Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie en prose
gage : Éoliennes dans la brume
 Publié le 16/11/21  -  19 commentaires  -  2326 caractères  -  248 lectures    Autres textes du même auteur

Le narrateur associe son état d'esprit aux éoliennes qui tournent dans la nuit.


Éoliennes dans la brume



Tu les devines dans l'obscurité, tout là-bas au fond, sur la crête.
Il y en a précisément douze. Tu le sais pour les avoir observées trajet après trajet.
Détestées, admirées, négligées.
C'est selon.
Selon l'humeur.

Je crois que mon moment préféré c'est en plein jour, et dans l'autre sens : au détour d'un virage de l'autoroute, elles se superposent en enfilade, mélangeant dans la perspective leurs bras et leurs fûts.
Une hydre sur la colline ?
Shiva dans le ciel ?
Les corolles complexes de grandes fleurs givrées buvant les nuages ?

Tu t'approches d'elles, tu t'éloignes d'elles, tu les perds au gré de la route, au gré des méandres.
Douze lumières rouges qui battent, et rythment ton approche.
Dans la nuit pulsent les fanaux estompés par la brume.
Au début tu ne les aurais même pas perçus si tu ne les avais pas cherchés.
Les phares qui te croisent les soustraient chaque fois à ta vue, puis te les rendent.

J'aime bien aussi les découvrir un jour où passent les nuages.
Selon qu'elles sont ou non à l'ombre, elles n'ont pas du tout la même teinte.
Du blanc insoutenable au gris ardoise en passant par la neige sale, la perle, la tourterelle, le ciel d'orage, tournent les pales dans un bel ensemble, un rythme coordonné.
Un ample mouvement noble et plutôt élégant et plein d'une puissance d'autant plus sensible que la cadence est pondérée.

Tu les rejoins bientôt.
Tu perçois à présent très distinctement que le battement des falots rouges se complique à chaque fois que l'une des pales passe devant l'une ou l'autre des lumières.
Par temps clair on devinerait même de manière fugace une portion du bras qui glisse.
Un dernier virage et les voilà, de part et d'autre de la route, ce que tu n'aurais jamais prévu avant de franchir leur ligne un peu incurvée.

Tu la vois, la troisième sur ta droite ?
Son œil rouge bat tout comme les autres.
Mais contrairement à ses voisines qui brassent vigoureusement l'air nocturne,

elle ne tourne pas.

Je suis cette éolienne dans la brume.
Ne t'y trompe pas.
La pulsation régulière qui m'anime par convention peut faire illusion, mais sache-le…

je suis désormais totalement immobile.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
1/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Alors là, chapeau. Je trouve presque parfaite votre évocation des éoliennes, je ressens la variété de leurs aspects selon les conditions météo et aussi à mesure du parcours du narrateur sur la route. Je ne comprends pas trop, cela dit, pourquoi vous mêlez première et deuxième personne dans le corps du texte ; comme si vous aviez d'abord adopté la première personne, puis étiez passé à la deuxième à cause de la prise à témoin
Tu la vois, la troisième sur ta droite ?
Mais vous avez laissé deux occurrences de la première personne :
Je crois que mon moment préféré
J'aime bien aussi les découvrir
J'ignore si c'est voulu. Pour moi ça fait bizarre.

La fin, impeccable à mes yeux !

Un bémol sur la phrase
Selon qu'elles sont ou non à l'ombre, elles n'ont pas du tout la même teinte.
que je trouve lourde à cause de « selon qu' » ; et puis le « du tout » me semble peut-être de trop.

   Lebarde   
4/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un sujet d'actualités sur les "éoliennes" qui font l'objet de tant de discussions, de controverses et de contre-vérités, dans la recherche actuelle d'énergies renouvelables ( ou pas?).

Sont elles utiles? Sont elles source de pollutions visuelles ou sonores, dangereuses pour la santé humaine ou animale? Constituent elles une réelle solution au problème posé? Dénaturent elles vraiment les paysages? A quel niveau dégradent elles la valeur des biens?

Le débat est sans fin et les arguments généralement avancés souvent égoïstes, vont trop souvent à l'encontre de l'absolue nécessité de sauver la planète et de la conserver dans un état proche de celui que les hommes ont toujours connu.

Parce que en ce qui concerne la planète, elle n'en a que faire , en a vu bien d'autres et s'en remettra c'est sûr. ( C'est le géologue qui parle).

