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Poésie en prose
CeeM : Flux et reflux
 Publié le 28/06/09  -  9 commentaires  -  7387 caractères  -  56 lectures    Autres textes du même auteur

...


Flux et reflux




Rien.

Tout d’abord, rien.

Et puis un souffle,
petite mort,
une goutte,
plusieurs,
et puis cristallin,
un rire, une larme,
un tourbillon de sens,
l’attente, la peur,
la joie,
et puis rien.

À nouveau.

Rien.

Un rien un tout petit peu
rempli
d’un tout petit peu de tout.
Une torche minuscule,
lumière vacillante,
tremblotante,
une chaleur,
énorme,
dans une caverne sacrée.
Un souffle, une caresse,
un scaphandrier minuscule,
une pulsation,
deux,
un relâchement,
un bain d’huile tiède et douce.

L’obscurité.

Délicieuse ; la paix.

Une pulsation,
deux,
cacophoniques,
trois,
déjà, des vibrations,
des mots,
déjà, des doigts crispés,
les poings serrés.
Et vite,
très vite,
trop,
des fissures et des crevasses,
un fin filet d’eau,
qui va s’amplifiant,
grossit, rugissant ; et puis.
Et puis le barrage cède,
finit toujours par céder,
le barrage craque et se rompt, et,
aveuglante,
une lumière absolue ;
un cri,
déjà, un regret,
l’obscurité anéantie,
la paix,
déjà troublée,
envolée,
et voilà que se déverse
un flot carmin,
voilà qu’émergent,
d’une palpitation contrariée,
un hurlement, un rire,
un soulagement, étouffant,
une étincelle,
sans le vouloir.

La vie.

Un petit parasite innocent,
curieux, apeuré, une colère.
Une empreinte de plus
sur un sol par déjà souillé.
Une mort, une vie,
quelque chose,
une goutte d’éternité,
un éclat grimaçant
dans un océan trouble,
au calme menteur,
dans une tempête de brume humide
et maintes fois salie.

Mais ça, il ne le sait pas.
Pas encore.

Il ne sait pas ; ne sait rien.
Il n’est que découverte,
sensation,
humeur.
Il goûte, savoure,
s’emplit d’odeurs et d’absolu.
Dans son doux aveuglement,
il nage encore,
croit nager,
dans une eau claire et pure,
longtemps,
dans un sanctuaire cristallin,
il joue, pleure et cherche.
Il rit d’éclaboussure.
Il aime,
sans savoir,
il rit de tout pouvoir.

Bientôt, il trouve.
Bientôt il sait.
Il voit.
Les traces, les tâches, les usures,
l’eau croupie, les carcans,
il étouffe.
Bientôt, il comprend.
Il ne peut faire autrement.
Il est une fleur éclatante,
à la tige coupée,
emprisonnée dans un vase fêlé, ancien,
et ses racines baignent dans une eau trouble,
déjà souillée.
Sans fuite possible.
Un éclat laiteux dans le cristal,
une tache de plus sur une mer d’huile ;
estomaqué,
troublé par la colère,
avec la sensation assassine
d’avoir été trahi,
il réalise que la pureté n’existe pas.
Ou plus.

Pour lui,
à jamais, elle s’est évanouie
dans l’air humide et poisseux,
saturé des larmes des autres.

Il hurle. Se débat.

L’innocence, disparue,
engloutie
dans une mer noire et déchaînée
où ondulent les fantômes de ses aïeux,
ses propres peurs
et les mystères anéantis.
Il comprend, il réalise,
les poings serrés et la bouche
déformée par l’angoisse
que tout a déjà été
raturé, froissé, tordu, sali ;
qu’à mesure qu’il avance,
c’est dans un marécage qu’il se perd,
qu’à chaque pas,
s’enfonçant dans la vase malodorante,
c’est sur des charognes
que ses pieds butent ;
sur d’autres comme lui,
qui se sont perdus
dans le brouillard de la désillusion,
qui sont tombés,
et n’ont jamais pu se relever.

Il a peur.

La colère,
l’incompréhension,
la lutte, la rage,
se sont là ses seuls repères ;
et il les regarde tourner devant lui,
hypnotiques,
comme d’immenses poissons enflammés,
menaçants,
qui grignotent
petit à petit
ce qu’il restait de sa joie,
de son envie,
de tout ce à quoi il rêvait
quand l’eau semblait encore douce et pure,
tout autour de lui.

On lui dit.
Ce sont là des animaux dangereux.
On lui dit.
Si tu ne veux pas te perdre,
et finir étouffé par la vase,
on lui dit,
ces poissons étincelants,
tu dois les mettre dans un bocal au verre épais,
et verser un peu de poison à l’intérieur.
On lui dit.
Il n’y a plus de lutte possible.
On lui dit.
Sois fort.
Ne résiste pas.
Reste.
Fais.
Oublie.
Couche-toi dans la boue mainte fois piétinée
et laisse-toi faire.
Reste à la surface.
Laisse-la pénétrer dans ton corps
et se dissoudre à l’intérieur de toi.

