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Poésie en prose
AnGer : Vie menue
 Publié le 11/07/08  -  4 commentaires  -  2343 caractères  -  21 lectures    Autres textes du même auteur

Dîner aux heures de vie...


Vie menue



À la table du dîner, ce soir, le menu se parcourt dans l’indifférence des sens. De haut en bas ! De bas à droite, au revers de l’envers, que sais-je !! De moi, que vous ne puissiez revoir ou savoir, par vous, de ce que vous voulez voir ou entrapercevoir ? Les plats sont endimanchés de chaleur, tandis que mes «entre mais» sont servis froids. Hors de saison pour se livrer, à mi-parcours, puis s’évaporer dans des palais inconnus. L’addition, elle, fugace, s’agrafera sur les chiffres de mes minutes de vie, mais s’effilochera à la pointe d’un mot arraché au point d’exclamation final. Tandis que le vin de mes amours s’étouffe dans la chambre d’une carafe, un peu ébréché par le passé, le vers lié au verre s’ambre et se cambre sous mon écriture déliée.

Je m’habille du toc des maux, enfourche l’encre sur le bout de ma plume et vous éventre ces oiseaux de lettres comestibles. Tandis qu’ils rissolent dans le bain d’un écrit brassé à la crème de mes délires, grésille doucement mes cyniques humeurs dans la poêlée de mes aigreurs. Une pincée du sel de mes larmes, un zeste de mon ironie pour donner du piquant aux pétales de rose mis en salade, pour écorcher avec volupté vos bouches. La vapeur de mon esprit bouillonne, paquets de syllabes dévalent dans le court-bouillon de la page et s’en vont mourir échaudés.

Du tanin du vin de mes rancœurs que je mets en harmonie à la couleur de mon cœur, il se déverse discrètement sans éclaboussures. Je le glisse dans les vers sans pieds, le dépose au centre de la table pour que chacun puisse le voir une dernière fois battre avant que sa garniture l’enveloppe de sa douleur, ainsi le faire se noircir et cesser de battre, une unique tache de sang sur la nappe blanche…

Repu d’un festin qui semble si anodin, mais pour lesquels les panses seront pensées, et les pensées percutées, se feront panser par le menu d’un autre, plus truculent, plus appétissant. À la table de ma vie, les menus semblent délectables, mais mon appétit s’est replié, substitué par des coupe-faim. Substantiels repas que forment ces heures qui roulent sur ma table, l’auberge du passé ouvre le ventre de sa cuisine. À pas lents, condamnée, résignée, je m’en vais encore ce soir, me repaître de ces mirifiques buffets, tandis que mon présent me rend anorexique du menu de ma vie…


 
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   David   
11/7/2008
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour AnGer,

J'ai beaucoup aimé cette envolée en métaphores culinaires, le festin des mots est tout du long mélancolique et la fin triste, alors que les ingrédients auraient pu peut être la faire autrement, laisser passer le plaisir de l'écrire ?

   Melenea   
12/7/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un peu surprise par la forme au départ, on se laisse convier à ce dîner particulier où de belles métaphores font le régal de nos pupilles... Original menu, et triste chute pour celui qui ne peut plus s'en rassasier..

Mél

   Anonyme   
12/7/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'aime bien aussi..

Avec un petit reproche sur la forme.
Oui la prose permet un meilleur contrôle..
un exemple:
"Je m’habille du toc des maux, enfourche l’encre sur le bout de ma plume et vous éventre ces oiseaux de lettres comestibles. "

je préfère
Je m’habille du toc des maux. J'enfourche l’encre sur le bout de ma plume. Je vous éventre ces oiseaux de lettres comestibles.

   Anonyme   
20/7/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
C'est très dense, très intense, de plus c'est très consistant.

Vous avez une plume bien habile, je vous ai lu avec attention, vous nous offrez une "Vie menue" bien copieuse, j'ai un peu calé, trop repu par vos mots gargantuesques.

Un texte tout en subtilité, que j'aurais aimé moins prolifique, pour mieux en apprécier toute la richesse, la complexité, et pouvoir davantage partager cette "Vie menue", qui je dois dire m'a un peu échappé à un moment donné.


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