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Poésie libre
dague : Une île [Sélection GL]
 Publié le 25/07/19  -  9 commentaires  -  1984 caractères  -  117 lectures    Autres textes du même auteur

Douceur, alizés, manguiers, plages tropicales, océan Indien, ces mots décrivent un paradis qui appartient à notre inconscient collectif.
Mais, la réalité est parfois tout autre. D'autres maux comme violence, clandestins, pauvreté, nous dessinent les nouvelles cartes de la haine.


Une île [Sélection GL]



L’océan devant les yeux,
le ciel sur les épaules,
les vagues à mes pieds.
Immobile, je suis une racine de mangrove.
Mes rêves se construisent dans la couleur de mon île.
Dans les manguiers passent les alizés.
Perdus au milieu du grand Indien,
la forêt m'enivre de ses effluves chauds.
L’esprit vers les étoiles, je cours sur les sentiers,
ma danse soulève des volutes de terre rouge.

Mes perceptions changent. Je tremble d'une révolte.
Le temps dérive cruellement.
Un confetti pour tant d’étrangers.
Ma voix si faible n’est pas entendue.
Une insurrection est née,
mon caillou transperce l’air tropical.
Les traditions se transforment,
dans l’absence des gestes séculaires.
Mes pensées dérivent, Grand-père que font-ils ?
Ils sont fous de leurs souffrances.
Clandestin, sans espoir, loin de tes terres,
réfugié sur mon île, tu seras traqué, humilié.
La haine germe en toi, la pauvreté attise la violence.

Dans les nuances de nos peaux sombres,
nous oublions nos coutumes.
Nos enfants ne regardent plus le lagon.
Ils brûlent leurs yeux sur des images satellites.
Leur casquette vissée sur la tête,
ils écoutent les douleurs d’un autre monde.
La misère n’a pas de frontière, la haine est universelle.

L’océan devant mes yeux,
le poids du ciel comme fardeau,
les vagues à mes pieds.
Immobile, je cherche la mangrove.

Mzougou* engoncé dans le confort
tu subis la haine d’autrui.
Pour ta couleur de peau tu as été battu,
meurtri dans tes chairs. Le cœur déchiré,
Mayotte s’est faite rebelle.
Ses clandestins ont ouvert des plaies,
on n’efface pas les cicatrices.
Mayotte,
l’île aux mille parfums.
L’universelle aux confessions impossibles.
Je t’aime.


* Mzungou : personne à la peau blanche.


 
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   Gabrielle   
2/7/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Dans ce texte, le narrateur rêve d'une époque qui semble être révolue...

Beaucoup de nostalgie pour un microcosme qui semble se mourir.

Mayotte, le paradis du narrateur, le renvoie à ses souvenirs passés de bonheur "collectif".

Beaucoup de courage pour l'auteur qui fait allusion à une autre époque qui semble avoir pris place et nous projeter vers un avenir sombre.

Mais le rêve d'une société où la paix aurait droit à son règne est bien présent.

Merci à vous.

   hersen   
2/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Une île qui, comme partout, perd ses repères et ses traditions pour se confronter virtuellement à un ailleurs, forcément mieux puisqu'il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Mayotte, située dans un archipel aux îles indépendantes, est un refuge pour beaucoup de ses voisines; une situation politique qui se complique du jour où elle est rattachée en devenant DOM, met bien peu de temps à effacer la situation d'îliens qui, comme on le fait aussi sur tous les continents, convoitent un mieux, un ailleurs, une issue de secours...qui bien souvent n'en est pas une.

L'insécurité engendre la violence. La couleur de peau, camaïeu historique témoin de l'histoire de l'île, en est-elle vraiment la seule raison ? Des peuples divisés en îles, en religions, divisés surtout dans leur misère.

"ils sont fous de leurs souffrances"

Quand la racine du mal est le mal des racines.

   STEPHANIE90   
3/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

une poésie au parfum d'une réalité dérangeante que l'on cache sous la blancheur de la lande de sable ou se jette l'écume des lagons balayés par les alizés... des vents mauvais.
"Dans les nuances de nos peaux sombres,
Nous oublions nos coutumes.
Nos enfants ne regardent plus le lagon,
Ils brûlent leurs yeux sur des images satellite.
leur casquette vissée sur la tête,
ils écoutent les douleurs d’un autre monde.
La misère n’a pas de frontière, la haine est universelle.

L’océan devant mes yeux,
le poids du ciel comme fardeau,
Les vagues à mes pieds,
Immobile, je cherche la mangrove."

Je m'incline, merci !!!

   Corto   
25/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"Immobile, je suis une racine de mangrove". Dès ses premiers vers ce poème affirme sa personnalité.
La première strophe est remarquable de concision et de beauté.

Mais le réel arrive bruyamment "Le temps dérive cruellement".

Les descriptions sont précises et parfois sublimées "Ma voix si faible n’est pas entendue. Une insurrection est née, mon caillou transperce l’air tropical" et plus loin "Nos enfants ne regardent plus le lagon.
Ils brûlent leurs yeux sur des images satellites."

