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Poésie libre
Castelmore : Où allons-nous ? [Sélection GL]
 Publié le 08/08/19  -  11 commentaires  -  4065 caractères  -  125 lectures    Autres textes du même auteur

« On se doit de faire mieux
Aussi je donne tout ce que je peux donner
Et finis par trouver que la vie est bien belle
Et que plus je la risque, plus elle a de valeur,
Et vivre est merveilleux. »
J.M.


Où allons-nous ? [Sélection GL]



Le ciel calme est limpide,
les vents de la tempête dorment d'un lourd sommeil.
Seule une douce brise glisse depuis l'Afrique
sous les lumières nacrées d'un lever de soleil.
L'océan est sans ride.

Le pilote aux commandes.
Son être tout entier vibre à cette harmonie.
Une âme de poète habite son corps d'athlète,
mariage fascinant d'une unique alchimie.

Il a toujours nourri les deux parts de son être ;
lutteur infatigable contre les éléments,
du désert ou des nuages, terrassant les tempêtes,
ou courant comme Saint-Ex aux appels du vent.

Il connaît plus que tous la douleur du combat,
non celui de la guerre, qui tue, ou qui ampute...
Celui de l'homme de cœur qui céder ne peut pas
et s'élève lui-même bien plus haut que son but.

Des hommes qu'il connaît,
croise sur son chemin, peu sont de vrais amis.
Tous sont des compagnons, chevaliers du devoir,
pour lesquels sans regret il donnerait sa vie,
tout comme eux le feraient.

Il possède la force, la beauté, le prestige.
Ses longs cheveux bouclés, son sourire d'airain,
lui ouvrent tel Sésame tous les cœurs féminins.
Sa sensualité animale captive.

Toute sa résistance aux fatigues de l'amour,
aux fureurs des cyclones, aux trous noirs géants,
ne le protège pas des appels du néant,
cette tristesse amère, compagne de toujours.

La soif de pureté...
Il la porte avec lui aux quatre coins du monde,
dévorante exigence d'un infini parfait,
lorsqu'il est au combat comme lorsqu'il triomphe.

Du Sahara aux Andes,
il a bu tant de sable, vomi tant de glaciers,
armé du seul courage éclatant de son âme,
entendu tant de balles autour de lui siffler,
marché tant de souffrances.

Il refuse la gloire.
Ses exploits quotidiens sont contraintes du métier.
Il faut bien que le courrier passe ! Et sans cesse,
des machines et de l'homme, les limites repousser.
Ce sont là ses victoires.

Les roues quittent le sol... vers l'infini... aller...
Dans le vent qui bouscule, dans la pluie qui délave,
le brouillard qui étouffe, ou la neige qui glace,
nu de toute peur... vers son destin... voler...

Le pilote aux commandes.
Croix-du-Sud fait entendre son doux ronronnement.
Une hélice se détache, déchire la carlingue,
deux pierres de métal chutent dans l'océan.

Son sourire à jamais inonde le désert,
brûle les pics andins, éclaire le pot au noir...
Ainsi vit sa légende...

Où allons-nous ?... demande Coursault.
Au bout du monde... répond Mermoz.


_________________________________________

Notes sur « Où allons-nous ? »

Les vers cités dans l’exergue sont de Jean Mermoz.

Jean Mermoz a disparu avec l'équipage de la Croix-du-Sud, dont il était le chef de bord, le 7 décembre 1936. Il allait avoir 35 ans.
Il accomplissait sa 24e traversée de l'Atlantique sur la ligne postale qu'il avait été le premier à tracer.
Des places, rues, stèles, statues, saluent sa mémoire à Dakar, Rio de Janeiro, Buenos Aires, Paris et bien d’autres lieux.

Émile Coursault, aviateur. Leur première rencontre date de leur engagement militaire, sur la base d’Istres, avant de commencer leurs aventures à Beyrouth.
Ils ne se quitteront plus.

Si vous aimez les « héros » épiques et une langue française d’une pureté flamboyante... jetez-vous sur « Mermoz » de Joseph Kessel.
Saint-Exupéry surnommait respectueusement Mermoz « le Grand » et Kessel l’a succinctement décrit ainsi :
« Archange glorieux, neurasthénique profond, mystique résigné, païen éblouissant, amoureux de la vie, incliné vers la mort, enfant et sage, tout cela était vrai chez Mermoz, mais tout cela était faux si l'on isolait chacun de ces éléments. Car ils étaient fondus dans une extraordinaire unité. »


 
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   poldutor   
12/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Magnifique hymne à la gloire de ces courageux aviateurs et en particulier Jean Mermoz qui par tout les temps a courageusement pris les commandes de son "Croix du Sud".
Superbe pilote militaire et civil,Mermoz était un "trompe la mort" qui plus d'une fois risqua sa vie pour sauver celle de ses amis...

Disparu trop tôt avec son équipage, il fait partie de ces légendes de l'aviation que sont Louis Blériot, de Saint-Exupéry, Charles Nungesser, Roland Garros, Jacqueline Auriol...
Tous véritables "Chevaliers du ciel", ce sont les vrais héros de notre pays et qui mériteraient d'avoir leur place au Panthéon.

