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Poésie libre
Eskisse : Le mot
 Publié le 22/12/25  -  7 commentaires  -  817 caractères  -  124 lectures    Autres textes du même auteur

Dépendance.


Le mot



Enfin élucider son cœur
pour ne pas l’arracher

***

Ce n’était pas prévu
soudain un mot tombe des nues

Qui l’a dit ? Qui l’a créé ? Qu’importe ?
il a atterri dans vos yeux

Une torche qui vous réjouit
dans le temps qu’elle vous peine

Un tambour qui vous réveille
de ses baguettes magiciennes

Un petit mot de rien du tout
sans lequel vos espoirs étaient fous

Sa dague bien pendue
sur le tarmac des faits et gestes

Sa sève bien plantée
dans la gaine de vos veines

Anodin mais assassin de l’opaque

Un mot tranquille
qui annihile
les mensonges
qui vous rongent

Un mot fracture
le chien blanc
d’un non-voyant
vous reconnaissant


 
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   Vadim   
22/12/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bien, s'il en faut un dernier, autant qu'il choie sur vous Eskisse.

Et j'ai l'honneur d'ouvrir votre fil de commentaires.

Je me suis muni de mon tamis poétique sensoriel, nécessaire en poésie libre, pour filtrer les images les plus volatiles et avoir la chance de les tenir dans le creux de la main pour les contempler, comme "élucider son coeur" en v1, je ne sais pas à qui, ou peut-être à quoi vous faites allusion - ce ne peut être qu'à vous-même ; le "mot" : un mot d'amour ? Qui, depuis qu'il vous est connu, apaise votre malheur : "un mot tranquille", puis garder le reste à la surface, tout le reste, ce "mot" est secret et enfoui, tombant "des nues" pour frapper votre âme. Il vous est bénéfique, je l'ai pensé tout du long en lisant malgré certains vers pesants :

Ce "chien blanc / d'un non-voyant / vous reconnaissant", est-ce qu'il vous reconnait comme étant similaire à son maître à lui ? Non-voyante ? C'est métaphore : "Mot", encore, juste peu avant, parle t-on d'une fuite ? : " les mensonges / qui vous rongent ", une fuite de soi-même ? Ce "chien blanc" est "fracturé" par le "mot tranquille" : vous êtes convalescente, le "mot" est encore frais, ce chien aura sans doute reconnu l'ancienne Eskisse, désormais lumineuse :

Vous écrivez à la deuxième personne du pluriel, donc comme pour relater une expérience bien vécue, tout en gardant une certaine distance, un recul, un touché perturbant comme toujours avec vous, un velour doux et à la fois râpeux, tout peut-être solitaire aussi je sais pas, "assassin de l'opaque", un "mot" libérateur. Engageant. Votre âme s'envole.

J'ai "renaissance" comme mot qui me vient à l'idée en lisant votre poème. C'est celui qui colle le plus à ce dernier de ma fenêtre.

Merci du partage.

Belle journée à vous.

   EtienneNorvins   
24/12/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
… je résolus de laisser les mots de triste nature errer eux-mêmes sur ma bouche (Mallarmé).

C’est dans cette filiation que j’ai lu ce poème, qui célèbre la puissance inattendue du mot, présenté comme une force à la fois intime, révélatrice et transformatrice.

Dès l’incipit — « Enfin élucider son cœur / pour ne pas l’arracher » — le mot (qu’on peut dire « clé ») apparaît comme l’alternative salvatrice à la violence des émotions intimes. De façon valéryenne, son surgissement est décrit comme imprévisible : « soudain un mot tombe des nues ». Son origine importe peu — « Qui l’a dit ? Qui l’a créé ? Qu’importe ? » — car c’est son effet qui prime. Le poème insiste sur sa réception, notamment à travers un regard intérieur (« il a atterri dans vos yeux »), ce qui suggère une compréhension immédiate, presque intuitive – une adhésion charnelle.

Mais les métaphores (riches, c’est la marque de l’auteure) se succèdent pour souligner l’ambivalence de ce mot : il est à la fois lumière et douleur (« Une torche qui vous réjouit / dans le temps qu’elle vous peine »), éveil et choc à la façon d’un satori ? (« Un tambour qui vous réveille »). Cette dualité montre que la vérité portée par le mot n’est ni confortable ni destructrice, juste nécessaire.

