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Polza
14/5/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour,
Techniquement, ce poème ne commet pas d’impair, c’est déjà un bon point, l’auteur connait ses classiques (néo-classique). Je ne suis pas spécialiste, mais je n’ai pas trouvé ce qui était rédhibitoire pour la catégorie classique. Je n’ai pas trouvé de diérèses ou synérèses mal employées ni de hiatus, les rimes alternent masculin/féminin, les singuliers pluriels sont respectés… Il ya quelque chose qui a dû m’échapper, je l’apprendrai bien assez vite après publication de votre poème (car il le sera, je n’en doute pas). J’ai eu un doute point de vue phonétique pour matelas et hélas et je sais que d’illustres auteurs ont utilisé cette rime avant vous (peut-être pas matelas, mais bras ou las par exemple). Du coup j’ai vérifié et je ne suis pas plus avancé ! Le littré dit : « hélas (é-lâ ; l's se lie : é-lâ-z il est mort ; quelques personnes font entendre l's : é-las' ; cette prononciation n'est pas à recommander ; las n'étant, dans ce mot, que l'adjectif las, qui ne se prononce jamais las') interj. » Quand l’Académie française dit : HÉLAS ! Prononciation : (s se fait entendre) interjection J’attends une réponse du service dictionnaire de l’Académie française pour en savoir un peu plus sur leur position à ce sujet. Mais rassurez-vous, ce n’est pas cela qui m’a fait prendre le chemin de votre poème. Moi qui suis entre deux âges, je pense pouvoir affirmer que j’ai toujours été sensible au sort des sans-abris. Je me souviens encore quand vers l’âge de 8 ans, une tante qui vivait à Rennes m’avait donné une pièce de 10 francs. Nous sommes après cela allés nous promener dans les rues de la ville et quand j’ai vu une personne qui avait l’air plutôt mal en point, je suis spontanément allé lui donner ma belle pièce de 10 francs en disant à ma tante : « je crois qu’il en a plus besoin que moi. » Je ne me souviens plus si ma tante m’en a voulu ou si au contraire elle a apprécié le geste ! C’est un bien bel hommage que le narrateur (auteur ?) rend au sans-abri qui loge sous le porche de l’église Saint-Fiacre. « Au fond d’un bon fauteuil, tranquille, on se prélasse. » je n’ai pas particulièrement apprécié le mot « bon », je trouve qu’il manque de poésie, qu’il fait un peu cheville. « Chacun reste chez soi sans se faire prier » j’ai trouvé ça malin, sans se faire prier fait écho à l’église, c’est ingénieux. « Qu’un homme, un pauvre, une ombre habite le portique. » j’ai beaucoup aimé l’emploi du mot ombre pour signaler quelque chose que l’on ne voit pas spécialement ou que l’on ne veut pas voir. « L’heure grelotte ; un chat s’enfuit ; la neige pleut. » je comprends bien que c’est pour faire la rime avec bleu, mais j’ai eu un peu de mal avec ce passage. Vous ne pouviez pas répéter la neige qui tombe déjà utilisé plus haut dans le poème, mais un coup la neige tombe tellement qu’on ne voit déjà plus les traces des piétons, et l’autre la neige pleut seulement, ce qui atténue sa force à mon avis. « Sous une hutte au toit fait de vieux matelas, » peut-être est-ce-là qu’il y aurait éventuellement néo-classique avec hiatus entre une et hutte et son h aspiré, je m’embrouille toujours avec la règle du h aspiré et muet, à voir donc, j’attends les autres commentaires à ce sujet ! « Mollement étendu sur des linges en loques, Il dort ; il rêve... A quoi ? Lui seul le sait, hélas. — Là-haut le firmament fait luire ses breloques. » Il dort m’a évoqué « Le dormeur du Val ». J’ai eu un peu de mal avec la rime pourtant très riche « loques/breloques ». C’est le sens qui m’a gêné plus que la rime. Breloques me faisant plutôt penser à des bijoux de pacotille, j’aurais préféré une opposition avec loques, quelque chose qui vienne trancher franchement. Je trouve que les étoiles méritent mieux que l’appellation breloques, mais ce n’est que mon ressenti ! À part ces quelques réserves, j’ai apprécié ce poème, que ce soit pour sa forme ou pour son fond. Polza en EL |
inconnu1
18/5/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
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Bravo joli poème, à la belle technique. J'ai failli me faire piéger par hélas qui, d'après le littré, doit se prononcer comme matelas et pas comme mélasse. Merci de la leçon. De même piéton se lit en synérèse.