Dans ce texte, et je vous approuve pleinement , vous vous tenez à l'écart des polémiques et vous vous placez uniquement sous l'aspect environnemental et esthétique d'un champ éolien (de la campagne picarde, je suppose) que vous trouvez finalement pas si laid que cela, quels que soient les moments de la journée et que vous animez et faites vivre en fonction de vos diverses positions et états d'esprit d'observateur.

Sur ce point votre texte est magnifique et défend superbement la cause.
Une description très imagée, une écriture simple, fluide, élégante qui me plaisent beaucoup.

J'ai bien aimé la personnalisation de l'auteur dans cette affaire même si le dernier vers me laisse un peu circonspect:

"je suis désormais totalement immobile."

Habituellement je ne commente jamais la prose mais là, j'ai pris plaisir à le faire et votre texte m'a bien plu.
En EL
Lebarde

   ferrandeix   
7/11/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un texte lyrique, ce qui est rare. Lyrique par son caractère grandiose, par le souffle qui l'anime (sans jeu de mot), par la beauté de la description - quoique j'y vois aussi des faiblesses: des formules qui pourraient être plus élégantes. Et puis surtout, il y a cette finale inattendue, vraiment sublime, qui prête une dimension égotique au poème alors qu'on ne l'attendait pas. L'image est étonnante, très puissante par l'émotion qu'elle engendre. Bravo pour ce texte.

   Queribus   
10/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Un poème qui allie science et poésie, ça n'est pas si courant (surtout quand c'est réussi). J'ai beaucoup aimé le sujet original et l'écriture très moderne qui m'a fait penser un peu à Blaise Cendrars avec ces strophes inégales qui ressemblent au souffle et aux rafales du vent.
J'ai aussi particulièrement apprécié ce tutoiement tout au long du poème.

En résumé et en ce qui me concerne,un bon moment de lecture pour moi. Au prochain texte digne de celui-là.

Bien à vous.

   hersen   
16/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ah, que voilà des éoliennes mises en scène de belle façon ! Pour connaître le lancinant souffle qu'elles exhalent, je trouve vraiment bien vu ce un seul parmi les autres, privé de ce souffle.
Un intru, un perdu, un mal dans sa vie.

Mais peut-être a-t-il malgré tout une lumière rouge, là tout en haut ?
Nous sommes dans le renouvelable.
Un espoir, donc, au bout du tunel ?

Je salue l'originalité du traitement, parler des éoliennes pour en arriver à son mal-être, c'est détonnant.

Merci de cette lecture !

   papipoete   
16/11/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
bonjour gage
une " gageure " que d'évoquer ce sujet, aussi brûlant qu'une guerre en Orient... et versifier sur ces créatures du Diable, qui ne trouvent assentiment pour quiconque !
Pour ces " affreuses " hélices au vent, qui put imaginer que sur elles, on put écrire des éloges au point que le Moulin de Fontvieille, en baissa ses toiles !
En plus de les habiller d'une silhouette agréable, l'auteur se met " dans la peau " de l'une d'elles, qui se morfond de ne plus tourner, comme condamnée à ne plus briller, et se taire !
NB et le festival dure de jour et de nuit, quand le héros imagine chaque phare comme un Dieu, une Hydre ou Shiva dans le ciel : on joue même à " pas vu, pas pris " quand la route faisant des dos-d'âne montre puis cache les grandes tours blanches !
Et le dénouement, alors que le récit était gai enjoué lumineux, prend un air tragi-comique quand cette pauvre éolienne comme punie, semble sangloter !
Franchement, un texte à montrer à ceux qui haïssent ces grandes dynamos qui brassent l'air avec tant de grâce : en plus d'être belles, les voici qui nous évitent de pédaler, alors que d'un appui sur un bouton, on demande " la fée électricité ! "
Cher " apprenti, " Vous m'épatez et je ne sais quel passage choisir, tant vos lignes se distinguent autant, l'une que l'autre !
Bravo !

