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Poésie en prose
daphlanote : Insoluble
 Publié le 28/03/12  -  12 commentaires  -  2092 caractères  -  382 lectures    Autres textes du même auteur

Juste aux temps. (Jusqu'aux tempes.)


Insoluble



Trois pas, de petits pas, de petites pépites peintes dans la neige, mais des pas opaques aux visées incertaines.

Je lui ai demandé son chemin, curieuse.
Sa réponse : "J'ai trois pas pour ouvrir le monde."

C'est une comtesse, compteuse de vers ou conteuse en somme. Des veillées au coin du feu, ah ! rêves alanguis blottis contre ses pieds. De ses histoires, j'étais le magicien, gravé à l'eau-forte sur les ramages d'un papier épais, et – elle – ses doigts figuraient de sombres dragons à combattre, le creux de ses jambes des forêts épaisses où se cacher, le bout de ses pieds autant de rivières à traverser, le sommet de ses épaules le pic d’où je devais me jeter à chaque défaite. Alors, de mortes en pagaille, je collais mon corps au sien pour explorer encore.

L’aiguille à la main, j’ai cousu au fil des idées les mots de notre deux : l’inconnues multiples (toutes savoureuses et présentes) seraient l'équation d'un temps.












[Temps 2]
Désincarnée, sucer ses doigts pour exister. Courir les contrées sordides de cauchemars habités d’elles. De ses petits seins, la coupe, s’abreuver sans cesse, vouloir vivre encore. Jambes longues enroulées autour de moi, prisonnière je suis (facile, facile, la forme est elle, facile, c’est l’aube).
Crue, crue, elle est crue comme jamais. Je suis moi, elle est humide de présence et d’essence. Suis-je là ou là… où est-ce ou est-ce ? C’est l’enfer d’elle, vallées des côtes aux cotes.
Sa peau, mes lèvres : signé-je un contrat en blanc.




Temps 3, rompre les pierres, au jour, ce jour est jour de toi.
Trois.
Deux.
Un.
Tous les contes se terminent bien, n’est-ce pas ? Tous les contes se terminent bien, n’est-ce pas. . .


Temps 4.
Zéro.




___________________________________________

Ce texte a été publié avec des mots protégés par PTS.


 
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   Lunar-K   
28/3/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Daphlanote,

C'est triste un texte tout nu... Surtout un texte aussi atypique et intéressant que le vôtre ! Raison de plus pour venir vous dire à quel point j'ai aimé, vraiment.

J'avoue avoir eu un peu de mal à appréhender ce poème : un décompte, le temps qui passe ? Ça n'en manque pas pourtant, des poèmes sur le temps qui passe, cependant le vôtre est particulièrement intriguant, ce d'emblée, ne fut-ce que par sa mise en page plutôt curieuse. Je me suis donc laissé intrigué, et me suis alors rendu compte que non, en fait, ce n'est pas du tout un texte sur le temps qui passe, malgré le décompte, malgré les quatre temps et les trois pas du début... Non, pas le temps qui coule, mais le temps qui s'ouvre et qui ouvre le monde, sur plusieurs temps actuels, une "inconnues multiples (...) et présentes [qui] seraient l'équation d'un temps", un seul et même temps... Bizarre (mais le gras du "un temps" est là pour appuyer cette affirmation, heureusement)...

Quel est ce temps alors ? (Puisque tout votre poème semble finalement répondre à cette seule question.) A nouveau, je crois que c'est dit très explicitement, et illustré avec peut-être un peu plus de subtilité et de "tergiversation", ce temps est le temps du "deux", le deux de la rencontre, du mouvement (de l'âme et du corps, surtout du corps), le temps du conte que conte les corps se rencontrant... Tout cela est évidemment une seule et même chose : le temps, la rencontre, le mouvement, les corps, le conte... Mais une même chose qui se dit de toutes ces choses, un même temps qui se dit de tous les temps, "insolubles" donc, par l'ouverture, précisément. Bref, le temps comme richesse de l'instant, non-immobile mais, au contraire, démultiplié.

