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Poésie libre
CLouise : Berce, douce moire
 Publié le 04/01/21  -  5 commentaires  -  1832 caractères  -  127 lectures    Autres textes du même auteur

L'enfant et l'inflexible.


Berce, douce moire



Berce, douce moire
Berce-moi sur ton sein
dans ton grand manteau noir

Berce, douce moire
Caresse mes cheveux
d'une main douce et sûre

Berce mon cœur pâle
Écoute-le chanter
« Surtout ne coupe pas

tu ne pourrais prévoir
que la petite fille
devienne un grand géant »

Berce douce moire
Mire-toi dans mes yeux sombres
regarde comme t'y es belle

Assouplis-moi tes bras
rigides et saccadés
que j'en fasse un berceau

Viens goûter à mon front
le bon goût des mortels
Y sens-tu la rosée
que le matin d'hiver
vient d'y déposer ?

Y sens-tu mon pouls fort ?
Ne trouves-tu donc pas
Que ses longs battements
couvrent le bruit bien terne
de ton horloge fêlée ?

Non, douce moire
ne penche pas ta tête
ne courbe pas ton dos
il n'est pas temps encore
d'attraper tes ciseaux

Berce douce moire
berce

Regarde ma jolie pâleur
regarde mes mains douces
regarde mes lèvres pourpres

Dis-moi que je suis la seule
Dis-moi
que de tous les autres

mon cœur est le plus vif
mon âme la plus vaste
ma vie la plus précieuse

Dis-moi
que tant que tu m'aimeras
que tant que je t'aimerai

je serai l'unique qui coule entre tes doigts

Dis-moi
que dans ta chambre aveugle
un amas de pelotes
que tu ne regardes plus
grandis de jour en jour

Prends-moi entre tes doigts
fais de moi ton collier le plus beau
courbe-moi jusqu'à ce que je te réchauffe

mais surtout
jamais
jamais
tu ne me rompras

Berce
Berce-moi
Douce moire…
Dans ton grand manteau noir


 
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   Anonyme   
20/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Un poème "précieux" (c'est un compliment). Littéraire aussi, pour le sens donné à "moire", que l'on trouve plus avec une majuscule, il me semble.
Une berceuse où l'enfant ne serait pas bercé mais bercerait. le texte m'évoque la fragilité du nouveau-né, mais aussi sa force.
J'ai aimé que les majuscules marquent la ponctuation, cette seule virgule au premier vers, le lecteur devra ensuite trouver le rythme et le souffle.
Si je n'ai pas vraiment compris le passage :
"Dis moi
que dans ta chambre aveugle
un amas de pelotes
que tu ne regardes plus
grandis de jour en jour"
je le ressens comme une salle où des prématurés luttent pour être vivants, pour devenir forts.

Le dernier vers et le "noir" évoqué, ne me semble pas indispensable, cette couleur était présente en début de poème et les différentes teintes égrenées au fil du texte, les yeux sombres, le teint pâle, les lèvres pourpres.

Un très beau poème, à mon goût.
Merci du partage,
Éclaircie

   Anonyme   
21/12/2020
 a aimé ce texte 
Bien
La douce moire qui berce l'enfant m'apparaît fort menaçante... Mort, maladie, désespoir, idée suicidaire, voire, en prenant les choses littéralement, mère bourreau abusant de son pouvoir ? À première lecture, je l'admets, je n'ai pas ressenti grand-chose ; le charme doucereux, malsain, en un mot vénéneux de ce poème s'est peu à peu imposé à moi. Toujours à première lecture, j'ai trouvé le texte long, mais finalement je me dis qu'il faut ça pour que moi lectrice je m'imprègne de ce poison lent.
Peut-être, tout de même, qu'il me manque une progression narrative. La fin du poème reprend exactement le début, j'aurais bien vu des mots plus forts, une ambiance plus inquiétante encore pour marquer l'invasion du mal. Je pense que l'impact de ces vers en eût été plus fort... Votre choix, bien sûr.

   papipoete   
4/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Clouise
" berce, douce moire/berce-moi sur tons sein ! " Ce pourrait être une mère attendrie, qui fasse ce mouvement que l'on fit tous maman ou papa...
mais au développement de ce poème, je crois voir que la " moire " a le profil de la faucheuse, s'apprêtant à reprendre ce petit d'homme et le couver contre son fer luisant comme l'oeil de Satan.
NB peut-être me trompé-je, mais ne m'en voulez pas ? parfois même, la mort peut être douce quand agonisant, le corps supplie la parque d'en finir, pour ne plus souffrir !
" surtout, ne coupe pas " un peu plus loin " il n'est pas encore temps d'attraper tes ciseaux " sont autant de signes me dictant cette interprétation de votre texte.
Il y a même des moments de conte de fée " dis-moi que je suis la seule... " comme la méchante fée " miroir, oh mon beau miroir... "
la 7e strophe est ma préférée et la dernière clôt de belle façon ce poème envoûtant !
à la 6e strophe ( assouplis/MOI/ tes bras ) me semble maladroit
dans la 16e strophe ( grandis... de jour en jour ) c'est l'amas qui " grandi/T "
Un texte où se mêlent le beau, l'irréel, et la mort...

   Castelmore   
5/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Des trois Moires , la troisième, Atropos est « l’inflexible », celle qui de ses ciseaux coupe le fil de la vie...

C’est ainsi une prière qui nous est présentée... une prière à celle qui à tout moment peut interrompre le cycle vital qui peut faire d’un bébé ... un géant !

Aime moi Atropos et je t’aimerai !
Aime jusqu’à l’éternité, celle «l’unique » dont la vie coulera entre tes doigts sans jamais être interrompue...

Supplique, chant d’amour et de vie, le sujet est totalement original et le rythme de ces vers courts mais doux, m’a bercé jusqu’à une forme de transe bienfaisante.
Je suis séduit et même enchanté !

Bravo!

   Anonyme   
5/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour CLouise,

Votre poème est vaste par ses questionnements, en même temps que lancinant, apaisant dans ses ondulations, son 'bercement'. Il est grave et ne l'est pas. C'est une petite merveille modeste. Continuez!
Merci.


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