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Poésie classique
archibald : Poésie classique [Sélection GL]
 Publié le 04/09/18  -  25 commentaires  -  849 caractères  -  525 lectures    Autres textes du même auteur


Poésie classique [Sélection GL]



Les ors des grands miroirs, le marbre des colonnes,
Les plafonds scintillants d'illuminations
Accueillent en leur sein marquises et baronnes
Dans la douce rumeur des conversations.

La diérèse étire ainsi que des trombones
Quelques mots au hasard des conversations :
Tous tes vers sont exquis mais, si tu me pardonnes,
Il faudrait d'hiatus que nous parlassions.


Invités à la fête un soir d'inadvertance,
Quelques inéduqués prennent part à la danse...
Rimailleurs scribouillards et poètes cabots

Se mouchent aux rideaux et font force tapage,
Et ces olibrius, en leur frustre langage,
Raient les parquets cirés avec leurs gros sabots.


________________________________________
Ce texte a été publié avec un mot protégé par PTS.


 
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   Damy   
16/8/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bon ! Le poète n'a qu'a bien se tenir et étudier la prosodie.
Cette satire risque de raviver des guéguerres.
Je la trouve succulente et pleine d'humour.
J'adore la préhension de la diérèse (des trombones) dont vous faites usage abondamment;
L'imparfait du subjonctif "parlassions" est du meilleur effet.
J'ai quand-même le sentiment d'une jubilation à contenir la poésie classique au temps des marquises et baronnes or elle a ses lettres de noblesse au temps moderne (ça y est, je rentre sur le ring).
Dommage que le mot "conversations" apparaissent à la rime à 2 v. d'intervalle (na!)

Un très grand plaisir de lecture fort sérieuse et fort amusante.
Merci

   Anonyme   
17/8/2018
 a aimé ce texte 
Pas ↓
Bonjour,

À lire ce poème, j'ai bien envie de reprendre mes gros sabots et de m'en aller danser dans les chemins creux bordés d'herbes folles.

Un poème sur le poème, classique, oui ? Pourquoi pas;
J'avoue que le sujet est loin de me transporter et son traitement pas plus. Trop élitiste et fier de l'être, alors que je préfère les portes mêmes seulement entrebâillée avec un rai de lumière pour attirer, accueillir "l'inéduqué".

   Mokhtar   
4/9/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Savoureux et pétillant ce poème qui n’est pas sans rappeler le comique du bourgeois gentilhomme.

Sur fonds de querelle d’anciens et de modernes, ce texte, à la fois « vicelard et vachard » peut supporter deux lectures.

La première présenterait une élite lettrée sûre de sa culture, maniant avec aisance le redoutable imparfait du subjonctif, réservée aux initiés cultivés, en petit comité de préférence.
Les intrus ne faisant pas partie de l’obédience s’y signalent par leur vulgarité, leur ignorance, leur prétention et viennent gâcher la fête. Ils sont loin d’être les bienvenus. Circulez messieurs dames, vous n’avez pas le niveau. Chacun chez soi.

La seconde implique une lecture ne voyant qu’ironie, dans un texte bâti à coup d’antiphrases. L’imparfait du subjonctif devient préciosité ridicule, et la diérèse « assions », légale mais calamiteuse, s’offre sans pudeur à la rime. Les bourgeois ridiculisés, le bas peuple, invité des tercets, devient goguenard en gardant avec ironie ses qualifiants méprisants.

Où l’auteur se range-t-il ? A-t-il le petit doigt levé, ou chausse-t-il de gros sabots ?

Je parie pour la seconde version. D’abord parce que je crois l’avoir reconnu. Ensuite à cause de l’expression « la diérèse étire ainsi que des trombones », superbe trouvaille révélatrice de l’irrespect assumé de l’auteur pour les "délices" du classique.

C’est délicatement subversif, c’est particulièrement ironique, c’est assurément jubilatoire. La forme est provocante, puisque utilisant les armes de l’adversaire avec un sonnet classique fort bien troussé (sauf lors de la répétition de « conversation »).

Alors, que demande le peuple ?

De la liberté, Monsieur, de la liberté.