Tout ceci dit de façon très abstraite, mais ça apparaît très clairement, je crois, dans votre poème, tout particulièrement cette "confusion" corps/conte, très belle. C'est peut-être même, à mon sens, la grande réussite de ce texte : la sublimation du corps dans le domaine de l'onirique, de la fiction, de l'épopée... Corps duquel on s'abreuve, duquel on se jette, corps à la fois sordide et séduisant. Je ne sais pas si c'est volontaire, mais je trouve que, d'une certaine façon, l'homosexualité dans cette scène renforce encore toute cette dimension du corps "désincarné" (aussi paradoxal cela puisse paraître). Artaud parlait de corps-sans-organes, peut-être est-ce un peu ça aussi : un corps sans anatomie ni biologie, presque un corps spirituel mais pas tout à fait non plus, plutôt un corps reconstruit sur un tout autre plan que le "sien".

Voilà en gros tout ce que j'ai pu retirer de ce poème. Et il me faut bien dire que je ne me sens pas du tout bredouille (faut dire aussi que ce sont là des thèmes qui me parlent tout particulièrement...).

Juste deux petites choses qui me laissent davantage perplexe :
- "(facile, facile, la forme est elle, facile, c'est l'aube)" : Pas sûr de bien comprendre le sens ni l'apport de cette parenthèse...
- Les crochets autour du "Temps 2" alors que les autres temps sont sans crochets (le premier, si on peut dire, est, lui, en gras, mais je pense en avoir compris la raison comme je le disais plus haut).

Mais c'est tout, même pas des reproches, juste des interrogations... Pour tout le reste, je suis totalement conquis par votre poème, qui témoigne à la fois d'une grande profondeur et d'une grande sensualité, un mélange d'esprit et de charnel qui fonctionne très efficacement pour moi.

Un tout grand bravo, et bonne continuation à vous !

   Anonyme   
28/3/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Vous partez avec un handicap : je déteste la poésie en prose.

J'ai compté très exactement 9 interlignes entre "temps" et "l'aiguille à la main". J'espère que le compte est juste et que je n'ai pas massacré le message.
Vous avez raison. Le chemin est long de l'enfance à l'âge adulte. Un interligne par année, ce serait pas mal comme idée, non?
Et puis, ces singuliers au pluriel : "notre deux" et "l’inconnues multiples". Vive la liberté! Je me suis précipité dans ma bibliothèque et j'ai brûlé mon Bled en vingt volumes. Je veux dire: "nous brûle son Bled en un exemplaire". Excusez-moi, j'ai encore un peu de mal à ne plus parler comme avant.
(Si vous êtes étudiante belge, je dois peut-être vous préciser que le Bled en France a longtemps été le principal livre de grammaire fourni aux écoliers et aux collégiens).

[Temps 2] . C'est donc qu'il y avait un temps 1. Mais c'est vrai, pourquoi l'écrire puisque c'est devenu évident? Economie de mots. Bravo.
[Temps 2] entre [crochets]. Oui, ce temps là pour vous n'est pas une simple parenthèse. Les jambes ne sont plus celles de l'enfance au coin du feu. Les [crochets] encadrent, enferment, comme les jambes d'un amant. Divins crochets.

- "Désincarnée, sucer ses doigts pour exister."
Là on a clairement quitté l'enfance. Parce que les petites filles sucent leur pouce.
Alors que les grandes filles se régalent des doigts.

- "Courir les contrées sordides de cauchemars habités d’elles."
D'elles? C'est qui, ça? Les contrées, bien sûr! Les cauchemars sont habités des contrées. Tout d'un coup vous devenez presque trop bavarde, c'est trop clair, un mot de trop.
Et puis les histoires de la Comtesse de Ségur, avec ses images à l'eau-forte, vous avez connu ça, vous?

Temps 3, et le texte suit sur la même ligne. J'espère que les crochets ne sont pas brisés. Est-ce un retour aux pierres du quotidien?

- "Trois / Deux / Un"
Excusez-moi, je dois avoir choisi une mauvaise police, parce que je n'arrive pas à aligner comme vous, le D avec le s, et le U avec le x.
Et je ne voudrais pas foutre en l'air votre poème.

- "Tous les contes se terminent bien, n’est-ce pas ?"
Tout d'un coup je suis un peu intimidé que vous vous intéressiez à moi.
Euhhhhhhh ben ouais je suppose, les contes se terminent bien, non?


