Je n'aime pas du tout les deux premiers vers ; le buvard qui pompe la sueur ne me gênerait pas s'il n'était suivi des encres nuançant leurs cris : image assez confuse qui, pour moi, change brutalement l'ambiance.
On continue avec le mur qui masque sa détresse etc., convenu à mon avis, frôlant la mièvrerie.
Avec le troisième paragraphe, en revanche, on entre dans le vif du sujet d'une manière nette, qui me plaît bien.
Le "sans répit" qui suit me paraît inutile, mis là uniquement pour le rythme, et justement : il tend à le lisser, à affadir ce qui est dit, à brouiller encore un message qui devrait à mon avis être fort, s'affirmer sans fioritures, sans avoir peur de l'âpreté.
Les trois derniers vers me plaisent beaucoup, les trois juste avant, encore une fois, brouillent selon moi l'expression. L'avant-dernier paragraphe est beau et suffit amplement à adoucir l'âpreté de ce qui est dit.

Au final, je trouve que ce poème pèche par manque de dépouillement, ce qui affadit l'expression. Il s'en faut de peu, dommage.

Une critique à peine voilée de l'indifférence générale dans un monde où la page facebook a plus d'importance que la mort annoncée de 12 millions d'affamés.
J'aime bien le ton de cette colère sourde. J'aime bien aussi la compassion qui l'accompagne (que faire devant la force de l'aimant ?) et la netteté des comparaisons.
C'est bien écrit, intelligent, et bien positionné.
Bravo.

De fort belles images, plus ou moins originales (j'aime beaucoup, à ce propos, la première strophe, tandis que la seconde, au contraire, me paraît un peu plus convenue mais bon... cela reste joliment dit), et une écriture maîtrisée. L'usage parcimonieux des rimes est efficace, et reste naturel malgré, justement, cette distribution parcimonieuse ; ce qui est assez rare, il faut bien le dire. Un choix souvent à haut risque mais, ici, parfaitement assumé.

En cela, la forme est agréable, rythmée, poétique, etc. Malheureusement, je ne suis pas du tout convaincu de son adéquation avec le sujet dont il s'agit ici de rendre compte : critique de l'indifférence ambiante face aux malheurs qui nous encerclent d'un peu partout.

Un sujet qui, me semble-t-il, appelle davantage de révolte ou de colère. A la limite, de la résignation (laquelle est souvent plus proche qu'on ne le pense du sentiment de révolte). Mais rien de tout cela ici, avec ce texte "trop" travaillé. Je veux dire par là que l'authenticité du sentiment pâtit de cette forme, certes très bonne, mais plutôt froide. Un rythme et une écriture qui me paraissent trop "convenables" pour traiter de ce sujet : peut-être eux-mêmes imprégnés de cet air du temps ? Je ne sais si c'est voulu, effet de style explicitant le sujet, et quand bien ce serait, le sentiment n'y est pas malgré l'intelligence du procédé...

Bref, un texte marmoréen, bien écrit mais dont l'émotion lui échappe. Difficile, par conséquent, d'être véritablement secoué par cette critique. Difficile d'y croire. Mais c'est bien écrit, oui...

Salut Arielle,

Je n'ai pas aimé les deux vers de début, mais après, le poème est beaucoup mieux , très bien écrit, avec un rythme parfait.

Pourtant il me semble qu'il ne transmet pas assez d'émotions.

J'ai particulièrement aimé :

"Passant l'éponge qui efface
ton triste reflet
dans la glace
le gris furieux de l'océan
t'offre l'oubli
comme un aimant"

Merci, et au plaisir de te relire.

Bonsoir Arielle ! Si je comprends et approuve pleinement la démarche de ce poème, je regrette que la forme ne soit pas à la hauteur du message qu'il véhicule.
J'ai pourtant aimé ce passage...

Tandis que gonfle sans répit
nous transformant en naufrageurs
le flux navrant qu'on arraisonne
des gueux
que le désert talonne...

Je ne pense pas que le buvard soit la meilleure métaphore pour évoquer le problème de ces gens qui meurent en cherchant un eldorado qui se transforme trop souvent en galère...
C'est bien essayé mais je reste un peu sur ma faim.
Merci d'avoir abordé ce sujet qui me tient aussi à coeur !

(Moi aussi...)
Sur un thème aussi actuel, aussi dur et dramatique, je trouve que le style adopté, précieux pour ne pas dire ampoulé, ne convient pas trop...
D'avantage de violence, contenue ou exprimée, aurait beaucoup mieux servi le sujet.
L'impression que j'en ressent est plus une sorte de pitié polie, contrôlée et "civilisée" qu'une révolte même impuissante (et certainement inutile, mais c'est un autre débat...)

Quelques mots autour de ce buvard :

http://www.oniris.be/forum/bavardages-autour-d-un-buvard-t14336s0.html#forumpost185089

Bonjour,



Je n'aime pas l'entame de cet écrit que je trouve maladroite.

Également, beaucop de "que" et de "comme".

Finalement le thème ne me touche pas.


Désolée, une prochaine fois peut-être...


Iris

Bonjour Arielle,

Le début m'a moins plu, enfin je ne trouve pas évident le parallèle entre le buvard et le masque, c'est peut-être pas l'intention mais la forme l'induit un peu je crois, le masque n'éponge pas pour moi, même de façon imagée. L'air du temps qui dégorge m'a arrêté aussi, une couleur, une encre (je parle pas de poireau... ) peut "dégorger", faire des bavures mais une atmosphère... si, ça pourrait en fait, mais ça ne sonne pas bien alors à mon goût. Le quatrième passage est plus chantant, plus "évident" et à la fin, j'aurais presque lu "amant" plutôt que "aimant" bien que ça puisse faire une sorte de synonyme, avec un sens plus large pour "aimant". Là aussi, c'est peut-être ma lecture, mais le thème un peu flou me semblait plus aller vers les sentiments que vers l'émotion ou la contemplation, le "tu" sans doute, qu'il s'adresse au miroir ou bien à l'autre.