Mokhtar, en EL, le 04/08

EDIT : le 04/09
La répétition due à une erreur de transmission ayant été signalée avant parution, je désarme ma notation de sa flèche infâme.

   David   
18/8/2018
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,

Dans ce texte, il n'est pas question des actes eux-mêmes, ils sont présentés métaphoriquement dans le dernier tercet, et leurs auteurs caricaturés dans le précédent. En miroir, les quatrains subliment sans le décrire vraiment ce à quoi le actes et les auteurs "rhabillés pour l'hiver" dans les tercets feraient outrage.

C'est une rhétorique de "violeur outré" : occulter les actes en les remplaçant par des jugements de valeur. Ce procédé est déloyal, le poème est explicitement injurieux, dévalorisant, tout en invoquant une injure dont il reste le seul témoin, et dont les tenants sont tus aux lecteurs, pour mettre les rieurs, ou les aigris, de son côté.

Mais on n'est pas obligé comme lecteur de tomber dans le jugement moral, qui serait objectivement à la charge du narrateur en dehors d'une assemblée malsaine d'ivresse ou d'indifférence, parce que c'est tout un pan de la poésie, avec ces "pamphlets" et autres "invectives en mots de soie", qui se perpétue dans un poème comme celui-là.

Ce que je peux partager de ce poème, c'est davantage l'isolement que la solitude : Aucun être humain ne connait ou n'a la possibilité de côtoyer tous les autres être humains, la moindre assemblée peut frapper l'un de ces membres de la frustration de ne pas voir son plaisir partagé, et cette personne peut se perdre à prendre la petite assemblée comme le monde entier. Pour moi, le poème illustre cette perdition, et relève implicitement un problème d'altérité : ce qui est manifestement nourri d'une recherche de communion, de partager un plaisir, une admiration, se transforme en un manichéisme où ceux qui ne gouttent pas ce qu'on aime deviennent les personnages maléfiques d'un monde imaginaire.

   Vanessa   
18/8/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Je pensais que le " e " à la fin d'un vers s'il était suivi du "s" devait compter comme un pied de plus.
Je suis allée verifier avant de parler pour me rendre compte que je faisais erreur.
:-)
Il me semble que ce sonnet est juste parfait dans sa construction , les émistiches sont régulières.
Je ne me suis pas trop penchée sur les rimes feminines et masculines mais vu la teneur du fond de votre poème, je vous fais confiance car j'imagine que les règles ont été respectées.
Nous ne sommes donc pas là en présence d'un rimailleur et l'auteur a bien raison de défendre sa cause.
Ceci, même si nous lisons une petite pointe de mépris à l'égard de ceux qui se permettent de rayer les parquets cirés avec leurs gros sabots.
Moi, cela m'a fait sourire.
Bravo.

   Cristale   
4/9/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour archibald,
Oui moi aussi je vais bien et la rentrée s'est bien passée. J'espère que tes élèves ont bien éteint leurs smartphones avant d'entrer en cours. Mais ce n'est pas le tout, voyons un peu ce sonnet :
Que voici que voilà de l'autodérision dont le curseur est poussé au maximum ! Je me régale et c'est peu dire.
Avant d'aller plus loin, je me souviens avoir lu en forum un fil adressé aux correcteurs où l'auteur stipulait qu'il avait commis une erreur de retranscription concernant le double emploi du mot à la rime "conversations". L'erreur étant relevée en EL, la correction avant publication n'a pas été autorisée, selon le règlement d'Oniris. Connaissant le talent du signataire, je ne tiens donc pas compte de cette coquille d'étourdi. Chacun sait que les poètes le sont tous plus ou moins...étourdis.
Un sonnet qui me fait bonne im-pre-ssi-on mais je regrette l'absence d'un petit hi-a-tus, d'une petite erreur de rythme, d'une petite é-li-si-on négligée et autres broutilles qui ne lui auraient pas autorisé la catégorie à laquelle il prétend....mais non je plaisante ! Voici une forme de sonnet classique parfaitement maîtrisée et drôle qui plus est.
Un délice de lecture pour ma part et ce n'est pas pour rendre la politesse :)
Cristale

   Annick   
5/9/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Le narrateur facétieux ridiculise celles et ceux qu'il considère comme les aristocrates (marquises et baronnes) de la langue, du beau ( les ors des grands miroirs etc...) et du bien écrire en poésie selon le code de la poésie classique, (hiatus, subjonctif imparfait...). Le narrateur insiste sur le côté précieux, à grand renfort de diérèses à la rime :

Les plafonds scintillants d'illuminati-ons...
Dans la douce rumeur des conversati-ons...
Quelques mots au hasard des conversati-ons...
Il faudrait d'hi-atus que nous parlassi-ons.