   Marite   
16/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Malgré moi j'ai suivi, au fil des méandres de la route, ces "Eoliennes dans la brume" et, de façon inattendue, elles me sont devenues sympathiques et familières, oui, aussi étrange que cela paraisse ! Il faut dire que l'écriture poétique de ce texte, telle une baguette magique, a transformé ces créatures métalliques en êtres vivants enfin dans mon imaginaire ... Les images évoquées aussi y sont pour quelque chose :
- "Les corolles complexes de grandes fleurs givrées buvant les nuages ?"
- "Dans la nuit pulsent les fanaux estompés par la brume."
- et quand passent les nuages "Un ample mouvement noble et plutôt élégant et plein d'une puissance d'autant plus sensible que la cadence est pondérée."
La conclusion est superbe ... la troisième ... avec son oeil rouge qui bat ... immobile ... "Je suis cette éolienne dans la brume"

   Cyrill   
16/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une belle façon de présenter les éoliennes, on les croirait faisant depuis toujours partie du paysage.
Elles semblent avoir une âme et un cœur qui bat.
Le récit est doux, il invite le lecteur à regarder autrement.
Et la fin est surprenante, assez mystérieuse :
"elle ne tourne pas.
Je suis cette éolienne dans la brume."
Comme quelque chose qui reste en suspens, dont je n'ai pas la clé de compréhension, mais ça me plait.

   Corto   
16/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Moi qui déteste les éoliennes posées près de ma route au point de me distraire et perdre de vue le bon axe, j'ai trouvé joli ce texte. La poésie fait des miracles...

Ce texte est bien construit, un peu provocateur car "Détestées, admirées, négligées. C'est selon."

Bienvenue à "la troisième sur ta droite". "elle ne tourne pas." Enfin une éolienne qui refuse de jouer le jeu, qui a compris qu'elle n'était pas à sa place !

"Je suis cette éolienne dans la brume.
Ne t'y trompe pas. je suis désormais totalement immobile". D'accord, ne bouge plus, comme un objecteur de conscience qui a compris qu'on lui faisait faire ce qu'il n'approuve pas. Jusqu'où faut-il pousser l'identification à cette éolienne immobile ? Mystère...

Je suis content. J'ai rencontré ma première éolienne sympathique.

Beau texte, audacieux pour traiter de façon légère un sujet bien sérieux. Le sérieux sera pour une autre fois !

   pieralun   
16/11/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Une description assez prosaïque des éoliennes, mais la prose est la forme.
Je ne sais pas si l’autoroute est celui qui s’étire vers la mer dans la vallée de l’Aude, après Carcassonne, mais j’ai l’impression de les observer par la vitre du véhicule….
Une belle description, puis le regard sur cette éolienne qui ne tourne pas……; et là le choc !
Bravo ! Bravo! mille fois, ces 3 dernières phrases qui m’ont plongé dans le désarroi le plus total du pilote dont la passagère ou peut-être le passager, non c’est certain: la passagère n’a plus en elle le moindre amour, la moindre vibration de l’âme, mais juste la pulsation régulière qui donne le change.
Touché en plein cœur ! Est-il une meilleure définition de la poésie ?

   Malitorne   
17/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Comme quoi on peut faire de la bonne poésie avec du trivial, pas besoin de chercher dans les hautes sphères. Les éoliennes sont tellement impressionnantes dans leur conception, leur marque sur le paysage, qu'elles méritaient amplement qu'un poète s'y attarde. Un hommage donc original et d'heureuse composition, avec une symbiose finale bien trouvée.

   gage   
17/11/2021

   Vincente   
17/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte me parle… et j'aime ça !

Le graphisme habité de la vie des éoliennes qui se meuvent majestueuses le jour, comme en de amples respirations, et mystérieuses la nuit en des glissements inspirants est porté avec un très juste regard au travers de ces lignes.

L'écriture frappe ses évocations en douceur et elles se rapprochent ténument, continument du narrateur jusqu'à se confondre en lui. Tout ce cheminement est très avenant.

Le final est à la fois une chute en ce qu'il déclare de par sa survenance improbable une crispation, une négation, et à la fois une formidable fusion. Tout d'abord on la ressent émotionnelle, et on peut la partager en toute sympathie ; c'est pourquoi j'ai aimé me sentir proche de la vision du narrateur. Mais elle est aussi métaphysique, et sur ce plan j'y découvre une ampleur et un plaisir potentiellement très enchanteur, pourtant là m'échappe le cœur de l'intention, celui par lequel tout le poème bat, depuis les ailes sous le souffle, passant par les yeux admiratifs, associatifs, jusqu'à cette fusion de l'emblème et de son sujet (propos et narrateur).

