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Poésie contemporaine
embellie : Ni la mort, ni la vie…
 Publié le 11/02/21  -  15 commentaires  -  1841 caractères  -  197 lectures    Autres textes du même auteur

Quand la vie vous joue des tours et détériore votre vieillesse.


Ni la mort, ni la vie…



Au réveil on la lave, on la coiffe, on l’habille ;
elle se laisse faire ainsi qu’une poupée.
Au petit déjeuner on lui dit que sa fille
viendra la voir avant la fin de la journée.

Le regard dans le vague et la tête inclinée,
Ses deux lèvres figées en un pâle sourire,
elle est assise là, toute la matinée ;
il est de meilleur sort, mais il en est de pire…

Tel un enfant dolent caressant son doudou
d’un geste machinal elle lisse sa jupe.
Aucun pli n’apparaît pourtant sur ses genoux ;
ce geste inhabité étrangement l’occupe.

Rien ne semble l’atteindre en son monde isolé.
Parfois sa main se lève, mouvement incertain ;
au bord de sa paupière une larme a perlé.
Est-ce le souvenir d’un quelconque chagrin ?

Et lorsqu’une lueur traverse son esprit,
éclairant un instant ses pauvres yeux fanés,
stupéfait, incrédule, attentif on se dit :
« Elle va s’exprimer » alors l’espoir renaît.

En effet, impromptu, elle sort du silence,
s’adressant au hasard à un fantôme errant,
les mots sont hésitants, propos sans cohérence,
puis le regard s’éteint, redevient comme avant.

Elle fut jeune et belle et elle aima la vie.
Comment croire qu’un jour son esprit a chuté ?
Elle mange, elle dort, elle est là, son corps vit
mais si peu, démuni d’intérieure clarté.

Soudain, elle se lève et très déterminée,
va vers la porte, l’ouvre, s’engage dans la rue.
Sa précipitation et ses grands pas pressés
en désaccord avec son regard éperdu

elle va, ne sait où, mais marche d’un bon pied !
L’infirmière, à ses trousses, a du mal à la suivre.
L’escapade chez elle est un fait coutumier ;
un sursaut de l’instinct, pour l’aider à survivre ?


 
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   poldutor   
27/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour
Belle poésie sur la décrépitude, en effet, "ni la mort ni la vie", elle est là, mais son âme est ailleurs. Nous avons le privilège de vivre bien longtemps, mais pas toujours dans les meilleures conditions de santé mentale.
Les deuxième et troisièmes quatrains sont mes préférés avec de beaux vers :
" Le regard dans le vague et la tête inclinée,
Ses deux lèvres figées en un pâle sourire,
elle est assise là, toute la matinée " et

"Tel un enfant dolent caressant son doudou
d’un geste machinal elle lisse sa jupe."

Il faudrait presque tout citer.
On sent que l'auteur(e) aime cette vieille femme frappée d'Alzheimer cette horrible maladie qui fait que l'on est vivant mais que l'on est absent...terrible épreuve pour les proches à l'affût du moindre signe de lucidité.
Merci pour cette preuve d'humanité.
Cordialement.
poldutor en E.L

   papipoete   
31/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
néo-classique
Maman s'occupa de toi l'infirmière et comment ! Et chaque heure, chaque jour avait son rituel sans besoin de manuel, et tu grandis, poussant comme ces arbres avec quelques noeuds, mais pourtant droits !
Aujourd'hui, c'est toi qui dois t'occuper de Maman, l'habiller, lui donner à manger, et la distraire comme tu le faisais avec ta poupée...
Elle n'est pas très âgée mais " la " maladie lui a tourné l'esprit, est redevenue enfant...
NB qui ne versifia pas sur ce thème, où l'on perd sa mère en la gardant... Il fera toujours autant de peine aux lecteurs, ceux qui traversent ce désert impitoyable, ou sont arrivés au bout à bout !
la première strophe est ma préférée
le 14e vers mesure 13 pieds
le 26e vers aussi ( va vers la porte... )
le 30e aussi
mais cela n'ôte rien à la qualité du texte
papipoète

   Anonyme   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Un peu
Thème récurrent, litanie de phrases et d'images. On devine dès le début le développement, les arguments, les mots. Un constat, triste certes, mais rébarbatif. La plume ne parvient pas à toucher l'âme (la mienne). Ce n'est pas mal écrit mais j'ai trouvé ce texte neutre, plat.

