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Poésie libre
hersen : Piéça
 Publié le 07/11/21  -  9 commentaires  -  1286 caractères  -  173 lectures    Autres textes du même auteur

Depuis longtemps…


Piéça



frères humains qui après nous peut-être ne vivrez
je vous laisse notre mémoire
qui mijote dans les pourrissoirs enflés de paroles

Je vous laisse un selfie avec un pendu
Je vous laisse des ventres plus creux que les murmures
des ventres qui font les yeux
plus gros que les ventres bombés

je vous laisse ce bout de corde
je vous laisse aussi un soleil
il est à vous autant qu’il a été à moi

frères humains n’ayez contre nous le cœur durci
c’est simplement qu’il fait froid maintenant
qu’il fait si froid
d’avoir des frères
et de ne les voir que bleuifiés
si lointainement perdus qu’on ne peut les embrasser

sauf à encoder les paroles les sourires les débats les états les images les hallus les espoirs les miroirs les danses et les chants

frère du futur
rappelle-toi le baiser que je dépose aujourd’hui
qui ne vivra que le temps sidéral du vent qui passe
qui trace

des empreintes solides nous lient

à penser à toi, la corde se délite
je ne te l’offre plus tu as mieux à faire

frère multiple tu n’es qu’un seul
tu te lèves ensemble et tu grondes le volcan de tes cris

ces cris qui piéça nous portent


 
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   Robot   
7/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Partir du poème de Villon est une manière originale de délivrer un message aux frères humains de notre époque et à ceux à venir.
Un bel appel à la fraternité entre pessimisme et espoir.

   papipoete   
7/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
bonsoir hersen
Déjà, nos aïeux priaient leur descendance, de ne point leur en vouloir d'avoir vécu alors qu'eux survivraient peut-être difficilement .
Nous qui en sommes à voir sur les lucarnes magiques, d'autres qui portent la misère dans leur regard, dans ce ventre trop gros d'être vide, qu'ils ne nous jugent pas mauvais, nous ne le sommes pas... tous.
NB j'ai encore enrichi mon savoir de ce " piéça ", que j'essaie de ne pas prendre comme référence, songeant que faire maintenant, pour que nos frères d'autres latitudes vivent, mangent, boivent plutôt qu'au bord du gouffre du désespoir, n'aient plus que le choix entre un bout de corde et la mort qui dévore peu à peu chaque jour.
Des tirades lancées du tréfonds du coeur...

   Jahel   
7/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une grande force se dégage de ce poème, tel un poing levé par-dessus la tête. Ce poing pourrait être celui de la révolte, mais il est celui de la réflexion portée sur le monde actuel.
Une critique acerbe sur les paroles vaines des discours de nos politiques ou des personnes superficielles imprégnées de mots creux sans grande portée.
Un message, une transpiration des sens, légués à nos frères du futur, avant que nos chairs ne soient piéça, dévorées et pourries. Mais seront-ils encore humains?
Villon connaissait la réponse, c'est pour celà qu'il a disparu sans laisser de traces.

Compliments, pour avoir pensé jouer votre gamme sur la partition de " La Ballade des pendus." Car le monde actuel n'a-t-il pas la corde au cou?

Merci hersen.

   Pouet   
7/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Salut,

Je ne connaissais pas ce terme de "pieça", j'ai même pensé au départ en lisant le titre que c'était peut-être un mot issu d'un idiome portugais, c'est dire... :)

Il y a des moments très forts dans ce texte, tous le passage avec "je vous laisse", le troisième vers et les trois qui terminent le texte. Enfin pour moi, ce sont ces passages qui me causent le plus. J'aime bien aussi la disposition des vers lorsque survient "qui trace" avec le vers suivant isolé et le "qui passe" précédent.

Je trouve à l'ensemble une puissance évocatrice certaine, un engagement que l'on ressent bien présent, une sensibilité à fleur de plume.

