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Poésie libre
CLouise : Mon lion
 Publié le 23/04/20  -  12 commentaires  -  1129 caractères  -  348 lectures    Autres textes du même auteur

Car j’ai mûri dans les deux forêts
Et je me souvins avant de naître
Que je suis une multitude de corps

Joumana Haddad


Mon lion



Petite, j'avais un lion caché dans la bouche.
Un lion mangeur d'hommes
Il rugissait si fort
Que je grognais après les loups

Mon lion avait la force d'un arc
et la beauté d'un arbre
Il parlait aux chamanes
et il buvait la pluie

La bouche grande ouverte
j’accueillais le lion
qui me donnait
le secret du jour
et des battements de la nuit

Mon lion avait les pattes lourdes
pour aplatir les montagnes
Je volais sur son échine
et la terre brûlait au rythme de son pas

Un jour
Mon corps s'est cambré
J'ai grandi dans ma peau et j'ai pris toute la place
Ce soir-là
J'ai craché mon lion dans la forêt
et j'ai pris la pointe
de la pierre la plus tranchante
pour couper la tête
du lion bleu des montagnes.

La fumée de son corps
Je l'ai tout avalée
Elle est dans ma poitrine
dans la cendre de mes yeux
Dans chaque coin de mon âme

Mon lion est mort

Et depuis je ne cesse de chercher dans les regards des hommes celui qui l'a tué


 
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   Anonyme   
26/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
ou L'art de perdre...

J'ai trouvé ce poème très beau. Un lion-trésor, un lion régénérateur, un lion-spirituel... Ce lion symbolise pour moi toutes les forces que l'on a en nous. Qui peuvent s'épuiser mais dont les ferments subsistent dans notre chair. Je ne sais s'il s'agit de l'intention de l'auteur...

La mort de ce lion est évoquée par les traces qu'il a laissées sur le corps du narrateur/ de la narratrice : "La fumée de son corps / Je l'ai toute avalée/ Elle est dans ma poitrine / dans la cendre de mes yeux".

Entre le conte africain et le rêve, ce poème narratif m'a charmée par son originalité et son inventivité. On dirait presque du Michaux dans le combat contre les hommes et dans la problématique du corps.

   Anonyme   
23/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Votre lion est superbe. En le lisant ce matin, je me sens plus beau, plus fort.
Je me sentirais presque important.
Je sais que ma journée sera plus réussie, les odeurs plus fortes, les oiseaux encore plus symphoniques.
Merci, c'est ça la magie de la poésie.
Je promets de vous aider à trouver celui qui a tué votre lion.
Et croyez-moi il passera un mauvais moment.

   papipoete   
23/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Clouise
toute petite, je me sentais si forte, n'avais peur de rien, il y avait un LION en moi ! j'étais amazone sur son dos, chevauchant par monts et par vaux, je n'avais besoin de personne jusqu'au jour, où je pensai que j'étais assez grande pour me débrouiller toute seule... Puis l'infortune m'a remis les pieds sur terre, et je recherche désespérément mon lion qui n'est plus...
NB l'invincibilité dans le corps d'un enfant qui, un Dieu du Ciel, qui un lion dans ce poème prend tant de place, et le jour de la mort de l'enfance l'affranchissement du doudou, de la fin des rêves...
Des vers dans la partie " douce " du récit qui nous évoquent la force invincible, et plus loin la tristesse devant la désillusion, quand on en veut à la Terre entière de n'être que si peu...
le passage sur la métamorphose de la fillette en femme " un jour mon corps s'est cambré... " est mon passage préféré.
Pardon à l'auteure si je m'éloigne de son idée, mais je comprends cela, et le conçois...

   Luz   
23/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour CLouise,

C'est un poème très intéressant et original.
Je n'ai pas tout compris dans le détail, mais ce n'est pas là l'important. L'important c'est le passage de la poésie.
Un lion mangeur d'hommes tué par un homme (les hommes), à force de désillusions peut-être...
Merci.

Luz

   apierre   
23/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une grande force poétique habite ce poème du premier au dernier vers et elle ,elle ne meurt jamais ...
De très belles images ,j'ai particulièrement aimé les pattes lourdes qui aplatissent les montagnes et celle du corps cambré.
Le lion est mort ce soir.
Bravo !