Mais il égratigne, que dis-je, écorche en même temps le peuple (gros sabots) de "rimailleurs scribouillards et poètes cabots" qu'ils considère comme frustes.

On dirait le miroir d'une société où deux classes sociales s'affrontent : l'élite et les croquants.
Tout le monde en prend pour son grade.

Tout le monde ? Et le narrateur ? Où se situe t-il ?
En dehors de ces extrêmes, je verrais bien une troisième catégorie, celle des vrais poètes, humbles de leur art, artisans compagnons, amoureux de leur Muse, ouvrier au sens le plus noble, travaillant dans l'ombre, se préservant du caquètement des précieux et des éructations des vantards.

Hormis la répétition de "conversati-ons", je trouve ce cuisant poème très réussi, drôle, piquant, bien relevé.

Chapeau bas !

   Anonyme   
4/9/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pour ma part, je pense que l'auteur a volontairement forcé la dose - et s'est sûrement bien amusé - pour mettre en évidence la sempiternelle discorde entre les traditionnels et les modernes. surtout l'inconditionnalité.
Ici, ça concerne la poésie, mais cela existe pour tous les arts. Et même la vie courante.

Peut-être faut-il voir aussi, en filigrane, une sorte d'affrontement des classes sociales. Bien sûr toujours dans le même sens.
L'élite, mon bon monsieur, l'élite... Dont certains, à mon sens, sont des culs de bouteilles qui se prennent pour des diamants.

Mais choisissons d'en sourire puisque ce poème nous y incite.

   Quidonc   
4/9/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Il est toujours délicat de rire sans se moquer, de se moquer sans rire. Il est encore plus difficile de dénoncer sans blesser quiconque.
Si d'aucuns riront, d'autres se raidiront. Mais que l'on soit marquise ou que l'on soit maraud personne ne mérite le mépris.
En ce qui me concerne, je prends le parti de rire sans complexe et sans parti pris. Je prend les mots pour ce qu'ils sont et veux croire que l'auteur ne porte aucun jugement de valeur sur les poètes avertis ou les inéduqué, sans procès d'intention qu'il veuille juste remettre l'art et l'émotion vraie au centre des valeurs.
Bien sur il y a l'art et il y a la manière. Ici tout y est.
Et en tant que "rustre" j'admire la forme, le fond et peu me chaud les "conversations".

   Miguel   
4/9/2018
 a aimé ce texte 
Pas
Je me réjouissais de lire un poème sur la poésie classique, et je n'y ai rien compris ; l'auteur valorise-t-il ou raille-t-il la diérèse ? qui sont ces trissotins de la fin ? Les partisans ou les adversaires ? Est-ce exprès que "parlassions" est aussi en diérèse alors que cette terminaison se scande en synérèse ? Je n'ai pas saisi s'il y avait de l'humour ou non. Enfin, je lis le mot "frustre" qui n'existe pas en tant qu'adjectif (il n'existe que le verbe "frustrer") au lieu de "fruste", ce qui n'arrange pas les choses. Désolé, Archibald, ce sera pour une autre fois.
Si par hasard il fallait comprendre que la poésie classique est ici moquée, je ne la défendrais que plus passionnément.

