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Poésie contemporaine
Cyrill : Généalogie à queue de cochon
 Publié le 03/02/22  -  17 commentaires  -  1030 caractères  -  435 lectures    Autres textes du même auteur

Linge sale en famille.


Généalogie à queue de cochon



La petite a fleuri dès l’aube de son âge,
maman prie par deux bouts les heures d’un bréviaire.
Un fond de café bout mais c’est d’un arbitraire !
On sait des incuries autrement en usage.


Comme un pieu crucifie, l’évangile se trame.
Jugez de l’instrument qu’érige le papa
vers elle ingénument – l’intime pour repas.
Tripette il en confit, petit frère, ton drame…


Tout ânonnant un psaume, en la chair mâtinée
d’insigne mignardise il envoie l’hameçon.
Matière semble grise, âme ne pipe son.
Ça tue quand une môme accouche du puîné.


La petite a grandi dans l’ombre infanticide,
maman couture un bout de patte entre ses doigts.
La tisane a son bout, le père son renvoi.
Faut-il un paradis pour dispenser d’acide


le philtre du récit ? Supposez ce garçon
hors mis de la gamine à l’aube de son âge.
Grand-père sarcle et bine. Au mépris du langage
s’enterrent les occis de funeste oraison.


 
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   Anonyme   
17/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quelle histoire atroce ! Dans le huis clos familial, tandis qu'on s'effare parce que "café boullu, café foutu", que la mère coud et que le grand-père bine, viol incestueux et infanticide consécutif au menu. Je salue la cruauté désinvolte de la narration, son ironie rageuse que le titre rend particulièrement manifeste.
Je salue aussi la forme choisie : dans ces alexandrins bien rythmés mais qui s'affranchissent de la majuscule initiale, je lis l'ordre apparent de la petite famille, ordre démenti par un dérèglement criminel.

Le propos est allusif, distancié mais explicite (une mention pour le grand-père qui "bine" pour enterrer le petit frère, j'entends en sourdine "pine"), comme je disais chargé d'ironie. D'autant plus efficace.

   Miguel   
25/1/2022
 a aimé ce texte 
Pas
Quel bel exemple d'acrobatie verbale ! Que de circonvolutions pour dire une chose simple ! Que d'obscurités ! C'est à ce point qu'on droit comprendre ce qui se passe dans cette famille, mais on n'en est pas sûr. Tous les -"à côté" du point central nous enfument davantage encore. La grammaire, par endroits très "libre", n'aide pas.

   Donaldo75   
26/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien
J’ai bien aimé ce poème pour des raisons pas forcément logiques ; en effet, l’histoire qu’il raconte est exposé dans un champ lexical biscornu qui ajoute de la sorcellerie à la narration, comme si le conteur était assis sur son tabouret devant une assemblée de petits elfes friands de ces drames familiaux. Il y a une forme de retour à une langue ancestrale, médiévale, dans la sonorité et le vocable peu courant utilisé dans ces vers. Et finalement, c’est ce qui donne du cachet à ce poème – je ne suis pas certain que tout le monde partage cet avis, certes – comme si un ensemble de cornemuses et binious reprenaient « Bohemian Rhapsody ».

   papipoete   
3/2/2022
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Cyrill
Avant d'aller marcher quelques pas, je m'en viens faire un tour dans cette famille " tuyau d'poêle " où la Thénardier et Emile Louis ont la vedette. Le père incestueux dine comme si de rien n'était, à cette table où la mère avale tout sans piper mot...
NB l'auteur nous " régale " de cette histoire indigeste, quand un monstre a dit ! " et qu'on ne la ramène pas, sinon ! "
Une famille Groseille en taille XXL, où les choses se font, et maman coud, et papa bine...
Dires atroces façon " comique-troupier ", où la salle se gondole à défaut de vomir...
J'avoue avoir du mal à préférer un passage particulier ( ça fait des glou-glou dans mon ventre )
Techniquement, il faut peser chaque mot pour comprendre, pas donné à tout le monde ! mais des dodécasyllabes néo-classiques à mon sens ( hormis peut-être les 9e et 12e vers aux rimes fausses )

   Anonyme   
3/2/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Par les mots choisis, et par leur construction, c'est une histoire âpre et féroce qui nous est narrée sur le mode rictus ironique.

Un vrai conte maléfique et glauque à souhait se joue dans la maison des sorcières. Dans l'épaisseur malsaine et poisseuse de toiles d'araignées où tout ce beau monde dégénéré suffoque, c'est l'enfer monstrueux qui bine et pipe l'âme sans le moindre sentiment, si ce n'est l'horreur à l'état pur.

Brr.. l'ambiance est aux frissons...

Je note la reconstitution menée avec brio sur le mode sarcastique. Mais pas l'histoire, elle qui est une de plus dans tout le sordide qui se dévoile aujourd'hui, de ce qui se passe dans trop de huis clos familiaux. A en donner la nausée...

