Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
hersen : Obsolescence de la sentinelle
 Publié le 06/12/16  -  22 commentaires  -  2352 caractères  -  369 lectures    Autres textes du même auteur

Je suis un vieux fortin sur la falaise. Des comptoirs étrusques aux invasions maures, mes hommes prévenaient du danger. Je me sens bien inutile aujourd'hui face à un projet pétrolifère…


Obsolescence de la sentinelle



À contempler l'azur
qui durant des siècles
ne changea pas

maintenant que ma tâche est vaine
puisque les bateaux guerriers
vers d'autres mers se sont tournés

ma ruine se hisse tout en félicité

à chacune de mes pierres qui dégringole
se meurent un peu plus
la guerre ancienne
et ce que je suis, son symbole

alors j'admire,
paisible,
mon univers immuable
du haut de la falaise

il ne frémit
qu'au gré des courants,
qu'à la faveur des tourbillons


au pied de mon rocher crayeux
les flocons d'écume
qui firent un si long voyage
et que le chant des sirènes
n'a su retenir

viennent se reposer sur la plage

cette joie blanche
par tous les temps
léchant le sable

fidèle

par petites touches

montantes
descendantes
au rythme de la marée souveraine

caresse les coquillages
égarés



À contempler l'azur
qui durant des siècles
ne changea pas

j'ai vu ce matin
les derricks
dans le brouillard marin

métalliques

acier trempé
dans la mer d'argent

verticales balafres
tracées par les griffes
d'un animal tout-puissant


ligne de fuite
d'une marine décadente
huile sur toile
de fond d'océan


oiseau de bonheur,
la mouette attirée
par tant de reflets dansants
n'en connaît le danger

et notre malheur

qu'à son retour sur la plage
son dernier voyage

le corps noirci
gît parmi les galets blancs

tandis que l'écume
nue
grisée de honte
déchiffre les messages
oléoglyphes


Que mes pierres se descellent !

je suis trop vieux

mes sentinelles
en vacance
depuis longtemps
ne voient plus
où est le combat

mon regard
par habitude
toujours se porte au loin

pour prévenir du danger

mais que peut un vieux fortin
sur la falaise
face aux derricks
sur la mer ?



__________________________________________
Ce texte a été publié avec un mot protégé par PTS.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
20/11/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonsoir,

Fabuleux !

J'ai tout aimé de cette sentinelle, de ce fortin du haut de la falaise battu par les vents et qui a su résister aux invasions Etrusques et Maures.

Les images sont de toute beauté, voire d'une beauté inouïe, telles que :

"j'ai vu ce matin
les derricks
dans le brouillard marin

métalliques

acier trempé
dans la mer d'argent"

ou encore,

"ligne de fuite
d'une marine décadente
huile sur toile
de fond d'océan"

et aussi,

"tandis que l'écume
nue
grisée de honte
déchiffre les messages
{oléoglyphes}"

J'ai envie de hurler à ces fossoyeurs de laisser ce vieux fortin tranquille, en hommage aux services rendus, lorsque je lis ceci :

"mais que peut un vieux fortin
sur la falaise
face aux derricks
sur la mer ?"

J'irai le défendre, moi, ce vieux fortin, face aux terribles derricks ! Car une cause juste vaut qu'on se batte pour elle...

Un grand bravo !

Wall-E

   MissNeko   
6/12/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Magnifique tant sur le fond que sur la forme. Je ne vois vraiment rien à redire ! Les images sont belles et inspirées. Le thème est fort ET émouvant.
Bravo

   Robot   
6/12/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Une version marine du désert des tartares, les sentinelles humaines ont déjà déserté le poste sauf qu'ici l'ennemi ne semble pas devoir arriver à la fin à moins que les derriks soit le signe d'une invasion prochaine.
Très visuelles, très poétiques toutes ces silhouettes vue du promontoire d'où domine ce fortin abandonné.

   Bidis   
6/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je suis très admirative de ce texte. Pourtant, je trouve que les deux premières strophes ne sont pas à la hauteur de ce qui suit, qui est fulgurant. Et à partir d'"et notre malheur", j'ai une légère impression de bavardage. Mais je peux me tromper et reviendrai lire ce poème. Le thème en vaut vraiment la peine.

