la promesse que laissait espérer son titre.

Je trouve à l'ensemble du récit le petit ton juvénile et amusé d'un(e) enfant qui raconte une histoire, peut-être est-ce une volonté du narrateur.

Bonjour Passant75,

J'ai bien aimé ce temps, ce temps qui passe...de sorte que vous avez pris soin, à mon sens, d'offrir cette poésie avec cette temporalité inscrite faisant sens et âme à égalité de son acuité de l'évanescence du conte de fées.

Ce mécompte de fées est à la fois une palpabilité et un secret : par là s'ébauche la poésie qui hâble ou qui concilie les inapparentes écorchures dont les années affligées par l’éternel défilé du temps…

Au plaisir de vous lire,
Cordialement

Bonjour !

J'ai toujours un faible pour ce type de détournements, de démontage critique, de pastiche ou autres approches intertextuelles, donc vous partiez avec un a priori très positif.
Le fait de resituer les cent ans dans leur réalité physique, très peu magique, et le jeu de mots du titre "mécompte" et non "mé-conte" comme on pourrait le lire trop vite, m'a plu.

Je peux aussi y lire, mais je projette sans doute ce que je veux voir dans le texte, une critique du patriarcat et des structures normées qu'on nous impose... L'amour idéalisé ne semble guère la solution et tandis que la Belle attendait passive que le Prince la sauve, ce gros balourd s'est endormi à deux doigts du baiser libérateur.


Concernant le style et le vocabulaire, que certains pourraient percevoir comme "simple" ou "simpliste", je l'ai trouvé à propos dans une déconstruction des contes pour enfants, surtout un conte qui se refuse à toute magie. La syntaxe est toujours très simple et immédiatement compréhensible. C'est intelligible pour un enfant, mais un adulte y verra sans doute plus d'ironie et de profondeur... Finalement, comme dans un vrai conte !

Il y a de bonnes idées, surtout dans ce dernier quatrain de chute que plusieurs avant moi ont déjà mis en avant. Mais il me manque un je ne sais quoi de trouvaille ou de folie, un décalage plus fort, une image déstabilisante ou une aspérité quelconque pour trouver l'écriture très aboutie. Elle me semble correspondre au propos et au dispositif, ce qui est déjà très bien et tout ce qu'on peut demander à un texte.

J'ai apprécié cette lecture, donc, mais je ne sais pas si je me souviendrai longtemps de ce texte, car s'il s'agit d'un exercice que j'ai trouvé très bien réalisé, il manque un tantinet d'excès ou d'étrangeté pour me marquer durablement.

Merci beaucoup pour ce poème en tous les cas !

Et bien j'ai adoré cette histoire.
Très beau poème, c'est tout à fait mon délire.
Un conte noir, plein d'ironie, à contre-courant de ce qu'on est en droit d'attendre d'une fable pour enfants.
La lecture est fluide, agréable, et la chute est délicieuse.
Le vers "Dans ce très vieux manoir, au vieux parquet qui grince," renforce le contraste avec l'image qu'on pouvait se faire d'un palais magnifique. Il apporte vraiment quelque chose.

Concernant la versification, je la trouve belle, agréable. Parfois un peu inégale, il est vrai.

Prenons le dernier quatrain : les deux premiers vers sont géniaux.

"Mais il ne faut pas croire à tout ce qu'on raconte,
Et, si l'on croit aux fées, ne croyons pas leurs contes,"

Très beaux, ils sonnent très bien. Mais les deux suivants le sont un peu moins :

"La belle, en un miroir, vit son reflet sans dent,
Et se mit à pleurer, la belle avait cent ans."

C'est à cause de la répétition "belle". Même en prose, une répétition de mots si proches accroche l'oreille. C'est encore pire en poésie, je trouve.

Mais quoi qu'il en soit, c'est un excellent poème qui m'a apporté du plaisir à la lecture.
Cordialement.