Si je peux émettre quelques réserves : "les voiture z'ont l'air" n'est pas très joli à l'oreille. Et la césure du 15eme vers me gêne un peu après le par. Mais beau travail. Bien à vous |
cervantes
2/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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J'ai bien aimé votre poème autant pour son contenu, que par les images qu'il dégage.
La progession dramatique est excellente faisant penser à un traveling de cinéma. Par contre quelques réserves sur la répétition du mot "on" en particuier dans l'hémistiche" on se prélasse" vulgaire et déplacé. "les voiture z'ont l'air" n'est pas très heureux comme déjà remarqué. De minimes changements et "on" ne serait pas loin d'un poème admirable! Merci |
papipoete
2/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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bonjour Graoully
Au douillet d'un épais fauteuil, on se prélasse et ne mettrait pas le nez dehors, alors que dehors ça caille, la bise et son amie neige fondue s'en donnent à coeur-joie. Cependant, non loin du portail de l'église, sous une cabane en carton, on vit on survit dans un ronflement, on oublie... NB un scénario hélas connu de tout temps, bien avant et après l'hiver 1954 et son héros, au spectacle gratuit des étoiles au ciel, dort et rêve peut-être, à la chaleur d'un âtre, à la chaleur d'un foyer familial... Sûr que les copains, Abbé Pierre + Coluche + Albert Jacquard eurent aimé ce texte, dont le film joue " sans relâche " ! chaque strophe est touchante, avec sa première qui met mal à l'aise, le commun des mortels qui se pose des questions " dois-je avoir honte, d'être au chaud, à l'abri ? " le 4e quatrain a ma préférence. techniquement, je vois des alexandrins sans faute, dont il manqua quoi ? pour viser la forme classique ! |
jeanphi
2/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour,
Vous entretenez une belle intensité à travers cette hommage. Les jugements de valeurs se trouvent tout en relativité. Ainsi, le lecteur est amené à élargir sa vision. Le peu de sensibilité des témoins envers la scène de ce sans abri est très réaliste, un état de cause qui ne les rend pas davantage coupables qu'il ne les élève, un constat neutre au potentiel émotionnel immense. L'on pourrait entrer dans ce poème avec le sentiment d'un texte misérabiliste et moralisateur, mais ce n'est pas du tout le cas. |
Myndie
2/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
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Bonjour Graoully,
Mais où donc habitez-vous pour que février soit glacial et que la neige tombe en abondance ? Je plaisante bien sûr, il doit bien y avoir encore en France des régions où l'hiver, le vrai fait de la résistance. Quoi qu'il en soit, la toile de fond ainsi posée offre un décor idéal à un poème très visuel qui aborde un thème malheureusement toujours actuel, celui des sans abri. Sur la forme, j'ai trouvé l'écriture agréable malgré quelques imperfections ou maladresses - dont certaines déjà relevées par les commentateurs qui m'ont précédée - : « les voitures z ont l'air », rime « prélasse- matelas » ou encore des rupture de rythme (v.15) A contrario, les personnifications qui émaillent le poème font de très jolies images : « Quand la bise vous mord avec ses dents de glace. » « L’heure grelotte... » « Le ciel rapièce par endroits son linceul bleu, » Il y a également une progression dans l'action et une succession de scènes qui renforcent le caractère cinématographique du texte, comme ici : « L’heure grelotte ; un chat s’enfuit ; la neige pleut. Un réverbère étale une clarté vermeille. » Et le quatrain final, très habile, concentre toute la dramaturgie du poème : « Mollement étendu sur des linges en loques, Il dort ; il rêve… À quoi ? Lui seul le sait, hélas. » On a envie de se demander : cela finira t-il comme dans « Le dormeur du Val » ? Comme il a été dit : quelques aménagements et le poème sera parfait. |
Zeste
4/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour,
Je trouve que le pathétique à travers ce texte s'exprime merveilleusement bien, sans violence, avec compassion. Dans un tableau où le choc qui émerge de notre confort par rapport à la précarité et l'insécurité des lendemains de "l'autre" est dépeint sans force, avec beaucoup de douceur! Nous sommes les spectateurs d'une mise en scène où le dramatique se déroule sous le le portique d'une des nombreuses maisons de Dieu. Tout le monde le sait, Dieu, lumière inaccessible, est en chacun de nous. Graoully, de l'obscurité où nous sommes, le message est reçu cinq sur cinq, cependant! |
Ioledane
4/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
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Les deux premiers quatrains posent le décor : le froid, à l'extérieur où personne ne s'attarde ; la chaleur, au sein des foyers tranquilles.