   Anonyme   
6/12/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Jolie poésie tant sur le côté visuel, servi par de belles images, que les idées qu'elle véhicule.
Je ne cite aucun passage, je les trouve tous admirables.

   Pouet   
6/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Slt,

Ah... Les fameux messages "oléoglyphes"... :)

J'ai bien aimé lire ce poème, vraiment. Le début est très accrocheur. Je pense toutefois qu'il mériterait, mais ce n'est que mon humble avis, d'être un poil raccourci, il y gagnerait en force à mon sens. L'idée est bonne (très) mais se dilue un peu au fil des lignes.

Je n'ai pas trop aimé "derrick", sans trop savoir pourquoi, peut-être parce que je suis réfractaire au séries policières allemandes :) et de le voir répété, j'ai pris ça comme une provocation personnelle... J'aurais peut-être aimé qu'on les nomme métaphoriquement, ces ennemis du fortin. Mais bon cela ne regarde que moi, vous pouvez aisément passer sur cette réflexion et je ne doute pas un instant que vous le ferez de bonne grâce... :)

Retenez donc que je trouve cela bien écrit, que l'idée est bonne (le message passe bien) et que tout va bien donc.

Au plaisir.

   Anonyme   
6/12/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Poème un peu long, mais peut-être à cause de la dimension temporelle de ce qui se joue, je m’explique.
Depuis des décennies on assiste comme à une accélération de l’Histoire, du fait des techniques modernes, et surtout de la rapacité moderne pour un confort matériel qu’on pourrait qualifier de fabuleux, alors que sous un autre angle il est dérisoire, mais coûte excessivement cher, donc quelques décennies en regard des siècles de la sentinelle, en regard des millions d’années de l’océan et de la Vie.

Le point de vue de la sentinelle est à la dimension de son âge, pas éternel mais quand même honorable…il est habitué aux longues durées, il a le temps, en face l’homme moderne avec sa frénésie ne voit pas, ne veut surtout pas voir, plus loin que le très court terme, il a faim, il a soif, et il a peur. Soif de quoi ? De profit pour certains, de confort pour d’autres, mais au détriment de tout le reste, qu’il piétine sans vergogne, la vie en premier, la beauté aussi, c’est un sacrilège permanent.
Peur de quoi ? De sa finitude, du temps qui passe. Comme il a peur au lieu de regarder en face, ce temps qui passe, ce présent, ce qui nous permettrait peut-être de sentir l’esprit du Monde, ou son souffle, et du coup d'être rassasié (à noter que quand je dis cela, je sais bien que trop souvent, je suis dans le même panier que les peureux), il creuse, il coure éperdument, à sa perte.

Alors le poème de la sentinelle nous donne un autre point de vue, il prend de la hauteur, s’attristant de sa propre impuissance, oui, car il est d’un autre temps. Néanmoins il nous invite à la contemplation de ce beau monde qu’il connaît si bien, depuis le temps qu’il le voit…à nous de faire attention, à défaut de devenir zadiste, au moins de refréner nos envies de piscines chauffées et de voyages en avion autour de la planète, simplement pour ajouter un peu de vide à notre vide. Je connais un chemin tout petit, tout simple, quelconque, tout près de chez moi, lui aussi a vu passer bien des marcheurs, et il leur raconte une histoire, toujours la même qui se décline en quatre saisons…cette histoire toujours recommencée est la plus belle des choses, c’est la vie simple et complexe…miraculeuse, mais la Vie qui même à travers la mort (puisque c’est un fait) redonne la Vie… ce n’est pas une mort inutile et définitive comme celle que redoute la sentinelle.

C’est un très beau poème, très harmonieux, lent et majestueux comme ce vieillard de pierre, et triste aussi comme quelqu’un qui un jour se dit qu’il a vécu trop longtemps.

Ton poème me renvoie au fameux ‘Indignez-vous’ de Stéphane Hessel, lui aussi était une vieille sentinelle qui jusqu’au bout regardait la Vie en face.

A la fin tu écris :

« mais que peut un vieux fortin
sur la falaise
face aux derricks
sur la mer ? »

Encore nous alerter ! Et tu le fais !

Bravo et à te relire.

Corbivan

   Anonyme   
6/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
« Ma ruine se hisse tout en félicité »,
Dans ce beau vers, je sens poindre de l’orgueil tranquille chez votre sentinelle posée comme témoin des siècles passés mais aussi à venir.

