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Poésie classique
Boutet : Mon futur proche
 Publié le 10/12/25  -  16 commentaires  -  762 caractères  -  171 lectures    Autres textes du même auteur

« Tout ce qui doit arriver arrive, quand bien même on s’y refuserait. »
Sénèque


Mon futur proche



J'aimais l'ombre sereine et douce du silence,
Les soirs de solitude apaisant mes tracas,
Ce voile de douceur sans courroux ni fracas
Enveloppait mes nuits d'un réconfort intense.

Ta retraite viendra m'imposer ta présence ;
J'entends déjà le sol bruire sous tes pas,
Ton regard dédaigneux et tes désirs ingrats
Pèseront sur les jours de ma sombre existence.

Ton règne scellera mon sinistre destin ;
De reproches feutrés le futur se dessine
Me ployant sous le joug de ta verve assassine.

Je ne défierai pas ton pouvoir souverain
Auquel depuis longtemps j'obéis et succombe,
Un pied dans le brouillard et l'autre dans la tombe,

Ton repos signera le début de ma fin.


 
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   Cristale   
14/11/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Eh bien ! C'est gai. Que d'amertume dans ces propos.
Mais quel monstre noircit autant la vie du (de la) narrateur (trice)? Il n'a plus qu'à espérer l'allongement de l'âge de la retraite pour son bourreau.
Quoi qu'il en soit, le propos non genré est bien mené et la versification agréable.
Pauvre poète(sse).

   ANIMAL   
15/11/2025
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Ce poème donne la sensation de ployer sous la soumission et la résignation. Donc sur la forme il atteint son but.
La narratrice (supposée une femme) sait que la retraite de son mari (on le suppose aussi) va faire de sa vie tranquille un enfer. Cela s'exprime par la douceur avec laquelle s'amorce la première strophe, qui concerne la vie présente de la narratrice, et les suivantes, qui tournent bien vite au dépit et au renoncement.
Une remarque : on suppose que ledit futur retraité travaille de nuit ou s'absente souvent puisque soirs et nuits sont "de solitude".

Le vocabulaire est à l'avenant "ton règne" " souverain" "j'obéis". Sans connaître le contexte familial et social, difficile de déterminer si la narratrice dispose d'issues de secours à sa situation ou si elle est simplement d'un caractère mou et dolent, voire masochiste, puisqu'elle n'envisage même pas de réagir.

Sur le fond, je ne peux pas dire que j'adhère, loin de là. Mais c'est le choix de l'auteur.

   Lebarde   
17/11/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
C'est vrai çà, quand on est seul à la retraite on prend ses habitudes ("J'aimais l'ombre sereine et douce du silence") et l'arrivée de la conjointe, qui elle aussi a bien le droit de prendre un repos mérité ("Ta retraite viendra m'imposer ta présence ") la vie risque bien de changer.

Tous les vers sont là pour énumérer avec un brin d'humour et beaucoup de poésie tous les défis auxquels il faudra faire face.
Me trompe-je? Ai-je tout bien compris?

"Ton repos signera le début de ma fin."
Un vers de conclusion sans appel .
N'est-ce pas un peu dur quand même? mais disons que c'est pour rire, et vous ne le pensez pas vraiment n'est-ce pas?

Ce sonnet classique respecte parfaitement les règles, sa lecture est agréable et plaisante, j'aime bien.

En EL

   GiL   
18/11/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
À éviter absolument les soirs de déprime !!!

Le thème est familier : quand survient la retraite, le couple saura-t-il s’adapter ? Sur ce sujet les anecdotes désabusées voire pessimistes ne manquent pas…
Mais ici, on entre dans une autre dimension, mortifère. Le premier quatrain exprime avec émotion les moments de liberté et de bonheur de la narratrice en l’absence de son conjoint, mais laisse entrevoir en négatif ce que doit être la vie en sa présence. Le maître-mot du deuxième quatrain est la résignation à laquelle elle sera quotidiennement contrainte. La suite fait ressentir son désespoir et son impuissance devant cette emprise de pervers manipulateur. Le dernier vers en médaillon résume l’horreur de la situation.

Ce sonnet quinzain est remarquablement bien écrit ; c’est un constat sans ostentation, sans effet de style, l’émotion naît d’énoncés simples avec des mots justes. Sa lecture a été pour moi un choc. Il m’a fallu le relire pour en apprécier la construction, le style et le choix des mots.

