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Poésie contemporaine
Annedesr : Petit éloge implicite de la flânerie
 Publié le 24/04/15  -  17 commentaires  -  2551 caractères  -  162 lectures    Autres textes du même auteur

"Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre." Charles Baudelaire


Petit éloge implicite de la flânerie



Les fenêtres grimacent sous les coups redoublés
des grêlons qui les frappent au tempo de l'orage.
Les fenêtres se fâchent si le vent les rudoie,
et claque leur colère sous les assauts cinglants.
Les fenêtres s'alarment du souffle des tempêtes
pour le bateau perdu, frêle, sur l'océan.
Les fenêtres fermées enserrent des douleurs,
des océans de larmes ou des chagrins discrets.
Les fenêtres frissonnent dans le petit matin
et les brouillards glacés de l'automne chagrin.
Les fenêtres ronchonnent quand montent les clameurs
du marché qui s'éveille dans l'aube rosissante.
Les fenêtres s'ennuient à Paris, au mois d'août,
quand passent des troupeaux de touristes grégaires.
Les fenêtres s'étiolent au milieu des fumées
des cités assassines, des villes délétères.
Les fenêtres sanglotent lorsque dans le lointain,
on sonne le tocsin au beffroi de la ville.
Les fenêtres se taisent lorsque la Liberté
devient une utopie, un rêve bâillonné.

Mais les fenêtres s'ouvrent quand montent les flonflons
de l'orphéon badin, de la fanfare mutine.
Les fenêtres gambillent, des fourmis dans les clenches,
dès qu'un bandonéon souffle un air de tango.
Les fenêtres canailles répètent, malicieuses,
les blagues échangées dans le bistrot du coin.
Les fenêtres lascives s'entrebâillent, aguicheuses,
sur des divins divans et des tapis persans.
Les fenêtres rigolent, à l'heure des récrés,
quand les préaux s'affolent des rires des enfants.
Les fenêtres ronronnent si le chat du voisin,
sur l'appui de pierre blanc, s'installe avec hardiesse.
Les fenêtres scintillent d'étoiles argentées,
déposées par le givre un matin de décembre.
Les fenêtres s'enivrent des parfums du printemps,
elles guettent l'hirondelle qui leur revient, fidèle.
Les fenêtres narquoises font de l’œil aux badauds
quand le soleil taquin, tendrement, les lutine.
Les fenêtres s'éclairent pour saluer la Lune,
elles observent, songeuses, les étoiles lointaines.

Les fenêtres sont belles, les fenêtres sont folles...
Elles bravent les saisons et se moquent du Temps.
Tabatière, croisée, lucarne, soupirail,
les fenêtres ressemblent à ceux qu'elles protègent.
Les fenêtres grimoires recèlent des mystères,
mais au flâneur complice elles livrent leurs secrets,
car elles ont pour amis le passant qui musarde,
le clampin nonchalant et ceux qui baguenaudent...


 
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   Curwwod   
1/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une poésie pas si libre que ça, mais inspirée ( je crois que Brel avait écrit un texte sur ce thème) sur ce rôle d'interface entre la vie intérieure et la vie extérieure, le regard univoque dont Asmodée aurait bien voulu percer le mystère.Le texte est bien construit, rythmé par la variabilité des évènements, des sentiments, des atmosphères. De belles expressions "mais au flâneur complice elles livrent leurs secrets,...","Les fenêtres lascives s'entrebâillent, aguicheuses, sur des divins divans et des tapis persans.". Une belle personnification où le caractère anaphorique ne me semble pas excessif.
Bravo et merci

   Anonyme   
3/4/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
C'est absolument adorable.
J'aime beaucoup la personnification, le choix des adjectifs, soigné, le rythme... tout.

Bravo et surtout merci.

   Vincent   
3/4/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Les fenêtres grimoires recèlent des mystères,
mais au flâneur complice elles livrent leurs secrets,
car elles ont pour amis le passant qui musarde,
le clampin nonchalant et ceux qui baguenaudent...

c'et tout ce que je retiens

sincèrement je me suis profondément ennuyé

sur ce déballage de fenêtres

trop de fenêtres tue la fenêtre

il y en a tellement qu'on se croirait dans une barre de grand ensemble

je n'ai pas aimé

   Lulu   
12/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime bien ce poème qui invite à la promenade... sans se déplacer, mais incitant, par là même, à sortir prendre l'air...