   PlumeD   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Je suis partagé sur cette poésie. Elle est incontestablement d'une belle facture, le gros défaut est que son thème et les idées véhiculées manquent d'originalité. Rien n'étonne, tout cela a déjà était dit cent fois. C'est bien dommage. Un très beau travail d'écriture pourtant.

   Lebarde   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour embellie

Ben oui, la vieillesse est un sujet d'une banalité..... que les plus jeunes et d'autres qui ne sont pas encore concernés trouvent rabâché et sans originalité, soit!

Pourtant bien peu y échappe, sauf ceux qui meurent avant, et bien souvent suivant un "processus" malheureusement sans grande surprise qui ne fait pas dans l'originalité. (Alzheimer ou démence sénile, peu importe!)

Il est possible de mourir centenaire, en pleine forme physique et avec toute sa tête, oui...c'est possible mais il ne faudrait pas que les jeunes insouciants rêvent trop.!!

Votre poème, raconte magnifiquement ce qu'est la vieillesse avec beaucoup de vérité, de délicatesse. Bravo.

On pourra trouver votre poème un peu "descriptif et factuel", d'autres diront "prosaïque" mais il donne avec beaucoup de pudeur la réalité d'une situation que je connais bien et que j'ai souvent eu le besoin de décrire au risque de passer pour un vieux rabâcheur.

Sur la forme, je relève quelques vers de 13 syllabes et quelques dérives au niveau des rimes, tout à fait acceptables en contemporain, mais pourquoi l'utilisation aléatoire des Majuscules en début de vers?

Beau sujet, belle lecture que j'ai bien appréciés.

Merci d'en avoir encore parlé.

Lebarde

   Robot   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je n'aime pas le titre.
Les images et métaphores excellentes font passer certaines maladresses:
"Elle fut jeune (et belle-et-elle) aima la vie." Pour moi ça accroche.

La répétition de "elle" est un peu lancinante à la longue. Je conviens qu'il était difficile de s'en dispenser en raison des contraintes du néo. Peut-être aurait-il été possible de personnaliser en remplaçant quelques "elle" par un prénom ou par maman - par exemple -.

Un sujet difficile bien développé et dont on ressent la souffrance morale prégnante.

   fugace   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
C'est une poésie d'une force incroyable sur la vieillesse.
Beaucoup d'images d'une justesse cruelle: "Au réveil on la lave, on la coiffe, on l'habille; elle se laisse faire ainsi qu'une poupée", la troisième et la dernière strophes sont particulièrement douloureuses.
L'écriture est d'une justesse, empreinte de sensibilité et de pudeur qui donne la mesure de ce quotidien rétrécit aux fonctions vitales du corps.
Merci pour ce si beau poème.

   in-flight   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne peux m'empêcher de penser à la phrase de De Gaulle (je crois): " La vieillesse est un naufrage". Un naufrage d'autant plus triste que l'on coule de plus en plus souvent seul dans la froideur anesthésique d'un EHPAD.
Ce n'est pas rejouissant mais c'est ce que ça m'inspire.

La forme classque convient bien au sujet et à la tonalité du texte.

   Edgard   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour
Le thème est si propre à générer l’émotion, qu’on attend une manière de dire plus directe, plus pudique, plus subtile. Ce qui gâche un peu le texte c’est son côté analytique (il est de meilleur sort, mais il en est de pire… stupéfait, incrédule, attentif, on se dit… Comment croire qu’un jour son esprit a chuté…) qui à mon avis « refroidissent » l’émotion.
Une poésie contemporaine, ce n’est pas seulement ce qui n’entre pas dans le classique ou le néo-classique. C’est écrire autrement, avec une manière de notre temps. Je pense qu’un thème comme celui que vous avez choisi, serait mieux rendu avec plus de liberté dans la forme.
Il y a des images très belles que la manière « enferme ». Je prends exprès les plus réussis à mon sens…
« Ses deux lèvres figées en un pâle sourire » L’alexandrin vous contraint à dire « ses deux lèvres »… c’est un peu lourd : d’autant que la rime vous oblige au 4ème vers , qui peut facilement être ôté.
« Tel un enfant dolent caressant son doudou
D’un geste machinal elle caresse sa jupe »
La vielle dame devient enfant, c’est beau, c’est poignant. Dites -le simplement. Faites un gros plan sur sa main, faites-nous vivre le geste… juste la main la caresse, le geste, la douceur du tissu, la jupe…^pas besoin de dire deux fois « caresse ».
Je ne vous donne pas une leçon de poésie, rassurez-vous. Je vous dis seulement ce que je ressens, cette frustration, parce que cela gâche un peu votre talent qui apparaît dans votre texte. Virez tout ce qui est inutile et… restera vous avec tout ce qui est beau dans votre poésie.