   papipoete   
4/9/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour archibald
Dans un cercle précieux de poésie, faisant face aux ors des miroirs, aux colonnes où des porte-manteaux dorés retiennent les écharpes rouges et les chapeaux d'apparat, l'on eût dit << oh, mon cher Archi, qu'en est-il de votre dernier sonnet ? >> Et ça donne du conditionnel, du subjonctif où les vers étirent des mots en diérèse tels des vers ... lombrics . Oh mais qu'est-ce donc que ces manants ? est-ce possible que dans ce sacré-saint du beau-parlé, l'on invitât ces olibrius !
NB l'auteur tire à boulets rouges ( de rouge à lèvre ) sur ce monde à part, où on se la pète ( mais on ne parle pas de la sorte sous les lambris dorés ! ) et le rimailleur peut aller se rhabiller avec ses vers à 4 sous, et laisser entre eux ces gens de si haute qualité !
Le 8e vers est si délicieux, et boute hors de l'alexandrin la rime pauvre, la rime à peine suffisante !
Les 2 " conversations " ne me surprennent pas, suite à ta " bévue " ; en effet, je propose un poème sur Oniris qui a été lu par mes 2 yeux moult fois ; il est relu par les amis de mon atelier et je le relis avant envoi définitif, et je découvre à la parution une faute plus grosse qu'une mouche sur la joue d'une marquise !
<< Prend garde à toi oh poète ! >>

   Gemini   
4/9/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Des noms ! Des noms ! Il est difficile de croire que cette poésie ait été écrite comme une pure fiction. Allez... Malgré la dose d'humour, évidente, n'eut-il pas fallu rajouter le fameux : toute ressemblance avec des pesonnages connus relèverait du pur hasard ?
Je rejoins Miguel pour la synérèse de parlassions (Ref Banville p33), mais en passant par la Lorraine je me suis bien amusé à lire ce texte.

   Anonyme   
4/11/2018
...( Modéré par moi-même)

   GillesP   
4/9/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Archibald,
Je commente très rarement de la poésie sur ce site, notamment parce que je ne me sens pas toujours assez bien armé pour dépasser une subjectivité mal étayée.

Mais là, une fois n'est pas coutume, je sais expliquer pourquoi j'ai adoré votre texte: le plaisir que j'ai ressenti s'explique par le caractère jubilatoire du sonnet. En effet, mis à part la coquille constituée par la répétition du mot "conversation" à la rime, il me paraît formellement parfait, en même temps qu'il constitue une satire de la perfection formelle propre aux sonnets précieux de la première moitié du XVIIe siècle. Et c'est ce paradoxe qui m'a fait sourire, notamment les nombreuses diérèses, que l'on prend dès lors au second degré, comme une critique de ce procédé parfois un peu facile.

En vous lisant, je me suis souvenu d'un poème de Saint-Amant, "Le Paresseux", qui repose lui aussi sur un paradoxe: le narrateur se décrit comme un oisif, un inactif, un fainéant, qui adresse quelques vers à un ami (ceux-là même que nous lisons). Or, ces vers constituent un sonnet formellement parfait, c'est-à-dire un ouvrage finement ciselé qui a dû nécessiter un long et patient travail, ce qui détruit du même coup la prétendue paresse du narrateur. Les poètes baroques savaient donc bien jouer avec leurs propres codes.

J'ai bien aimé aussi l'idée que tout le monde en prenne pour son grade, les aristocrates comme ceux venant d'une classe sociale moins prestigieuse. On évite ainsi les bons sentiments, consistant à caricaturer uniquement les puissants et à considérer que les autres, ceux qui ne sont pas au sommet de l'échelle sociale, sont forcément bons, gentils, etc. La bêtise peut se loger n'importe où, elle n'est pas l'appanage des gens bien nés. Il y a du Flaubert là-dedans.

Au plaisir de vous relire.

   Anonyme   
4/9/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bravo à l'olibrius Archibald qui a péché ci-dessus quelques marquis et baronnes : tes vers - ce que tu écris et ceux que tu accroches à ton hameçon - sont décidément bons.

J'ai beaucoup aimé cette dérision acide qui vise les disciples intransigeants de Boileau sans être foncièrement méchante.

Ici c'est particulièrement spirituel et poétique :

"La diérèse étire ainsi que des trombones
Quelques mots au hasard des conversations :"

Le choix des rimes en si-ons, si désagréables quand elles sont nombreuses, est étudié et justifié par le propos : la forme colle au fond.

Au plaisir,
E.