Qu'est-ce qui se cache donc dans l'évènement/avènement qui le déclare en final "immobile" ?
Et là je me perds et ne parviens à imaginer ce que "l'immobilité" que je dois entendre ontologiquement me raconte, me dit de l'état du sujet, du locuteur.
Pourquoi ce "je suis désormais" et ce "totalement immobile", alors que justement tout le propos portait à l'élévation, à sa positivité, au mouvement, à ses respirations, et in fine à une puissance que ces engins immenses offraient en partage à l'homme.
Entendons nous bien, je ne m'étonne pas du fait que le narrateur puisse s'assimiler à l'immobilisme temporaire de cette machine au repos, ou en panne, ou figée pour tout autre raison, mais qu'il s'y voit dans un état inerte et comme pérennisé suite à l'empathie qu'il a avec cette éolienne particulière "qui ne tourne pas".
Si j'imagine que l'idée est de montrer que le locuteur sent le vent passer (son cœur, sa vie, la société…) sur ses ailes (ses capacités, ses envies,…), et lui prit dans une sorte de gangue mentale, qui l'engonce et le fige et l'afflige, alors je trouve que le ton allégorique et plaisant, presque extatique de tout ce qui précède cette chute, est à contretemps, donc à contre-sens avec celle-ci.

Mais l'ensemble reste d'une singularité très séduisante, d'une belle écriture qui a su se faire oublier sous son énonciation. Je tique cependant sur cette discordance tonale finale.

   Raoul   
17/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir,
J'aime beaucoup. Tout d'abord, le choix du thème, quoi de plus contemporain ?!
La manière, pas maniérée, justement, des phrases tracées au cordeau et sans facilités. La construction et le(s) points de vue. Tentative d'épuisement d'un lieu qui n'est plus parisien, mais une coline où douze éoliennes sont alignées.
Et une fin, immobile ! C'est une réussite sur toute la ligne.
Merci beaucoup pour cette lecture.

   Robot   
17/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte qui nous parle d'un sujet de notre époque. Une ode aux éoliennes dans un langage d'aujourd'hui.

"Détestées, admirées, négligées.
C'est selon.
Selon l'humeur."

C'est bien vrai.

   Myo   
18/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Gage,

Votre poésie me fait penser à cette chanson de Cabrel
https://www.youtube.com/watch?v=D9odcNmIkfs

De la poésie où il n'y en a jamais eue...

Vous avez très bien su la voir dans ce décor qui vous entoure et nous la transmettre d'une bien belle manière.
Un état d'âme multiple qui pourtant s'habille d'une pudique douleur.

J'ai beaucoup aimé vous lire.
Bienvenu

   Pouet   
19/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut,

Éoliennes en moulins de Don Quichotte modernes...
Une belle évocation sachant joindre la poesie à la "simplicité", le bon dosage quoi. Du réalisme teinté de surréalisme.

J'ai bien aimé par exemple la comparaison avec "les corolles complexes de grandes fleurs", parmi d'autres bien sûr.
Un "dialogue" non dénué de force qui laisse une belle empreinte après lecture.

Bravo pour cette première publication et au plaisir d'en lire d'autres.

   Anonyme   
30/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Gage,
Un premier texte en poésie, bienvenue !

J'ai bien aimé le sujet, la manière de le traiter, la discrétion à faire le parallèle de façon plus ostentatoire, avec l'état d'esprit du narrateur (juste les quatre dernières lignes).
Les images très présentes sont intéressantes.
La présence d'un(e) interlocuteur(trice) permet au lecteur de garder en mémoire les mots de l'incipit (c'est un humain et ses rapports aux humains qui est à l'origine de cette prose).
Ce sujet, sur les éoliennes, présentes assez récemment dans nos paysages dénote un souci de s'ancrer dans un présent, j'apprécie.

Merci du partage,
Éclaircie

   Eki   
5/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est d'une poésie à couper le souffle...
Nul défaut d'articulation, je trouve une force vive avec des mots et le sujet est original.
Une belle rencontre avec les éoliennes.
J'aime beaucoup la lecture de ce texte, les phrases ne nous imposent pas la longueur.
Il y a un sens de l'observation que je retrouve aussi, des pensées qui sont miennes lorsque les éoliennes me font face comme des géants qui balancent leurs bras.

De belles images...Vous m'avez entraînée dans ce tourbillon poétique.


Oniris Copyright © 2007-2023