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Poésie contemporaine
Carmiquel : Tambours battus
 Publié le 05/08/11  -  7 commentaires  -  5974 caractères  -  69 lectures    Autres textes du même auteur

Rocker la colère & roller en poésie française...


Tambours battus



Tape tape
c’est que de la peau
de la peau qui en a vu déjà trop
Tape
il y a là
que du cuir et du bois de cageot
que cuir cuivre
zinc nickel
stainless steel
pacotilles
Des coups
c’est tout ce que ça vaut

Sens ce qui vient par la peau
l’impatience partout a le même tempo :
cliquent les doigts illico
pianotent les ongles le bureau
tambourine la main au carreau
talonnent les pieds le lino
la colère déjà montre son museau

Frappe comme tous ceux-là
sur la porte de son tacot
sur le plancher de son studio
sur le flanc de son rafiot
Ils tapent et toujours crescendo
mécano flamenco bosco
et la rage trouve ses propres mots

Tape
avec tous ceux-là
les bidons de vidange dans les Texaco
les steel-bands plaza de Mayo
les gongs-vaudous près des braséros

Agace la soie des tympans
froisse le daim des plexus
griffe la corde des nerfs
les plèvres ont des soubresauts
la fontanelle ou le pouls
les membranes se mettent à l’écho

Yeba come on
tu es dans le vrai on y va
- dans le mur ? qui va croire ça

Ronfle roule grêle mitraille tonne
Fais-nous les pluies la crue qui dévale des rios
Fais-nous
l’orage l’éclair et la panique des broncos
encore
les tirs du volcan tout là-haut
les rocs déboulent des Mornes hauts
et la lave vaporise l’eau dans les lits des ruisseaux
la panique
et tous les appels aux radios

Ça donne cogne
y a du rebond du répons
l’impact réplique à l’attaque
tac au tac
le cuivre électrise
le cuir tétanise
De quel timbre est la peau ?

Cogne tes coups
ça sonne ça saoule
d’un swing vise les abdos
soigne ta gauche lâche tes coups
ta droite ! insiste furax
au thorax
Ray Sugar swingue sur Mingus
Ali Cassius jerke sur Hendrix
Entends là-haut l’écho des bravos
Ça sonne et ça tangue comme un K.O.
dans le tête c’est comme
la chute de ballots
dans la soute d’un cargo

Debout
tape cogne
pare
Tes bras contre des corbeaux
chassent tes visions de schizo

Contre t’as même pas
une latte comme Cyrano
seulement deux bouts de bois de fagot


Le soleil est déjà bien haut
- et pour ce jour...
de la peine plus qu’il n’en faut...

Assez de faire le gros dos :
quelques claques comme dans un dos
la main cherche le contact
du muscle
de la peau sous le maillot
Topons la peau de nos paumes
and We go

Frappe
Passés les premiers coups
le silence est de trop
la cadence sort de l’incognito
au thorax s’anime un staccato
le pouls saccade de ressauts
Du rythme c’est tout ce qu’il faut
- et les compteurs repartent à zéro

S’écroulent les murs de Jéricho
partout partout Ground zero
les vitrines
les façades
les projets mégalos
Calvin Kelvin Hugo Boss renzo-piano
de Houston à Oslo partout les même zozos
y en a que pour les escrocs
look plouc fringues dingues design inox-plexi
déglingue
À la casse ce toc
ces fourbis de neuneus
dézingue
ces caisses customisées
de ces zinzins camelotés
bousille
massacre c’est que du toc
T’es bon qu’à ça qu’à casser
Caillasse ! casse !
c’est classe...

Tant que toujours tu auras
des paumes des doigts
et des ongles dans le gras de la peau
Tape
tant pis tant mieux si c’est toi que ça sonne

Dis
les mains qu'on cloue les bras qu'on ligote
les poignets qu'on menotte
les souffles qu'on garrotte

Hache à bras raccourcis
la tête est pas loin du billot
le cuivre tinte le cuir gongue
c’est l’heure c’est maintenant
l’approche la menace l’imminence
la pierre aiguise le couteau
les Marrons courent aux flambeaux
le fer grésille dans les braséros

Et à toi de dire ton mot
tu l’as au bout de tes pinceaux
de tes baguettes de mikado

joue de la vie le dernier écho
la roulade de la marche à l’échafaud
le ra à l’arrivée du bourreau
la salve sur le fusillé lié au poteau
roulements roulements toujours
avant le grand saut
le double salto

Dis
plumiers, crayons, stylos
qui martèlent
les pupitres, les bureaux...
Pour l’âne le bonnet est de trop

Dis
le grabuge des coups de talons
des enfants des colos
humiliés d’une brimade de trop

Dis
la bronca des taulards à coups de plateaux
sur les tables du resto
ils saluent le fuyard
par les chiourmes rejeté au mitard

Dis
sur le bitume les chocs de deux mille croquenots
le pas en colère de mille métallos
leurs bras levés parmi les calicots

Nos peaux c’est nos peaux, c’est la peau de nos dos
nous n’avons qu’elle et nos os
toujours sur eux s’abattent les lassos
les torses sont courbés devant les vétos
la colère veut dire son mot
la révolte arracher le garrot

Décharge tout ce qu’on t’a mis sur le dos
qui éclate les temporaux
spasme colapse thrombose tétanos
sangs qui te rongent jusqu’aux os
rock and ball baise and roll
ça saoule ça swingue
ferme les yeux
c’est jazzy et tango

Balance et va calypso :
dans ta main c’est la carte du capot
abats abats c’est toi qui as l’atout
Reno ! à nous le gros lot le jackpot

Et les caillots forcent dans les vaisseaux
« veine énorme » la jute Rainbow !