   Lulu   
4/9/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Archibald,

J'ai pensé que je n'aimerais pas vraiment votre poème à la lecture, certes un peu restreinte, des deux premiers vers… C'était si descriptif, si loin encore d'une quelconque émotion, mais peut-être et vraisemblablement trop hâtif…

J'ai adoré l'ambiance de poème que je trouve chouette et originale. Notamment ceci : "Tous tes vers sont exquis mais, si tu me pardonnes, / Il faudrait d'hiatus que nous parlassions"... Le discours direct apporte une dimension vivante à l'ensemble qui aurait pu s'en tenir à un certain recul, à la fois froid du fait de la distance, et inintéressant.

Le mot "inéduqué"... Vous me l'apprenez ! Un mot simple, pourtant…

Se moucher aux rideaux ! quelle image !!! Le dernier tercet est magnifique, drôle et sympathique.

J'ai trouvé une belle humeur dans ce poème qui me donne envie de lire d'autres textes de votre plume…

Bien cordialement.

   Anonyme   
4/9/2018
Deux versions possibles : vous raillez la Poésie classique en appuyant sur la diérèse et autres étrangetés pour le "contemporain, le néo et le libre" : c'est du classico-comique très réussi.
Mais si vous venez défendre le classique avec de tels arguments... Quel fiasco !
Je penche pour la première option, car les tercets expriment bien le contraire de ce que vous dites. Antiphrases évidentes (pour moi).

   TheDreamer   
5/9/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Un sonnet régulier en ABAB ABAB CCD EED. Forme choisissant les rimes croisées sur les quatrains (elle fut parfois utilisée par Charles Baudelaire dans ses Fleurs du Mal). La plupart des auteurs lui préférant sur les quatrains les rimes embrassées.

Je suis gêné par l'utilisation à la rime d'un même mot (et donc d'une même terminaison) sur les quatrains (vers 4 et 6 le mot "conversations") ce qui en poésie régulière/classique est absolument prohibé et davantage encore dans la forme fixe du sonnet, mais, je me dis que peut-être la classification en GL autorise cette incartade. - Il faut bien reconnaître qu'il y a un hiatus (sourire) entre le fond de ce poème et cette erreur sur la forme. -

Ici, tout le monde en prend pour son grade. Dans un premier temps sur les quatrains, l'auteur évoque avec un certain embourgeoisement aristocratique, teinté d'un certain cynisme les tenants de la poésie régulière qu'il fait se mouvoir dans un intérieur d'apparence pompeuse pour ne pas dire grossière (ors des grands miroirs ; marbre des colonnes ; plafonds scintillants d'illuminations), les dépeignant sous les traits poussiéreux de "marquises" et "baronnes" discutant discrètement (douce rumeur des conversations).

Dans un second temps, sur les tercets entrent dans la scène quelques "inéduqués" (novices en matière de prosodie) qui viennent se mêler à ceux qui savent. Ils sont plus sévèrement jugés : "rimailleurs scribouillards" ; "poètes cabots" ; "olibrius" et leur attitudes est moquée avec ironie : "ils se mouchent aux rideaux" "... avec force tapage", ils ont un langage frustre", rayent les parquets (ici le sol étant une image de ce qu'est la "belle poésie", avec "leurs gros sabots" (leur piètre connaissance de la règle).

Pour finir mon commentaire, je souligne un certain "courage" à avoir choisi ce thème qui peut ne pas plaire à plus d'un auteur/commentateur ici.

Merci.

Édit - Ne lisant jamais les commentaires publiés avant moi (pour ne pas être influencé), j'ai vu que la faute que je relève a été signalée au comité de lecture sans que le poème ne puisse être corrigé. -

   lucilius   
5/9/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voilà ce que j'appelle du bel ouvrage, avec une pointe sarcastique dont la poésie classique s'affuble rarement.
Tant pis pour les scribouillards de tout poil qui ont le manuel sous le bras droit et la censure dans la main gauche.

   Adienog   
5/9/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

La poésie classique m'ennuie assez souvent. Parfois, cependant, il s'en trouve une qui m'émerveille ou qui m'amuse. Et justement, celle-ci est fort plaisante car votre plaisir est communicatif. Vous écrivez le classique comme d'autres (à écailles ou avec palmes)évoluent dans l'eau. On ne ressent pas l'effort ce qui permet à l'écriture de s'effacer, avec élégance, laissant place et force aux images très colorées, ridicules ou cocasses.

