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Poésie en prose
Concours : L'Autre [concours]
 Publié le 13/06/25  -  10 commentaires  -  3339 caractères  -  60 lectures    Autres textes du même auteur

Concours : sujet 2.

Une entité fluide et furieuse te parle. Écoute, ou sois englouti.


L'Autre [concours]



Ce texte est une participation au concours n°37 : Écrits des Temps Exaspérés
(informations sur ce concours).





Je ne suis rien d’autre qu’un flot enflammé, une cascade écrasante qui creuse la montagne craintive, un tourbillon d’amertume qui trouble les promeneurs attardés, un délire opalin qui entaille les roches endormies.
Je roule dans les ravins orgiaques, je me catapulte au gré des pluies cauchemardesques, je violente l’enfant lascif et je crache sur le vieillard houleux.
Dans la pâleur cisalpine des nuits spongieuses, je me démène avec ferveur, je troue le terrain audacieux de la mémoire du monde, je batifole sur la biche efflanquée qui, de ses pattes agiles, escalade mes vagues vipérines.
Aucun barrage ne m’arrête ; aucun chasseur ne me capture ; gorgé de neiges assassines, je pleure sur le ciel blasonné d’un été éternel.
Que veux-tu de moi, toi qui me chantes ?
Range ta plume habile et déraisonne au rythme de mes amours malades !
Le sang du meurtre a trempé dans mes clameurs labiles ; mes poissons impétueux se nourrissent de chair chaude.
Si tu crois te purifier à ma mamelle pâle, tu te trompes somptueusement : je suis plus souillé que ton ascèse étroite.
Et quand tu cherches à chérir à travers moi ton image, ce sont mes eaux tentaculaires que soudain je t’envoie, pour détruire par flammèches compulsives la giclure de ton souffle.
Va-t’en ! Laisse-moi dérouler la toison noire de mes chants ! Ouvrir au vent alerte ma poitrine patinée et ériger en couronne mes cheveux hiératiques !
La terre parfumée parsème mon parcours épineux : en elle, je puise l’ardeur de mes sources sanguines.
Dans l’obscurité close, j’enivre les fourmis faméliques et accable les mulots malicieux ; je cogne d’une main astrale sur les troncs émaciés qui épousent ma dérive.
Et je traverse d’un bond vénéneux la ville vaincue où parfois tu te perds, et, dans l’instant farouche de mon ébullition, je plonge hardiment dans l’avidité luisante du lac atone.
Ton soupir étonné se dissipe en ma rudesse, et c’est vers ta maison misérable que je hisse enfin le réseau hérissé de mes langues millénaires.
Un déluge d’illusions sur tes vitres fleurit ; écarlate, l'averse a gonflé mon corps abyssal, et je déchire à coups de dents féroces tes petites portes malingres.
Sur ton carrelage coquet, je m’invite en voleur ; je glisse entre les dalles ma fraîcheur reptilienne et je savoure le lustre fade de tes fauteuils fringants.
Je perle sur ton lit idoine, sans égard pour la dulcinée creuse qui doucement dort dans le feutre de tes coussins chastes.
Et je rentre dans l’ouverture catatonique de ton nez silencieux, et je ressors par l’entonnoir poudreux de tes oreilles peureuses, et je te noie de clarté simiesque, de terreurs volubiles, de pâmoisons impudentes.
De ton être, il ne reste plus qu’une bribe baveuse que je ronge et enrage au fil de mes épiphanies chevaleresques.
Graine de cadavre broyée par mon chaos, tu navigues avec moi jusqu’à la mer sans fond que cisaille le couperet d’un soleil colossal.


 
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   Cristale   
26/5/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Voilà qui est dit... hurlé, vociféré !
Un adjectif pour chaque substantif et les paysages se dessinent avec une foule d'images équivoques.

Beaucoup de fougue, de mouvement, une prose qui crache le fiel, le venin de cette entité aux pouvoirs surprenants et destructeurs.

Je file vite avant d'être engloutie !