A te relire, Cyrill, sous des auspices plus gais


Cat

   Pouet   
3/2/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut,

sujet auquel on ne peut rester insensible. Si la poésie ne s'attaque pas à l'indicible, alors qui, alors quoi?
Il y a quelques années, j'ai aussi, dans un autre style sans doute moins impactant, tenté quelque chose sur ce thème dans "Mort avant d'avoir vécu" publié ici.

Ce n'est vraiment pas évident de trouver le "ton juste" pour ce genre d'écrit. L'équilibre à tenir, particulièrement périlleux. Dans le présent poème, les mots et le ton rendent palpable la scène décrite. J'ai pensé à "My absolute darling" pour l'ambiance posée, ou plutôt jetée. Je ne saurais exprimer mon sentiment quant à l'expression se situant peut-être quelque part entre argot et préciosité, avec une pointe de distanciation acide, de ridicule, de cynisme... même si ce n'est pas cela que je souhaite véritablement dire, je ne sais comment l'exprimer autrement. S'en dégage un sentiment de "brut", de poisseux et de réel. Le lecteur est un peu comme un clou qu'on enfonce dans une planche pourrie.

Bref, c'est réussi selon moi. Très réussi. Il est bien évident que je "n'aime" pas le fond, c'est bien le traitement que je salue. Bravo.

   Lebarde   
3/2/2022
 a aimé ce texte 
Pas
J'ai horreur du sordide et de l'horreur et quand l'horreur ( oui 3 fois horreur c'est volontaire ) atteint ces sommets, je ne supporte pas et tourne la tête pour aller vomir. C'est physique.

Je sais que ces histoires horribles sont de toutes les époques et méritent certainement d'être rapportées mais dans l'incapacité que je suis à pouvoir faire quelque chose , je voudrais les ignorer et ne pas savoir.
Par pure lâcheté je sais bien et on m'accablera à coup sûr pour cet aveu.

Je reconnais volontiers que ce poème atteint parfaitement son but avec ses propos allusifs glauques et monstreux, ses tournures de phrases et son vocabulaire moyenâgeux, son style vieillot, son texte pesant qui aurait même pu être écrit en "vieux françois" pour ajouter encore à la noirceur dans laquelle on veut plonger le lecteur!

"maman couture un bout de patte entre ses doigts.
La tisane a son bout, le père son renvoi.
Faut-il un paradis pour dispenser d’acide"

Indéniablement L'écriture, s'il n'était la répétition gênante ( 4 fois) de "bout", est réussie sous ses allures de classique mais le sujet m'indispose fortement.
Désolé.

Lebarde

   Cristale   
4/2/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un romantisme à gerber vêt de faits mal-gracieux ces vers odieux où se conte la destinée d'une famille in-ordinaire sur fond d'amours intra-filiales.

Le récit est glauque mais son atout est la modernité d'un langage soutenu. Point de vue horreur, ce n'est rien comparé au conte du Petit chaperon rouge et autres histoires d'ogres, la seule différence est la tombée du masque de l'hypocrisie.

Peut-on parler de tout en poésie ? Je dirais oui, quand l'écriture fait montre de qualité comme ici.

Je déteste l'histoire que nous rapporte le narrateur, (ben oui, qui pourrait aimer ?) Le deuxième quatrain est merveilleusement immonde. Je salue la maîtrise syntaxique de l'auteur.

Question notation je ne sais pas encore, je reviendrai peut-être, ou peut-être pas, je relirai le texte plusieurs fois avant de me décider.

Cristale
en mode indécision

Edit : Me voici de retour pour dire à l'auteur que, malgré l'âpreté du sujet, sa façon de traiter le sujet mérite applaudissements et c'est le soin porté à l'écriture que je souligne avec mon appréciation.

   inconnu1   
4/2/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Oui l'histoire est horrible et narrée avec une telle désinvolture un tel manque de compassion, que cela rajoute au dégoût. Mais justement, c'est aussi ce faux détachement qui donne de la force et fait réagir le public. Sans vouloir encenser la pissotière de Duchamp, on est peut être dans le même registre, celui de faire s'offusquer pour réagir. Personnellement, je n'oserai pas mais j'applaudis la prise de risque. Pour cela je mets un beaucoup et j'assume le non politiquement correct

En dehors du fond, je salue la forme. Le fait de faire rimer les hémistiches des 1ers et 4 eme vers et des 2eme et 3 eme vers de chaque strophe donne de la légèreté à la lecture. Personnellement je continue d'apprécier ces reprises des rimes à la césure. Pour cela, je rajoute un +

Bien à vous

   hersen   
3/2/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Le sordide raconté ainsi, avec des trouvailles qui tordent le ventre du lecteur, et ce ton, ce ton mais comment tu fais ça ?
Je n'ai en fait pas grand-chose d'autre à dire, le texte à lui seul est si frappant, si écoeurant, tout est dit de façon si pince-sans-baiser que je suis mise KO.
Bon, je te le dis tout de suite, je n'ai pas envie de lire ça tous les jours :))))
Avec ce goût collant de misère sociale dans la bouche, je dois maintenant évaluer. Pas évident.

