Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie néo-classique
inconnu1 : Palimpseste
 Publié le 05/03/21  -  17 commentaires  -  1146 caractères  -  269 lectures    Autres textes du même auteur

Si je sais certains traits de ton visage, je n'en ai plus le souvenir.


Palimpseste



Il ne me reste rien de mes amours anciennes,
Que des mots imparfaits semés sur du papier.
Au battant des clochers, les heures vont. Et viennent
Les souvenirs têtus qu’on ne peut oublier.

Je sais de tes cheveux leur couleur vénitienne.
Qu’ils plongeaient sur ton front par soyeux entrelacs.
Qu’à tes yeux cérulés, je m’abreuvais sans gêne
À l’alcoolat brûlant de leurs reflets lilas.

Depuis lors, mon errance a croisé des villages.
J’ai bâti mon jardin sur d’autres échalas.
Mais tous ces souvenirs ont brouillé ton visage.
Ton corps est un marais noyé sous l’azolla*.

Et je me sens trahi par la mémoire humaine
Qui profane indûment les instants les plus doux.
Et je maudis les jours, les mois et les semaines
Qui confondent les cœurs et les poupées vaudous.

Au battant des clochers les heures vont et viennent.


* Genre de fougères aquatiques. Les tapis d'azolla couvrant l'eau ou poussés par le vent vers une berge deviennent rapidement si denses qu'ils empêchent la lumière du soleil de pénétrer la masse d'eau.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Miguel   
20/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Des vers extrêmement mélodieux, au rythme impeccable, et qui nous transportent dans le monde du poème. Un lyrisme frémissant mais contenu, ce qui crée une tension tragique tout au long de la lecture. Cette évocation de souvenirs altérés par les défaillances mémorielles, et la nostalgie et douleur qui s'ensuit, sont exprimées avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité. Mais j'en reviens pour finir à la qualité supérieure de ce poème, d'où, évidemment, émanent toutes les autres : le caractère très esthétique de ses vers.
Le dernier, détaché de l'ensemble, nous ramène à notre enfermement dans le temps, et a quelque chose de la force du "Pont Mirabeau" d'Apollinaire.

   BlaseSaintLuc   
20/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
très joli poème, en vérité un de plus sur un amour perdu , ok thème récurant dans la poétique romantique (mais pas que.)

"Il ne me reste rien de mes amours anciennes,
Que des mots imparfaits semés sur du papier.
Au battant des clochers, les heures vont. Et viennent
Les souvenirs têtus qu’on ne peut oublier."

et oui d'où le titre , malin !

"Je sais de tes cheveux leur couleur vénitienne.
Qu’ils plongeaient sur ton front par soyeux entrelacs.
Qu’à tes yeux cérulés, je m’abreuvais sans gêne
A l’alcoolat brulant de leurs reflets lilas."

ah le parfum des cheveux de femme!

"Depuis lors, mon errance a croisé des villages.
J’ai bâti mon jardin sur d’autres échalas.
Mais tous ces souvenirs ont brouillé ton visage.
Ton corps est un marais noyé sous l’azolla*."

et oui, quand la fleur ne tient pas ,on y met la béquille !

"Et je me sens trahi par la mémoire humaine
Qui profane indûment les instants les plus doux.
Et je maudis les jours, les mois et les semaines
Qui confondent les cœurs et les poupées vaudous."

Pamphile sorcière réputée nymphomane . (elle usait je crois de certains sortilèges )

   Anonyme   
23/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Un bien joli texte néo sur les souvenirs même si je ne suis pas sûr
que la rime entrelacs/lilas passe en néo mais qu'importe, j'aime bien
cet ensemble.
Je n'ai pas trop compris l'avant-dernier vers avec ses poupées vaudous.
J'aime bien le vers 3 et son enchaînement : vont. Et viennent...
Et le superbe vers :
Ton corps est un marais noyé sous l’azolla*.

Oui, un ensemble qui se déguste avec plaisir même si le thème
n'est pas nouveau mais il me semble rafraîchi.