Entre la première partie, celle tournée vers les souvenirs de « guerres anciennes », et celle qui voit poindre les « derricks métalliques », grâce aux vers justement mesurés, je sens aussi l’accalmie qui précède la tempête.

Je trouve que la mise en forme du texte, jointe évidemment à la musique jouée par les mots, donne toute son ampleur altière à la vieille sentinelle. Votre poème a la forme d'une sentinelle.

J’ai lu « Au rythme de la marée souveraine », si bien imprimée par le style que vous donnez au poème. Mais de grâce, ôtez ces quatre virgules inutiles ! (Excusez, je suis adepte de la non-ponctuation pour la liberté de respiration que cela me procure, et là, pour le coup, vos virgules l’entrave. Mais vous faites comme bon vous semble, bien entendu ! ;-)

J'aurais encore à dire, tant ce poème soulève de vagues en moi… le temps, peut-être, de retrouver mes mots qui parleraient mieux qu’un simple « j’aime beaucoup, beaucoup, beaucoup »

Alors je vous dis à bientôt.


Cat

   leni   
6/12/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
c'est un tableau fait de mots est pour moi une aquarelle qui maitrise les nuancesje ne vais pas décortiquer ce poème et citer car il faudrai tout citerEt les derricks sont là ls regardent inlassablement Merci our ce moment exceptionnl
Salut cordial Meni

   plumette   
6/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour hersen

J'ai failli passer mon tour à cause du titre, et c'eût été dommage!
J'aime les sonorités du mot obsolescence mais il est tellement utilisé dans l'expression "obsolescence programmée" que je n'arrivais pas à le déconnecter de son univers technologique.
Pourtant votre titre un peu mystérieux pouvait tout aussi bien susciter la curiosité!
je ne suis pas entrée d'emblée dans le texte n'accrochant pas trop avec l'évocation du passé guerrier. J'ai trouvé un peu bizarre que ce fortin personnifié fasse lui-même le constat de sa désagrégation et les premières strophe ne m'ont pas emmené dans un univers très poétique.
Pour moi, le texte décolle complètement à partir de " au pied de mon rocher crayeux, grâces aux images magiques et magnifiques que vous nous proposez

"cette joie blanche
par tous les temps
léchant le sable"
ou encore

"j'ai vu ce matin
les derricks
dans le brouillard marin

métalliques

acier trempé
dans la mer d'argent "

J'ai bien aimé la présentation du texte qui m'en a facilité la lecture, m'a permis de faire des poses pour m'imprégner de ces paysages.

Et sur la fin , les réflexions amères de ce vieux fortin m'ont touchée.

Etonnant texte, original dans son sujet, avec des fulgurances.

Plumette

   Alcirion   
7/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un excellent rythme, servi par une découpe impeccable, (j'ai le sentiment que tu as compté comme un classique), c'est déjà très bien pour des vers libres. Ce qui les sert parfaitement et donne un texte très réussi formellement, c'est l'agilité de la phrase, il reste une impression de clarté et de légèreté.

Pour le fond, ça me parle tout à fait, les vieilles pierres, c'est mon truc, donc bravo en tous points !

   SaintEmoi   
7/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
j'ai adoré la fluidité de la lecture, la sensation d'y être (grâce aux images très évocatrices), ces temps anciens contre ce mauvais temps d'aujourd'hui, temps que cet animal tout-puissant dérègle jusqu'à sa propre agonie et le descellement de quelques pierres autrefois vigilante.
Malgré tout le poète demeure, sentinelle tout à la fois démiurge et dérisoire, combattant vaincu par l'inertie (l'humanité avance vers "son" progrès sans voir les dégâts), mais combattant quand toujours.
Voilà les réflexions que provoquent en moi vos vers et je vous en remercie.

   Marite   
8/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il serait presque possible de représenter cette "sentinelle" sur une toile, croquis ou aquarelle, tant les images évoquées sont précises et belles. Je n'ai cependant pas compris les nombreuses séparations entre les vers et aurait mieux apprécié des strophes, inégales et plus compactes. Mais l'auteur est le seul maître et doit avoir ses raisons pour avoir présenté le poème sous cette forme.