Merci de la lecture. (quand même)

   Myo   
3/2/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une écriture résolument moderne
Bien sûr le sujet est à vomir mais cette réalité, existe aussi, hélas ...

Mais le travail est d'une grande richesse, que ce soit ce mélange de religieux et de sordide, ces détournements dans l'expression,
" Matière semble grise, âme ne pipe son"

Je suis admirative de la forme et pétrifiée par le sujet.
Ca fait beaucoup d'émotions...
Merci

   Mintaka   
4/2/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il a fallu m'y reprendre à plusieurs lectures pour l'apprécier davantage. Non point sur le sujet mais sur la forme; on dirait presque sur certain vers, du Mathurin Régnier - quoi qu'il fut souvent intéressé par des choses plus légères.
On ressent bien votre travail pour parvenir à dire, en termes poétiques, ces choses là. A ce titre c'est une performance à vous reconnaître.
L'ensemble est gracieux pour un sujet crasseux, si j'ose dire.
Vous avez osé traiter de l'indicible en rimes mais la poésie c'est aussi dénoncer ou raconter et pas seulement les petits oiseaux qui chantent un matin de printemps ensoleillé...même si c'est beau aussi.
Bravo pour votre travail bien ciselé.

   Vincente   
5/2/2022
Il faut de l'ouverture d'esprit pour entendre cette affaire…
Non pour en adouber les faits, ce sera cause perdue, seulement pour en écouter la déclinaison ; et non, non plus, pour se délecter de l'écriture ici tentée. Mais avant tout parce que ces délétères "débordements" sociaux et affectifs ont pu exister et qu'il serait non seulement vain de les nier ou de les "oublier", mais surtout parce qu'il faut les savoir pour les combattre. Et aussi pour saluer la volonté d'auteur d'essayer d'accorder une forme à l'indicible monstruosité mise au jour.

C'est bien cette intention qui m'a intrigué, et séduit… en partie, car seul le deuxième quatrain m'a vraiment convaincu ; le moins prévisible et pourtant le plus percutant, le plus dénonciateur, le plus écœurant…
Et puis cet infernal vers 12 :
" Ça tue quand une môme accouche du puîné."

Globalement l'expression est vraiment très difficile à vivre, à lire, ça secoue et ça circonvolute, ça étouffe, la spirale infernal (terrible "généalogie en queue de cochon", très bon titre) emporte "au mépris du langage".
Tout ça se tient mais me laisse indécis quant à proposer une gradation adaptée à "l'événement", ce texte disant cet état de fait.

   Provencao   
6/2/2022
"Tout ânonnant un psaume, en la chair mâtinée
d’insigne mignardise il envoie l’hameçon.
Matière semble grise, âme ne pipe son.
Ça tue quand une môme accouche du puîné."


C'est pourquoi tant d'affleurement, d'emersion morales de cette "généalogie à queue de cochon" que le jaillissement du glauque, du lugubre ne peuvent se réduire à la mise en forme du défiguré, à la réduction du cynique par une congruence d'écriture de la même forme indéfiniment rabâchee....


Cette écriture se rend nécessairement "colossale" avec ce qu'elle se doit d'informer la transformant et la rendant "sordide" dans son cynisme et rusticité.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Queribus   
6/2/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Un univers pas très catholique , je dirais même à vomir qui fait que me pose la question: peut-on parler de tout en poésie; je répondrais oui à condition que ce soit bien exprimé, ce qui est le cas ici dans une prosodie néo-classique de qualité. J'espère quand même que votre prochain sujet sera plus gai sinon vous allez tous nous pousser au suicide devant les "horreurs de notre temps (et de tous temps, hélas).

Bien à vous.

   Cyrill   
8/2/2022

   Anonyme   
11/2/2022
Vous avez une drôle de manière de dire !
Après divers états, je me disais précédemment que vous tordiez la sémantique, la logique et la syntaxe pour les faire entrer de force dans vos rimes et vos vers. Le hic c'est que malgré l'étrangeté de votre langue, on la suit pratiquement quasiment à la lettre – après de multiples lectures, en tout cas (mais n'est-ce pas le propre de la poésie que de ne pas se livrer entièrement d'emblée ?).
Complètement dérouté, donc, déstabilisé par elle, je ne me trouve pas encore en mesure de lui porter un jugement, et par conséquent de l'apprécier ou non – mais le serai-je jamais ?

Sur le fond, on savait que la prière et le silence pouvaient aussi servir à couvrir l'innommable d'une chape de plomb.
Vous y joignez efficacement la trivialité du quotidien, tout en ne cédant au pathos à aucun moment, grâce à la distanciation instaurée par le ton badin. Une réussite donc, de ce point de vue au moins.


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