Merci à l'auteur(e) pour avoir mis à l'honneur l'un de leur meilleur représentant.

Très beau thème

E.L

   Anonyme   
14/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Je salue la qualité de ce poème, tant pour le fond que pour la forme.
Fond bien documenté, forme soignée.
Un petit bémol pour le paragraphe :
"Il a toujours nourri les deux parts de son être;‬
‪lutteur infatigable contre les éléments,‬
‪du désert ou des nuages terrassant les tempêtes,‬
‪ou courant comme Saint-Ex aux appels du vent.‬"
Les deux "ou" heurtent un peu et la formule "du désert ou des nuages" pas très harmonieuse, "du désert aux nuages" sonnerait mieux, mais changerait un peu le sens et surtout romprait l'équilibre des syllabes.
Le mariage entre la narration et les images est judicieux pour soutenir l'attention du lecteur.

Et bien sûr vos notes incitent à découvrir ce "Mermoz" de Kessel et sont les bienvenues pour moi qui ne connaît pas si bien le sujet.

Merci du partage,
Éclaircie

   Corto   
17/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voici un bel hommage à un pionnier de l’Aéropostale.

Les descriptions sont précises et explicites.

On vibre avec le héro, on l'admire, on aurait aimé le connaître, jusqu'à ce que "deux pierres de métal chutent dans l'océan.‬"

Une belle conclusion pudique "Son sourire à jamais inonde le désert
‪brûle les pics andins, éclaire le pot au noir ...‬ Ainsi vit sa légende ...‬"

Bravo à l'auteur y compris pour la remise en contexte en fin de poème.

   natile   
8/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je ne connais pas bien l'histoire de ces aviateurs et je ne pourrais pas commenter la véracité de leurs parcours exprimés ici poétiquement. J'ai donc transposé cette question de " où allons nous?" à une recherche d'un sens à la vie que chacun pourrait se poser, au gré des rencontres, des déceptions, des peurs ...
La longueur du texte m'a cependant fait perdre un peu le fil de l'aventure

   Vincente   
8/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'évocation est admirative dans une belle ampleur. L'écriture est agréable. La discrète "intrigue" (très tôt décelée) donne de la teneur à l'attention et à l'émotion du lecteur. Tout cela produit un récit bien plaisant.

Je ne décèle pas pourquoi j'ai trouvé, mais de façon assez tenue, que l'épique de la vie trépidante de Mermoz, se montrait paradoxalement assez "sage". Pourtant le personnage s'y montre avec tous ses reliefs ; peut-être est-ce le fait que sa vie, sa légende, est devenue si connue, presque commune, banalisée parce que si emblématique. Il y aurait donc là une difficulté particulière à redorer le blason d'une "héros" qui garde toute sa gloire, toujours bien dorée, dans l'esprit de chacun. Le traitement du sujet ne serait donc pas en cause, d'autant que les annotations finales proposent "Si vous aimez les « héros » épiques et une langue française d’une pureté flamboyante... jetez-vous sur « Mermoz » de Joseph Kessel.". Ainsi ce poème serait d'abord une sympathique invitation à vivre (ou revivre) une formidable lecture très flamboyante... !

   papipoete   
8/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Castelmore
Croix du Sud ronronne, " le pilote aux commandes ", pour une traversée comme il en fit d'innombrables jusqu'à ce jour.
Croix du Sud ronronne, l'aviateur et le pilote ne se parlent guère ; chacun veille à garder le cap au milieu des souvenirs que cette " route " évoque depuis longtemps.
Croix du Sud ronronnait alors qu'une hélice se détache... l'Atlantique sera leur tombeau, le bout du monde...
NB le parcours de Mermoz, un chemin semé d'embûches, de sable du désert aux combats menés dans les airs, non dans les coeurs sa beauté l'aidant, le risque mécanique ignoré mais présent !
Une épopée sans héros mais auréolé de sa légende.
2 amis que rien ne pouvait fâcher, ni séparer, seront unis à jamais dans les abysses

   Annick   
8/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Vous avez su brosser le portrait de cet homme hors du commun à la personnalité complexe :

"Le pilote aux commandes.
Son être tout entier vibre à cette harmonie.
Une âme de poète habite son corps d'athlète,
mariage fascinant d'une unique alchimie.

Il a toujours nourri les deux parts de son être ;
lutteur infatigable contre les éléments,
du désert ou des nuages, terrassant les tempêtes,
ou courant comme Saint-Ex aux appels du vent..."

J'ai apprécié la mise en scène qui rend vivant le personnage. On l'imagine aux commandes de son avion au début du poème, puis vient le portrait comme un bilan. A la fin du texte, de nouveau, un plan sur le pilote aux commandes et l'accident, occulté, implicite mais prégnant :

"Le pilote aux commandes.
Croix-du-Sud fait entendre son doux ronronnement.
Une hélice se détache, déchire la carlingue,
deux pierres de métal chutent dans l'océan.