Bien que qualifié de « petit mot de rien du tout », il devient essentiel : sans lui, « vos espoirs étaient fous ». Le poème joue sur ce contraste entre insignifiance apparente et puissance réelle. Le mot est à la fois arme (« Sa dague bien pendue ») et source de vie (« Sa sève bien plantée »), ce qui renforce l’idée qu’il blesse pour mieux faire circuler le vivant et le sens.

Dans la dernière partie, le mot est explicitement libérateur tout en gardant sa dimension de violence sacrée : « assassin de l’opaque », il détruit les mensonges et met fin à la confusion intérieure – l’assassin est étymologiquement un tueur marqué du sacré... La chute du poème, avec l’image énigmatique du « chien blanc / d’un non-voyant / vous reconnaissant » (qui évoque le chien Argos, mais lui est le chien fidèle d'un homme qui a beaucoup vu...), suggère une reconnaissance profonde, presque existentielle : le mot permet de se voir et d’être vu autrement, au-delà de l’aveuglement.

Ainsi ce texte célèbre-t-il, comme une annonciation faite aux lecteurs (« vous ») le mot juste comme une révélation fragile mais décisive, capable de fracturer le silence, d’éclairer l’intime et de réconcilier l’être avec sa ce qu’on peut appeler, faute de mieux, sa « vérité ». En quelque sorte, un mot contre un mal...

   papipoete   
22/12/2025
bonjour Eskisse
Je ne vais pas faire semblant de m'enflammer pour ce poème, mais comme je lis Tout, je m'aventure dans les méandres de cette " dépendance ".
Un mot dont il ne faudrait pas discuter, autour de la table de Noël, risquant d'entraîner quelques piques assassines de qui " est dépendant " d'un alcool, d'un mari jaloux, d'un mauvais tabac ; risquant s'aventurer au bord d'un pic vertigineux, où l'on risque perdre son équilibre, et tanguer, tanguer.
NB le Mot, c'est pourtant pas grand chose un mot, et pourtant ce peut être celui qui fâche, qui tue, qui écrase mais heureusement aussi, celui qu'on attendait au détour d'une peine, dans l'erg d'une solitude, dans la vase d'un enlisement.
Pour revenir à votre Mot, j'aime bien les 2 dernières strophes, et surtout ce distique
- un petit mot de rien du tout
sans lequel vos espoirs étaient fous.
Je vis que des lecteurs avertis, sous vos lignes vinrent et en goûtèrent tout le sel et en suis heureux pour Vous.
Je ne mettrai point d'appréciation, mais je reste coi devant votre belle écriture.

   ALDO   
22/12/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Le tintement de la clochette du tout premier portail
dure encore...
et nous ne savons plus si sa sonorité (sa flamme) nous est douce ou bien cruelle.

Seuls comptent peut-être l'impact, la surprise de l'attaque
puis la lente germination.

Je ne sais pas si "élucider" empêche de s'arracher le coeur.

Les précédents commentaires ont déjà dit beaucoup... D'autres sans doute viendront
et nous en diront plus encore...

Je ne suis pas un bon commentateur mais j'aime l'impression de ne pas pouvoir sortir d'un texte, d'un mot.
Bravo

   Ascar   
22/12/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Ce texte, tout en délicatesse, m'a fait pense au mot "Amour" car quand il est entendu et dit , il élucide le pourquoi du cœur.

Une très agréable lecture

   Provencao   
22/12/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Eskisse,

J'aime bien cette bénédiction harmonieuse de réviviscence, dans un désir de renouveau qui ne peut trouver d’accomplissement, la bénédiction harmonieuse du point de vue du lecteur ou de l’auteur, implique curieusement une abîme et un couronnement de son sens par une ardeur en train de se faire, une éclipse créatrice d'entité.

Au plaisir de vous lire,
Cordialement

   Pouet   
22/12/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Slt,

la recherche du mot.

Ce que nous voulons dire n'existe pas, ce qui existe est indicible.

Trouver de la matière dans la matière. Malaxer les sentiments.

Nous sommes dans l'impalpable, dans le non-dit qui s'exprime par toutes les pores de la conscience, notre navire cherche son point de chute. Il y a de la rythmique existentielle, une percussion mentale, un mur métaphysique. Quelque chose qui fait mal et qui libère, une acidité sur la langue, une esquisse perdue. Peut-être de l'amour ou quelque chose approchant, une considération de la douleur, une acceptation. Un tout.

L'important n'est pas le bruit, mais sa résonance.

Nous ne sommes que surdité.


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