Il me reste un dernier mystère: l'absence de ^ sur le o du 2e cote, au [temps 2].
Mais je garde ça pour demain, c'est trop bon.
Qu'est-ce que j'aimerais savoir écrire comme vous! Je pourrais embrouiller mon percepteur.
J'espère que personne n'aura, pour vous noter, la malencontreuse idée de recopier votre dernier vers. En parlant de lui d'ailleurs, est-ce que vous permettez que je rajoute: "et l'infini"?

J'adore. J'ai trop kiffé. Sniffé aussi.

Très cordialement
Ludi

   fredericprunier   
28/3/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
ça me fait un peu l'impression d'un film de Godard
ou de quelqu'un qui tient le roadbook pendant une épreuve de rallye

je vois pas de musique
et j'entends pas les images

désolé pour moi, je passe à côté

   Anonyme   
28/3/2012
Bonsoir daphlanote ! Insoluble, dans le sens impossible à résoudre, ce texte l'est vraiment pour le lecteur sans doute un peu simplet que je suis... Par exemple, que faut-il comprendre dans ce qui suit ?
"Alors, de mortes en pagaille, je collais mon corps au sien pour explorer encore.
L’aiguille à la main, j’ai cousu au fil des idées les mots de notre deux : l’inconnues multiples (toutes savoureuses et présentes) seraient l'équation d'un temps."
ou encore... "Je suis moi, elle est humide de présence et d’essence. Suis-je là ou là… où est-ce ou est-ce ? C’est l’enfer d’elle, vallées des côtes aux cotes."
Je suis désolé mais, à mon humble avis, cela n'a pas de sens pour le commun des mortels auquel j'appartiens...
Je n'accolerai pas à ce commentaire, que vous trouverez peut-être acerbe et infondé, d'appréciation "chiffrée" mais je ne vois ici qu’embrouillamini sans la moindre once de poésie.

   matcauth   
29/3/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour,

alors oui, le sens est difficile à trouver, il faut gratter longtemps, les mots et aussi la forme. C'est une jolie trouvaille, une jolie recherche hors des sentiers purement littéraires. Alors je gratte et peu à peu le tableau s'affiche, il est joli, il n'a pas la structure carrée d'un poème """conventionnel""" (un poème est tout sauf conventionnel, mais là, tout de même...) et on pourrait presque le regarder autrement, de haut en bas, de droite à gauche, vu de derrière, je ne sais pas et peu importe : il ouvre d'autre perspectives et ça, c'est déjà une réussite.

Le fond est semblable : êtes-vous "elle"... ou "elle"? en dessous? ou au-dessus?

dommage simplement que le temps trois, celui de la maturité, selon moi (je me trompe peut-être) soit moins mis en valeur et décrit.

Mais bravo pour ce "concept", cette envie de défricher encore, d'explorer, plus loin.

   Anonyme   
29/3/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je ne sais pas si j'ai aimé ou pas ce texte, il est surprenant et déroutant.

J'aime le rythme de la première partie, et une vraie poésie qui se dégage de l'ensemble.
J'ai adoré: "mais des pas opaques aux visées incertaines." et "j'étais le magicien, gravé à l'eau-forte sur les ramages d'un papier épais, " qui sont somptueux vraiment. Je me suis imaginé, peut-être à tort ne voulant pas aller au-delà ou en deçà des intentions de l'auteur, je me suis imaginé, donc, une relation mère-enfant ou père-enfant, et puis j'ai pensé à une aïeule plus vieille (une grand-mère ?) qui conte à un enfant. Un passage très très poétique en tous cas, avec un bémol pour la dernière phrase très lourde, assez laide je dois dire avec sa référence maladroite ou trop évidente aux mathématiques.
Je crois aussi détester ce passage de l'onirisme pur à quelque chose de cartésien, plan plan. Bref, je suis déçu !

