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Poésie néo-classique
Claus : Accident.1
 Publié le 30/03/12  -  6 commentaires  -  1711 caractères  -  166 lectures    Autres textes du même auteur

Ce texte fait partie d'une série en cours entamée il y a quelques semaines.
C'est une recherche sur l'imagination, sur l'humour, et sur ces instants étranges où le temps s'arrête, ces instants de félicité, d'ennui ou d'horreur d'où je sors muet et calme, ces instants peuplés de statues, d'ombres, et d'infinies absurdités.


Accident.1



Grandiose, la grue chute à une vitesse molle ;
Fauchée par son bagage, projetée vers le sol,
Elle fond sur ses sherpas, brise les membres, les crânes ;
La panique est partout sous le soleil diaphane
De ce matin d'hiver. Les collines brumeuses
Qui entourent le chantier soupirent d'aise ; heureuses,
Elles voient leurs flancs parés d'improbables reflets.
Le feu qui brûle en bas rend ces monts japonais.
Et les pies, les pigeons, qui gîtaient à l'instant
Sur les branches jaunies de la grue, élégants,
Investissent le toit rond de la Comédie,
Parsèment de points noirs les toits et les hourdis ;
Frôlent une antenne, deux, affolent les passants,
Se posent en catastrophe pour s'enculer gaiement.

Et, à travers les flammes qui s'intensifient,
Bien au chaud sous la cendre et le fer, resurgit
Le corps d'un ouvrier au fier profil arabe
Et aux tripes luxuriantes, étalées sur le sable.
L'homme reste pantois face à la soupe infâme
Qui lui sert de bas-ventre ; n'osant toucher la lame
Qui le fait prisonnier, n'osant même pas crier,
Il s'amuse à compter de la grue les rivets.

Moi je, à la fenêtre, reste paralysée.
Effroi ! Fascination ! Chaque muscle est frappé
D'une tétanie sourde. Le ciel bleu et orange
Se zèbre de fumée, prend des postures étranges,
Presque lascives. Le ciel, orange et bleu disais-je,
Drague les sirènes qui chantent qu'ici un homme crève.
Aucune, évidemment, n'a le temps de le voir
Jouer de ses couleurs, de sa lumière, du noir,
Sur la ville amputée ; laissant pour seuls témoins
Ludwig Van et Moi je, jubilant de chagrin.


 
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   Anonyme   
30/3/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
Vous devriez être reporter télé. Au moins aurait-on des récits d'accidents un peu moins vulgaires.

C'est vrai que quand on commence à délirer, les mots arrivent en cascade. Encore faut-il que la chute bouillonne et éclabousse. Ici c'est une douche rafraîchissante et vivifiante qui nous change des bains poétiques trop chauds et mauvais pour la santé.

Il y a au minimum une image étoudissante par verre, et donc j'ai fini pinté.
Vous commencez par détourner notre pauvre langage cliché - "vitesse folle/vitesse molle" - vous inventez les "sherpas des grues" - vous nous laissez reprendre notre souffle avec "De ce matin d'hiver. Les collines brumeuses" - le fuji yama qui enflamme les collines - ces hourdis maritimes qui soutiennent ce toit comme une poupe - et puis ces fameux pigeons,,,mais j'y reviendrai. Tout ça avec une langue fouineuse et une poésie,,,,jouissive. Fin du 1er acte.

2e acte : images saisissantes, absurdes, et donc authentiques : les tripes de l'ouvrier blessé comparées à une "soupe infâme" - il compte les rivets pour oublier sa souffrance. Où est-ce que vous allez chercher ça?

3e acte : "Moi je". Et oui, c'est pas parce qu'il y a un mort sous sa fenêtre qu'on n'existe plus. Encore génial!. Et puis ce petit rappel "Le ciel, orange et bleu disais-je," qui nous dit quand même que vos émotions vous perdent. Et puis ces sirènes PinPon qui se laissent draguer par le ciel alors qu'elles ont autre chose à faire.
Vous voulez m'achever ou quoi?
"Ludwig Van et Moi je, jubilant de chagrin." C'est malin, vous m'avez fait pleurer.

Retour sur les pigeons. Et sur un mot qui va sûrement vous coûter des points.

Moi je veux garder l'image de ces enfants chantant avec leur maîtresse :
- "Deux pigeons s'enculaient d'amour tendre". Encore Génial.
Vous êtes un homme ou une femme? Parce que je ne sais pas si une femme aurait osé prononcer le mot ,,,,,,,,,,,,,,,,"gaiement".

Allez, j'attends le prochain avec impatience.

Cordialement
Ludi

   Anonyme   
30/3/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je n'ai pas aimé ce poème que je trouve trop sur joué, et au surréalisme mal assumé.

L'idée de l'accident et de son spectateur, surtout d'un accident de grue vraisemblablement spectaculaire, est excellente, et donne une évocation très visuelle, picturale. En ça ce texte est plutôt une réussite, je croyais voir un tableau assez fou, coloré, vif.

