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Poésie contemporaine
inconnu1 : Romance noire pour une nuit blanche
 Publié le 23/01/22  -  17 commentaires  -  1256 caractères  -  289 lectures    Autres textes du même auteur

Toujours ce répondeur qui séquestre ta voix.


Romance noire pour une nuit blanche



La nuit n'a pas encore blanchi sa cape brune.
Les doigts sur le Thermos, je m'enivre au café.
Des blondes en sachet, compagnes d'infortune,
M’embrument le cerveau dans un autodafé.
Sous le dais de la nuit qui file en gouttelettes
Rennes se déshabille au milieu des clapots.
Déjà deux feux grillés ; autant de cigarettes.
Ma Clio brinquebale entre les entrepôts.

L'autoroute vomit son ronron monotone
Qui m’agresse et me berce un peu plus chaque fois.
Et le soir qui s'éclaire et le ciel qui détonne,
Moins que ce répondeur qui séquestre ta voix.
Dans mon cœur il chagrine autant qu'il pleut sur Nantes,
Et que le fleuve ondule au pont de Cheviré.
Je rêve de la Loire et de ses eaux dormantes
D'où, frais comme un glaçon, mon corps serait tiré.

Un poids lourd malappris m'engloutit sous des litres.
Mon balai d'essuie-glace au crissement suspect
S'ébroue en étalant tout le ciel sur mes vitres
Et proteste âprement contre tant d'irrespect.
Bordeaux agite enfin ses éclats de breloque
Que frôle l’arc-en-ciel que l’aube a dessiné.
Soudain je t’aperçois et ma peur se disloque.
Tu dors comme une enfant qui m'a tout pardonné.


 
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   Anonyme   
7/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
En débutant ma lecture j'avais des doutes, je me demandais si vous pourriez renouveler par l'expression un sujet que je pressentais rebattu. Ben oui.

Oui, sans hésitation ! Une fort bonne idée, je trouve, ces noms de villes lâchés au fil du poème, ils m'ont fait ressentir avec une belle économie de moyens la course nocturne du narrateur ou de la narratrice.
Et puis, tout simplement, vos vers me plaisent, ils m'apparaissent beaux, intenses, modernes. Une mention par exemple pour
Des blondes en sachet, compagnes d'infortune
M’embrument le cerveau dans un autodafé.
D'ailleurs j'adore la rime café/autodafé.

Tiens, j'ai pensé à Nougaro pour le ton. Sur l'écran noir de mes nuits blanches… (Ce sont je crois les blondes en sachet et le poids lourd malappris qui me l'évoquent surtout, tout à fait le genre d'associations nougaresques à mon avis.)

Un bémol toutefois pour
ses éclats de breloque
Que frôle l’arc-en-ciel que l’aube a dessiné.
La succession des deux propositions relatives me semble lourde.

   Miguel   
7/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une poésie de la modernité tout à fait réussie Je pense aux poésies de Michel Houellebecq, que ses romans font injustement oublier ("Je roulais au volant de ma Peugeot Cent-quatre / Avec la Deux-cent-cinq j'aurais eu l'air plus frime", oui avec ces voitures ça date un peu, mais ce n'est qu'un exemple), ou encore à Bernard Delvaille. Et cette modernité n'est pas exempte d'un heureux mélange de lyrisme et d'humour (sur l'autoroute en particulier). Le dernier vers est sublime.

Miguel, enEL

   Myndie   
13/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Attirée par le titre qui m’a rappelé une célèbre émission du samedi soir, d’une époque révolue, j’avoue que je n’ai pas été déçue du voyage – car voyage il y a.

J’ai aimé vous suivre dans votre déambulation nocturne et angoissée, j’ai aimé votre écriture nerveuse qui suggère les situations et les met en scène à la manière d’un film noir. Voilà même ce qui en fait l’attrait : une écriture très cinématographique, où la poésie est omniprésente. On partage votre regard sur la ville , le fleuve et « la nuit qui file en gouttelettes ». On s’imagine en train de quitter les rues de la ville en grillant quelques feux, puis rouler sur l’autoroute, le pare-brise balayé par un essuie- glace qui » s'ébroue en étalant tout le ciel sur (l)es vitres ». On imagine tout, les sons, monotones ou agaçants, l’odeur des cigarettes et le goût du café, et le désespoir qui pousse à souhaiter la paix des eaux noires et glacées…
Oui vraiment, j’ai été emballée par ce tableau, ces scènes très réalistes où fourmillent tant de belles images et de trouvailles :
« Rennes se déshabille au milieu des clapots. »
« Dans mon cœur il chagrine autant qu'il pleut sur Nantes, »

Alors j’ai bien relevé une ou deux petites maladresses (ainsi le vers « Que frôle l’arc-en-ciel que l’aube a dessiné » est-il un tantinet moins heureux que le reste)
Mais je veux ne retenir que le plaisir que j'ai eu à cette lecture et vous remercier de m'avoir fait rêver, d'avoir nourri mon imaginaire.

