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Poésie contemporaine
Damy : L'insoumis
 Publié le 16/08/25  -  7 commentaires  -  1435 caractères  -  95 lectures    Autres textes du même auteur

« Les mots, comme les armes, partent parfois tout seuls. »
Daniel Pennac


L'insoumis



Je n’ai trahi personne et le monde me hait
Comme un vieux parangon qui prône la folie
Comme vertu de l’homme, alors qu’il a le souhait
De la pensée unique et prêche l’homélie

D’épandre sur la terre une soif de pouvoir,
Une soif de tuer sur l’échafaud du monde
L’esprit de la lumière et celle de savoir
Pourquoi nous sommes là, pourquoi la Terre est ronde.

Je ne suis pas plus fou qu’un poète la nuit
Qui sonne la révolte aux clochers de la lune
Et chante une oraison comme on goûte le fruit
Des péchés du désir de la trêve commune.

Ils m’ont fourni l’alcool, ils m’ont gavé de drogues,
Ils m’ont enfermé seul avec les dérangés
De leur système hideux qui viole mes églogues
Écrites pour la paix et l’amour partagés.

Un délire malin, une humeur vagabonde,
M’aspirent dans l’abîme ou m’élèvent aux cieux.
La colère s’encage en la terreur profonde
Qu’ils font peser sur nous en imposant leurs dieux.

En tous points cardinaux, des amas de décombres
Enfouissent les espoirs, la vie et notre cœur.
La démence m’étreint, je veux que dans les ombres
S’éclairent les matins dans leur chaude couleur.

L’âme dans les vapeurs, je crie à la folie
Ma ferme insoumission. J’obéis autrement
À la rime amoureuse ; elle rend plus jolie
La liberté des mots et m’endort sagement.


 
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   Mokhtar   
4/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Comme le laisse entendre la dernière strophe, la versification met en valeur le propos. En se conformant aux exigences et aux rigueurs des règles, l’auteur ordonne et clarifie à la fois son écriture et sa pensée. Le contenu, ainsi valorisé par le rythme et l'équilibre de la forme, gagne en hauteur. Et même si l'absence de ponctuation continue de me défriser, je suis très admiratif de cette forme pour son aptitude à servir le thème.

Entre impuissance et dignité, entre accablement et honneur, le révolté s’élève contre les impérialistes, les fanatiques, les dogmatiques. Dans un monde plus terrorisé que jamais par les massacres, les génocides, les pogromes, une poignée d’alexandrins s’insurge.

Pour rien, pour pas grand-chose ? Probablement.

Fors l’honneur et la dignité, quand même.