Félicitations.
GiL en EL

   papipoete   
20/11/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
classique
J'étais bien tranquille; au fond de ma solitude...qui bientôt ne sera plus ; auprès de moi, dorénavant tu seras là épiant le moindre de mes faits et gestes, et critiquant blâmant tout ce que je ferai !
Résigné, je t'obéirai au doigt et à l'oeil, ( ai-je le choix ? ) et je ne rêverai plus qu'à cet événement
- ton départ à jamais
NB quelle cruauté ! Savoir, qu'il faudra à deux réunis pour le reste de la vie, supporter un calvaire ( nous nous aimions et étions promis amour, toujours, jusqu'à ce que la mort...)
un scénario encore plus noir que celui du " chat " avec Gabin et Signoret !!
c'est tellement bien écrit, que ça me glace les yeux !
la seconde strophe est redoutable ( et je regarde ma mie, heureux... )
alexandrins impeccables !
PS une hésitation au 12e vers ( défierai ) le e de défiErai se compte-t-il ? je ne sais plus !
papipoète

   Cyrill   
23/11/2025
trouve l'écriture
convenable
et
n'aime pas
Je ne peux pas dire que j’ai aimé le ton de résignation de ce poème, introduit par la citation de Sénèque. Le propos qui tourne autour d’une relation de victime à bourreau me paraît davantage mis en vers rimés et rythmés que poétisé. Le premier quatrain me semblait augurer du bon, mais la simple mention de « retraite », sans parler du titre, installe la lecture dans quelque chose de trivial, et je n’ai pas eu le sentiment d’en sortir. Désolé.  

   Donaldo75   
23/11/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
L'exergue me sert d'explication pour le fond de ce poème dont le thème ne fait pas partie de mes favoris. Cependant, il m'a fallu du temps avant de savoir comment le commenter parce qu'il ne souffre pas spécialement de scories mais il ne m'a pas emballé outre mesure. La forme est là, certes.

J'ai bien peur que ce soit tout ce que cela m'inspire.

   Ornicar   
23/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je trouve ce poème très bien fait et très bien construit. Le contraste entre le premier et deuxième quatrains est saisissant. Ca monte encore d'un niveau dans les tercets qui dressent le portrait d'un véritable despote au foyer comme l'attestent ces expressions : "ton règne" et "ton pouvoir souverain". Mais la passivité totale de la victime met mal à l'aise. Ainsi que l'aspect clinique et froid du poème : il n'y a pas d'affect comme si la narratrice était sa propre spectatrice, dans un état proche de ce qu'on appelle la sidération.
J'aime bien l'ironie glaçante que je crois déceler dans le titre, "Mon futur proche". Le "futur" pouvant vouloir désigner à la fois l'avenir et le fiancé qu'a pu être cet homme dans un passé très antérieur.
Spontanément, bien sûr, j'imagine une narratrice sous l'emprise de son mari. Mais le "petit plus" de ce texte est qu'il ne projette en réalité aucun stéréotype puisque le "je" pourrait tout aussi bien être un narrateur...

   Marceau   
10/12/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Boutet,

quelle puissance dans ce poème ! Il m'a évoqué immédiatement "Le vin de l'Assassin" de Baudelaire. "Ma femme est morte, je suis libre" sera donc la prochaine étape de votre "Futur proche" ?

Est-ce bien moral tout ça ? Devrions-nous intenter procès comme en 1857 pour Les Fleurs de Baudelaire ? Est-ce une "histoire vraie" ? Est-ce un homme ? Une femme ? Est-ce que l'attitude résignée de la "victime" est critiquable ?

Toutes ces questions me semblent nulles et non avenues. Je goûte ce poème pour ce qu'il est : un poème qui relève du sublime et d'une audace devenue rare, hélas.

Merci pour ce mémorable moment de lecture.

   Provencao   
10/12/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Boutet,

"Ton regard dédaigneux, ma sombre existence, sinistre destin, ta verve assassine..."

Ces mots forts, amers, horribles, funestes sont écrasants dans ce vide. Les plus inouïes empreintes de cette pensée féminine employées à détruire, cette femme au destin évanoui...