Je pensais a priori n'être pas franchement d'accord avec les mots de Baudelaire mis en exergue, mais j'adhère complètement après vous avoir lu(e). Les fenêtres recèlent des milliers de trésors.

J'aime notamment le début, où les fenêtres sont confrontées aux éléments de la nature. L'on sent déjà que cela grouille de vie, et je ne suis point déçue par la suite de votre ouvrage.

Un bien beau poème dans l'ensemble. Tous mes encouragements pour la suite.

   Anonyme   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bravo ! c'est superbe, le seul bémol pour moi c'est le manque d'interligne entre les vers, pour la seule raison que j'ai eu un peu de mal à le lire en l'état, peut-être à cause de mes lunettes, je ne sais pas...mais c'est un texte riche sur tout ce que les fenêtres sont parfois, à tour de rôle, au long de leurs vies de fenêtres de nos maisons d'hommes...

Ça pourrait faire une belle chanson.

Merci !

C.

   Anonyme   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aurais trouvé ce poème excellent si je n'avais pas été gêné par toutes ces fenêtres, n'étant pas du tout amateur d'anaphore.
De fort belles images,en contraste, viennent peindre ce tableau de vie au hasard " de la flânerie ".

   troupi   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est peut-être un peu long, la présentation un peu massive, mais mis à part ça j'ai trouvé ce texte bien écrit et très intéressant dans les diverses descriptions de ces fenêtres qui décidément sont pleines de vie. En fait je les vois comme des yeux dont les murs autour seraient la tête. Il y a une foule de gens dans les rues et une foule de fenêtres personnifiées dans la ville. Après cette lecture je me demande si je ne vais pas me sentir épié lors de mes prochaines sorties en ville...
Merci pour cette lecture très sympa.

   Robot   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte travaillé où la poésie est bien présente. Une variation sur un thème comme on dirait en musique.
J'avais découvert ce texte en pré-lecture et je dois dire que sa structure m'avait rebuté. Alors qu'à l'exception de la strophe finale il pouvait être découpé en quatrains ou en "octains" pour l'aérer.
Ceci dit l'expression, la variété et les images l'ont emporté pour me faire découvrir un très beau poème.

   leni   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est un bel écrit riche en images qui s'enchainent joliment MAIS je suis abasourdi par le nombre de fenêtres Je pense que ce texte riche en idées mériterait d'être"découpé" pour prendre l'air Bravo Merci ET Salut cordial Leni

   Anonyme   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Comme quoi ouvertes ou fermées sur le monde ou les intempéries de la vie ....elles font parler d'elles ! Vous avez su donner une âme à ces fenêtres ....et parfois elles claquent avec humour et folie.
Mais j'aurai ouvert un peu plus le texte pour l'aérer et le rendre 'encore" plus agréable à la lecture....sinon de très belles images !
Merci

   Arielle   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Les fenêtres sont les yeux de la ville tantôt tournées sur le spectacle qu'elle lui offre tantôt fermées sur le mystère des vies qui s'abritent derrière elles. Bravo pour avoir soulevé leurs paupières avec une telle empathie !
J'aurais préféré, moi aussi, voir leur cadre un peu plus aéré en quatrains plus légers.

Mes préférées :
"Les fenêtres gambillent, des fourmis dans les clenches,
dès qu'un bandonéon souffle un air de tango."

   Damy   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il y a même eu une "Fenêtre sur cour" dont je garde un excellent souvenir et que votre poème remet en ma mémoire avec bonheur.
Dire qu'il fût une période dans l'Histoire où l'on créa un impôt sur les ouvertures des bâtisses, ce qui engendra de nombreuses fenêtres murées.
J'ai reconnu mes propres fenêtres dans la 2° strophe. Elles donnent sur une place publique animée par 2 marchés hebdomadaires, 3 terrasses de café et des fêtes diverses organisées par la ville ou des associations. Les manifs y passent dessous, riches de slogans désespérés. Elles ne tremblent plus, hélas, aux sons de l'orphéon ou du bandonéon mais aux horribles décibels de giga enceintes les soirs de bal (elles sont double-vitrées, mais malgré cela, je suis obligé de descendre danser). Sur leurs rebords, je nourris les tourterelles urbaines de mie de pain.

