Il y a dans ce poème-chanson une énergie , un optimisme insolent qui sont loin d'être déplaisants :
"Je parle seul
J'embrasse le ciel
On se met d'accord
Pour du soleil"
ou
"Je soulève un coin d'habitude
Je retrousse la nuit
Le pain est coupé
Le sel est offert"

J'aime bien l'ambiguité du dernier "je m'invente" en revanche je ne comprends pas trop qui est ce "il" intervenant juste après mais l'ensemble dégage une volonté de " fuir les grises mines, les jours carbones" si communicative que sa petite musique me réjouit

C'est mignon tout plein cette amante que vous vous inventez, car elle n'a pas de visage, elle est interchangeable, c'est la vôtre mais ça pourrait être la mienne, ça pourrait être celle de tout le monde, de tous les solitaires, de tous ceux qui sont en panne d'amante.

C'est peut-être pour cela que l'on marche, on est solidaire. Les filles qui liront cela pour sûr auront envie d'être cette amante, d'ailleurs au lu du poème toutes peuvent l'être.

Enfin, après, il faudra que le poète se dégourdisse peut-être un peu, et qu'il quitte son fauteuil et qu'il se décarcasse car c'est pas tout d'inventer, il faut assumer ensuite... et ça, ça reste à gagner.

Bon, vous offrez le filet...


J'ai aimé "grises mines" et "jours carbones", "Les yeux gommés", j'ai aimé : "Je soulève un coin d'habitude/ Je retrousse la nuit". J'aurais peut-être mis deux ou trois strophes de plus avant les deux vers finals... pour ne pas qu'on me la pique, mon amante !

Ah, ça me plaît pas mal... Je craignais une niaiserie pleurnicharde sur la solitude, mais ce poème, malgré la tristesse du sujet, a une allégresse, un côté "et merde, faut bien vivre !" que je trouve réconfortant. J'aime bien le rythme de vers courts, et me dis que le poème serait peut-être plus souple, plus débraillé et naturel sans la majuscule obligatoire à chaque début de vers attention-c'est-de-la-poésie-la preuve. Votre texte n'a pas besoin de ça !

Mon quatrain préféré :
"Je cueille les fleurs
Les plus déraisonnables
Que je colle
Sur des draps blancs",
tout simple et rêveur.

J'aime bien, -sans plus-, l'idée du texte et le ton léger pour le traiter.

Quelques petites images çà et là qui m'ont fait sourire : courir le monde le cul dans le fauteuil, Je retrousse la nuit, etc...

Mais à part ça, je trouve que ça manque un peu de profondeur au niveau du fond, et que les tournures sont un peu plates, par exemple "Pour ne pas m'endormir / Pour rester debout", ou encore "Je marche / Les bras aux vents"

Mais surtout, le gros reproche, c'est au niveau de la prosodie. Ça pourrait être une chanson très rythmée, hélas, la structure est asymétrique, du coup les deux vers qui concluent chaque strophe donnent l'impression d'une prosodie chaotique et mal maîtrisée. Dommage : "je m'invente / une amante", c'était bien trouvé, ça tombait très bien.

Autre chose : j'ai trouvé que les vers étaient un peu interchangeables, et le texte ne m'a pas paru progresser....

Télégraphique sans être haché... pas très loin de la chanson pour l'idée unique, tenue tout du long... mais bien dans sa catégorie pour l'aléas des pieds et l'absence de rimes (même si de très bonnes chansons s'en passent).

Pas grand chose à ajouter si ce n'est une indéniable efficacité allié à une distance qui évite le pathos. C'est (dans le texte) assumé et c'est très bien ainsi.

Bonjour Brisaille,

C'est un peu comme un fantôme, ce genre de rêve. Bien que le terme "amante" soit assez "charnel", par rapport à "compagne" par exemple, elle n'est pas vraiment décrite dans les vers, elle n'y est pas créée, ni élancée ou plantureuse, ni blonde ou brune. Le poème est assez musicale avec cette rengaine de l'invention, ces vers et strophes courts.

J'aime tout là dedans!
Léger comme un petit jacouzi de champagne
Musical!
L'intro des deux premiers vers!
"On se met d'accord pour du soleil!...et les fleurs déraisonnables! C'est charmant!...et soulever un coin d'habitude aussi!!
On est certain d'être en poésie avec cette simplicité élégante!

Le titre "L'amante" m'a attiré, mais j'ai été très déçu par ma lecture, qui n'est que du vent. Une invention qui ne rime à rien du tout, pour se donner l'impression d'exister, Mais c'est horrible, comme notion. Il y a sûrement mieux à faire que de s'enfermer encore davantage dans cet isolement.

Et le comble est dans cette strophe :

" Je m'écris des lettres
De pays lointains
Tendres amoureuses
Et longues "

Là, franchement je m'interroge, on frôle la pathologie grave ...
C'est dangereux, cette fuite de la réalité en s'enfermant dans l'illusion d'un être fantôme, sans prise de contact, ni de responsabilité, ni partage, ni échange.

Texte déstabilisant ...