Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie néo-classique
inconnu1 : Harcelée
 Publié le 26/03/21  -  15 commentaires  -  1064 caractères  -  520 lectures    Autres textes du même auteur

Le prénom change, mais l’histoire est toujours la même, celle d’Evaëlle, 11 ans, harcelée par une professeure et des collégiens et qui s’est suicidée le jour où l’été s’annonçait.


Harcelée



Margot rêve d’ailleurs et lève de grands yeux
Lorsque la nuit s’embrase en miliaire argentée,
Et qu’à la fin juillet, s’envolent en portée
Les cigognes battant le lento des adieux.

Sur son plafond, le soir, quand sourdent des lumières,
Elle perçoit une ombre agrippée au perron.
La gorgone au doigt tors qui lui glisse un juron !
Margot rêve être aveugle et coudre ses paupières.

Elle aime le silence et les bruits anodins.
Le sifflement galant d’un vent frais qui s’impose
Et qui fait vaciller les pétales de rose.
La bruine qui cliquette au hasard des jardins.

Plus jamais de silence ! À longueur de journée
Les feuilles des buissons ruissellent de murmures
Et le chant des oiseaux dégouline d’injures.
Margot se voudrait sourde et jamais n’être née.

Alors Margot s’envole au-dessus des marais,
Et se disperse au loin comme une rose blanche
Qui s’en vient le matin et qui le soir épanche
Ses pétales froissés au hasard d’un vent frais.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
16/3/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Sur ces drames affreux qui frappent des adolescents et adolescentes, quand l'invective répétée finit à force de souffrances par leur ôter le goût de vivre, je trouve que votre poème a le grand mérite d'éviter de tomber dans le larmoyant. Vous choisissez en quelque sorte d'évoquer les choses « par le haut », avec une expression allusive et poétique. Pour moi, cela donne une force supplémentaire à votre dénonciation.

De ce point de vue, à mon avis le troisième quatrain est exemplaire, il apporte un éclairage tendre et délicat, me fait entrer en empathie avec « Margot ».
Je trouve l'ensemble du poème empreint de cette délicatesse. Sur un sujet particulièrement pesant, selon moi vos vers parviennent à s'envoler, à dégager un parfum de douce tristesse.

   Robot   
26/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Avoir rendu ce drame accessible poétiquement est une belle réussite. Pas d'excès d'apitoiement mais des images bien choisie pour illustrer la violence qui conduit un être à l'irréparable.

Et s'ajoute une belle écriture sans heurt qui souligne encore plus l'horrible vécu.

   Ligs   
26/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
"Mais elle était du Monde où les plus belles choses
Ont le pire destin
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses
L'espace d'un matin"

Comment les plus belles choses, le murmure des feuilles des buissons et le chant des oiseaux, deviennent violence pour celle qui la subit quotidiennement, vous avez très bien su le montrer. Ne plus vivre la violence, qui finit par faire partie de soi, même seule avec la nature... retourner à la pureté, l'innocence et - la paix.

L'euphémisme métaphorique de la dernière strophe est d'une telle beauté...

Merci pour ce poème.

   papipoete   
26/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
bonjour inconnu1
Margot qui voit encore, ne discerne que monstres au plafond ; Margot qui écoute le vent siffler, perçoit ces injures comme bordée de flèches ; les scènes qu'elle endura ne parviennent pas à se diluer au néant.
Alors Margot abandonne, son corps craque et son coeur n'en peut plus ; elle s'envole...
NB comment un sujet si tragique, peut se montrer étincelant quand une plume au sang, d'un pauvre encrier trace telles griffures, des vers presque limpides... limpide comme peut l'être le langage-harpon du harceleur, qui agrippe sa proie.
la troisième strophe est comme en " pause ", avant qu'en direct reprenne le flot de l'atroce tourment.
Chaque quatrain ne jalouse son voisin, mais le dernier a ma préférence ! comme c'est joli...
Mon poème " harcèlement " pourrait prendre le votre par la " main ", tant ces lignes me sont familières ! ( si ce n'est que la victime n'est point fillette, mais adulte réduit à l'état de mouche qu'on écrase )
Vos dodécasyllabes feraient pâlir l'alexandrin, mais ne changez surtout rien !
Bravo poète !