Son sourire à jamais inonde le désert,
brûle les pics andins, éclaire le pot au noir...
Ainsi vit sa légende..."

Un poème aérien en hommage à un bel aviateur qui a tracé son destin comme il l'entendait. Ce pionnier de l'aéropostale a laissé une empreinte indélébile.

J'aime beaucoup les deux derniers vers qui sonnent comme une seconde vie. En effet, il est toujours présent dans la mémoire collective et même beaucoup plus. C'est un héros...

"Où allons-nous ?... demande Coursault.
Au bout du monde... répond Mermoz."

   Anonyme   
8/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La personnalité de ce Héros de l'Aéropostale, ce << Grand >>, est élégamment et précisément relatée ici.
" Une âme de poète habite son corps d'athlète,
mariage fascinant d'une unique alchimie."

" Il a toujours nourri les deux parts de son être "

" Celui de l'homme de cœur qui céder ne peut pas
et s'élève lui-même bien plus haut que son but."

" peu sont de vrais amis.
Tous sont des compagnons, chevaliers du devoir,
pour lesquels sans regret il donnerait sa vie "

" Ses longs cheveux bouclés, son sourire d'airain,
lui ouvrent tel Sésame tous les cœurs féminins." ...

La chute, avec la reprise du titre, clôt superbement ce bel hommage.

   Davide   
8/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Castelmore,

Voici un poème qui a du souffle, qui respire "grand". Portrait dithyrambique d'un homme pas comme les autres, porté par ses rêves et sa soif d'infini.

La thématique de l'aviation est très inspirante en poésie parce qu'elle ouvre sur un champ onirique intarissable : le voyage.
Un voyage qui nous emmène au "bout du monde", c'est-à-dire nulle part et partout en même temps ; hormis les platistes, tout le monde sait aujourd'hui que la Terre n'a pas de bout !

J'ai beaucoup aimé le dénouement, en particulier les trois dernières strophes, qui, en plus de révéler le "pourquoi" du poème (et sans abandonner le registre épique), s'ornent d'une teinte plus lyrique - et non tragique - extrêmement émouvante, qui nous rend complices, nous lecteurs, de leur amour de vivre :

"Son sourire à jamais inonde le désert,
brûle les pics andins, éclaire le pot au noir...
Ainsi vit sa légende...

Où allons-nous ?... demande Coursault.
Au bout du monde... répond Mermoz."

J'aurai toutefois quelques petites remarques à faire :
- strophe 2 : "vibre à cette harmonie" me semble incorrect. Il faudrait dire "vibre en cette harmonie" ou "vibre à l'unisson de cette harmonie". Et pourquoi parler "d'alchimie", unique qui plus est ?
- strophe 3 et 4 : "Saint-Ex" et le vers "s'élève lui-même bien plus haut que son but" me paraissent un peu trop familiers.
- strophe 9 : j'aurais mis un "s" à "sable", mais c'est subjectif.
- strophe 10 : l'écriture de cette strophe est limite prosaïque en comparaison du reste du poème. Et je n'aime pas l'inversion "les limites repousser".

J'aurais trouvé intéressant de sous-entendre ou proposer, en dénouement, un parallèle avec notre vie, la vie de tout un chacun, et de ces rêves d'infini que nous nourrissons tous en secret...

Même si l'on peut déplorer quelques répétitions, en raison de sa longueur, la puissance évocatrice de ce "libre" n'a pas manqué de me toucher.

Un bien bel hommage,

Merci Castelmore,

Davide

   senglar   
9/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Castelmore,


A un moment donné - assez vite - j'ai eu l'impression de me retrouver face à un personnage d'Homère - Celui de l'Iliade - mais j'ai eu l'impression aussi de me retrouver face à une traduction académique du même Homère, démonstrative, didactique, exhaustive, accumulatrice tant on veut mettre en avant les qualités du héros, toutes ses qualités, de corps, de coeur, d'âme.
Mermoz vaut ici tout son pesant, trop ; peut-être eût-il fallu délester le canadair de son trop-plein d'eau... le bombardier de son trop-plein de bombes. J'aurais aimé un peu plus de Croix-du-Sud, un peu plus de courrier, j'aurais aimé voir davantage le pilote au long cours, le pilote de haut-vol, le porteur de courrier plutôt que que du monde, retrouver Hermès et Héraclès plutôt que Mercure et Hercule des scrupuleux et trop démonstratifs Romains.

Ceci dit l'admiration émue de l'auteur est palpable et, s'il se réfère à Kessel, alors je comprends son exaltation et son approbation à part entière.

Merci à lui


Senglar

   Pouet   
9/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bjr,

ce texte est fort bien écrit, très coulant, très musical. On ne ressent pas la longueur relative.

Un hymne.

Oui c'est un hymne plus qu'un hommage je trouve.

Je suis désolé, mais je ne vois pas trop ce que je pourrais ajouter d'autre, si ce n'est que pour moi on est plus en "contemporain" qu'en "libre" et que j'ai beaucoup aimé.

La "chute" est très belle.


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