   Cristale   
23/4/2020
"Mon lion avait les pattes lourdes
pour aplatir les montagnes
Je volais sur son échine
et la terre brûlait au rythme de son pas

Un jour
Mon corps s'est cambré
J'ai grandi dans ma peau et j'ai pris toute la place"


C'est dommage d'avoir une telle (et belle) aura poétique, découverte avec ce troisième opus, et d'enfermer les ricochets qu'elle entraîne dans une bulle où les mots restent confinés sans l'once d'un échange.

Cristale

   Sylvaine   
24/4/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Très beau poème sur la royauté de l'enfance, et sa perte inguérissable.
Votre lion a fait renaître en moi l'animal mythique qui a été le compagnon imaginaire de mes premières années. Bravo et merci.

   Anonyme   
24/4/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un très beau poème, qui nous parle d'enfance et de sa magie...
Un jour, on devient adulte et tout est différent. Le rêve s'est brisé, à jamais...

J'aime particulièrement :
"La fumée de son corps
Je l'ai tout avalée
Elle est dans ma poitrine
dans la cendre de mes yeux
Dans chaque coin de mon âme"

Belle écriture, lyrique tout en restant sobre.

   emilia   
24/4/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La narratrice nous confie : « petite, j’avais un lion caché dans la bouche », comme un animal totem qui lui donnait sa force dans un cheminement chamanique, puis, en grandissant, un jour « lui a tranché la tête »… et, comme dans un rituel « a avalé la fumée de son corps » dont la présence demeure « dans chaque coin de son âme », en projetant la responsabilité de son acte pour chercher « dans les regards des hommes celui qui l’a tué… » ; une façon très personnelle et singulière d’interpréter la fin de l’enfance, laissant entendre une certaine revendication féministe à l’instar de la poétesse Joumana Haddad citée en exergue ( une militante de la liberté d’expression défendant les droits de la femme avec la volonté de briser les tabous…)

   Pouet   
27/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bjr,

Un poème - du moins la première partie- qui résonne comme une histoire d'adultes pour enfants ou d'enfants pour adultes. De la "mystique" à large portée.

Des histoires de lion imaginaires j'en ai quelques albums, mon fils en raffole.

Tout cela étant à prendre comme un compliment.

Ensuite, je ne sais pas si mon interprétation est la bonne, mais cette "perte d'innocence", ce schisme ou cette rupture me sont apparus extrêmement douloureux voire indicibles. Pas seulement métaphoriques.

J'ai pensé à un viol. Et par la suite chercher son bourreau dans le regard de chaque homme croisé. Après, ce n'est que mon ressenti et c'est peut-être (sûrement) n'importe quoi.

En tout cas un poème très bien écrit, puissant qui ne m'a pas laissé indifférent.


PS: je vous invite à commenter plus largement -en fait à commenter tout court- les textes que vous lisez ici (si vous en lisez). Le site étant avant tout basé sur l'échange.

   sauvage   
3/5/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Clouise,

voilà un poème que je ne saurais écrire et que j'apprécie beaucoup. Langage imagé, ployant de métaphores. Et derrière les images, un sens bien présent. J'admire par exemple la 3° strophe : comment parler en 4 vers de la force, de la beauté, de l'esprit et de la nature?

"Mon lion avait la force d'un arc / et la beauté d'un arbre / Il parlait aux chamanes / et il buvait la pluie. /"

Bravo.

   Donaldo75   
7/10/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour CLouise,

Une claque, voici ce que j’ai pris dans la tronche en lisant ce poème.

Dès la première strophe, le narratif se met en place et il emploie des images fortes, telles que « lion mangeur d’hommes » et les verbes « rugir » et « grogner » le tout avec des animaux quasi mythiques surtout pour les enfants. La strophe suivante me plait encore plus par son naturalisme et me fait penser à certains tableaux de Gauguin. Les deux suivantes illustrent bien cette enfance innocente et aventureuse, voire aventurière dans les têtes. Puis, le basculement est brutal, avec l’usage d’une transformation violente et d’images presque létales. Enfin, la dernière strophe avant les vers finaux, me fait penser à la légende du « Roi Lézard » chère à Jim Morrison et je ne peux qu’applaudir devant ces vers si puissants. La fin est terrible.

Bravissimo.


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