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Chansons et Slams
Charivari : Les temps modernes
 Publié le 27/08/11  -  11 commentaires  -  3331 caractères  -  133 lectures    Autres textes du même auteur

Un texte inspiré par une fameuse scène des « Temps modernes » de Chaplin. Envisagé pour une espèce de slam-rap sur un rythme de machines et de trucs métalliques…


Les temps modernes



Boulon clé

Me concentrer, surtout,
concentrer mon ciboulot…
mon ciboulot…
Boulon clé

Ne pas rêver, ne pas penser,
boulot, boulot,
j'ai trop les boules…
Boulon clé

Trop les boules de me planter,
que le contremaître déboule
… boule… boule…
Boulon clé

Qu'il déboule pour m'engueuler,
pour me déboulonner…
Déboulonner…
Boulon clé

Encore une erreur, je suis viré.
Une erreur, c'est l’chômage à la clé
Clé boulon
Non ! Non ! Non !
Boulon clé ! Boulon clé !

Pardon Billy !
Ça y est, c'est rattrapé…
J'ai eu du bol.
Boulon clé

Pardon Billy.
Billy, c'est le gars d'à côté.
Il a une bonne bouille…
Boulon clé

Il a l'air sympa, Bill.
Mais je l'connais pas,
on s'est jamais causé,
Je le vois juste au boulot.
Boulon clé

Bill, j'te connais pas,
et pourtant, on est douze heures par jour
au coude à coude,
tout au bout…
Boulon clé

Tout au bout de ce tapis qui roule.
Toi, après mon coup d’clé,
tu tournes un écrou sous mon boulon.
Boulon clé

On travaille à la chaîne.
Chienne de vie,
chienne de vis,
de tournevis,
de clous
et de boulons
Boulon clé

On est forçats à la journée,
avec un boulet…
Ouais, un boulet…
Boulon clé

Boulet au pied,
pour un billet,
un p'tit billet,
un billet doux,
un billet cool.
Coulon blé

Je perds la boule,
Boulon…
Me concentrer,
Clé…
J'deviens maboule,
douze heures c'est long…
Boulon clé

Long long long…
J'en vois pas l'bout
… lon clé.
Toujours debout,
les nerfs en boule
Boulon clé

Ne pas penser,
ne pas penser,
garder la cadence,
danse mécanique
Clic clic clic clic…
Boulon clé

Boulon clé, boulon clé, boulon clé, boulon clé
Boulon clé

C'est la finale du Super Bowl,
Jimmy Lion vient de centrer,
Billy Clay a le ballon
Boulon clé

Jimmy Lion, Billy Clay, Billy Clay, Billy Clay !
Billy Clay !

Mais il y a un clou dans le ballon…
Et Boum !
Explosé, le ballon, hé hé…
Explosé !

Hey ! Mon boulon ! Non !
Là-bas ! J'l'ai oublié !
Bill, Bill, mon boulon !
Machin, Machin !
Arrête la machine !
J'ai perdu mon boulon !
Je vais perdre mon boulot !
Tant pis,
je glisse sur le tapis
Je plonge et
oooooooooooooooh…


Ça y est, je suis dedans, dans l'engrenage, pour de bon.
Plus besoin de faire semblant.
Il suffisait de tourner l'écrou, péter un câble,
et me voilà qui coule, qui coule, cool…
Je suis le lubrifiant de la machine,
l'huile de coude et le robot me boit.
Je suis enfin ce qu'on attendait de moi.
Machine man. L'homme-objet.
Le bout long du maillon, l'homme-clé,
le chaînon manquant entre l'ouvrier et l'outil.
Et ma métamorphose fera tache d'huile…


 
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   Gerwal   
18/8/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Sûr, que si Chaplin tournait, 75 ans plus tard, un remake des "Temps Modernes", il serait attentif à ce projet de bande-son... (enfin, peut-être...).
Une progression quasi-paranoïaque et inéluctable, depuis la simple crainte du contre-maître jusqu'au drame final, combien symbolique...
Des sonorités répétées jusqu'à la lancinance (tiens, ce mot là ne semble pas exister ?...) "boulon, boule, boulot, boulet, maboule, bol, bouille, et encore boulon", etc. (parmi tant d'autres allitérations qui constituent un rythme, comme un bruit de fond, répété presqu à l'identique) qui pourraient lasser dans un autre contexte, mais qui reflètent bien cette monotonie du travail à la chaine (enfin, peut-être... pour ce que j'en connais...), troublant à peine la litanie "boulon clé", litanie elle-même à peine rompue par un incident presque insignifiant "coulon blé", juste une erreur d'attention, lourde de conséquences...

Une seule petite critique, je ne suis pas certain que le passage décrivant la finale du "super-bowl" apporte quelque-chose d'essentiel à l'histoire, sinon de recentrer celle-ci aux États-Unis (ce qui peut être ressenti comme réducteur) ou de permettre une variante de "boulon clé" en "Billy Clay", habile mais superflue.

