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Poésie néo-classique
inconnu1 : La confirmation
 Publié le 06/01/21  -  15 commentaires  -  1030 caractères  -  312 lectures    Autres textes du même auteur

Un beau jour de printemps, ou peut-être une nuit de veillée pascale.


La confirmation



Je longe les chemins, l’enfance dans la poche,
La culotte trop courte et le cœur aigrelet.
Des prunelliers griffeurs m’attrapent au mollet.
Leurs picots, par malice, inondent ma caboche.

La nature s’y perd. Elle a l’âme en fouillis.
Avril déjà se meurt, déjà mai fanfaronne
Inondant les prairies de longs parfums d’irone,
Et pailletant le ciel d’enivrants gazouillis.

Le soleil au lointain semble draguer Coutances,
Diaprant ses clochers d’un foulard rosacé.
Mon cerveau se remplit, comme débarrassé
Des frôlements discrets, des murmures intenses.

Je devrais, à présent que s’épaissit le soir,
Descendre la colline et rejoindre la ville.
La confirmation. Comme un pacte servile
Pour effacer les nœuds qui brodent mon mouchoir.

Je ne peux m’y résoudre. Enfant blessé, rebelle,
Qui veut honorer Dieu, mais pas ses partisans.
Ils ont égratigné mon âme, mes treize ans.
Je longe les chemins de mûre et de brimbelle.


 
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   Anonyme   
19/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je trouve des vers vraiment beaux dans ce poème, ainsi
Le soleil au lointain semble draguer Coutances,
Diaprant ses clochers d’un foulard rosacé.
qui me paraissent très visuels. J'aime aussi cet entremêlement entre les impressions extérieures et les échos qu'elles éveillent en l'enfant narrateur, entremêlement surtout sensible dans
Leurs picots, par malice, inondent ma caboche.
mais que je ressens en sourdine un peu partout. Cette capacité à suggérer sans vraiment dire constitue à mon sens la force du poème.

... Une volonté de sous-entendre manifeste dans les derniers vers où se dévoile le rejet par le narrateur des servants de Dieu qui l'auraient blessé. Je pense aux affaires de pédophilie qui ont si gravement entaché la réputation de l'Église catholique.

J'ai un bémol sur
Mon cerveau se remplit, comme débarrassé
Des frôlements discrets, des murmures intenses.
que je comprends mal : le cerveau est-il débarrassé des frôlements et des murmures ou bien, débarrassé des frôlements, se remplit-il des murmures ? Quoi qu'il en soit, ces frôlements et murmures m'évoquent fortement des attouchements interdits accompagnés de murmures exhortant à garder le silence... Le premier sens serait donc à privilégier (frôlements et murmures provenant de la même source).

   Myo   
21/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un sujet original sur ce moment de vie vécue de façon particulière par le personnage.
L'enfance s'éloigne dans cette réflexion qui conduit à quitter le rang et suivre sa propre route.
Un écrit très bien construit, une plume aguerrie pour nous partager cet état de conscience.

Je suis sous le charme de nombreuses et très belles images
,l'âme en fouillis de la nature, le foulard rosacé sur les clochers, le chemin de mûre et de brimbelle...

Du grand art.

En EL Myo

   Miguel   
23/12/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Un bel hymne à la nature, mis où la rébellion de la fin semble tomber comme un cheveu dans la soupe. La nature égratigne l'enfant qui s'en réjouit, mais les égratignures de l'âme, vague accusation sans objet, inopportune, apparaît sans rapport avec ce qui précède et rompt le charme ; or en poésie, le charme, ça doit durer jusqu'à la fin. Moi j'ai un très bon souvenir de ma confirmation. Les partisans de Dieu n'ont pas égratigné mon âme. Ici, une fin en adéquation avec cet enchantement dans la nature aurait donné à ce poème une sorte d'unité qui lui manque.

   Donaldo75   
26/12/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Rien à dire, ce poème est très bien tourné, tonal, riche en images et agréable à la lecture. Je ne vais pas développer outre-mesure sur le sujet car je crois que la lecture permettra de mieux cerner ce que je viens de résumer en quelques mots; parfois, il faut savoir s'incliner devant un écrit réussi et ne pas en dénaturer le teint par un commentaire verbeux et sans réelle valeur ajoutée. Ici, la forme sert bien le fond, l'histoire se dessine dans les vers et le drame sous-jacent résonne à la lecture. C'est fin, ça se mange sans faim conne disaient des acteurs il y a plusieurs années déjà.