   Damy   
27/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je vais, je m’en excuse, procéder à quelques critiques qui n’ont de valeur que mon seul sentiment et que je me permets parce que je sais que vous y êtes sensible..
J’ai, c’est dommage, buté d’emblée sur le mot « miliaire ». Qu’est-ce donc qu’un(e) miliaire ?
Le mot « sourdent » ne me paraît pas très adapté pour des lumières.
Un « plafond » et un « perron » me semblent assez éloignés l’un de l’autre pour pouvoir les rapprocher sur une même idée.
« murmures » évoque un son doux et dénote avec « injures ».
Évoquer 2 fois « la rose », même si c’est assez éloigné, m’a un peu gêné. Une autre fleur, peut-être, pour l’un des quatrains ?

Aborder un tel sujet par un poème d’où émane la tendresse pour Margot plutôt que la violence de la révolte sur ce qu’il lui est arrivé révèle une sensibilité de l’auteur toute à son honneur. Je n’aurais pas su le faire, preuve en est mon poème « À Bentalha ».
Ainsi, je sors de ma lecture plus attendri que révolté. Mais après tout pourquoi pas ? La compassion, l’empathie sont bien présentes. Dans ce cadre, j’ai particulièrement apprécié le 3° quatrain.

Merci, Inconnu1, de me conduire sur votre chemin.

NB: suite aux explications aimablement fournies par l'auteur en MP et dont je m'excuse d'avoir eu besoin, j'ai relu "harcelée"à leur lumière et j'en ai une toute autre appréciation. Je garde toutefois mon sentiment général. Je change mon "bien+" en "beaucoup"
Avec mes remerciements.

   Capry   
26/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Votre poème est très musical dès son ouverture, ballet du lac des cygnes en trame de fond. Les sonorités sont là, les mots langoureux, aidés par un choix de consonnes liquides.

Deuxième tableau, deuxième strophe... "coudre ses paupières" image glaçante et à la fois très parlante.

Votre poème est un ballet tragique dont on connait dès le début l'issue fatale. On aimerait que les mots nous aident à supporter la douleur. Ici c'est ce qu'ils font.

Votre poème est magnifique car en plus il permet d'aborder un thème complexe et encore marginal en poésie.

   Donaldo75   
27/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J’ai trouvé ce poème très réussi. Pourtant le thème est risqué. L’actualité place souvent ce sujet au cœur des discussions et des articles de presse. La force de cette poésie est justement de dépasser la narration d’un faits divers comme on en a lu si souvent ces dernières années. Les images sont subtilement distillées et pourtant leur impact est terrible à la lecture.

« Margot rêve être aveugle et coudre ses paupières. »

Ce vers à lui seul résume ce que je viens de dire précédemment. C’est de la pure poésie, de la belle poésie, de l’émotion brute et pourtant maitrisée.

Bravo !

   Dolybela   
27/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Poeme qui met de la poésie dans l'atrocité d'un drame sans le romanticiser. Les images des fleurs et des oiseaux sont très bien choisies. Il me semble que celle de la Gorgone et de son doigt est parfaite, comme le chant des oiseaux (le rapport au groupe de harceleur, en plus tweeter est symbolisé par un oiseau). Les images d'ailleurs symbolisent délicatement la tentation du suicide. Il me semble que le poème est construit sur une alternance entre images positives et images négatives, la solitude et les rêves (qui conduisent à la mort) et le discours terrible des autres. Cette construction rend bien le ressenti de la personne harcelée, partagée entre l'extérieur (les autres et l'image qu'ils ont d'elle) et l'intérieur (ce qu'elle ressent, ce qu'elle voudrait). Le poème n'est pas lourd et ne donne pas dans le pathos facile, sauf peut-être à la fin, mais l'image sauve la dernière strophe. A vous relire.