Le dernier paragraphe est un morceau d'anthologie, truffé de double et de triple sens... Je ne cite aucun passage particulier, il faudrait le reprendre dans son intégralité... (Si, quand même, juste pour le plaisir:
" .../... L'homme objet.
" Le bout long du maillon, l'homme clé,
" le chaînon manquant entre l'ouvrier et l'outil.
" Et ma métamorphose fera tache d'huile…"

   Raoul   
18/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Habituellement peu sensible au slam, mon commentaire va peut être vous paraître très incongru n'en connaissant pas les "codes"…

J'aime beaucoup l'idée de départ du morceau de bravoure cinématographique samplé, j'aime aussi le développement de la litanie qui déraille en retransmission sportive, comme l'esprit à force de répétition… Et puis la fin cinglante et sanglante.
Dans le détail, je suis sensible à la simplicité du vocabulaire, aux jeux des assonances en [l], à celles du "boulon clé / coulon blé" toutefois des petites choses me gêne, comme l'épisode trop familier "avoir trop les boules", ou quand parfois -surtout à la fin- la narration devient trop explicite… (pour moi, "Je plonge et / oooooooooooh…" sont de trop, même si je conçois que ça doit bien passer à l'interprétation orale) J'aime beaucoup la vision en épilogue que je trouve forte, évocatrice… Je regrette juste le trop précis de la tache car je pense que "Et ma métamorphose fera tache" aurait claqué d'avantage.

Curieusement, à la lecture, j'ai fortement ressenti ce texte comme une prose bien balancée ! Pour moi c'est un bon texte et j'aimerais bien écouter ce que ça donne quand c'est dit.
Merci pour cette lecture.

   Lunar-K   
19/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un bel hommage, sans doute, particulièrement fidèle à la fameuse scène de Chaplin. J'en retrouve l'esprit, l'humour burlesque mais jamais gratuit, l'humour comme forme d'engagement même si, de toute évidence, ce n'est pas véritablement l'intention ici. Il faut dire que le sujet en lui-même est quelque peu dépassé bien que l'aliénation du travailleur, elle, ne l'est certainement pas...

Le rythme est particulièrement bien adapté à la scène décrite. Un rythme effréné, une cadence aussi infernale que celle des boulons qui défilent jusqu'au relâchement final, sorte de libération du narrateur qui se laisse enfin aller dans l'engrenage plutôt que de le "combattre".

De même, je trouve ces jeux d'assonances très réussis. Avec le rythme, ils parviennent à retranscrire cette attention toute obsessionnelle du travailleur, sa "monomanie" qui s'installe peu à peu. Quoique, c'est là peut-être un des seuls reproches que je ferais, je ne trouve pas qu'elle soit suffisamment progressive. On est tout de suite plongé dedans, alors que j'aurais mieux vu une progression plus subtile, des assonances et répétitions rares au début et qui, au fil du texte, deviennent de plus en plus fréquentes et obsédantes. Il me semble que cela aurait été plus adéquat. Je ne sens pas vraiment d'évolution dans ce texte, ou, en tout cas, elle n'est pas assez marquée à mon goût. Le basculement se fait trop brusquement, selon moi à partir de : "Explosé, le ballon, hé hé..." (Un passage assez amusant, d'ailleurs, dans lequel on sent bien que le narrateur devient complètement barge).

Un autre reproche : la point de vue me paraît parfois un peu trop forcé, trop descriptif. Je me rends bien compte qu'il n'est pas facile de rendre la scène visuelle, surtout à la première personne, sans adopter cette position artificielle qui consiste à faire dire au narrateur tout ce qu'il est en train de faire. Ce point de vue est donc bien utile, mais n'est malheureusement pas très esthétique, je trouve.

Mais, sinon, un texte vraiment très amusant, fidèle à l'esprit de Chaplin je trouve. Dommage qu'il n'y ait pas de fichier son... Je suis persuadé que le résultat doit être véritablement jouissif !

   Anonyme   
19/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La mécanique de ce slam est plutôt bien huilée.
J'aime bien l'effet chaîne de production (Fordiste) qui en ressort.
La répétition des gestes qui entraine une répétition des pensées. Jusqu'à l'abrutissement voire au pétage de plomb.
J'imagine effectivement bien ce slam scandé sur un sample de bruits d'engrenages industriels à la rythmique lancinante et répétitive.
Je regrette seulement que les allitérations et sonorités du textes soient trop, disons, lisses et arrondies (le "b" et le "l" sont trop doux selon moi) pour le contexte évoqué.
Il aurait fallu que ça chuinte, crisse et claque pour mieux retransmettre le "son" industriel. Apporter une certaine rage pour donner plus de force au texte. Surtout dans ce cas de figure où il est quand même question quelque part d'exploitation et de survie sociale. Enfin ce n'est qu'un avis.

Mais du bon boulot dans l'ensemble.