À la la lecture de cette poésie, on est loin d'être caressé avec de l'âme...

Au plaisir de vous lire,
Cordialement

   Robot   
10/12/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
Excellent classique d'une âcreté caustique. Il semble qu'il y ait eu de la soumission jusque là. J'ai envie de dire: Mais pourquoi ne se sont-ils pas séparés avant.
Une écriture aboutie dont je n'apprécie pas le fond de résignation et d'assujettissement parce que je n'y décèle pas d'humour qui aurait pu atténuer le discours et le faire passer pour une boutade entre les conjoints.

   Ascar   
10/12/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Déjà sur la forme, rien à redire. Nul doute du travail qu'il faut pour parvenir à cette apparente simplicité. Sur le fond, le narrateur traite le retour du dragon qui va lui "pourrir" la vie. C'est très explicite et peut-être un peu trop. Des images plus suggestives auraient pu accentuer ce sentiment de désarrois.

Quoiqu'il en soit, l'ensemble a de la tenue

merci pour ce moment de lecture

   Kirax   
10/12/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
On pourrait croire cette proposition désagréable, repoussante, à cause du thème : une personne, malheureuse, acceptant une forme malsaine de soumission.

Mais, faisons une réflexion : qu'est ce que l'art ? Vaste question.
Heureusement, j'ai la réponse : l'art consiste à induire des sentiments chez le spectateur/auditeur/lecteur.
Et ce poème génère des sentiments : un sentiment de malaise, de révolte, d'indignation. De tristesse.
Pour rien au monde nous ne voudrions embrasser le prochain quotidien du narrateur/narratrice.

Mais ce poème n'est pas seulement riche en émotions ; il est également très agréable dans sa forme, avec une belle versification. L'auteur de ce poème a réalisé un superbe travail, qui nous bouscule, qui nous poigne l'âme, et je pense... que ce travail doit être assez original, cela m'étonnerait que l'angle choisi ait été traité par de nombreux poètes.

Merci pour ce moment de lecture.

PS : mes vers préférés sont

"Auquel depuis longtemps j'obéis et succombe,
Un pied dans le brouillard et l'autre dans la tombe"

   RaMor   
10/12/2025
Bonsoir,

La versification tient, la structure est claire. Mais le texte reste en surface.
« Regard dédaigneux », « verve assassine », « pouvoir souverain » sont des formules. Elles nomment l'oppression mais ne la font pas sentir. Il manque quelque chose de concret.
La résignation totale du « je » aplatit le propos.
L'exergue de Sénèque n'aide pas : il annonce le fatalisme et supprime toute tension avant même le premier vers.

Cdt

   Bodelere   
10/12/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
​Votre poème m’a bluffé...C’est vrai qu’il y a du Baudelaire dans le thème et c’est superbement écrit
La Montée de l'Angoisse : L'anxiété est rendue concrète par des détails sensoriels : "le sol bruire sous tes pas", "Ton regard dédaigneux", "reproches feutrés", "verve assassine".
​Le Sentiment d'Impuissance : L'acceptation du destin est touchante : "Je ne défierai pas ton pouvoir souverain / Auquel depuis longtemps j'obéis et succombe". C'est un destin subi, non combattu.
​La Chute Tragique : La chute (le dernier vers isolé) est extrêmement percutante et conclusive : "Ton repos signera le début de ma fin." C'est tragique et définitif.
Pour conclure, j’ai adoré et j’aurais bien voulu l'écrire ce poème

   Albertus   
11/12/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Difficile pour moi qui ne suis plus très loin de la retraite, de m’émerveiller à l’idée que ma chère et tendre moitié déjà retraitée, assimilerait mon repos au début de sa propre fin, qu’elle se crispe à la seule pensée que je puisse marcher dans la maison (“j’entends déjà le sol bruire sous tes pas”) ou que mes désirs soient nécessairement ingrats.

C’est un poème aussi sinistre que le destin cité à la troisième strophe et le fait que le poème soit à la fois remarquablement bien écrit et facile à lire y contribue d’ailleurs. On en est à se demander si le narrateur / la narratrice éprouve une certaine amertume apaisante dans la mélancolie et si la personne bientôt retraitée est en quelque sorte la muse qui alimente cet état mélancolique.


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