Mokhtar, en EL

   Provencao   
16/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Damy,

J'ai beaucoup aimé cette poésie, faire être et vivre la liberté des mots...faire barrière à la difficulté, à l'indicible par la force d'un mot poignant parfois cruel et singulier voués à l'interprétation se mesurant au stress de la perte du sens , renforce la vitalité du texte.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Salima   
16/8/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Damy,
Passerai-je votre test cette fois ? Je tente, j'aime les défis.
Première lecture, première impression : poème travaillé aux beaux alexandrins qui déroulent des idées complexes. Si complexes que je ne saisis pas le propos des deux premières strophes. Elles me paraissent trop complexes, trop longues, trop lourdes. Troisième et quatrième, ça va mieux, les trois dernières sont d'une tout autre nature.
J'accroche sur plusieurs choses : le vocabulaire, c'est clair, il y a plein de mots que je connais vaguement et que je dois vérifier pour comprendre le tout. La longueur des phrases : première phrase, elle s'étend sur deux strophes, c'est vraiment long. Ensuite il y a des répétitions. Et puis une grammaire trop complexe.
Mon premier sentiment : voilà bien les poètes qui parlent et qu'il faut décrypter, contrairement à la bonne vieille prose bien plus accessible. Il va falloir que je fasse un effort intellectuel. Soupir accablé.
Voilà Damy. Ça c'était ma position perso, lectrice qui cherche son plaisir et ne le trouve pas prêt à être consommé. Lectrice insatisfaite, quoi.
Maintenant deuxième phase : je me décolle de mes caprices et de mes goûts, et je cherche de manière objective à comprendre ce qui fait le caractère unique de L'insoumis. (Entre nous, vous auriez bien pu majusculer Insoumis, déjà parce qu'il est dans le titre un nom précédé d'un article défini, dans ce cas on majuscule le nom par convention, mais vous et les conventions ça fait deux, ensuite parce que c'est un adjectif nominalisé qui désigne une personne, dans ce cas mon goût personnel me dit que c'est joli une majuscule ici ^^).
Donc si je comprends bien, le locuteur est accusé par ses détracteurs d'être ce qu'ils sont eux-mêmes. C'est-à-dire le locuteur est accusé d'être intolérant, dictatorial, hypocrite, génocidaire peut-être même. Le locuteur dénonce le dictat idéologique, dont le dictat scientifique il me semble, où certaines théories scientifiques sont érigées en faits et imposées comme tels. C'est une chose qu'on retrouve en effet souvent : on projette nos propres défauts sur nos ennemis. Donc les ennemis de l'insoumis l'accusent de ce qu'ils sont eux-mêmes. Ça se tient.
La strophe 3 est le rétablissement des faits.
La strophe 4 décrit les moyens de la persécution : le locuteur est enfermé en psychiatrie. C'est une mesure courante des systèmes totalitaires : combattre par la violence des mots, puis si cela ne suffit pas alors combattre, par la violence des actes, ceux qui ne se soumettent pas.
La strophe 5 est la conséquence de la persécution sur le locuteur : à être traité de fou, et à être traité médicalement comme on traite les fous, il devient partiellement fou, du moins il a des troubles que je ne sais pas comment classer, mais qui témoignent d'une grande détresse. L'omnipotence du système qui oppresse est exprimée, ainsi que l'impuissance de locuteur.
La strophe 6 s'éloigne du locuteur et décrit le monde dans l'horreur de ses conflits, de la destruction, du chaos. Cela pèse sur "nous", je pense qu'ici cela veut dire les peuples, l'humanité.
La strophe 7 retourne au locuteur et devient lyrique. Le locuteur résiste depuis l'état comateux où le plongent les drogues des faux médecins. Crier à la folie : ultime provocation, cette folie est la seule vraie folie, celle choisie délibérément, pour réagir à armes égales contre les oppresseurs. Rime amoureuse, jolie, liberté, sagement : vocabulaire si inattendu, si frais soudain. Je note l'ambiguïté de sagement, dernier mot du poème, qui signifie soit "en obéissant" ce qui sera "obéir à la beauté et à la poésie, au bien, au bon" et également empli de sagesse, par opposition à la folie du système en place et à la folie dont le locuteur est accusé.
Décrypté, c'est fait. Ensuite, je regarde ces répétitions. Vous allez me haïr, faites, faites mon (D)amy, c'est le revers de la médaille, je me fais votre comptable :
* v2 et v3 et v11 : comme
* v3 à v7 : un ou deux "de" par vers : de l'homme, de la pensée, d'épandre, de pouvoir, de tuer, du monde, de la lumière, de savoir.
* v12 idem : des péchés du désir de la trêve
* En tous points cardinaux : pour moi, c'est une cheville pour remplir votre vers, il n'y a que 4 points cardinaux, ils sont définis, délimités, connus, pas besoin de dire "tous".
* v 23, 24, 25 : trois "dans" à suivre.

Petite remarque en passant : le locuteur, le poète, s'exprime pour lui, mais pour les autres victimes aussi, ce nous qui souffre également sur la terre entière. Il voit la solution dans quelque chose d'universel : les matins qui se lèvent partout sur terre. Un retour peut-être à un monde d'avant.

Retour sur moi, lectrice :
J'apprécie maintenant la richesse du vocabulaire, j'ai bien fait de dépasser la première barrière. Surtout l'usage d'"autrement", qui ne signifie pas ici différence, mais opposition, m'enchante.
Je désapprouve encore la complexité extrême de la grammaire des deux premières strophes. Toutefois, je me demande si le contraste entre début et fin ne contribue pas à relever la légèreté de la chute. Mais tout de même, la grammaire ici me dérange profondément.
J'apprécie le message. Il en dit long sur l'Auteur, indiscutablement il y a une très forte connexion entre locuteur et Auteur. Je remarque des parallèles avec Climax de la mélancolie, comment pourrait-il en être autrement, même univers psychiatrique, mêmes symptômes maniaques dépressifs, mêmes drogues, même révolte, même recherche poétique, même désespoir, même impuissance, mêmes rêves. Mais grande différence de traitement, dans Climax de la mélancolie, vous filiez une métaphore qui unifiait le propos et teintait toute la pièce de tons voisins. Dans L'Insoumis, beaucoup plus d'écarts, d'extrêmes. À mon avis certains recherchés et d'autres non voulus. Je pense que L'insoumis a été moins travaillé que Climax, il est plus spontané. Je suis assez sûre qu'il n'a pas été écrit en une seule fois, car le début et la fin sont trop dissemblables, disparates, pour correspondre à un seul élan d'écriture. Ils reflètent deux états d'esprit différents, ou plutôt deux approches différentes d'une même question.