Bref, vos fenêtres inspireraient bien les miennes dans une ballade et je suis content de l'occasion que vous me donnez de les partager un peu.

Merci Annedesr

   papipoete   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Annedesr; ces fenêtres qu'on pourrait croire figées en leurs carreaux dont vous écrivez des vers lumineux, s'animent aux mouvements que fait la vie au dehors. Aux bruits d'oiseaux, du vent, comme à celui du glas qui pleure, les fenêtres réagissent, parlent.
Elles s'amusent même quand les flonflons de la fête, jusqu'à leurs huis, grimpent telle une glycine. Les fenêtres se montrent à qui sait les regarder, en transparence, en reflets, au hasard d'une douce flânerie.
Voici un ouvrage tour de force, que de donner vie à...une fenêtre!
Des vers tels " les fenêtres s'ennuient à Paris, au mois d'août,
quand passent des troupeaux de touristes grégaires. " me plaisent particulièrement.
Je constate en outre une ponctuation au cordeau!

   Myndie   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Annedesr,

je suis bien ennuyée pour une fois car je ne trouve pas matière à nourrir mon commentaire qui tiendrait en un mot "j'adore!"

Moi qui aime beaucoup la poésie de la ville, ici, j'aime tout : votre inspiration, votre style, votre musique, les méandres de vos vers qui me font suivre les méandres des rues, le nez en l'air.
C'est un poème très bien écrit, superbement imagé et riche de ses observations/réflexions. Vraiment bravo!

myndie

   Anonyme   
24/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Annedesr... J'ai bien aimé l'incipit que l'on doit à Baudelaire comme j'aime ces fenêtres que vous nous offrez dans tous leurs états, le tout en alexandrins, de qualité pour la majorité, ce qui ne gâte rien...
Après avoir savouré ce poème, je ne regarderai plus les fenêtres avec le même œil...
Bravo et merci pour cette fort agréable lecture

   Anonyme   
26/4/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Tout à fait excellent !
Je dirais même plus : tout à fait excellent !

Je m'interroge sur beaucoup de choses, et je pense que s'interroger sur les fenêtres est une chose que nous ne faisons jamais.

Au-delà de l'aspect poétique - qui est absolument fabuleux - la réflexion est là, et je m'interroge toujours, oui, sur la fonction première de nos fenêtres et sur leur invention.

Les fenêtres nous protègent des éléments extérieurs et nous permettent en même temps de voir au-delà des murs, et donc de contempler ce qui nous entoure, en toute sécurité.

Mais ne nous poussent-elles pas aussi à nous enfermer au lieu de sortir plus avant sur le monde ?...

J'aime ce poème pour toutes ces choses...

BRAVO !

   Anonyme   
8/9/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme - Qui s' attache à notre âme et la force d'aimer" - Alphonse de Lamartine

Cette phrase m'est venue instinctivement après lecture et relecture, tant vous nous les rendez vivantes, j'ai été emporté par beaucoup de sentiments au travers de cet écrit, il est si dense en émotions décrites que j'ai partagé avec attention.

Je retiendrai tout particulièrement la dernière strophe qui à elle seule, résume bien tout ce prestigieux écrit très éloquent.

" Les fenêtres sont belles, les fenêtres sont folles...
Elles bravent les saisons et se moquent du Temps.
Tabatière, croisée, lucarne, soupirail,
les fenêtres ressemblent à ceux qu'elles protègent.
Les fenêtres grimoires recèlent des mystères,
mais au flâneur complice elles livrent leurs secrets,
car elles ont pour amis le passant qui musarde,
le clampin nonchalant et ceux qui baguenaudent... "

Il y a en effet toujours chez le flâneur attentif, ce regard curieusement interrogateur et bienveillant qui s'attarde vers les fenêtres, comme un regard vers un autre regard ...


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