   Corto   
6/1/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Dire sans dire, évoquer sans préciser ni vraiment dévoiler, voilà la plus belle réussite de ce poème.
Le ressenti du narrateur est un mélange intime de rapport avec la nature et de vécu qui, pour se libérer, devrait "effacer les nœuds qui brodent mon mouchoir".
"L'Enfant blessé" exprime bien cette complexité douloureuse qui s'est nouée et dont le chemin sera long pour arriver à s'extraire de ces nœuds.

Bravo pour le style et la finesse de ce poème.

   Anonyme   
6/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Un bon poème sur la nature en général et la rébellion en particulier.
C'est vrai que la Nature est apaisante, il m'arrive souvent de suivre
le même chemin que l'auteur, c'est pour cela que je me reconnais
bien dans ce texte.
Beaucoup de beaux vers ou de belles expressions.

L'enfance dans la poche ( perso je dis le passé près de moi)

Je comprends moins ce : Qui veut honorer Dieu ou alors l'auteur
reconnait un dieu créateur de la nature.

Un beau texte, j'ai bien aimé.

   inconnu1   
6/1/2021
Modéré : Commentaire de l'auteur sous son texte (si besoin, ouvrir un sujet dans "Discussion sur les récits").

   papipoete   
6/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour inconnu1
je doute à vous lire, que vous demeuriez " inconnu " longtemps ?
Je crois lire dans vos lignes, un récit fort douloureux ; un enfant que le représentant de Dieu a humilié ( pour ne pas dire davantage ), s'est enfui dans la nature, sur cette colline, où il sait retrouver refuge.
Le clocher vient de sonner l'heure de la messe, jour pour " premiers communiants " de la " confirmation " qui l'appelle... il ne viendra pas.
NB voici le sens que je trouve à ce récit, où les égratignures de ronce sont presque douceurs, en songeant aux atrocités au corps et au coeur, subis par l'adolescent !
la troisième strophe en l'occurrence me fait penser à ce scénario !
Dans l'ultime quatrain, le héros voudrait honorer le seigneur, non point ses représentants ; tout me semble dit ? hommes en soutane...
De fort beaux vers comme le 10e et le 16e qui fait mal à lire !
Dans le premier quatrain, le 4e vers me semble étrange ( les picots inondant la caboche ) je vois bien ces picots, en fait des épines noires très piquantes... et leur fruit que l'on appelle ici " plausse "
Vous nous direz ce que vous voulûtes dire ici ?
techniquement, je vois des vers à lecture en diérèse, bien nantis de leurs 12 pieds ; nous ne devons pas être loin de la forme classique ?

   dream   
6/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
INCONNU1, bonjour


Avec son titre à double sens (enfin c’est ce qu’il me semble), déjà, l’auteur révèle tour à tour la spiritualité et la foi bafouée. Et tout cela s’invitera tout au long du poème :

« La confirmation/le cœur aigrelet/prunelliers griffeurs m’attrapent/ picots/ malice/la nature s’y perd/ draguer Coutances (l’auteur est-il de Normandie ? Et la confirmation devait-elle se dérouler dans la cathédrale de Coutances ?)/ clochers/ ils ont égratigné mon âme/ ».

Mais au-delà de cette sordide révélation finale, le poète parvient avec une réelle élégance et une envolée lyrique sur la nature, à nous insuffler un écrit é-blou-i-ssant qu'il aurait tout aussi bien pu intituler "Sous le soleil de Satan"

Un grand BRAVO ! pour cette très belle lecture.
dream

   wancyrs   
6/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Inconnu1

Combien d'enfants et d'homme aujourd'hui vont porter ces cicatrices laissées par ces prétendus serviteurs de Dieu ? Je suis chrétien et je suis en colère d'arborer le même titre que ces êtres ignobles qui ont brisés ceux qui leur ont été confiés innocemment. Heureusement, le narrateur comprend que ce n'est pas Dieu qui lui a fait mal, mais les hommes. Un mal qui contraste douloureusement avec la nature qui entoure le narrateur...

Merci pour le partage !