Mais mon reproche va surtout à une sorte d'incapacité à assumer cet événement. Je ne sais si c'est voulu ou non, mais le résultat est étrange, trop.

Il y a ces envolées surréaliste: "Le feu qui brûle en bas rend ces monts japonais.", "l s'amuse à compter de la grue les rivets." dans le sens: est-ce que ma réalité est la même que la votre, ou est-ce que j'extrapole...Et c'est plaisant, mais il y a des retours au concret que je trouve trop abrupt ("au fier profil arabe" par exemple) et qui gâchent totalement le texte.

Il me semble que en conservant une apparente normalité dans les mots et dans la situation, une extrapolation plus large, plus forte dans le réel mental de l'écrivain aurait été mieux.

Mais le style est fort et plaisant, le texte est sympathique par ailleurs.

   Miguel   
30/3/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Les très grands écarts par rapport à la norme prosodique m'auraient plutôt fait placer ce texte en poésie libre.
Je n'arrive pas à adhérer à ce récit de catastrophe sur un ton un peu baba-cool. Ce malheureux peut-il conserver un profil fier avec ses tripes à la vue de tous ? Son supplice présenté avec détachement me choque : le malheur des autres peut-il se traiter avec légèreté ? Je n'ai pas assez de recul. Ces pigeons n'ont-ils rien de mieux à faire ? Certes, je sais bien que la vie a toujours le dessus, mais quand même ... L'expression "vitesse molle" est une trouvaille, mais est-ce approprié pour la chute d'un engin de chantier ? Je veux bien que la gravité de la musique de Ludwig Van soit en accord avec le drame, mais on frôle alors "Orange Mécanique".
Enfin, et de manière tout à fait subjective, cette Comédie et son toit rond me fond penser à ma chère ville natale de Montpellier, et me perturbent. Mais ce n'est pas sur cette considération que je formule mon appréciation.

   funambule   
30/3/2012
Humour certain, provoc et complaisance... belles idées, beau travail!

Bravo à la poésie vivante, bravo au crescendo !

Hors le contexte d'une histoire ayant un avant et un après je reste tout de même très réservé lorsque le visuel dérape, emploi des codes "roman" (l'idée est excellente)... sauf que...

Je trouve beaucoup de talent gâché tout de même à tenter de m'en mettre plein la vue. Mes zigomatiques ne sont pas encore tout à fait remis des ces magnifiques volatiles "forniqueurs".

Je m’abstiendrais "d'évaluer", brillant par certains côtés autant que fourvoyé par d'autres... et le "moyen" que je pourrais accoler ne me satisferait pas.

Ma curiosité est en route...

   brabant   
1/4/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Claus,


Ainsi ce poème est le premier d'une série ? Grandiose ! J'espère que vous en avez beaucoup des comme celui-là, je suis preneur les yeux fermés. Comment appelez-vous cela ? Des instants arrêtés.
"... la grue chute à une vitesse molle" Ben oui, fallait y penser.

Je relève deux ou trois choses :
- les sherpas
- les monts japonais
- mais je n'aime pas les pigeons qui s'enculent

La deuxième strophe est sublime de décalage, de distanciation, horrible et sublime ! "Bien au chaud sous la cendre et le fer... la soupe infâme qui lui sert de bas-ventre", c'est du Hara-Kiri ça, du professeur Choron tout craché.
Et le summum, le nec plus ultra, le pompon, la cerise sur le gâteau : "Il s'amuse à compter de la grue les rivets."

C'est vrai qu'on a de l' "Orange mécanique" à la fin : "Ludwig Van et Moi je".
"jubilant de chagrin" est délectable, jubilatoire.

J'ai rarement vu un humour aussi féroce. Noir de chez noir !


Et pourtant ! Et pourtant ! Quelle dignité au travers de ce texte abominable :
Le mot "sherpas" pour désigner les travailleurs est de la plus extrême noblesse et ce "fier profil arabe" témoigne d'un inestimable respect pour ces travailleurs du gigantisme d'une façon que je n'ai jamais lue jusqu'ici.

Ce qui peut se cacher sous l'humour noir tout de même. Donnez-nous beaucoup d'instants comme celui-ci...

   Anonyme   
10/10/2016
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↑
Comme toujours vous en faites de trop, c'est surjoué, je n'accroche pas, il paraît que l'on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui, c'est sans doute pour cela, je n'ai pas assez d'humour surtout face au tragique d'un événement. Je ne ais pas avoir l'air détaché, et m'attarder sur un couple de pigeon, dans ces moments-là, il me semble que la vie se fige en nous, et notre attention va vers la souffrance d'autrui, mais bon à chacun son ressenti.

Et ce "Moi, je", que c'est pompeux surtout lorsqu'il est répété, histoire que l'on n'est pas compris, là encore dans ces moments-là, je n'ai pas l'impression que le "moi, je" soit de mise, l'on est plutôt dans la retenue, la compassion (même si cela peut paraître désuet), la souffrance de l'autre prend toute la place, toute sa dimension, tout l'environnement, tout l'espace, tout s'efface sauf l'homme qui meurt et non pour moi "l'homme crève".


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