   Lulu   
8/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour hersen,

j'ai trouvé ce poème vraiment très beau. Il dénonce de manière subtile, tout en poésie. Le piège, quand on dénonce quelque chose, c'est de tomber dans la lourdeur du propos, ou le terre à terre. Ici, tout est fin et pour notre plus grand plaisir on sentirait presque le grand large parfois trop éloigné de soi... en tout cas en ce qui me concerne depuis trop longtemps...

Les images sont belles, même si c'est pour dire une "ruine" puisqu'elle "se hisse tout en félicité".

Je n'ai pas trop aimé le verbe "dégringoler". Peut-être aurais-je simplement utiliser le verbe "tomber" ?

J'ai bien aimé la respiration du texte, ces pauses qui permettent au lecteur de savourer le paysage, même si ce dernier est mis à mal en définitive.

Au plaisir.

   Lylah   
8/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une belle écriture pour un hommage touchant à cette sentinelle qui se sait impuissante à stopper l'avance d'une modernité destructrice...

Le découpage m'a cependant parfois laissée perplexe (par exemple pourquoi mettre "viennent se reposer sur la plage" en vers séparé ?) Cela enlève de la fluidité et n'apporte pas une dimension plus percutante au propos... Un léger "resserrement" me semblerait bénéfique.

Mais cela n'en reste pas moins une poésie très agréable à lire !

   hersen   
8/12/2016

   Leverbal   
9/12/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime ce télescopage teinté d'absurde entre fortin et plateforme offshore, passé et présent, héritage et pillage...

J'aurai préféré une morale qui ne laisse pas la ruine dépourvue face à l'avidité de nos contemporains : elle a le Temps de son côté ! Cela aurait peut-être donné un peu plus de panache à l'ensemble, pour contrebalancer la noirceur toute pétrolière du propos. :-)

   Anonyme   
10/12/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour
Ce texte poétique n'est pas sans me rappeler le Drogo de Buzzati ou le Zangra de Brel.
Des phrases courtes en contraste avec cette longue attente.

   Brume   
11/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour hersen,

Que j'ai aimé ce vieux fortin, entendre ses pensées, voir ce qu'il voit, vous l'avez personnifié d'une bien belle façon, cette impression de sagesse et aussi son impuissance face à la pollution de l'océan. Il est chair, chargé d'émotion, et cette ruine est splendide.
J'ai aimé contempler cette mer mouvante "les flocons d'écume" et j'ai frémit face au corps noirci de la mouette, face aux derricks métalliques.
J'ai vu toutes les images défiler sous mes yeux, sensation visuelle claire et nette bravo que de vie!
Quand au rythme, il est posé, même dans la partie où intervient le danger.
Et le grand écart entre les strophes ne me dérange pas, j'aime les émotions muettes.

   Francis   
12/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Comme un vieil homme fatigué, mélancolique qui regarde la mer. Le spectacle cogne dans son cœur comme la vague cogne les rochers. Le présent cruel se jette à l'assaut du passé et les flots insensibles effacent les châteaux de sable. la plume nous fait suivre ce rythme effréné de l'histoire qui remplace les vieilles pierres par la verticalité métallique des temps modernes.
Merci pour ce moment de lecture.

   Proseuse   
3/2/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Hersen

En vous lisant on adhère à la contemplation du narrateur .. on est dans son regard qui divague sur les lieux, sur le vieux fortin... la mer , mais aussi on embarque pour un voyage dans le temps !
J' ai beaucoup aimé
Merci pour ce bel instant de poésie

   senglar   
6/3/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour hersen,


Finalement c'est une bonne chose que ce vieux fort tombe en ruines ; cela prouve que les ardeurs guerrières se sont calmées, du moins de ce côté-là de la terre. Plan Terre-Mer. Le titre m'a surpris : "Obsolescence", celle-ci n'était sûrement pas programmée... mais on ne se survit pas à soi-même et le clin d'oeil est ironique.

Des Etrusques jusques aux Maures, je me demande si ce fortin n'a pas un frère... exilé par exemple du côté de la Mer du Nord. Fût-il un frère symbolique cela s'entend. Alors vous pourriez imaginer son exil en des contrées plus froides, côtoyant les Vikings ou peut-être les blockhaus de l'Atlantique et le chanter aussi, enfin le faire chanter, ainsi que le fit Gautier avecque son "Obélisque de Louqsor" et son frère exilé à Paris.

Chiche :)

Puisque ce premier est classe.


senglar brabantois


Oniris Copyright © 2007-2023