   Provencao   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'ai beaucoup aimé cet écrit où vous nous accompagnez dans cette agitation, cet assourdissement décrit comme pathos soit tout à la fois une affliction, une sérénité, ce qui se résigne ou s'accepte mais aussi pathos rendant compte d’une habilité, d’un désarroi que l’être abdiquerait à l’appel de l’humain, à sa fatalité dans ce là, ce lieu qu’il affronterait dans la réalité.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Corto   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce poème semble écrit d'une traite, d'une envolée, alors que bien sûr on y devine un sérieux travail d'écriture.
Le ton est alerte et traite habilement son sujet, avec même quelque originalité et des rebondissements.

On visualise aisément la situation, peu réjouissante sans doute, mais les deux derniers quatrains sonnent comme une revanche, un sursaut face à la condition imposée par une vieillesse sans douceur.

J'aime bien ce final osé même s'il doit faire pester les soignants...

La forme choisie (et ses contraintes) est oubliée car elle se met au service du ton et du récit.

Merci pour cette rencontre.

   Miguel   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un pathétique sans pathos, une authentique peinture du naufrage de la vieillesse. Un lecture qui met mal à l'aise car elle montre ce que l'on voudrait ne pas voir, car on le redoute pour soi-même, mais pas seulement pour cela : aussi parce qu'on est plein d'apitoiement pour cet être si bien évoqué que l'on croit le reconnaître (qui n'a pas vu de ces fantômes ? les epahd en sont pleins). Tout est dit ici avec réalisme mais aussi avec la mesure que prescrit le bon goût. De beaux vers, dont celui de l'intérieure clarté absente.

   Anonyme   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonsoir Embellie,

Il en est qui vieillissent bien, d'autres moins et c'est le cas dans cette poésie qui parle d'un sujet, certes maintes fois traité, mais ce qui compte selon moi est la manière d'évoquer cette maladie éprouvante pour la personne elle-même ( au premier stade de la maladie surtout) et pour les proches, impuissants et qui en souffrent .

La forme contemporaine n'imposant pas de contraintes, je me contenterai de dire que cette poésie est écrite avec un réalisme certain et pour ma part, transmet l'émotion .

   Myo   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Une poésie d'un réalisme sans pitié...

Et pourtant, même perdu dans leur monde, il y a par moment une brèche par laquelle il y a moyen d'instaurer une sorte de communication.
Que ce soit par la musique, le regard, les gestes tendres, un animal familier, une voix ...

Le dernier quatrain m'a rappelé un souvenir plutôt embarrassant. Une petite dame s'était sauvée de l'établissement où je travaillais il y a quelques années. Il m'a fallu des tonnes de patience pour qu'elle daigne lâcher le poteau d'éclairage qu'elle enlaçait et me suive. Je crois que les passants ce sont bien demandés ce que nous faisions toutes les deux.

   Anonyme   
16/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un poème que je trouve émouvant, sensible, sur un sujet peut-être rabâché, mais traité ici avec beaucoup de délicatesse...
On imagine aisément la scène, cette vieille femme qui perd la tête, qui est déjà un peu partie... Cela me fait un peu penser à ma grand-mère, morte en maison de repos à l'âge de 95 ans, et atteinte de démence sénile depuis longtemps.

Je citerai :
"Rien ne semble l’atteindre en son monde isolé.
Parfois sa main se lève, mouvement incertain ;
au bord de sa paupière une larme a perlé.
Est-ce le souvenir d’un quelconque chagrin ?"

La forme est contemporaine, avec des dodécasyllabes et des rimes qui ne sont pas toujours suffisantes... mais ce n'est pas le plus important.


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