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Poésie libre
Automnale : Sur le sofa
 Publié le 01/11/09  -  13 commentaires  -  1289 caractères  -  171 lectures    Autres textes du même auteur

Les films de la vie ne sont pas toujours à l'eau de rose...


Sur le sofa



Les jours de doute, de lassitude, de brume,
Je regarde mon aigue-marine
Et gamberge sur la dune.
Au gré des alizés qui passent sur ma peine,
La vie, ta mort,
Je me fais du cinéma, sur le sofa.

Tu n’es plus là.

Là-bas, une algue tangue ou se noie.
J’effleure les oyats, groggy,
L’orpin blanc, figé,
Les ailes d’un macareux moine.
Les flots passent dans mes yeux
Et dans le ciel trop cotonneux,

Où es-tu ?

La plage mazoutée, désertée,
Offre ses lames acérées,
Ses presse-papiers fêlés par l’ouragan,
Ses bouteilles, sans aucun message, brisées.
Sur le sable mouillé, je grave ton nom.
Abandon.

Je crie. Tu n’entends pas.

Les goélands hurlent dans les haubans.
Dans les filets, déchirés,
Frémissent les astéries.
Les immortelles, fanées,
Dispersent leur fragrance sur les sanglots
Des vagues retirées.

Viendras-tu me chercher ?

Le désarroi, ancré dans la vase,
Inspire un aquarelliste désabusé.
Un fou de Bassan gémit.
Nul ne verra plus tournoyer ta robe indigo,
N’entendra plus ton rire crescendo.
Le doris part à la dérive.

À quoi bon faire du cinéma, sur le sofa ?


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   jaimme   
1/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai l'impression, après plusieurs lectures, de lire la désespérance face à plusieurs histoires: une rupture, une mort, un abandon, d'un homme, d'une femme, peut-être d'un enfant. Plusieurs histoires successives ou mêlées. C'est l'aspect qui me plaît le plus.
Les images, les strophes elles-mêmes me touchent moins même si l'atmosphère est bien dessinée. Pesante, sous un ciel littoral grisâtre.
"A quoi bon"? Oui, mais suffit-il de le dire?
Merci Automnale.

   Anonyme   
2/11/2009
Beaucoup de non-dits. Une poésie intimiste, belle et quelque chose qui tient de la résignation et de la contemplation. De murmures en silences, réfugié(e) dans un sofa, l'horizon se disperse, aquarelle, une algue qui tangue ou se noie. Tout en délicatesse, comme souvent chez l'auteure.

   Garance   
2/11/2009
Des paroles de coeur, un corps triste sur le sofa et la pensée visualise la plage...la douleur se diffuse (se dilue) dans le paysage - l'air, l'eau, le minéral et la nature animale ; chacun emporte une parcelle de douleur.
J'espère qu'en quittant le sofa la peine aura été moins lourde à porter.
Je ne peux pas mettre d'appréciation.

   colibam   
2/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Le regard embué dans les reflets translucides et profonds de l'aigue-marine, les souvenirs qui tournoient dans un ciel de tempête, l'absence, réelle ou suggérée par l'atmosphère tourmentée, les références florales (on retrouve les oyats chers à l'auteur), la nature souillée, les doris abandonnés des Terre-Neuvas dépeignent un tableau désenchanté, une complainte saturée de spleen mais qui se lit agréablement.

   LeopoldPartisan   
2/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comme dans chacun de ses textes, la grande force d’Automnale c’est pouvoir nous faire partager tant et tant de choses en si peu de mots.
Je suis toujours subjugué par cette qualité que je qualifierais pour ma part de généralement féminine, si hélas mes égales de l’autre sexe ne causait pas tant ; nous démontrant ainsi l’inadéquation et la nullité de ce que je viens d’avancer. Trêve de plaisanterie, mais Automnale est la seconde écrivaine que je connaisse à posséder ce don qui je ne le répéterai jamais assez est pour moi quasi magique.
Cela éveille en moi une douce rêverie dans laquelle je me laisse emporter très, très loin et pour un bon moment comme pris dans un tourbillon d’espace temps extensible à l’infini.

Chaque couple de vers peut être un roman complet dans lequel je me plonge à la vitesse de la lumière et qui agit un peu comme si une dernière seconde était venue et que durant un si court laps de temps toute une vie défile avec force de détails et de souvenirs.