Bonne chance pour le concours.

   Cyrill   
30/5/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
On sent là une belle écriture et une imagination fertile, mais elles se sabordent un peu par la profusion des propositions. C'est pourtant bien ce fatras qui est à l’œuvre dans le déchaînement des éléments, dont on ressort mouillé-brûlé et chambardé.
Une surabondance d’images parfois contre-productive : l’une chasse l’autre et nulle ne s’imprègne vraiment. Certaines finissent par se conjuguer pour former des scènes presque cocasses, je ne sais si c’est l’intention de l’auteur. « je batifole sur la biche efflanquée qui, de ses pattes agiles, escalade mes vagues vipérines » : entre la vipère et la biche, je m’emmêle un peu les pinceaux de feu-flamme.
J’aime beaucoup la construction : caméra sur l’épaule, l’auteur filme le chaos du plan large au gros plan, jusqu’ à l’intime de la maison et du lit. C’est la partie la plus inquiétante et la plus réussie, ce qui précède me laisse un léger goût d’artificialité.
Merci pour la lecture.

   Donaldo75   
30/5/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je trouve que la promesse en exergue est tenue et ça ce n'est pas rien. La tonalité de ce poème, jeté sur la page pour que le lecteur ne le rate pas, fait preuve de force, de fougue, presque de rage. Certes, parfois cela pourrait - j'emploie volontiers le conditionnel car ce n'est pas mon avis à la lecture - être vu comme pas maitrisé, un peu comme un attelage de chevaux devenus fous pour une raison inconnue. Certes, les images et les formulations sont un peu un bric-à-brac. Certes, la géométrie n'est pas parfaitement euclidienne.

Mais qu'est-ce que j'en ai à battre, sérieusement ?
Ce poème m'a emporté en l'état.
Et dans un concours sur ce thème, ce n'est pas rien.

Bravo !

   papipoete   
13/6/2025
bonjour concurrent
face aux 10 commandements, je fais l'exact contraire ; je n'en ai rien à faire ! mon chemin est plus tourmenté que toutes les sentes dévastés par des bombes;
tout ce que tu aimes, je le défigure !
tout ce qui te plaît, je l'empeste !
tout ce que tu souhaites, je le rend immonde
NB certes, ce texte est bien écrit, et le vocabulaire est riche d'adjectifs savants, mais ce Monstre m'effraie !
il me rappelle " Orange Mécanique ", film qu'il fallait absolument voir... que je vis et depuis me poursuit quand le blues traine dans mes pensées.
comme l'écriture est fort soignée, je ne voudrais point par un PAS nuire à son succès ; aussi ne noté-je point

   BlaseSaintLuc   
13/6/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bon, là, c'est sans appel de la condamnation ! Pas de rédemption possible, "le flot enflammé "belle image ,
Amateur de BAUDELAIRITUDE voici le souffle du démon qui emporte dans son chaos, le coupable vagabond
C'est poétiquement ravageur, plume vengeresse mon encre, c'est ton sang !

ps : Je tiens à souligner que le commentaire reste entièrement impartial, étant donné que l'auteur n'est pas engagé dans le concours.

   Dimou   
13/6/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bah moi j'ai surkiffé

Que dire de cette prose inflexible, furibarde, riche à tison ?

J'ai pas tout saisi du propos mais comme je pige pas toujours tout ; le point de vue de la création même ?

Comme une force s'adressant à qui de non-droit.

Mon préféré pour l'instant

   Robot   
13/6/2025
Noir comme la désespérance. Une entité qui se fait (ou qui se veut) aussi mauvaise que celui à qui elle s'adresse.
Pour ma part je trouve que l'excès dans le vocabulaire qui exprime cette rage surexcité en souligne finalement l'insignifiance.
Un écriture ou l'adjectif domine sans pour autant signifier et qui pour moi porte à cause de celà peu de poésie.

   Damy   
13/6/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
L’autre est sûrement soi-même qui se dégoûte, vomit le monde, crache ses douleurs, repousse la mort, enrage devant la fatalité, se renie.
Un appel à la déraison.
Un délire satanique.
Une insurrection.

