Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie contemporaine
Cyrill : J'avais amis
 Publié le 26/06/13  -  12 commentaires  -  1084 caractères  -  494 lectures    Autres textes du même auteur

Pauvre Cyrill.


J'avais amis



J’avais amis sur cette terre
Aux visages tant effeuillés
Nuages dans vos yeux voilés
Que les vents des marées venus
Déchirent tel un papier nu
Plié d’usure et de poussière.


Âmes bannies et solitaires
L’on vous a assises, cernées
L’on vous a les mains dévorées
Et miettes de débris menus
Elles reposent saugrenues
Dans les fosses et les ornières.


Oh que les pluies me sont amères
Qui noyèrent celui qui ploie
Chancelle sous son propre poids
Tremble de peur tremble de froid
Comme un animal aux abois
Sous les scories de la misère.


Princes des rues, vies éphémères
Que dans mon cœur j’avais élus
Esprits de la liqueur des nues
Que nimbent les cieux étoilés
Où vous êtes-vous en allés
Laissant pourrir ainsi vos chairs ?


Hommes que les dieux oublièrent
Mes frères de haillons vêtus
Êtes mes chimères perdues
Mes rêves vains et avortés
La nuit vous fait d’ombres fanés
Le silence vous oblitère.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Miguel   
26/6/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce poème ressuscite à la fois, Rutebeuf, Villon et Verlaine. La tonalité médiévale sied au sujet, même si celui-ci est bien usité ; seul le dernier mot, "oblitère", a un aspect un peu technique qui tranche avec l'ensemble ; il est dommage que ma lecture s'achève sur cette impression. Mais quoi, le strophe 3 rattrape tout !

Edit : En relisant ce texte, j'y trouve encore des accents apollinariens que j'avais sentis mais non identifiés. Mon admiration en est grandie, mais finalement ce texte pèche par ses qualités mêmes : on y retrouve trop les autres poètes. Je suis sûr que son auteur nous régalera bientôt de sa véritable originalité.

   rosebud   
13/6/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
Il fallait oser: se mesurer à Rutebeuf et y parvenir sans déchoir!
C'est stupéfiant d'aisance dans un langage aux tournures vieillies sans tomber dans le travers d'outrances moyenâgeuses. Presque n'importe qui aurait frôlé le ridicule dans ce qui aurait pu être un mauvais pastiche et cet auteur-là (je me demande qui cela peut être) touche au sublime. Quelle classe!
Je croyais avoir un faible pour le deuxième sizain, mais après relecture, je les aime vraiment tous - avec une toute petite réserve pour le premier dont je trouve les deux derniers vers un peu tortueux.
Chapeau bas!

   Pimpette   
26/6/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
je dis chapeau bas comme Rosebud à l'étage au dessous, et pour les mêmes raisons!
On a l'adresse de la forme et l'émotion complète en sus!
Il fallait le faire!
Je l'imprime!
ça aurait beaucoup amusé Ruteboeuf!

   Robot   
26/6/2013
En lisant à haute voix ce poème, je l'imaginais chanté par Ferré ou Brassens. Il se suffit à lui même, mais il pourrait aussi mériter une mise en musique qui ne déparerait pas la beauté des vers. Un trés beau texte à dire et écouter. Je le mets dans mon florilège Oniris.

   brabant   
26/6/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour Cyrill,


Rutebeuf : Quelle référence ! Après Ferré, qui ne fut finalement qu'un pâle copiste (lol, je plaisante) et un râle sublime, Cyrill le génial reconstructeur, ré inventeur sublimissime, nous signifie a contrario que les amis des années noires, bannis et seuls vrais, ne meurent pas et oblitère à son tour un certificat d'immortalité par-delà le silence des ans et des cieux.

L'amitié des riches hères est ici érigée à jamais à l'image des neiges d'antan d'un certain Villon, éternelles elles-aussi, prince héritier de Rutebeuf... lui-aussi !

(-) parce que le (+) est propriété exclusive de Rutebeuf :) Tout de même ! :))

Bravo Cyrill ! :)))

   Anonyme   
26/6/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il me semble voir là une claire allusion, en tous cas la même source d'inspiration, au poème de Rutebeuf "Pauvre Rutebeuf chanté par Ferré : que sont mes amis devenus...". Il semble y avoir donc identité du thème élégiaque, la même tonalité empreinte d'une profonde mélancolie, et dans la syntaxe comme dans le choix des images, des réminiscences évidentes. Rutebeuf bateleur itinérant et les modernes SDF qui hantent nos consciences.

"J’avais amis sur cette terre
Aux visages tant effeuillés
Nuages dans vos yeux voilés
Que les vents des marées venus..."

"Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés...
Je crois le vent les m'a otés..."