Puis le troisième quatrain nous révèle qu'une vie, ténue, "une ombre", est pourtant là, dans le froid où se trouve son domicile : le portique de l'église. Et ce "pauvre" parvient même à y dormir, dans l'ignorance générale - sauf peut-être celle d'un narrateur tellement discret qu'il ne se met même pas en scène. Les vers "Qu’un homme, un pauvre, une ombre, habite le portique. /L’heure grelotte ; un chat s’enfuit ; la neige pleut.", très hachés, ont un effet saisissant, en rupture avec les descriptions plutôt longue des quatrains précédents. Le second est d'ailleurs un trimètre, de même que celui qui suit deux vers plus loin : "Le ciel rapièce par endroits son linceul bleu". L'indifférence est ici retournée : c'est ce pauvre homme qui est qualifié comme tel parce qu'il dort, alors que s'il en est là, c'est sans doute de par (ou dans) l'indifférence générale de ses congénères ... De belles images pour une évocation sobre, sans pathos débordant. J'apprécie cet art subtil. Et le style impeccable, évidemment. |
ferrandeix
5/6/2024
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À mon avis, un poème de grande qualité, qui se trouve malheureusement déprécié par certaines cacophonies.
Il faut louer en premier lieu de très belles images, une syntaxe très bien adaptée à la poésie, qui évite souvent le mode discursif, si souvent néfaste à ce genre littéraire. Je retiendrais les suites de propositions indépendantes courtes. Le rythme de l’alexandrin s’en trouve parfois altéré, occasionnant une césure à 8 syllabes au lieu de 6, par exemple. L’heure grelotte / un chat s’enfuit // la neige pleut. Cela ne me choque pas. Rien n’oblige à écrire des alexandrins. En revanche, je ne suis pas du tout partisan de mélanger le mode binaire et le mode ternaire, comme ci-dessous: L’heure grelotte // un chat s’enfuit // la neige pleut. D’où il serait mieux d’indiquer la place où l’auteur veut mettre la césure par le signe // car le lecteur ne sait pas comment lire le vers. J’en viens à l’euphonie, quoique je privilégie quand même les qualités du poème sur les autres plans. Je me limiterais à signaler la présence des “re” dans le flux, qui passent à mon avis difficilement, même si on appuie sur l’accent tonique. Il y en a 3, me semble-t-il. Les voitures ont l’air faire prier l’heure grelotte On peut néanmoins résoudre le problème en les apocopant (en évitant de les prononcer) à la déclamation. Cela entraîne un alexandrin à 11 syllabes, mais c’est beaucoup moins grave. L’essentiel à mon avis en poésie classique, c’est de discerner ce qui est le plus ou le moins préjudiciable. |
Raoul
16/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
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Bonjour,
J'aime assez ce lyrisme tenu. Le ton est adéquat, la distance également, j'aime assez comment l'œil se balade entre l'intime et le dehors, avec sa compassion impuissante et sa langue à la fois simple et précise. On a vraiment l'impression d'un travelling, comme on dit au cinoche. Je trouve "la neige pleut" vraiment superbe. Finalement, ce petit homme, ne prend pas beaucoup de place dans l'espace du poème... assourdi par la neige. Pour chipoter un brin, au vers vingt-quatre, j'aurais interverti homme et ombre, à l'oreille et pour le sens. Merci pour cette lecture |