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Poésie contemporaine
ikran : Méduse
 Publié le 03/09/14  -  6 commentaires  -  2427 caractères  -  191 lectures    Autres textes du même auteur

Synopsis : Une méduse et un Costa Concordia sur une Giglio avec un débile pour en parler.

Réalisation : Ikran von Kaputtschlagerwein

Rôle principal : la méduse
Second rôle : l'océan
Troisième rôle : la lune / le soleil (ex-æquo)
Figurant : la tristesse
Figurant 2 : la joie de vivre
Figurant 3 : le champ lexical des arts plastiques
Guest-star : Le Costa Concordia

Lieu de tournage : Isola del Giglio


Méduse



Par les journées italiennes
Quand l’âme est calme d’océan,
La méduse, molle sirène,
Dansait sur les flots transparents.

Sa longue marche soupirait
Puis s’étonnait de revenir,
Partait, si belle d’avenir,
Et ses cheveux d’argent ployaient.

Elle était là, comme une étoile
Au soleil désalinisé.
Ses flancs, inconscients d’être voiles,
Tissaient de vagues mélopées.

Le fond des mers, parfois secret,
La berçait de rochers en dunes
Et la mignonne au cœur de lait
Dansait sur des croissants de lune puis

Sanglotant, puis s’en allant
Par les flots éblouis de peine
Loin de ses royaumes d’argent
À l’horizon qu’une aube emmène,

Elle s’en allait ! Dans l’univers !
Reine béate des embruns,
Parée d’astres aux doux parfums
Qui la rendaient joviale et fière.

Puis retombait éclaboussée,
Ses rêves perclus dans son âme,
Où l’eau s’endort lourde d’années,
Où son corps se mêle à mes larmes mais,

Sa douce nappe exorbitée
En va-et-vient très sensuel,
Faisait semblant de désirer
Le crépuscule aux yeux de sel.

Et les chansons de rochers clairs,
Plus dangereux que des tombeaux,
Rimaient, leurs lubriques enfers
Par instants déployés des eaux.

La suffocante impératrice,
– La gélatineuse ingénue !
Jetait ses flancs blêmes et nus
Aux férocités cantatrices

Qui s’ébranlaient anémonesques,
Dans l’idolâtrie du couchant,
Comme un ciel de vierge et d’enfant,
Qu’on aurait peint sur une fresque.

Et moi, cela m’était égal !
J’ai fait l’affront d’être endormi
À ce crapulât sidéral ;
Et je m’en veux bien d’être en vie.

Alors je vais au port d’ivresse,
Où sont tant de béantes fesses,
Je vais à l’épave accroupie,
Et je sanglote, et je supplie !

Si bien que ses bastions m’étreignent,
Cheminée ronde qui me prend
Et me balance, en me tuant,
Dans les profondeurs qui la baignent.

Je me trouve une chambre claire,
Des crustacés sur l’oreiller,
Et sur un petit lit de fer,
La voici ! Belle. Éberluée.

Elle est nonchalante et paisible ;
Là, elle attend que l’on la tienne,
Laisse choir ses matins sensibles,
Ses soirs mouillés, ses yeux d’hymen !


 
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   Lulu   
3/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un très beau poème qui nous emmène au fil du large et pas très loin de la côte. Les vers sont vraiment superbes. J'aime beaucoup.

"Ses flancs, inconscients d'être voiles / Tissaient de vagues mélopées. Une bien belle image, entre autres...

Le rythme de l'ensemble est agréable. Le poème est bien travaillé. Je le salue au passage.

Bravo pour ce premier poème Ikran et au plaisir de vous lire à nouveau.

   Anonyme   
3/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Ikran,

J’aime beaucoup, beaucoup ton poème. Le lire à haute voix me fait glisser sur l’onde.

Les images sont extraordinairement belles, elles ondulent au rythme de la méduse, avec une facilité déconcertante. On suit le ballet de la belle, les yeux écarquillés.

Il y a quelque chose de planant à te lire.