On lui dit.

Fais comme tout le monde.
Crache, trahis, souille, oublie.

Vite,
très vite,
trop vite,
il oublie.
Il trouve sa place,
rentre dans le rang.
Il halète, souffle, fait.
Ne se pose plus de questions.
Dans l’éternelle parade,
il se prend au jeu,
parmi ses pairs,
il défile,
fier et suffisant.

L’eau coule dans sa baignoire,
tourne sur elle-même
et disparaît dans les égouts.
Il oublie les montagnes
et leurs lacs sombres et sacrés.
Il goûte le chlore
et affine sa silhouette
dans les piscines olympiques.
Il aime à se croire
conscient et plein d’empathie
pour ceux qui souffrent ;
et il ouvre le robinet
et regarde l’eau rugir,
sans mystère,
il attend qu’elle soit bien fraîche,
laisse s’écouler un litre ou deux
sur ses mains manucurées,
et puis il s’en remplit un verre,
en boit la moitié
et jette le reste dans l’évier.

Elle s’échappe en tourbillonnant, loin de lui.

Il laisse faire.

Continue.
Encore.

Toujours,
continue.

Et puis, peu à peu, il ralentit.

Il regarde ses hortensias,
lentement,
se courber,
sûrement,
se flétrir.

Il respire dans ses souvenirs.

Il s’arrête,
voit,
loin derrière lui,
les ruisseaux qui clapotent joyeusement,
les couleurs et les rires.

Il se couche, il attend.

Il écoute les vagues refluer ;
il se souvient des mers et des fleuves
abandonnés, disparus.

Il laisse s’échapper une dernière goutte, deux.

Et,
immobile,
sous un soleil implacable,
il se dessèche enfin,
au milieu un désert de sel,
plat, immense,
à perte de vue,
d’un blanc étincelant.

Il jouit d’un silence absolu.

Il offre aux suivants,
dans un mot,
les vestiges du passé.

Il leur tend la main
et il disparaît finalement,
dans un brasier flamboyant.

Il sourit.
Enfin.



 
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   Anonyme   
28/6/2009
 a aimé ce texte 
Pas
Désolée , je n'ai pas tout lu.
Pas eu le courage de survivre à cette pluie de vers interminable qui m'a tout de suite noyée. Peut-être une lenteur millimétrée qui m'a rebutée parce que cette naissance se fait dans la douleur, l'incertitude.

Pourquoi ne pas avoir écrit cette poésie en prose? La présentation fait plus penser à de la poésie moderne.

   Marquisard   
28/6/2009
 a aimé ce texte 
Pas
ola ola ola, c'est long ! très, long, et répétitif, en plus, et pas, franchement entrainant, un tantinet, lourdeau sur la, longueur, pour faire bref.
Au plaisir d'un prochain texte

   Garance   
28/6/2009
Je pense que tu devrais essayer de reprendre ce poème sous forme de prose poétique, alors tu le verras différemment. Il sera moins long et les parties à retravailler seront plus visibles. Il te faudra attendre quelques mois, car cette forme distillée était peut-être la seule possible pour exprimer certaines choses maintenant. Entre temps je serais heureuse de te lire encore.

   brabant   
28/6/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Ce texte me fait penser, typographiquement, à une succession de vases. Certains sont ventrus, solennels, statiques, rigides et ternes; d'autres ont l'allure de chandeliers; d'autres encore trop rares me renvoient à Bonnard ou à Chagall. Formellement c'est une réussite, à visualiser sur la page imprimée et non à faire défiler sur l'écran.
Ne peut-on sourire qu'à la naissance... puis dans la mort ? L'innocence se trouverait donc aux deux extrêmes ! D'où la forme imposante de la plupart des vases et d'une étoile en miroir sur la fin qui répond au vase élégant du début.
Pourquoi un tel pessimisme ? Après tout il reste la poésie...
Travail au scalpel !
Prouesse visuelle !

   Anonyme   
29/6/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
J'ai beaucoup aimé le début, la conception, la naissance, jusque "et maintes fois salie".
Cette partie est originale, assez envoûtante dans la façon de traiter le sujet, un rythme, des mots, des images qui collent bien au thème. Ca m'a plu.

Mais ensuite... je me suis enlisée dans plus de banalité et surtout de longueur excessive : l'innocence perdue, déclinée sur tous les tons, à la fin, ça devient lassant, d'autant que j'ai eu la sensation que l'inspiration poétique se diluait au fur et à mesure des flux et reflux du texte justement. Il reste quelques beaux passages, bien entendu, quelques phrases qui touchent, mais elles se perdent dans trop de digressions.

Et la fin, je n'ai pas vraiment saisi, ressenti le sens du message. Je n'y ai pas été sensible, probablement trop éloigné de ma perception des choses.
Par exemple :
"Il offre aux suivants,
dans un mot,
les vestiges du passé
"
... je n'ai pas vraiment capté.