   Myo   
27/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Inconnu 1,

Il m'a fallu un peu de temps pour commenter cet écrit.
Bien sûr le sujet est terrible et poignant, bien sûr la qualité de votre plume n'est plus à démontrer mais quelques petits détails m'empêchaient d'être totalement dans l'émotion.

3e vers :
... s'envolent en portée(s)
Les cigognes.... Ce "en" suivi d'un singulier me trouble.

Puis il y a ce contraste entre les bruits anodins et qui pourtant deviennent agressifs dans leur sifflement, leurs cliquetis...
Ce sont des effets voulus qui au départ ont bousculé ma lecture mais qui, en essayant de suivre votre idée, prennent peu à peu sens.

Les 2 derniers quatrains continuent d'exprimer cette sournoise violence, insidieuse, irréversible.

Arrivée au dernier quatrain, j'ai rendez-vous avec tout ce que vous avez voulu transmettre.

Merci

Myo

   Edgard   
27/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
L’imbécilité, la cruauté humaine d’un côté, la souffrance de l’autre. Je suis profondément touché par votre magnifique poème. La forme et le fond y sont si intimement et délicatement liés que l’ensemble, plein de pudeur et de force, nous arrête dans un instant unique.
Merci

   Malitorne   
28/3/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je me souviens très bien de ce fait divers et de l’émotion qui m’avait alors saisi, de mon indignation aussi, davantage portée vers la professeure que vers ses camarades inconscients des conséquences de leurs actes. Aucune vie de cet âge n’a le droit de disparaître ainsi.
Votre poésie rend parfaitement ce drame, avec beaucoup de délicatesse, presque trop précieux parfois (« miliaire argenté » « pétales de rose ») mais au moins vous avez osé. Il n’est pas évident de dénoncer l’indicible avec un vocabulaire poétique, trop en faire ou pas assez. À sublimer un évènement on en oublie de le ramener sur terre, dans la dure et froide réalité, et au bout du compte amoindrir le propos. Mais l’ensemble reste sans conteste réussi.

   inconnu1   
28/3/2021

   Quidonc   
31/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Difficile de lire un texte si bien écrit sur une histoire horrible. C'est la le paradoxe de la poésie. Ce qui est touchant dans votre texte, c'est la fragilité de Margot qui se berce de rêves mais vit un cauchemar, pour ne pas dire un calvaire journalier.
L'histoire est laide et les mots sont beau
Merci pour ce partage

   Eskisse   
9/6/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Me revoilà ici pour poursuivre la découverte de votre oeuvre...( j'y prends goût) et ce magnifique poème dont le sujet nous concerne tous.

Ce que j'ai le plus aimé, c'est comment vous évoquez ce souhait de Margot de se retirer du monde, par étapes successives, en convoquant la perte des différents sens ( vue puis ouïe )

Comment aussi vous opposez la légèreté de Margot et le poids de ce qu'elle subit et surtout ce glissement sémantique de la quatrième strophe qui permet de passer de l'univers de Margot aux brimades.

Dans la dernière strophe, tout est juste et implicite.

Bravo.

   Anonyme   
20/9/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Inconnu1,

Sur un sujet très périlleux comme la souffrance et la solitude adolescente, vous avez tiré un petit chef d’œuvre de douleur muette sur ce chemin de moindre résistance emprunté par Margot qui cherche à créer sa symphonie intérieure par des émotions simples et naturelles pour défier le silence assassin. Si toutes les strophes sont très belles, celle-ci surnage par le pouvoir évocateur qu'elle a sur moi.

« Elle aime le silence et les bruits anodins.
Le sifflement galant d’un vent frais qui s’impose
Et qui fait vaciller les pétales de rose.
La bruine qui cliquette au hasard des jardins. »

Et j’ai appris le mot « miliaire » qui en dépit de son sens d’éruption cutanée sonne très poétiquement à l’oreille.

Merci pour cette lecture gratuite et le temps que vous avez passé dessus, c’est une franche réussite.

Pour le pinaillage, j'aurais choisi un autre titre genre "Plus jamais le silence."

Anna


Oniris Copyright © 2007-2023