Wan

   Provencao   
8/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"Je devrais, à présent que s’épaissit le soir,
Descendre la colline et rejoindre la ville.
La confirmation. Comme un pacte servile
Pour effacer les nœuds qui brodent mon mouchoir. "

Bienvenue inconnu 1, j'ai beaucoup aimé cette confirmation, en vos vers où jaillit ce mystère même de la croyance en Dieu. Un texte plein d'émotion et de douleur fondant une poésie doublement témoignante.


J'ai bien aimé ce mystère des verbes :" attrape, inonde,effacer,...." témoins du trouble de l'enfance et de ce temps à l'aune de l'insaissisable.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   inconnu1   
8/1/2021

   Cristale   
9/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Inconnu,

Plusieurs retours sur ce poème me font ce soir m'arrêter pour souligner une écriture profonde, dense, riche, pas de prosaïsme mais de la poésie au langage soutenu.

Le soin apporté à la prosodie dénonce une grande attention et le désir du travail bien fait, le respect envers son propre ouvrage, loin d'être vanité, sont tout à l'honneur de l'auteur.
Ce pauvre "ies" en milieu de vers sera évité dorénavant...c'est cela aussi Oniris : on apprend de ses erreurs, toujours.

Sentiments, reflexions, émotions font de ces vers un moment de lecture apprécié.

Vous écrivez bien, Inconnu, et, malgré que vous ayez raté la marche du classique en regardant les prairies inondées, je plussoie ma note.

Cristale

   Quidonc   
13/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Inconnu1,

Voici un texte nimbé de fraîcheur nostalgique, l'enfance glisse doucement, la culotte devient trop courte et le coeur aigrelet. L'adolescence point et avec elle les questionnements et notamment la question de la religion. Vaste sujet s'il en est.
Je qualifierait ce texte de confirmation buissonnière et c'est drôlement rafraîchissant.
Merci pour ce partage
Quidonc

   jfmoods   
17/1/2021
Le schéma de construction de l'entête ("Un beau jour... ou peut-être une nuit") fait immédiatement penser à la chanson de Barbara intitulée "L'aigle noir". Le thème de cette chanson n'a pu être définitivement établi, mais on pense forcément à l'hypothèse la plus sinistre.

Même si, au fil des trois premières strophes, une plénitude sensorielle semble s'installer (odorat : "longs parfums d’irone", ouïe : "enivrants gazouillis", vue : "pailletant le ciel", personnification fixant une séduction douce : "Le soleil au lointain semble draguer Coutances, / Diaprant ses clochers d’un foulard rosacé", métonymie : "Mon cerveau se remplit"), certains éléments inquiétants attirent immanquablement l'attention du lecteur (images de la frustration : "La culotte trop courte et le cœur aigrelet", image de la tromperie : "par malice", expression de la violence : "griffeurs, m’attrapent au mollet", personnification épousant l'intériorité désemparée du locuteur : "La nature s’y perd. Elle a l’âme en fouillis.", antithèse mettant en exergue l'amertume d'une défaite : "se meurt" / "fanfaronne").

La strophe centrale, point de gravité du poème, se clôt par l'aveu suggéré du viol, de l'abjection subie par l'enfant ("Des frôlements discrets, des murmures intenses").

Les deux dernières strophes, construites en un jeu d'oppositions (modalisateurs des vers 13 et 17 : "Je devrais" / "Je ne peux m’y résoudre"), illustrent le combat du jeune homme pour conserver sa foi, d'un jeune homme rejeté dans la nuit de l'âme ("à présent que s’épaissit le soir"). L'image du vers 14 ("Descendre la colline et rejoindre la ville") signale la distance douloureuse au monde. Encalminé dans la solitude du traumatisme (métaphore : "les nœuds qui brodent mon mouchoir"), le locuteur n'est plus en mesure d'envisager l'événement qui s'annonce ("La confirmation" du titre) autrement qu'avec dégoût (comparaison : "Comme un pacte servile", adjectif qualificatif : "rebelle"). L'ignominie des hommes d'église a détruit son innocence (groupe nominal : "mes treize ans", participes passés : "Enfant blessé", "Ils ont égratigné mon âme") et anéanti sa foi (antithèse avalisant une rupture définitive : "Qui veut honorer Dieu, mais pas ses partisans"). L'anaphore (vers 1 et 20 : "Je longe les chemins") marque la circularité d'une pensée prisonnière du temps.

Merci pour ce partage !


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