Quatrains, tercets : deux mondes évoqués, moqués. Entre les deux, un miroir à double face, d'une certaine manière interchangeables.

Merci !

   jfmoods   
6/9/2018
Ce sonnet en alexandrins, à rimes embrassées et suivies, suffisantes et riches, majoritairement consonantiques, se présente comme une réflexion taquine sur le carcan de la norme. Il désigne l'écart comme force de soulèvement libertaire (complément de temps : "un soir d'inadvertance").

Au style grand siècle des quatrains, reposant sur la magnificence ("Les ors des grands miroirs, le marbre des colonnes, / Les plafonds scintillants d'illuminations", "les parquets cirés"), la noblesse ("marquises et baronnes"), mais aussi sur la préciosité, l'affectation ronronnante (comparaison qui frise le ridicule : "La diérèse étire ainsi que des trombones", adjectif qualificatif : "exquis", subjonctif imparfait en diérèse : "parlassions") répond la rusticité provocante, véhémente, insurrectionnelle, des tercets (litote : "Quelques inéduqués", épithètes dépréciatifs : "Rimailleurs scribouillards et poètes cabots", "ces olibrius", marques d'indélicatesse : "leurs gros sabots", "Se mouchent aux rideaux", jeu antithétique mettant en perspective savoir-vivre et mauvaises manières : "douce rumeur" / "force tapage", "conversations", "amples discussions" / "fruste langage").

J'ai tout de suite pensé au poème de Victor Hugo intitulé "Réponse à un acte d'accusation".

Merci pour ce partage !

   Pouet   
6/9/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bjr,

on ne sait pas trop si on doit danser sur ses gros sabots à talons aiguilles ou cirer le parquet avec de la boue.

La finesse et l'ironie font ici bon ménage, la plume chatouille gentiment, dépoussière les colonnes marbrées.

Fort divertissant.

   Queribus   
7/9/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

L'éternelle querelle des anciens et des modernes traitée ici avec humour et dérision. Vous avez saisi avec beaucoup d'art et de finesse les différences de deux mondes qui s'opposent mais la querelle ne date pas d'aujourd'hui. En tout cas, vu le nombre de commentaires, votre écrit a suscité beaucoup de passions (à mon avis, c'est bien mieux que de l'indifférence); ça prouve que vous avez juste même si ça ne plait pas à tout le monde.

Sur la forme, il y a bien cette répétition du mot conversations, mais je pense qu'il s'agit d'une (petite) étourderie qui n'enlève rien à la qualité de l'ensemble.

Le tout témoigne d'un grand courage de votre part et, ne serait-ce qu'à ce titre, mérite le respect. N'hésitez pas, à l'avenir, à secouer à nouveau le cocotier, on ne s'ennuie pas en vous lisant.

Bien à vous.

   erratum   
25/9/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir, Archibald !
Voici un sonnet qui me séduit ! Je ne suis pas "poète" à proprement parler puisque le lyrisme me fait (trop) souvent défaut ; je ne me sens que "menuisier" (que détestait Musset que j'adore) ou "maçon" empilant les mots jointés de prose... Pourtant, je m'escrime à écrire des sonnets, ma forme préférée, dans des genres divers... Je suis très à cheval sur la prosodie classique et ses diverses contraintes impitoyables, quoique traitées sous licence poétique par nombre d'auteurs célèbres... Je ne reviendrai pas sur les coms précédents dont je partage l'esprit et je vous tire mon tricorne !

   4168   
3/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pour ce qui est de la diérèse ou de la synérèse, son équivalent plus court d'une syllabe (le nom existant, on a donc potentiellement le choix pour privilégier l'une ou l'autre forme rythmée même dans un sonnet), je suis mon oreille en la matière et ne considère pas comme une faute SA PRO-NON-CIA-TI-ON non plus qu'un hémistiche synérésé à la diable, si l'on veut bien pardonné ce néologisme. Je verrais bien ce sonnet plein de goût rejoindre mon anthologie en ligne. Quelle moisson en un seul jour ! Je suis à nouveau impressionné par le niveau des poètes ici. Dans d'autres forums de poésie, j'ai eu souvent l'impression de lire mes premiers essais d'élève maladroit, en beaucoup moins bien. https://lileduversclassique.home.blog


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