A tout ceux qui n’ont pas vécu ce genre d’expérience, je ne peux que vous inviter à la tenter avec ce texte superbe.

   pieralun   
2/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Beaucoup de délicatesse dans ce texte iodé. Une très belle première partie sur la dune et une magnifique strophe; "Les goélands........."
Je ne sais pas si l'inspiration de ce texte appartient au vécu, mais si oui,............il y a de belles douleurs.

   wancyrs   
3/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Tout était presque parfait, j'usqu'à l'entame de la dernière strophe. Pourquoi l'article défini "le" ? lorsque tu parle du désarroi ?
Je l'ai ressenti comme une cassure de rythme car, lorsqu'on suit la logique avec laquelle l'auteur evoque les sentiments, il utilise les pronoms personnels, alors pourquoi parlant de son désarroi, il utilise un article ?
Sinon, j'aime cette douce rêverie sur le sofa...
... Ses bouteilles, sans aucun message, brisées. Me rappelle un peu De Vigny, et j'aime.
Je n'ai pas aimé les mots : Gamberge, Groggy, que je trouve un peu vulgaire.
Bref dans l'ensemble, un bon moment de rêverie

   brabant   
3/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Automnale,

Que d'accablement dans ce texte ! Que de désarroi ! Assise sur "le sofa" - tu écris "le" et non pas "mon", ce qui le secondarise, lui que l'on attendait complice, lieu qui ne joue pas le rôle qui lui est est normalement dévolu et qui joue même un rôle à contre-emploi, non pas de ""jeu"" et/ou de ""réconfort"" - ton "aigue-marine" est ton point d'ancrage et de navigation anthropomorphe, voyage, évasion sombre calquée sur le dedans, qui te projette dans le paysage côtier, marin familier que tu deshumanises en lui enlevant son âme ou en en faisant une âme mauvaise, tu en fais le lieu de l'absence, le lieu de la douleur. Je ne lis pas d'espoir, je ne vois pas d'espoir dans cette crise. Tout au plus te secoues-tu, j'ose "t'ébroues-tu" (lol) pour amener quelque de ""plus"" positif, à la fin, mais l'absence reste ta compagne.
J'avoue m'être égaré dans ce texte très lourd, j'ai d'abord pensé à un mari: "La vie, tamort/ Tu n'es plus là/ Où es-tu/ ... je grave ton nom/ Abandon ((jolie formule qui me fait penser à "J'écris ton nom: Liberté" d'Aragon, curieux rapprochement!)) (( et le sable est "mouillé" qui pleure!))/Tu n'entends pas/Viendras-tu me chercher ?"
Puis tu écris "Nul ne verra plus tournoyer ta robe indigo", alors je me dis, il s'agit de la mort d'un enfant, le paroxysme de la douleur pour une mère, blessure ouverte, qui laisse désemparé: "Le doris part à la dérive".
Je me demande aussi, s'agit-il d'un mari qui pleure le ""départ"" de sa femme, mais là, alors, je m'égare: "groggy" renvoie-til aux oyats ? "figé" à orpin ? Donc à un homme qui serait le personnage énonçant de ce texte. Je voudrais croire à cette solution qui renverrait le texte dans l'imaginaire, mais je devine que cela n'est pas le cas.
Ce texte crie, encore et encore, la douleur de l'absence. Je ne veux pas en faire une étude exhaustive. Je relèverai simplement l' "algue qui tangue ((et)) se noie", les "oyats, groggy", le "macareux moine" (le moine vit en communauté et cependant quelle plus grande solitude que la sienne: retrait du monde, cellule austère; mais lui-aussi communie ou tente de communier, pas gentil ce "tente de", lol! autant pour moi!), les "presses-papiers" fêlés, les "bouteilles, sans aucun message, brisées" ((insistance aiguë sur l'absence, bouteilles non seulement vides, mais brisées)), "Je crie/.../Les goélands hurlent" (( au diapason voire plus fort et les cris se mélangent et se perdent )), les "immortelles, fanées". De nombreuses alliances de contraires!...
Il y a encore beaucoup à dire sur cette poésie: le choix des verbes, celui des adjectifs, qui tous renvoient à une sorte d'hébétude hypnotique, ressassée, d'incompréhension, de révolte, de renoncement.
Le dernier vers vient heureusement arracher le texte à sa torpeur fascinée (l'aigue-marine et le sofa sont ici et des consolateurs et des faux amis, points de fixation et lieux et...): "A quoi bon faire du cinéma, sur le sofa" malgré le point d'interrogation "?". Je le remplacerais par une série point d'exclamation et je me débarrasserais du sofa !!!! Points colère !!!! (lol)
Il me semble que le grand questionnement de ce texte, s'il est celui de la perte de sa chair, est aussi un questionnement sur la mort. Comment se situer par rapport à celle-ci et pour cela la définir pour pouvoir entretenir avec elle un rapport apaisé, dominer la mort pour mieux la vivre. Faut-il pour cela avoir été soi-même en état de mort imminente et en être revenu pour y parvenir, pouvoir alors la dévêtir de ses oripeaux romantiques et symboliques ? Probablement...
Difficile de noter...