Toutefois j'ai été un peu moins convaincu par l'aspect un peu grandiloquent ou sentencieux provenant certainement très largement de l'anaphore "frères humains", "frères"... Je ne sais pas si cela doit être pris au premier degré ou s'il y a un aspect (légèrement ou franchement) ironique à la chose, je n'ai pas réussi à trancher.

Voilà je demeure un peu circonspect sur ce pan un peu solennel à mon goût, n'en demeure pas moins un fort poème, lucide très certainement.

PS en lisant les autres commentaires, je constate qu'il y a une référence à Villon. Je n'avais pas noté cela n'ayant jamais lu cet auteur.

   Annick   
8/11/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Ce poème ressemble à un testament. Le locuteur s'adresse à l'humanité dont il n'est pas certain qu'elle lui survivra. C'est aussi un bilan.

Il fait référence à la fois au passé (piéça), surtout au présent et au futur bien incertain.
Ce présent est fait de paroles, d'images, de virtuel deshumanisé, oublieux de la réalité en détresse.

Et ce bout de corde offert, symbole d'une humanité qui n'en a plus que le nom, est comme extraite d'un selfie pour lui redonner une substance, une réalité, comme un choc qui ferait émerger à nouveau la conscience humaine.
L'homme est le produit de cette société transformée, dénaturée, de cette civilisation décadente. .

Seul le soleil est immuable et brille pour tout le monde : comme si le locuteur n'avait plus que cela à offrir en héritage.

La dernière strophe est puissante, pleine d'espoir.
Le sursaut ultime, (la révolte), n'est-il pas de faire appel à ce qui nous lie "piéça".
L'être humain est la somme de cette conscience humaine qui vit en chacun de nous. Unique et multiple en même temps.
Je est nous.

Très beau poème humaniste et engagé. Félicitations pour la virtuosité de l'auteur.
Par exemple pour cette strophe :

"Je vous laisse un selfie avec un pendu
Je vous laisse des ventres plus creux que les murmures
des ventres qui font les yeux
plus gros que les ventres bombés"

   Luz   
8/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour hersen,

C'est un poème fort. Un message laissé aux frères humains pour le cas où il y en aurait encore dans un futur très incertain à tout point de vue.
Je ne connaissais pas le mot piéça (les correcteurs d'orthographe non plus...)
Il y a peut-être une erreur là :
"à penser à toi, la corde se délite" : la virgule ?
Je sais, je sais : je suis un maniaque de la virgule.
Sinon, tout est magnifique !
Merci.

Luz

   Eskisse   
8/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Hersen,

Poème noir, à la fois rageur et apaisé, comme ce " volcan de tes cris". Une écriture maîtrisée et pleine d'éléments inattendus comme ce " selfie avec un pendu" .Les anaphores insistent sur le legs paradoxal. Le leitmotiv de votre poème m'a rappelé le lyrisme d'un Albert Cohen avec son "O, vous, frères humains".

   hersen   
8/11/2021

   Cyrill   
13/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Salut hersen, j'en viens tout de suite à ce qui m'a empêché dans ce poème.
La référence à Villon. Frères humains, ça va, mais "n’ayez contre nous le cœur durci" qui se rapproche du texte d'origine sans l'épouser complètement m'a semblé maladroit.
Et si je rajoute l'anaphore "Je vous laisse" qui me fait obligatoirement penser à une chanson de Lavilliers : La loi du marché, dont l'anaphore est "On vous laisse", ça fait beaucoup d'emprunts qui finissent par peser lourd dans le texte.
Après, j'ai apprécié des images fortes et engagées (le selfie avec un pendu, le bout de corde, les ventres bombés... )
J'ai aimé le long vers sans ponctuation qui s'emballe tout seul et s'envole ( sauf à encoder ... ), et qui me semble être le pivot du poème.
Ainsi que tout ce qui suit ce vers : des vers débarrassés de références trop voyantes, plus personnels, comme un cri d'espoir qui m'emporte et m'importe. Et le petit pieça, plus discret, est le bienvenu pour me dire que toute cette misère et toute cette révolte existent depuis bien bien longtemps, au moins depuis le temps du vieux françois, mais certainement depuis bien avant !


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