   Dolybela   
5/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je sens une inspiration verlainienne, et surtout Apollinaire en embuscade. Quoi qu'il en soit très beau poème, très riche en images (confondre les cœurs et les poupées vaudous, alcoolat, les marais...) qui assume sa modernité. Le premier contre rejet de "et viennent" nous met sur la piste, puis on se laisse porter par les images qui sont des visions. La réflexion sur le temps qui passe est très bien menée, c'est un topos qui retrouve un peu de son originalité. J'ai bien aimé que le "et viennent" de la première strophe se retrouve dans le dernier vers. Merci pour ce partage. J'aime beaucoup ses yeux, ou du moins ce dont le je lyrique se rappelle.

   Angieblue   
5/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut,

L'ensemble est agréable avec l'originalité du vocabulaire et des images, ainsi que le jeu sur les rimes en "a" dans le deuxième et le troisième quatrain.
Jolies aussi les images en rapport avec la nature.

Mes passages préférés sont:

"Qu’à tes yeux cérulés, je m’abreuvais sans gêne
À l’alcoolat brûlant de leurs reflets lilas."

"Ton corps est un marais noyé sous l’azolla*."

Et excellent le dernier vers avec l'image des "poupées vaudous". ça illustre bien les cœurs torturés par le temps.

Par contre, je n'aime pas le rejet du premier quatrain. ça fait bizarre et ça casse le rythme et l'harmonie.

Je ne comprends pas, non plus, la classification en néo classique puisque tu fais rimer des singuliers avec des pluriels:
anciennes/viennent
villages/visage
humaine/semaines
échalas/azolla

   papipoete   
5/3/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour inconnu
Comme j'ai pu l'admirer ton visage, et le dessiner dans ma tête quand, nous n'étions pas ensemble. je l'admirais ; dans tes yeux je me mirais ; et je pouvais passer ma main tout au long de ton corps, qui frémissait avant notre corps-à-corps. Mais le temps a gommé cette idylle, et effacé de ma mémoire tes moindres traits...
NB le héros qui refit sa vie amoureuse " sur d'autres échalas ", vibre toujours pour ce grand amour, et voudrait que l'image d'alors réapparaisse, mais il n'est plus maître de ses pensées !
Alzeimer serait-il seul maître à bord dorénavant ?
la dernière strophe ( ma préférée ) semble en attester ?
au 3e vers, " et viennent "... je n'aime pas les enjambements !
dodécasyllabes sans faute !

   Cristale   
9/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"Ton corps est un marais noyé sous l’azolla"

Je peux fermer la page en emportant uniquement ce vers dans mes pensées.

L'entrelac des sons rimés qui reviennent comme un leitmotiv souligne le retour incessant de la mémoire sur le passé, de plus la méthode amplifie la musicalité de l'ensemble du poème. La strophe 4 aurait pu se voir octroyer elle aussi la rime "ène" mais l'auteur a sans doute préféré casser la mélodie en appuyant sur une sonorité marquante.

Ce vers qui revient en final accentue ce travail difficile de la mémoire qui cherche sans cesse à revivre ses souvenirs.
J'ai déjà vu...quelque part...cette façon de clore un poème comme un écho qui reviendrait sans cesse.

Joli poème qui mériterait la prosodie qui lui siérait vraiment.

Cristale
Edit : retour pour correction erreur de frappe ^-^

   dream   
5/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Inconnu1, bonjour

Le temps impitoyable a effacé à jamais le parchemin de nos amours mortes :

« Il ne me reste rien de mes amours anciennes,
Que des mots imparfaits semés sur du papier. »

« Et je me sens trahi par la mémoire humaine
Qui profane indûment les instants les plus doux. »

Très beau titre en adéquation avec un poème tout aussi beau et dont le texte me rappelle la merveilleuse chanson « Que reste-t-il de nos amours..», chantée par l’immense poète qu’était Charles Trenet, et pour laquelle je ne résiste pas à citer ces quelques vers :

« Bonheur fané, cheveux au vent
Baisers volés, rêves mouvants
Que reste-t-il de tout cela
Dites-le-moi. »