Merci Automnale pour ce beau texte, ce texte émouvant.

   Chene   
20/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Automnale

Un poème sur l'absence qui ne se laisse pas approcher à la première lecture. Il y a ce quotidien maritime qui plante le décor (comme dans la Chanson des oyats) : la dune omniprésente et ses références botaniques, la mer, la plage.
Tout un paysage où les pensées peuvent s'évader, tristement, avec la douleur chevillée au corps et avec mélancolie.

Le rythme est lancinant ponctué de questionnements qui viennent rompre la sérénité du paysage marin.

Toute une ambiance très bien rendue même si l'absence reste comme en suspend... pour retomber dans une certaine résignation ("A quoi bon...").

Chene

   Meleagre   
6/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Automnale,
Il m'a fallu plusieurs lectures, à tête reposée ou à voix haute, pour saisir toute la poésie et la musicalité de ce texte. Je sens tout le désarroi, le désespoir qui s'en dégage, mais je n'en saisis pas l'objet, je ne sais pas quelle absence (éloignement ou mort ?)déplore le narrateur : un mari ? une femme ? un enfant ?
J'aime beaucoup la structure de ce poème :
- une strophe de six syllabes, où la rêverie évoque le souvenir ou le désir de promenades sur la plage, attristées par cette absence
- et des strophes d'une syllabe, qui évoque les sentiments du narrateur, ses réactions face à cette rêverie. Cela permet de bien marquer l'évolution de ce désespoir, de cette absence, notamment grâce à la reprise de "je me fais du cinéma, sur le sofa", à la fin du poème.

Quelques très beaux vers, saisissants :
"Je regarde mon aigue-marine
Et gamberge sur la dune.
Au gré des alizés qui passent sur ma peine..."
"Sur le sable mouillé, je grave ton nom.
Abandon."
"Les immortelles, fanées,
Dispersent leur fragrance sur les sanglots
Des vagues retirées."

Une fois encore, tous les sens sont interpellés dans cette description d'une plage automnale (normande ? bretonne ?) ; le lecteur est transporté, et s'y promène en observant tous ces détails.

Merci Automnale pour ce poème, beau et troublant.

   belaid63   
7/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
zoom avant sur un coeur en berne!
ce cinéma me plais beaucoup
je suis preneur
bravo automnale

   thea   
7/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
et bien oui j'aime cette poèsie...ce miroir de l'âme...où se reflète celle de l'auteur et peut être la notre? j'ai aimé lire à voix haute cette longue plainte qui accompagne ma promenade sur les dunes...il fait gris bien sur, mais cette mélancolie là me rassure en quelque sorte puisqu'une fois posée sur le papier l'instant passé , elle s'est peut être envolée..

j'ai apprécié le rythme..la musique douce...cette douceur qui parfois effraie..il est tellement plus facile de crier!!
merci à toi automnale pour ce partage
j'ai beaucoup aimé te lire
Th.

   shanne   
8/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour,
J'aime la construction de ce poème, les vers mis en évidence donnent une force à ce texte: tu n'es plus là, où es tu ? je crie, tu ne m'entends pas, viendras tu me chercher ? à quoi bon se faire du cinéma ? J'entends cette souffrance et je vois les différentes étapes d'un deuil à effectuer: je sais mais....je ne veux pas y croire, ne me laisse pas comme ça, viens et le retour à la réalité...à quoi bon ?
Merci à vous


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