   Anonyme   
28/8/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je suis presque sur le c**. Une impression de déjà vu, certes, mais une impression de "reviens-y" encore plus! En lisant ceci, guitare à la main, les choses me sont venues telles quelles sont : ordonnées, concrètent et agréables. Que du bon dans ce "boulon". Fais tourner la clef, j'en redemande! A coups de mains, à coup de poignets, tu (tu me le permets? :)), tu déboulonnse ce qui est, pour moi, une abération de l'homme : la chaîne.

Du plaisir, de la tristesse et un peu de nostalgie me sont apparues en lisant ce texte.

Merci.

   Anonyme   
28/8/2011
L'idée est excellente.
Le rythme saccadé du rap convient tout à fait pour traduire celui du travail à la chaîne.

Mais justement, dans ce texte on cherche en vain le rythme.
Outre qu'ils sont bien trop longs ( on est loin des cadences infernales ) les paragraphes sont de longueurs inégales.

Quelque chose comme:
« Me concentrer
Boulon clé
Ne pas rêver
Boulon clé
Pas me planter
Boulon clé.... »

serait bien meilleur.

En outre, les sonorités, surtout du refrain, mais aussi du soliloque laissent entendre que sur cette chaîne tout baigne dans l'huile.
On est bien loin du vacarme industriel.

Pour conclure, vous tenez une excellente idée, reprenez votre texte et faites lui subir une sévère cure d'amaigrissement avant de le muscler pour le rendre offensif et réaliste.

   Damy   
28/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai beaucoup aimé cette évocation, peut-être un peu désuète, du travail à la chaîne et notamment la soudaine contrepèterie "Coulon blé" où le système disjoncte.

J'imaginerais volontiers un même texte sur le travail stakhanoviste à l'ère de l'informatique.

Il fût une époque où le patronat au pouvoir a accordé, dans son immense bonté mais à contre-coeur, les 35 heures. Forcément, en 35 heures on abat maintenant le boulot que l'on faisait en 70 heures et même peut-être plus, à l'ère du tournevis et de la clé de 12.

   wancyrs   
28/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Je pense que la dernière strophe n'était pas nécessaire, elle explique un peu trop et a tendance à rediriger notre imagination. S'être arrêté après le "...oooooooooooooooooooh" aurait été génial, laissant le lecteur dans une espèce de suspense...

Dommage !

   brabant   
28/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Charivari,

Que voilà un texte qui cliquette et qui claquette ; on est dedans c'est trépidant !
Si vous le permettez, quelques remarques :
- je n'aurais pas dit : "concentrer mon ciboulot" qui est surprenant, mais "centrer mon ciboulot" (comme on centre les boulons) v 2
- j'aurais inversé de telle façon : "Ne pas penser, ne pas rêver", la progression sémantique me semble meilleure de même que les sonorités. n p p n p R. v 4
- je n'aurais pas dit : "Encore une erreur..." mais : "Une erreur je suis viré..." Dans le premier cas vous faites allusion à une erreur qui n'a pas été explicitée. v 17
- Je n'aurais pas dit non plus : "Mais je l'connais pas" qui implique je ne sais pas trop quoi mais qui implique quelque chose (conjonction de coordination) mais "Moi je l'connais pas" qui montre mieux la "solitude". v 31
- vous écrivez : "tu tournes un écrou sous mon boulon"... En fait votre héros devrait placer l'écrou et son compère le boulon qu'il tournerait. ? .
- De quoi servent sur cette chaîne le "tournevis" et les "clous" ?
- pour la strophe 16 je n'aurais mis que trois "clic" en parallèle avec les trois syllabes de "boulon clé"

Bon, j'ai fini de pinailler. Si vous avez la mansuétude d'être toujours là, du beau, du bon maintenant :
- Bien ! "Jimmy Lion vient de centrer" où vous jouez sur les deux emplois de "centrer".
- Très bien ! Le "Coulon blé" comme il est dit dans le commentaire de Sable.
- Excellente ! La dernière strophe avec le coup de l'huile.

Malgré mes "petites" réserves l'essai est transformé. Le poème m'a plu. Il balance et colle bien avec son sujet.


Il pourrait être intéressant de savoir à quel travail on se référerait si on devait traiter le même thème aujourd'hui. Quelles machines ? Quels travailleurs mettraient-on en scène dans notre monde contemporain ? Et que deviendrait l'huile ?


En tout cas, bravo pour ce texte divertissant... et hautement préoccupant !
Au plaisir de vous lire...

   Anonyme   
24/4/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Du bon boulot. Avec une progression logique jusqu'à la conclusion ( à laquelle le lecteur s'attend mais tout aussi logique). Jeu sur les sonorités très réussi.
Bravo.

   Anonyme   
27/8/2012
L’auteur n’a jamais été ouvrier. Il se focalise sur une seule idée et n’en démord pas. Oui, d’accord, c’est pour le film de Chaplin. Mais on fait du surplace. C’est aussi intentionnel qu’ennuyeux. Jusqu’à ce qu’enfin le personnage se fait happer par la machine et qu’intervient du sens… trop tard à mon goût.


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