Il faudrait prendre son temps pour souffrir chaque phrase.

C’est peut-être ce qu’aurait hurlé aujourd’hui Jésus crucifié avant qu’on le transperce (« épiphanies chevaleresques », « langues millénaires »).


Formidable puissance du verbe, comme une chanson de Léo Ferré (« Que veux-tu de moi, toi qui me chantes ? ». Comme lui, vous chantez merveilleusement la mort.

Un style à l’os.
Musical : « je ne suis rien d’autre qu’un flot enflammé, une cascade écrasante qui creuse la montagne craintive ».
J’aime beaucoup la percussion de la dernière phrase où tout finit par où il a commencé dans les fosses océaniques.

Je n’ai pas les mots qu’il me faudrait pour exprimer à quel point « L’autre » m’a possédé.

Ps : Il y a des métaphores dont je ne saisis pas le sens qui me semble n’appartenir qu’à l’auteur. Ex :
« je batifole sur la biche efflanquée qui, de ses pattes agiles, escalade mes vagues vipérines. »

Je retiens l’invitation à laisser libre cours aux plumes des poètes (« Range ta plume habile et déraisonne au rythme de mes amours malades ! ».

   Mokhtar   
14/6/2025
Ce texte est étonnant. Bourré d’adjectifs parfois polluants, on dirait qu’il a été écrit à deux mains.
La première semble proposer le récit d’une inondation qui s’immisce dans les territoires et les vies des humains. La seconde saupoudre avec ostentation, sur presque tous les substantifs, une déviation de sens quelque peu surréaliste.

Je me suis amusé à reprendre ce texte en éliminant tous les adjectifs me semblant superfétatoires.

Le début donne ceci :
« Je ne suis rien d’autre qu’un flot, une cascade qui creuse la montagne, un tourbillon d’amertume qui trouble les promeneurs, un délire qui entaille les roches.
Je roule dans les ravins , je me catapulte au gré des pluies , je violente l’enfant et je crache sur le vieillard .
Dans la pâleur des nuits, je me démène avec ferveur, je troue le terrain de la mémoire du monde, je batifole sur la biche qui, de ses pattes agiles, escalade mes vagues. »

Après avoir éliminé cela :

« Enflammé, écrasante, craintive, attardés, endormies, opalin, orgiaques, lascif, houleux, cauchemardesques, cisalpines, spongieuses, audacieux, efflanquée, vipérines »

Le reste du texte émondé dévoile le talent d’un récit des conquêtes et invasions insidieuses d’un flot sans pitié pour le monde humain.

Avec la honte d’un lecteur primaire, en quête de signification éventuellement poétique, je regrette d’affirmer que je perçois ce texte comme un sabotage.

Mais respectueux de l’auteur, et dans l’attente de ses éventuelles explications, je me garde bien de noter le texte en l’état.

   Myndie   
14/6/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je dirais : mission accompli, le thème est bien traité, avec originalité, poésie et avec l'impétuosité d'un cheval au galop.
J'aime infiniment le côté visionnaire et le pouvoir suggestif du texte, le ton mi revanchard, mi menaçant, les nombreuses allitérations qui contribuent justement à faire passer l'émotion et plus particulièrement le feu de la fureur et les bourrasques atrabilaires.
Il y a de jolies formules, des concentrés de sensations et d'images :
« un délire opalin qui entaille les roches endormies. »
« La terre parfumée parsème mon parcours épineux : en elle, je puise l’ardeur de mes sources sanguines. »
L'expression semble spontanée mais elle ne l'est pas, l'écriture en impose par son rythme qui nous souffle sa violence à pleins poumons ; c'est foisonnant, un peu trop justement car, il faut bien le reconnaître, on a parfois l'impression d'y perdre haleine.
C'est un peu dommage car cela freine l'expressivité du texte.
Cela reste néanmoins un bon texte dont j'aime beaucoup la dernière phrase.


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