Damy, je vous remercie pour le partage. Je maintiens que certains vers devraient être retravaillés, mais maintenant que j'ai passé du temps avec L'Insoumis je l'aime beaucoup. Ce temps passé me fait entrevoir des choses que je ne voyais pas avant, et finalement me donne un espoir que je n'avais pas au réveil. Curieux, qu'un tel texte fasse naître l'espoir. C'est que j'aime la révolte bien plus que la passivité soumise.

Amicalement,

Salima

   Boutet   
16/8/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime beaucoup
L'insoumis prêche dans le désert à notre époque et se fait inévitablement marginalisé. Si l'on est en désaccord avec le système bienséant en place. Tout sauf être insoumis.
Damy, quand même un vers de 14 syllabes !! même sans rechercher systématiquement le classique,
quand même.

   papipoete   
16/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Damy
Dans l'insoumis, il y a " insoumis " et j'eus peur de lire ici des joutes verbales, entre députés de l'Assemblée Nationale, avec son héroïne en chef... Matilde ; ouf, !
Plus sérieusement,
- nous voilà dans un " nid de coucou " et ses médoc à calmer un fou
- nous voici du côté " apaches " que la drogue rendit si dociles
et ce dissident qui voudrait bien que l'on fume le calumet de la paix, plutôt que la fumée des bombes, des maisons éclatées en poussière...
Le fou, que croit-il avec ses rêves ? ça marche pas comme ça le Monde !
En tous points cardinaux, ça pète, ça fusille, ça viole...athées/chrétiens ( olé Abbé Pierre ! )
NB le poète qui voudrait que sur la Terre, chaque pays se réveille au rouge du soleil, se couche à l'or de la Lune, n'est pas content de ses concitoyens blanc, noir, gris, jaune, rouge dont il suffit d'élire un Tsar, un magnat de la TV pour que l'arc en ciel flamboie de feu et de sang.
Et je suis d'accord avec lui, sur toute la ligne...sauf les mots que je ne connais pas ( parangon, églogue )
Techniquement, Damy produirait un " contemporain ", impossible !
Voyons-voir !
- horreur ! au 3e vers !!! 13 pieds !
au 15e vers, je ne peux vérifier si " viole " se dit en diérèse
au 22e vers , je ne peux vérifier idem pour " enfouissent "
Je pense que je me trompe peut-être...mais je joue au correcteur ( j'aime bien cela )
la 4e strophe a ma préférence, quand la dernière est " marchand de sable " bien venu, par ces temps qui courent.

   A2L9   
16/8/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
L'unicité, ce vieux rêve de quelques vieux fous.
J'aime cette révolte aux clochers de la lune, une nuit d'été à parcourir les villages.
Chacun ses obéissances, nécessité, état d'âmes, liberté, poésie.
Merci l'insoumis

   Ramana   
17/8/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Un poème qui suggère la problématique générale de la position de l'individu face à toute société. D'un côté l'aspiration à la liberté, et de l'autre la nécessité d'établir des normes restreignant cette aspiration à la liberté. L'homme seul n'est rien, ou peu de chose, mais la société qui nourrit son corps et son esprit est une mère obligatoirement castratrice. Alors quoi ? Se contenter d'être un "normie", accepter ce conditionnement en échange d'une sécurité physique et mentale et mourrir lâche ? Ou bien décider d'ouvrir les yeux sur le réel, être rejeté par ses pairs du fait de sa différence, souffrir, et mourrir fou mais victorieux et fier. En définitive, ce sont les insoumis qui, en perturbant l'ordre établi, évitent à la société de crever de sclérose.


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