Je suis donc mitigée.
Enthousiaste au début, j'ai vu mon plaisir se muer en léger agacement au fur et à mesure de ma lecture, avec la sensation d'un texte un peu répétitif dans ses images et son message. Ca me désole de dire ça, parce qu'on sent bien que l'auteur y a mis beaucoup, mais je me suis un peu noyée.

   Lylah   
29/6/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Tout comme Tinuviel, j'ai aimé le début, l'écriture haletante, de
jolies formules pour parler de cette parcelle de vie au moment de la naissance
:
"Un rien un tout petit peu/rempli/d’un tout petit peu de tout.
Une torche minuscule, "

aveuglante, /une lumière absolue ; /un cri, /déjà, un regret,
l’obscurité anéantie, /la paix, /déjà troublée, /envolée, "

Jusqu'à ce passage que je trouve le plus réussi :

"Il est une fleur éclatante, /à la tige coupée, /emprisonnée dans un vase fêlé, ancien, /et ses racines baignent dans une eau trouble, /déjà souillée. /
Sans fuite possible"

et je crois que là , j'aurais bien vu le point final ...
Donc pour ce début qui à mon sens se suffisait à lui-même, je reste sur une impression plutôt positive.

   FIACRE   
1/7/2009
En effet, j'aurais réduit l'avalanche afin que du rien parte un vie concentrée.
Impression de luxuriance étourdissante.

   Lunastrelle   
16/5/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'ai eu bien du mal à me plonger dedans, le début n'est pas vraiment transcendant. Et puis la longueur nous oblige à être deux fois plus attentif, et j'ai dû lire le poème en plusieurs fois à la première lecture, pour être sûre de ne pas perdre le fil...
J'ai commencé à vraiment m'imprégner des vers à ce passage, mais après j'ai eu d'autres décrochages:

"Une pulsation,
deux,
cacophoniques,
trois,
déjà, des vibrations,
des mots, "

J'ai bien compris l'idée, ainsi que la dimension, c'est assez bien imagé et mis en valeur.
Mais je reste mitigée, je ne sais pas. Il y a pas mal de maladresses, notamment au niveau du souffle, qui se veut saccadé mais il l'est de trop. Par exemple, je trouve qu'il y a une surabondance de virgules, qui gâche un peu le fil de la lecture, comme ici:

"un cri,
déjà, un regret,
l’obscurité anéantie,
la paix,
déjà troublée,
envolée, "

Une virgule en trop à mon goût entre cri et déjà, entre la paix et déjà troublée...

Ou encore ici:

"Si tu ne veux pas te perdre,
et finir étouffé par la vase,
on lui dit,
ces poissons étincelants,
tu dois les mettre dans un bocal au verre épais,
et verser un peu de poison à l’intérieur. "

la virgule à "on lui dit", je mettrais plutôt ":", ça me semble beaucoup plus logique.

Après, je remarque c'est plus coulant, plus fluide. Ensuite, au niveau de certaines choses, l'expression est maladroite, et présente des lourdeurs. Je citerai par exemple ça:

"Il s’arrête,
voit,
loin derrière lui,
les ruisseaux qui clapotent joyeusement,
les couleurs et les rires."

les deux derniers vers me semblent mal agencés, il y a une cassure au niveau du sens qui me perturbent. J'ai du mal à faire la liaison.

Ou encore là:

"L’innocence, disparue,
engloutie
dans une mer noire et déchaînée
où ondulent les fantômes de ses aïeux,
ses propres peurs
et les mystères anéantis. "

La métaphore est belle, mais il manque quelque chose pour moi, pour que le sens puisse perdre sa lourdeur. C'est pas joli je trouve à l'oreille, ni à la lecture, c'est en partie des passages comme celui-là qui m'ont fait décrocher.

Voilà, au niveau du fond il y a énormément de choses à dire, malgré le "rien" qui revient très souvent dans tes premières lignes, c'est un rien qui en dit beaucoup... Un poème encore perfectible, et qui s'il est retravaillé peut perdre la lourdeur que la longueur et certaines maladresses ajoutent.

   Anonyme   
28/9/2016
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↑
Je dirai que trop c'est trop, et ce trop tue l'écrit, que c'est long et laborieux à lire, vous vous étalez en long en large et en travers, vous perdez dans un labyrinthe de détails qui nuit fortement à ce texte.

J'avoue avoir très vite décroché, même si j'ai eu la patience d'aller jusqu'au bout, j'ai décroché, j'ai lu mais sans trouver un quelconque intérêt, un texte bien plus structuré aurait été plus judicieux.

"Flux et reflux", bien sûr mais modérément, sinon vous nous noyez complètement et peut-être un peu vous avec. Je sens que vous avez beaucoup de choses à dire, et qu'elles sont sûrement très intéressantes, comme peut l'être une vie avec ses tenants et ses aboutissants quels qu'ils soient.

Je n'ai pas aimé du tout votre écrit, à cause de sa prolifique écriture, qui donne une impression de confusion, de mots qui s'égrainent les uns à la suite des autres, au détriment de l'émotion.


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