Si l'inspiration de ce poème, actualisant une situation et des sentiments déjà exprimés au XIIIème siècle, n'est pas neuve, si la tonalité générale reste très proche de l'original, il faut admettre que l'écriture est belle et que le sentiment de désespérance est fort bien créé à l'aide d'images très évocatrices.
J'ai apprécié une forme mélodieuse et sombre qui sait éviter le pathos et les hurlades de désespoir qu'on rencontre si fréquemment avec ce genre de sujet chez d'autres auteurs.
Sans doute est-ce cela la poésie, l'art de dire les choses sans outrance, sans mettre grossièrement les pieds dans le plat, l'art de déplacer le sens des mots, celui de ne pas appeler un chat un chat, la capacité à être allusif pour laisser au lecteur toute latitude de déployer sa sensibilité...s'il est disponible pour cela et capable de lire un mot non écrit à la place de celui qui est sur le papier.

   Anonyme   
26/6/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Cyrill. Sous une forme moyenâgeuse, qui fait effectivement songer à Rutebeuf, à Villon et à quelques autres, vous avez écrit un poème intemporel qui trouve aussi bien sa place à notre époque qu'au moyen-âge ou encore à celle des Gueux de Richepin, il fallait le faire ! Une très grande force se dégage de cette série de sizains parmi lesquels je relèverai celui-ci que je trouve superbe :

Oh que les pluies me sont amères
Qui noyèrent celui qui ploie
Chancelle sous son propre poids
Tremble de peur tremble de froid
Comme un animal aux abois
Sous les scories de la misère.

Juste un bémol, déjà cité dans un commentaire précédent, le dernier vers avec cet "oblitère" qui détonne par rapport au reste... mais je n'ai rien de mieux à vous proposer...
Merci pour cet excellent moment de lecture et... Bravo !

   Anonyme   
26/6/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Cyrill,

Je suis allé lire votre présentation : « Je viens avec mes petits souliers et sans grande conviction proposer mes quelques textes à la vindicte. »
On devrait pouvoir noter les présentations, car lorsqu’on avance si modestement alors qu’on chausse du Gulliver (taille géant bien sûr, pas le nabot! ) c’est que quelque part on mène une vie saine et sereine…

Bon, je ne suis pas un médiéviste autorisé, ni un laudateur zélé de ces formes anciennes...Et j'avoue que je préfère ce petit voyou de Villon à ce ménestrel de Rutebeuf, puisque c'est à lui qu'on vous compare. Après vous avoir lu je ne suis pas non plus tenté d'en savoir beaucoup plus sur lui.
Mais j'accepte volontiers le jeu que vous me proposez, et là je suis soufflé par votre immersion dans la poésie et le langage de cette période. Quelqu'un m'aurait dit : « tiens, je vais te faire découvrir un type qui s'appelle Rutebeuf!», j'aurais pas eu l'impression d'avoir été escroqué en vous lisant.
Etait-il à ce point précurseur de poètes plus modernes? :

- « Nuages dans vos yeux voilés - Esprits de la liqueur des nues - Mes rêves vains et avortés » pour ne citer que quelques vers.
Franchement, Rutebeuf, c'est beau comme du Cyrill. N'empêche que je vous attends au tournant du siècle...Alors oui, bravo à la poésie médiévale de "Cyrill le gueux".

- "Et puisse mon exceptionnel
Bien l'accueillir sous notre ciel".

Cordialement
Ludi, sans ressources...

   KIE   
28/6/2013
La complainte de Rutebeuf :

"Ici m’aprent
Qui auques a, privé le prent ;
Més cil
Trop a tard se repent
Qui trop a mis
De son avoir por fere amis,
Qu’il nes trueve entiers ne demis
A lui secorre."

Et, un peu plus loin :

"Qu’il n’a en els rien a aimer."

En peu de mots, il aime pas beaucoup ses aminches, le gars Rutebeuf. En somme, il doit les préférer transis.

Pour avoir déjà rencontré ce type de texte, je reste sur la réserve, ce qui n’enlève rien à ses qualités. Le style Rutebeuf, on connaît, mais celui de l’auteur ?

   Anonyme   
20/5/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Cyrill, une envie de remonter à la source de vos compositions.

Pas trop fan de poésie classique à contemporaine, surtout quand les sujets sont d'époque aussi, votre poème qui remonte bien en amont des romantiques pour son inspiration, est bien réalisé, fond et forme sont travaillés, le vocabulaire en phase.
L'exergue en fait un peu trop, peut-être.
Une belle découverte pour moi.
Merci du partage.
Éclaircie

   Eskisse   
17/12/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Cyrill,

Magnifique poème qui illustre le "memento mori" du Moyen-âge avec talent. J'aime beaucoup le second vers :
" J’avais amis sur cette terre
Aux visages tant effeuillés"
On trouve le lexique de la dissipation dans les deux premières strophes pour dire la mort et la vanité de la vie.
Et la troisième strophe est superbe, avec son lyrisme mélancolique.

Dommage pour ce dernier mot "oblitère", que je trouve moi aussi un peu dur ou technique mais qui n'efface en rien la qualité de l'ensemble.

   Pouet   
17/12/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Slt,

c'est en effet un texte fort bien écrit à côté du quel j'étais passé, mais il y en a tant, de ces vers connus ou anonymes, ici ou partout , et puis nous, avec le temps...

Rien à dire de particulier si ce n'est que c'est très bien dit, puissant et prenant.

Bravo, quoi.


Oniris Copyright © 2007-2023