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Poésie libre
hersen : Plus qu'un grain [Sélection GL]
 Publié le 15/07/20  -  13 commentaires  -  1205 caractères  -  213 lectures    Autres textes du même auteur


Plus qu'un grain [Sélection GL]



cueilli fermenté déparché
séché longtemps

sur le brasier
la boule de métal
chargée de grains secs
tourne

de temps à autre
la femme assise par terre
interrompt son geste
retient la manivelle
puis rajuste son paréo

penchant le buste
elle hume les effluves échappés
enfin hoche la tête
écarte une demi-sphère brûlante

les grains noirs et chauds
libérés en grelots
dansent dans une bassine en fer

elle demande comment vont les enfants
elle dit que le ravitaillement sera en retard
la mer est mauvaise

elle s'inquiète : tu as commandé un sac de farine ?
Il n'arrivera peut-être pas
la mer est mauvaise


je souris
assise en tailleur
j’accompagne ses questions du craquement des grains chauds que je mouds

puis elle verse l'eau embuée
doucement
au rythme de l’île

à l’abri des tourments du vent
de la rage des vagues
nous laissons l’une et l’autre
à la vanille
un temps doux de liberté
elle s’épanouit en arôme

la mer est mauvaise
nous buvons notre café


 
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   Anonyme   
27/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour,

Poème tableau d'une scène de préparation du café au cœur d'une île qui le produit.
Les conditions de vie sont en filigrane, derrière les scènes très bien décrites. Dans un langage simple du quotidien avec pour seule note "violente" l'évocation de la mer tourmentée. Sur l'île tout semble paisible et immuable par la douceur des personnages.
Au travers du tableau, je lis une invitation à réaliser la condition des femmes, de la vie sur une île, des relations entre génération aussi.
Une ambiance chaleureuse, des paragraphes bien découpés, un titre à double sens ; beaucoup de tendresse émane du texte.

Merci du partage,
Éclaircie

   Anonyme   
15/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'aime beaucoup à partir de
elle demande comment vont les enfants
parce que, pour moi, les mots soudain s'ancrent dans le réel d'une manière que même la manivelle et le paréo n'avaient su me faire ressentir... Peut-être est-ce injuste de ma part, peut-être fallait-il cette introduction pour que la saveur des choses et des gens finisse par m'atteindre, en tout cas à partir du vers ci-dessus cité un virage s'effectue en moi. J'adore les deux derniers vers, je trouve qu'ils concluent parfaitement !

EDIT : Commenté en Espace Lecture, repris ce jour pour corriger une erreur de conjugaison.

   Anonyme   
15/7/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour,

Voilà qui fleure bon les rivages lointains pour nous voyageurs immobiles !
Quels beaux instants nous sont proposés là ! C'est tellement bien décrit sans se cantonner dans le descriptif ; un vrai régal à lire. Tout ici n'est que poésie et la critique en est aisée car il n'y a rien à jeter.

Je ne sais si l'homophonie entre le "grain" au sens météorologique et le café est voulue ou fortuite mais c'est très intéressant.

EDit du 15/07/20 : Je ne sais ce qui m'a conduit à parler d'homophonie dans le cas précédent car la mer mauvaise n'est pas décrite comme "grain" mais dans ma précipitation j'ai créé artificiellement ce "grain" météorologique et j'y ai même entendu une homophonie qui n'existe que dans mon esprit ! Désolé, ceci ne change pas le fait que la mer mauvaise est associée pour moi à l'idée de "grain" bien entendu. Je ne suis pas totalement à côté de mes pompes :-)

J'ai bu une seule fois un café préparé devant moi de cette manière mais c'était au Costa-Rica et j'étais assez loin de l'océan.

Un tel texte mérite bien mieux que ce court commentaire mais je ne désespère pas de pouvoir le faire dans un fil de discussion ultérieur !

Vous m'avez transporté ; merci.

J'hésite entre beaucoup et passionnément.

Commenté en EL

   Myo   
30/6/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un texte qui me parle...
Je sens encore le parfum du café que ma grande tante faisait griller en tournant sans répit la manivelle du torréfacteur sous lequel brûlait un feu de bois.
Un autre lieu, un autre temps mais les même gestes lents et précis.
L'ambiance est bien rendue, l'importance du moment avec ce parallèle entre le grain de café et le grain météo.

Les parfums se mélangent, l'odeur de la mer, du café grillé, de la vanille ... on y est. Merci pour cet instant hors du temps.

Superbe!

En EL Myo

   Anonyme   
15/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Hersen

Belle scène d'un quotidien exotique.
Pour moi, ce qui fait la force du poème, c'est l'évocation des sensations, le règne des sensations qui nous fait entrer dans le poème et vivre la scène: ouïe " craquement", " grelots"et les paroles de la femme, toucher : " brasier", " chauds" , odorat :" hume" , " effluves" , goût: " vanille" etc
J'aime aussi particulièrement ces passages qui font berceuse :
" nous laissons l'une et l'autre
à la vanille
un temps doux de liberté"
Et " puis elle verse l'eau embuée (...) au rythme de l'île."

