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Poésie contemporaine
Carmiquel : Méharée (fragments)
 Publié le 08/06/12  -  7 commentaires  -  2664 caractères  -  100 lectures    Autres textes du même auteur

Où lire souvent harasse quand tant de rimes abondent… tant pis la caravane passe.


Méharée (fragments)



L’arène de nos cours est une aire trop ronde
le pur-sang y renâcle et le chameau bougonne
Notre vie n’est plus là – il faut qu’on les arçonne
Nous partons
Le remords vous morfonde !



Le chagrin sera long mais si la terre est ronde
un jour ici verra revenir tout le monde
riche d’un or d’un rang et d’un sort qui étonnent
ou
d’une onction d’une Foi et d’un cœur qui pardonnent
Venues de Trébizonde la mésange et l'aronde
choisiront notre route ou Médine
ou Golconde



L’assaut des hamadas, de leurs parois brutales
nous coûte en escalades…
et en dégringolades
Les lits des oueds, plus lents mais plus commodes
– la patience est de règle quand les crues les abondent –
guideront notre route toujours vers plus d'amont



À l'entrée des déserts les routes abandonnent
désormais nous aurons portulans et calendes
dans le ciel transparent
toute une mappemonde



Le chagrin est un poids qu'un jour on abandonne
Le pas qui se soulève
et le sabot qui va
laissent derrière soi un sable sans mémoire
Le chemin sera long puisque la terre est ronde



Les lits des seguias ont des rives fragiles
Arrêtons le galop de nos bêtes fébriles
regardons s’écouler les eaux qui les fraîchissent



Le sable est une mer où les bêtes ahanent
un temps donné à l’homme d’interroger son âme
et ce temps lentement y devient une manne
Le roulis est un qat qui monte dans nos lombes
et le vent entêtant un nard qui nous enchante
parfois la pente croule sous le sabot qui flanche



Où la route abandonne et le retard s'invite
la patience est de règle et l'ennui est son lot
notre cœur est une eau qui vire au marigot



Le lit des oueds ont des gorges profondes
la patience est la règle quand les crues les abondent :
laissons passer
sourds à l'écume qui monte
la charge de mouflons
des eaux qui les inondent



Que le chemin est long puisque la terre est monde
et demain est un mal qu'on ne doit à personne
la patience est de règle où le cœur abandonne
le pas qui se soulève
et le sabot qui va
ne marquent même pas les sables insondables


 
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   Anonyme   
18/5/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je trouve du charme à cette ambiance orientale, les mots insolites dont je ne connais pas toujours bien le sens y aident à mon avis : hamadas, oueds, qat, nard etc. J'aime bien aussi les retours, répétitions de termes ou de fragments de vers qui à mon avis conviennent bien au sujet, le désert toujours le même et toujours différent. Le mélange de rimes et d'assonances me plaît aussi, on est dans un espace vague, étendu, on marche l'amble et ça balance, ça vogue.
La force de ce poème, pour moi, est sa cohérence : je n'y vois aucun vers qui ressort tellement, il y a une espèce de côté cyclique au mouvement, et pourtant une histoire est contée, avec l'évocation du départ au début.
Je ne suis pas certaine de l'utilité des points de suspension entre les strophes, pour moi ils insistent un peu trop sur l'errance ; j'aurais préféré que le poème reposât uniquement sur ses mots pour son expression, j'ai le sentiment qu'ils suffisent.

"la patience est de règle et l'ennui est son lot
notre cœur est un eau" : trois "est" en un vers et demi, à mon avis cela se voit et donne une impression d'appauvrissement de l'expression.

   Anonyme   
19/6/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un long poème comme un long cheminement au rythme chaloupé des chameaux et méhari(s) sur la route des caravanes d'orient, une musique et des images parfois somptueuses qui touchent à la pensée philosophique. Au sein d'un exotisme de bon aloi "Méharée, Trébizonde, Médine, Golconde, hamadas,oueds, seguias, qad, nard" c'est toute la patience et le fatalisme propres à l'orient qu'on voit, qu'on entend et qu'on sent se manifester. J'apprécie les rappels en refrain qui résument toute une sagesse.
"Le chagrin sera long mais si la terre est ronde...
Que le chemin est long puisque la terre est monde
la patience est de règle et l'ennui est son lot
la patience est la règle quand les crues les abondent"
De superbes images (il faudrait en citer beaucoup) et une dernière strophe somptueuse
"la patience est de règle où le coeur abandonne
le pas qui se soulève
et le sabot qui va
ne marquent même pas les sables insondables."

   Anonyme   
29/5/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai aimé,
ce rythme régulier, ces assonances et ces rimes, l'atmosphère de ce voyage.
la répétition de ces mots "puisque le terre est ronde" qui renforce l'idée d'un voyage sans fin.
Un vocabulaire choisi judicieusement en harmonie avec le propos.

   Arielle   
9/6/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
A la fois découverte et retour sur soi ce voyage plein d'embûches et d'une détermination inébranlable me paraît une intéressante métaphore de toute vie humaine.

J'ai aimé me laisser embarquer par un vocabulaire que je ne maitrise pas mais que je vais tenter d'éclaircir par la suite quand j'aurai dépassé le stade de la pure jouissance offerte par la musique des rythmes et des mystères.

J'ai aimé la lucidité du propos :

"Le chagrin sera long mais si la terre est ronde" ...
"– la patience est de règle quand les crues les abondent –" ...
"le pas qui se soulève
et le sabot qui va
ne marquent même pas les sables insondables"

Il y a quelquechose d'un pantoum trés libéré dans ce poème qui entrcroise les thèmes du voyage et de la réflexion "un temps donné à l’homme d’interroger son âme"

Un poème dans lequel le sens et la forme s'accordent merveilleusement et qui donne envie de plusieurs relectures

   wancyrs   
11/6/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je me suis demandé un jour si les "PROVERBES" du roi Salomon dans la Bible, était une forme de poésie... Dans ce texte, j'ai ma réponse. Celui-ci est plein de sagesse ; à ressentir plus que d'essayer de comprendre, lire avec son coeur, et non avec sa tête... j'aime particulièrement :

Le chagrin est un poids qu'un jour on abandonne
Le pas qui se soulève
et le sabot qui va
laissent derrière soi un sable sans mémoire
Le chemin sera long puisque la terre est rond

Merci

   LeopoldPartisan   
12/6/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Par un effet d'espace temps poétique, la lecture de ce texte m'a replongé dans mon adolescence où par des étés pluvieux et solitaire, je voyageais mentalement grâce à Henri Frison-Roche et à sa triologie saharienne "La piste oubliée", "la montagne aux écriture" et "le rendez-vous d'Essendilène".

Tout y est : le voyage, la peine, la quête d'absolu, les oueds et surtout ce désert qui met l'âme à nu...

Une bien belle réussite.
Bravo

   brabant   
18/6/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Carmiquel,


Cette méharée est effectivement un très beau voyage, initiatique en quête d'une certaine sagesse, et hypnotique.
On y apprend le temps, la patience et la philosophie
On y apprend la force des éléments et aussi que la nature n'a pas de mémoire
On y apprend la petitesse de l'homme, son insignifiance
L'humilité
Et qu'il n'est rien


p s : Vous faites un emploi très personnel du verbe 'abonder'.
"... quand les crues les abondent" : abondent les oueds. Mais 'abonder' est intransitif. Non ?
Bon, face à l'immensité, soyons licencieux !

Je propose quand même : '... quand les crues les débondent', ça serait rigolo !


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