Puis viennent les temps suivants où j'ai cru déceler une histoire d'amour se terminant (mais je dois dire que j'ai parfois trop d'imagination...). Tout d'abord, un beau passage sur le partage d'amour, avec un biais intéressant sur le corps, et j'aime d'ailleurs ce renvoi au temps un et son corps "devinette". Une très belle phrase: "Courir les contrées sordides de cauchemars habités d’elles. "
La fin est encore une fois plus fade, peut-être une volonté après les envolées précédentes, de nous tirer vers le réel ? mais je trouve très très laid: "signé-je un contrat en blanc." avec son inversion de sujet interrogative et son absence de point d'interrogation...

Le temps 3 est joli mais banal presque trop facile si je suis ma logique d'histoire d'amour qui se termine, comme un conte de fée avec une fin sombre...

J'ai un regret c'est que justement il y ai parfois des choses qui vont trop vites, cette fin notamment.

J'espère vraiment ne pas avoir "abîmé" votre texte en l'interprétant de cette manière.

Et je pense que ce texte est de qualité, mais qu'il souffre d'irrégularité dans sa puissance évocatrice.

   Anonyme   
29/3/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Autant votre dernier poème m'avait laissé de marbre, autant celui-ci m'apparait plein de finesse. Je n'ai pas essayé de démêler cet écheveau complexe dont vous seule avez les clés, me contentant de me faire porter par ces associations lexicales étranges. Je crois que pour comprendre votre univers il faut avoir l'humeur vagabonde et laisser de côté la logique.

J'ai relevé pêle-mêle des allitérations amusantes ("de petites pépites peintes") quelques jeux de mots par-ci par-là ("compteuse de vers ou conteuse en somme") et des ovnis ("de mortes en pagaille"). Il me semble que vous avez beaucoup insisté sur les sonorités.

Des critiques quand même. Vous écrivez "curieuse" puis après "magicien". De quel genre êtes-vous ? N'aurait-il pas fallu mettre "magicienne" ?

Les répétitions suivantes ne sont pas terribles, vous en faites trop et puis ... ce n'est pas joli :"facile, facile, la forme est elle, facile, c’est l’aube. Crue, crue, elle est crue comme jamais".

Pour conclure, voilà une poésie remplie de malice.

   melancolique   
29/3/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Daphlanote,

Je suis désolée de ne pas pouvoir déchiffrer le sens de votre poème, je le trouve hermétique et je ne peux ressentir ainsi aucune émotion ni apprécier sa juste valeur.

Mais je trouve qu'il y a une force dans certaines images comme:

"L’aiguille à la main, j’ai cousu au fil des idées les mots de notre deux : l’inconnues multiples"

Au plaisir de vous relire.

   funambule   
30/3/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Qui porte bien ton titre... comme un écrit d'art et décès. J'avoue qu'au début je pensais simplement avoir à m'amuser des petites allitérations, des sons habilement ponctués. Après c'est comme à la mer, une fois que l'on est dans l'eau...

Bon, j'avoue que si j'avais a fournir une explication de texte j'abdiquerais directement. Mais pour autant cette étrange émotion, les sensuelles injonctions, l'aspect un peu conte, le "Coué" final... Je trouve un bel équilibre, de l'inventivité... et du "jeu"; un réel plaisir.

   brabant   
30/3/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour daphlanote,


J'ai subi (''subi'' est le mot) la magie de cette écriture... sensuelle;

Conte de fées (où d'ogresse) au début, enchanteur, charmeur où la fée très vite se fait vampire.

Sexualité forcenée... sans forces dans un deuxième temps, où l'accord est l'accord des fluides, des sucs, des sécrétions, une fusion, un enfer diaphane où l'on se donne, où l'on signe.

Puis temps 3 l'aurore où l'on est repu de l'autre.

Et temps 4 où l'on naît, autonome... prête à faire "Trois pas, de petits pas, ... dans la neige... pour ouvrir le monde"...


Bonne chasse à elle !


"Dégustatif"

   Anonyme   
6/5/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'aime quand un texte interroge de cette façon.
C'est une véritable usine à rêves. Il y a un formidable jeu sur les allitérations, beaucoup d'images qui font travailler l'imaginaire du lecteur. Une sorte de conte de fées moderne qui m'a littéralement enchanté. C'est pourquoi je sanctionne cette magnifique création de mon premier exceptionnel sur ce forum.
Merci et bravo !

   daphlanote   
5/6/2012
Bonsoir à tous.

Un forum d'explication a été ouvert à cette adresse.


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