Merci pour ce voyage.

   papipoete   
15/7/2020
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour hersen
deux femmes s'affairent ; il faut préparer la torréfaction, les grains de café sont à point, et sur le braséro les effluves planent...
bientôt le café moulu régalera les papilles...
le ravitaillement commandé au-delà de la mer, tardera... en l'ile on redoute sur les flots un grain...
NB une scène de vie toute simple, avec celle que l'on retrouverait en hiver, quand la sphère sur un feu ardent, brouit la châtaigne...
On parvient à capter les senteurs, et c'est de bon coeur que l'on accepte une tasse.

   Angieblue   
15/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un très beau moment de poésie où tous les sens sont sollicités.
La description est tout en délicatesse, elle berce et nous emmène ailleurs.
J'ai apprécié la répétition de "la mer est mauvaise" qui rythme le récit.

Ce passage est également très poétique:

"puis elle verse l'eau embuée
doucement
au rythme de l’île

à l’abri des tourments du vent
de la rage des vagues
nous laissons l’une et l’autre
à la vanille
un temps doux de liberté
elle s’épanouit en arôme"

Il y a beaucoup d'âme avec le mouvement au rythme de l'île, la personnification de la vanille...Il y a quelque chose de sacré et de magique qui se dégage de cette description...

C'est vraiment très réussi.

   Melorane   
15/7/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour,
Un poème tout en simplicité. Les images s'enchainent, laissant le lecteur suivre cette scène du quotidien d'une douce tranquillité sous les effluves du café. J'aime ce genre de poésie au langage simple mais rempli d'émotion. Bravo.

Melorane

   Ascar   
15/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Poésie libre ou récit poétique ? La seconde alternative semblerait mieux convenir.

J'aime le contraste entre la furie des éléments et l'impassibilité du torréfacteur appliqué à sa tâche rituelle, presque religieuse.

La narration est portée par une construction qui maintient la curiosité en éveil jusqu'au café vanille

La 2ème partie, à partir de "je souris" est particulièrement poétique.

merci pour le dépaysement

   troupi   
15/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour hersen

J'aime cette poésie libre qui nous invite à oublier la course incessante.
Tu racontes si bien la lenteur de la torréfaction, le geste mesuré, l'odeur révélatrice, ces vers courts sont suffisamment riches pour permettre à un peintre de faire un tableau.
Quelques paroles échangées pour savoir comment vont les enfants, et l'approvisionnement incertain. Juste l'essentiel.
Enfin il est temps d'apprécier le café en se répétant que la mer est mauvaise.
Et si la mer est trop mauvaise ce sera effectivement plus qu'un grain.

   Luz   
15/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour hersen,

Je suis d'accord avec les précédents commentaires, c'est un très beau poème, apaisé, quelques instants de calme à côté de la tempête ; le charme d'un moment simple et fort.
Bon, mais j'ai toujours des problèmes avec l'absence de ponctuation ; je finirais bien par m'y faire et même à y venir...
Il y a un truc qui me gêne là :
"elle s'inquiète : tu as commandé un sac de farine ?
Il n'arrivera peut-être pas
la mer est mauvaise"
Je n'aurais pas mis les ":" le "?" et la majuscule à "Il" (mais c'est peut-être une faute de frappe la majuscule.)
J'aurais écrit :
"elle s'inquiète
tu as commandé un sac de farine
il n'arrivera peut-être pas

Voilà, mais c'est juste une idée comme ça...
Bravo !

Luz

   Stephane   
15/7/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai retenu particulièrement ceci : "la mer est mauvaise... la mer est mauvaise..." C'est ce qui donne une dimension au poème, en-dehors de l'affèrement de ces deux femmes au travail, un "doux" labeur du quotidien qui rend la tâche valorisante, en attendant un ravitaillement qui peut-être ne viendra pas. On sent l'isolement des insulaires et la dépendance d'être justement ravitaillé pour pouvoir subsister encore dans ce lieu reculé du monde...

La mer est mauvaise, donc, et pourtant l'on sent une forme d'acceptation sereine, ou de résignation à regarder en face ce qu'on ne peut maîtriser, sans une once de rancoeur ni de plainte ; seulement attendre en buvant un café...

J'ai aimé la psychologie des personnages car elle dénote des valeurs que beaucoup d'entre nous ont perdu à une époque où tout va trop vite et où l'on obtient tout en un clin d'oeil. Une belle réflexion, donc, sur la valeur du travail et le sens de l'existence...

   hersen   
24/7/2020


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