CLAP ! CLAP ! CLAP ! à l’auteur.
dream

   emilia   
5/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un charme certain se dégage de votre poésie : le phrasé, la fluidité, les sonorités, l’harmonie imitative du rythme du vers comme celui-ci « Au battant du clocher, les heures vont. Et viennent… » (astucieusement placé dans sa double perspective entre les heures et les souvenirs…, et pertinemment repris dans le vers final), l’allitération en « l » : « À l’alcoolat brûlant de leurs reflets lilas » … ; seul le terme « échalas » me semble un peu décalé, mais bravo à vous pour cette complainte chantée à vos amours anciennes…

   Anonyme   
5/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
J'ai été étonné par l'apparition des poupées vaudou en air de texte mais en reprenant, je me suis aperçu que ce n'était que le bouquet final, et que le réel et ce qu'il en reste sont opposés depuis le début. Le souvenir est douloureux, contrairement à l'instant magique, érotique, pourquoi ? Parce que le poète est alors seul. S'il vivait le temps présent, ce serait mieux pour sa santé mentale. Seulement voilà : les heures du clocher ne cessent de lui rappeler le temps qui passe et provoque chez lui la trahison par la mémoire. La mémoire devrait jouer un rôle positif, ici il est traumatisant.

Un très beau poème monothématique, syntagmatique. Le rappel du vers 3 suggère quelque chose sur l'enjambement mais je ne saurais pas dire quoi. En tout cas, il boucle le cycle et enferme le poète dans sa méditation maladive.

   Myo   
6/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il y a toujours dans vos mots ce petit supplément d'âme qui en fait toute leur richesse.
Ici, vos souvenirs nous attrapent et réveillent en nous ces autres souvenirs si chers que le temps peu à peu déteint.

Quelques petits détails me semblent moins réussis :
- le choix des rimes ienne-êne-aine, un son répété par 3 fois
- l'enjambement du 3e vers perturbant par le fait que "et viennent" pourrait se rattacher à "vont"
- les poupées vaudous cassent l'émotion de ce dernier quatrain dont les 3 premiers vers sont une merveille.

Bravo aussi d'assumer ce choix du néo-classique afin de préserver votre intention de départ. Il arrive qu'un mot nous semble plus important et plus empreint de poésie que toutes les règles de prosodie.

Je reste sous le charme de votre plume, merci !

   jfmoods   
8/3/2021
La locution restrictive ("ne... rien... que") met en exergue la radicalité d'un constat. Si encore l'écriture avait pu rendre compte de cet émerveillement premier des choses ("mes amours anciennes") ! Mais non ! Au comblement espéré d'une moisson répond l'insoluble médiocrité d'une récolte ("des mots imparfaits semés sur du papier"). Le locuteur n'a su faire du langage son allié, passer par pertes et profits l'histoire intime. Le voici pris en tenaille entre ce mouvement qui le tire implacablement vers demain et cet autre qui le ramène tout aussi implacablement vers hier (jeu antithétique des verbes associé à un contre-rejet : "Au battant des clochers, les heures vont. Et viennent / Les souvenirs têtus qu’on ne peut oublier").

Invariablement, la mémoire se fixe sur une même trame - vibrante mais parcellaire - de perceptions visuelles (antéposition du complément du nom : "de tes cheveux leur couleur vénitienne", imparfait de description : "ils plongeaient sur ton front par soyeux entrelacs", imparfait de l'habitude : "à tes yeux cérulés, je m’abreuvais sans gêne", jeu marqué d'allitérations et d'assonances : "À l’alcoolat brûlant de leurs reflets lilas").

Les circonstances de la vie (passés composés : "mon errance a croisé des villages", "J’ai bâti mon jardin sur d’autres échalas") ont rendu caduque toute tentative de résurrection des traits de l'Aimée (démonstratif : "tous ces souvenirs ont brouillé ton visage", métaphore particulièrement inspirée : "Ton corps est un marais noyé sous l’azolla").