 
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   Charivari   
9/7/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Les tam-tams dansent et les tabalas, les tam-tams sous les mains d'ébène dur.
(ça, c'est du Senghor, extrait des Djerbiennes)

Je mets cette citation au début de ce post, parce que ce texte m'y a fait penser.

Vraiment, au niveau sonorité, il y a quelque chose dans ce texte ! Je l'imagine très bien "slamé" sur un fond de djembé.

Certains pasages ont vraiment beaucoup de souffle. Je pense à "S’écroulent les murs de Jéricho", ou encore "sur le bitume les chocs de deux mille croquenots / le pas en colère de mille métallos / leurs bras levés parmi les calicots", ça a une sacrée gueule...

La progression est aussi très intéressante : à la fin, on a une série d'évocations de la vie réelle, qui donnent envie de taper sur un tambour...

Hélas, je trouve que le texte est trop long, et certains passages cassent un peu ce souffle, ce rythme.
calvin kelvin hugo boss renzo-piano
de Houston à Oslo partout les même zozos
y en a que pour les escrocs
look plouc fringues dingues design inox-plexi
déglingue
A la casse ce toc
ces fourbis de neus-neus
dézingue
ces caisses customisées
de ces zins -zins camelotés
bouzille

-> ce passage, bof-bof au niveau du sens, on a l'impression que c'est là juste pour le son.
Bref, un texte qui pourrait être excellent, mais qui aurait besoin d'un coup de ciseaux.

   LeopoldPartisan   
21/7/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Poésie rock assez brute du décoffrage aux expressions tonnantes, sonnantes et trébuchante. Belle rage dans ce monde clos étouffant du politiquement correct. C'est suspect et c'est très bien d'écrire le souffle court, mais qui tient quand même la distance.

belle performance

   Lunar-K   
22/7/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte haletant, c'est le moins que l'on puisse dire. Vous ne laissez aucun répit au lecteur, allant de passage construit en improvisation pure (du moins c'est mon impression) aux sonorités résonnantes et, bien souvent, fort agressives.

C'est surtout en cela que se démarque ce texte, par sa musicalité martelée, riche, malgré les trop nombreuses rimes en "o" qui finissent un peu par lasser.

Quelques longueurs également et passages creux qui rendent difficile la compréhension du texte même si cette agressivité du rythme permet de maintenir le cap et la cohérence du tout, la rage et le dégoût face aux dérives et à l'enfermement du monde contemporain (difficile d'être plus précis, vous ne l'êtes pas vous-même) que vous cherchez à transcendez, à faire exploser par ces tambours battus, ces coups de butoir que vous assénez dans ce texte.

Au final, un texte extrêmement intéressant quant à sa musicalité mais qui, malheureusement, pêche par excès de "o" et par une trop grande dispersion thématique (rattrapée néanmoins par la cohérence sonore et l'unité du sentiment de rage qui est là tout au long).

   Gerwal   
5/8/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
En lisant ce texte (peut-être une des plus longues "poésies contemporaines" publiées ici...) j'ai pensé à "In-A-Gadda-Da-Vida." par Iron Butterfly (peut-être un des plus longs morceaux de la pop américaine des années 1960/70): même rythme implacable et efficace, mêmes envolées à la fois brutales et lyriques vers des paysages et des mondes tantôt oniriques et tantôt concrets, légendaires et actuels... avec cette même force de persuasion ou d'évocation......


Je regrette seulement quelques répétitions comme celle de "braséro" ("le fer grésille dans les braséros..." et "les gongs-vaudous près des braséros...") qui aurait pu être évitée... peut-être...

   Anonyme   
6/8/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Pas d'intérêt.
Je vais quand même préciser :
Cela n'a rien de poétique. De la modernité, des mots d'origine "tout sauf français" alors, des sonorités inédites. C'est facile, il suffit de tenir le zugzwang en zeitnot après le bobsleigh giro sur la TV et tout va bien.
Le sens est beaucoup trop discret, les mots trop peu évocateurs, les lignes trop longues et le lecteur trop fatigué.
C'est mon avis, je ne comprends pas bien toutes ces réactions positives.

   Pascal31   
7/8/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
Pas vraiment fan.
C'est rythmé, enlevé, entraînant, oui, mais j'ai trouvé le tout trop long (j'ai survolé certains passages quand pointait l'ennui) et il y a trop de bizarreries (à mon goût) qui rendent le poème difficilement compréhensible...
Cela donne l'impression que tout a été mis au service du rythme, au détriment du propos. Et à mon sens, c'est assez dommage...

   Brisemarine   
9/8/2011
Bonjour, Carmiquel,
Je ne suis pas très fan de la poésie contemporaine, mais ton texte m'a particulièrement accrochée du début jusqu'à la fin. Le rythme, les sonorités, les trouvailles au niveau des références et évocations, le tout me semble bien travaillé et sert admirablement la tempo donné dès la présentation.
Ce poème pèche un peu beaucoup : il manque l'émotion, la sensibilité, et à mon sens c'est cette touche de poésie qui fait l'essentiel d'un texte poétique.
Cela dit, j'ai gardé finalement une bonne impression de ma lecture. Merci pour le partage.
Brisemarine


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