Merci infiniment pour avoir réussi à m’emporter sur le calme de l’océan.

Ces beaux extraits, pour le plaisir de les mettre en exergue :

« Le fond des mers, parfois secret,
La berçait de rochers en dunes
Et la mignonne au cœur de lait
Dansait sur des croissants de lune puis

Sanglotant, puis s’en allant
Par les flots éblouis de peine
Loin de ses royaumes d’argent
À l’horizon qu’une aube emmène, »

Cat médusée

   Anonyme   
3/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Ikran,

décidémment vous êtes quelqu'un qui écrit de façon intéressante.
Ironique, maîtrisée (octosyllabes ? c'est bien cela ?), empli d'une vaste gratitude envers les mots que vous soignez et taquin, à travers, ici, un incipit qui m'a contraint à vous relire plusieurs fois, ce à quoi je me suis prêté de bon coeur compte tenu de la qualité de ce que je lisais.
Alors, et bien je n'ai rien compris, ni des figurants, ni de l'auteur {Google : "Aucun document ne correspond aux termes de recherche spécifiés (kaputtschlagerwein)"} qui voulait manifestement -ou sans doute- signaler, par là, qu'il était amateur de quelques vins doux autrichiens ou d'ailleurs mais loin de la mer et du royaume dangereux où se prélasse cette dangereuse méduse embellie et sensuelle à souhait. Et pas qu'elle...

Il m'a semblé - et tant pis si je semble idiot- qu'entre la description des errances de la belle, la cuite du narrateur et la belle éberluée aux béantes fesses, l'auteur a dû, en parfaite connaissance de cause et d'effet, s'égarer en se disant que qui l'aime le suive, ce que j'ai fait, on n'est pas tous les jours régalé de la sorte. Sans mélancolie, chagrin, hargne ou angoisse, diverses "choses" dont je suis, comme dans certains de vos textes aussi, souvent la victime consentante.
Merci et chapeau.

   margueritec   
4/9/2014
Bon, je ne vais pas m'étaler comme votre gélatineuse ingénue. D'autres l'ont fait et très bien.
J'ai bien aimé, votre poème, tout simplement. Je l'ai même lu en entier, et relu, moi que le long rebute terriblement.
Des myriades d'étoiles de mer pour :
"Ses flancs, inconscients d’être voiles,
Tissaient de vagues mélopées"
"Le crépuscule aux yeux de sel."

Au plaisir de vous lire à nouveau.

   Purana   
4/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un long poème de seize strophes dont les onze premières strophes sont consacrées à la description de la beauté, de l'élégance et du comportement dignes d'une méduse.
La description est minutieuse et raffinée. Elle évoque l'envie de vouloir mieux connaître la belle séductrice.

Dans cette partie, le deuxième figurant (la joie de vivre) est très visible et de ce fait, le lecteur découvre un monde où tout est beau, mystérieux et agréable.
C'est vrai qu'à partir de la septième strophe le premier figurant (la tristesse) joue son rôle assez frappant, mais… "la joie de vivre" reste au moins dans le fond et donne au texte sa gaieté générale malgré les moments parfois difficiles.

Merci Ikran !
Purana

   Brume   
25/12/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Ikran

Crapulât? ce mot est une invention?

"ravissante" méduse m'a amusée. Le poème est fou, mais reste sobre dans sa folie, ça m'a a la fois fait sourire et touchée.
Non mais les descriptions de la méduse sont géniales!

- "La méduse, molle sirène"
- "Et la mignonne au cœur de lait"
- "La gélatineuse ingénue !"
-"ses yeux d’hymen !"

Et puis amusant ces arrêts brusques sur ces 2 passages, ça donne du punch:
- "Dansait sur des croissants de lune puis"
- "Où son corps se mêle à mes larmes mais,"

J'ai vraiment apprécié de suivre la jolie méduse dans les profondeurs, J'aime la richesse du décor, l'impression de voir un film qui défile au ralenti.


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