Le poète laisse alors éclater son immense frustration (gradation avec effet de relance : "Et je me sens trahi", "Et je maudis", allégorie : "la mémoire humaine / Qui profane indûment les instants les plus doux") devant la fuite sauvage et implacable du temps (jeu d'assimilation : "les jours, les mois et les semaines / Qui confondent les cœurs et les poupées vaudous").

Le dernier vers du poème - subtile reprise du vers 3 - remet en perspective le piège dans lequel se trouve inextricablement pris le locuteur.

La mémoire humaine est semblable à un palimpseste sur lequel, chaque jour, sans que l'on n'y puisse rien, disparaissent les évènements de la veille.

Merci pour ce partage !

   Anonyme   
9/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Inconnu1,

Je m'aperçois en parcourant cette jolie poésie que je ne suis pas venue y donner mes impressions .

C'est une très belle évocation du souvenir d'un amour lointain qui s'efface progressivement au fur et à mesure du temps qui passe.

On aime, on a aimé, on se souvient avec une pointe de nostalgie et puis la vie fait qu'on passe à autre chose, un autre amour peut-être.
Les souvenirs restent mais la mémoire joue des tours et trahit comme si bien exprimé dans ces vers :


Mais tous ces souvenirs ont brouillé ton visage.
Ton corps est un marais noyé sous l’azolla*.

Et je me sens trahi par la mémoire humaine
Qui profane indûment les instants les plus doux.

Une poésie néoclassique de bonne facture qui me parle et qui me fait replonger dans mes souvenirs d'avant.

Une bien jolie lecture.

   Damy   
9/3/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Une nostalgie comme je l’aime, délicate et pourtant très profonde.
J’aime particulièrement les images très poétiques et d’une belle sensibilité des souvenirs de l’être aimé :
« Je sais de tes cheveux leur couleur vénitienne.
Qu’ils plongeaient sur ton front par soyeux entrelacs.
Qu’à tes yeux cérulés, je m’abreuvais sans gêne
À l’alcoolat brûlant de leurs reflets lilas. »
Les adjectifs "vénitienne" et « cérulés » sont très beaux et le nom « alcoolat » particulièrement bien venu.
J’aime aussi les évocations implacables de la fragilité de la mémoire qui abandonne ce vers superbe :
« Ton corps est un marais noyé sous l’azolla*. »
Je trouve l’enjambent de « Et viennent » au premier quatrain très malicieux et qui donne parfaitement son effet saisissant.
Enfin la répétition finale :
« Au battant des clochers les heures vont et viennent. »
est des plus heureuses pour marquer le temps qui passe inexorablement troublant les souvenirs.

Au total un poème qui m’a profondément ému grâce à la belle poésie qu’il développe tout du long.

Merci, inconnu1, qui ne demande qu’à se faire connaître. ;-)

   inconnu1   
9/3/2021

   Donaldo75   
10/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’ai beaucoup aimé ce poème ; l’exergue promettait de la tonalité et je n’ai pas été déçu par le résultat. La musicalité des rimes rend l’ensemble fluide, presque une rivière tranquille où les vers écument la lecture. L’imagerie déployée rend le poème pictural. Le champ lexical utilisé rappelle au lecteur que la poésie c’est quand même du travail avant d’arriver à un tel résultat qui parait si spontané mais a probablement demandé de passer à plusieurs reprises sur les mêmes vers pour changer là un point, ici un adjectif, effacer sa copie, reprendre et puis refaire, défaire à nouveau. Et pour finir, j’aime beaucoup le dernier vers, une forme poétique de point d'orgue.

   Quidonc   
10/3/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Palimpseste, quel joli mot, quel joli titre, quel joli poème. Etrange sentiment que de ressentir la nostalgie des nos anciennes amours, alors que les visages et peut-être les noms s'effacent peu à peu de notre mémoire.

"Mais tous ces souvenirs ont brouillé ton visage.
Ton corps est un marais noyé sous l’azolla*."

A cela s'ajoute une prosodie plus que bien maîtrisée

Merci pour ce partage


Oniris Copyright © 2007-2023