Il n'y a plus guère d'espoir "La misère n’a pas de frontière, la haine est universelle" et pour le narrateur cruellement atteint "Immobile, je cherche la mangrove".
Et pourtant il l'aime son île.

Bravo pour ce tableau sans complaisance qui fait résonner très fort les multiples sentiments de ceux qui vivent de fatales évolutions.

   Anonyme   
25/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une poésie qui met à mal le mythe des paradis îliens pour touristes ignorant - éludant - les problèmes de ces contrées, Mayotte particulièrement.

Après un beau tableau que l'auteur brosse dans la première strophe, la réalité prend place. L' immigration clandestine, la pauvreté, la haine, la violence font partie du quotidien.
" Mzougou* engoncé dans le confort
tu subis la haine d’autrui."



Malgré tout, l'auteur - narrateur - garde son attachement à son île.
" Mayotte,
l’île aux mille parfums.
L’universelle aux confessions impossibles.
Je t’aime."

Un beau texte où les situations sont décrites avec sensibilité, sans animosité.

   Pouet   
25/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bjr,

j'ai lu il y a peu "Tropique de la violence" de Natacha Appanah.

Je retrouve ici de cette force, de cette amour, de cet espoir désespéré.

Un texte puissant, qui parle, qui dit ce qu'il veut dire sans effet de manches superflus.

Je peux retenir parmi d'autres:

"Mes rêves se construisent dans la couleur de mon île."

Merci pour ce sujet et son traitement.

   Vincente   
25/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Souvent les poèmes aux états d'âme exotiques prennent les couleurs de cartes postales des voyages d'occidentaux en mal de dépaysement.

Ici rien de tout cela, j'ai eu l'impression de marcher aux côtés d'un autochtone, poète-conteur-philosophe, qui, loin de se recroqueviller dans son lieu-source, cherchait à nous le montrer, comme il le voyait, sans fioritures, dans l'authenticité de sa réalité.

L'écriture est simple et belle. On la rencontre dans sa pleine clarté dès les trois premiers vers :
"L’océan devant les yeux,
le ciel sur les épaules,
les vagues à mes pieds.
".

Quand une image vient l'enrichir, elle sait trouver la belle veine pour s'épancher en profondeur à l'instar de celle-ci ma préférée : "Immobile, je suis une racine de mangrove.".

J'ai des raisons particulières d'entendre des résonances personnelles à partir de ce lieu de mélange culturel dû à sa situation géographique, l'on ne découvre d'ailleurs qu'il s'agit de l'île de Mayotte que dans les derniers vers. Sachez que le poème m'avait déjà conquis bien avant de l'apprendre.

"Mayotte,
l’île aux mille parfums.
L’universelle aux confessions impossibles.
Je t’aime.
"

   senglar   
25/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour dague,


Mayotte avait fait le choix de rester française, Mayotte aujourd'hui assiégée (je ne porte pas de jugement de valeur hein, des habitants fuient la misère) par ceux qui avaient fait le choix de partir. Les Comores indépendantes sont un des pays les plus pauvres du monde.

Il semblerait cependant à lire ce poème que les inégalités et la pauvreté s'y soient installées plus durement encore. Le "Mzougou" de ce fait se serait attiré la haine des défavorisés.
Votre note indique "Mzungou : personne à la peau blanche" et de fait ce mot n'est-il pas aussi l'équivalent de "diable" pour les Mayottais ?
Maintenant que chacun surfe sur le Net peut-être ce blanc pourrait-il apparaître par dérision pour un diable de Tasmanie aux Mahorais car ils ont de l'humour pas vrai.
La mangrove je croyais que c'était en Floride ?...
La latérite oui je suis d'accord.

Ce poème est donc un plaidoyer mais pour quoi ?
Pour un retour aux sources ou pour un refus des inégalités comme il y en a partout en France, dans les Territoires et Départements d'Outre-mer et collectivités territoriales mais aussi dans la Métropole ?

Et vive l'ylang ylang, la vanille et le rhum pour conclure sur une note plus positive.

Quid tout de même des "petits blancs" ?

Le message m'apparaît diffus si ce n'est l'amour pour le pays natal et ses racines.

"La France est notre mère. C'est elle qui nous nourrit avec ses pommes de terre et ses fayots pourris !" Une chanson de là-bas ça non ?
C'est vrai que ça dit beaucoup de choses...


senglar
un peu perdu quand même d'où le (-)

   Anonyme   
26/7/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour dague,

Le titre fait rêver, à la fois court et précis mais si vaste.

On se laisse bercer par le premier couplet où la sensibilité du narrateur sait si bien évoquer cette île. D'ailleurs il me semble que le narrateur soit l'île même, par instant. Ou du moins ce narrateur fait vraiment corps avec cette terre émergée.

Le second paragraphe évoque un présent plus houleux, plus actuel, plus réel de nos jours.
Le suivant présente le futur : les jeunes et les enfants.

Retour du narrateur, chargé de son héritage, enfin le dernier paragraphe pour l'analyse de la situation.

Une écriture délicate et un ensemble solide.

Merci du partage.
Éclaircie


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