   Donaldo75   
14/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J’ai trouvé dans ce texte un poème réussi, très cinématographique dans les images. Peut-être que le titre – qui m’a rappelé celui d’un film américain dont les influences hitchcockiennes étaient flagrantes – m’a influencé, toujours est-il que mon immersion dans ces vers a été facile, du fait de ces vers évocateurs. Et au-delà de raconter, il me parle, expose, poétise, emballe ma lecture et la rend remarquable, un très bon moment en cette matinée.

Merci pour cet instant de grâce.

   Cyrill   
14/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J’ai été très agréablement séduit par cette romance noire, au point de me sentir physiquement brinquebalé, dans une position peu confortable mais je sacrifie volontiers mon confort à ce voyage à travers une région et les émotions que ma lecture m’a procuré.

Le désespoir flirte avec le plaisir du paysage, j’ai beaucoup aimé ce contraste.

Merci pour la lecture.

   papipoete   
23/1/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour inconnu1
Je roule à toute allure, malgré la nuit que la pluie rend encore plus noire ; je grille clope sur clope, feux rouges après feux rouges, je m'en fous... on me repêchera de la rivière, où j'aurai fini de souffrir ! mais au bout de mon road-movie, je t'aperçois... je vais vivre.
NB après la chanson en direct de Stromae à la télé, où l'on entend que bien souvent, il put lui aussi cesser de souffrir, ce récit nous fait la démonstration, qu'il ne faut pas grand-chose... pour effacer le tableau de la vie, avec ses joies, avec ses tourments !
Mais ce visage aimé n'est pas toujours là, pour dire " arrête ! fais pas l'con ! "
la première strophe donne l'impression, que la vieille Clio roule toute seule, comme si son chauffeur songeait " où tu iras, j'irai... "
elle est ma strophe préférée !
L'auteur démarrant sa plume en trombe, comme l'auto, et son premier vers s'envole sur 13 pieds ! dommage, car les suivants se tiennent bien sagement...

   Marite   
23/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Cette poésie contemporaine m'a séduite. Les trois premiers vers m'ont embarquée dans cet état d'âme sans savoir où il allait me mener. Mais les images défilent au rythme des alexandrins rimés méthodiquement ... enfin c'est ainsi que j'ai perçu ces vers. Un réel plaisir de lecture avec même l'envie de les lire à voix haute.

   Lebarde   
23/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Inconnu1

Quand le désarroi et le doute s'installent dans la tête, on croit qu'une fuite en voiture, dans la nuit noire peut éponger sa peine, tâche d'autant plus difficile et dangereuse par une pluie battante qui rend le voyage presque suicidaire.

"Je rêve de la Loire et de ses eaux dormantes
D'où, frais comme un glaçon, mon corps serait tiré."

Et pourtant il faut savoir ce qu'il y a derrière

"ce répondeur qui séquestre ta voix",

en prenant tous les risques pour cela,

"Des blondes en sachet, compagnes d'infortune,
M’embrument le cerveau dans un autodafé."

"Déjà deux feux grillés ; autant de cigarettes."

jusqu'à ce que, ouf,

"Soudain je t’aperçois et ma peur se disloque./Tu dors comme une enfant qui m'a tout pardonné."

L'histoire est haletante et l'écriture surprenante de verve et de suspense comme le serait la scène d'un film. Bravo c'est superbement réussi.

Dommage pour le premier vers qui comme il l'a déjà été souligné a en effet treize syllabes,... je m'inquiète pour les rimes fois/voix qui ne sont peut être même pas fautives après tout .
...Dommage car je voyais là un magnifique poème classique qui me convenait bien.
J'attends votre prochain poème/film de cette veine.

Lebarde

   Anonyme   
23/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Inconnu1,

J'aime beaucoup l'ensemble de cette poésie noire sur fond de désespoir .
Beaucoup d'images explicites, du mal-étre aux pensées suicidaires du narrateur .
Une poésie bien présente, même avec ce vocabulaire plus moderne ( clio, cigarettes, thermos, essuie-glace, par exemple) qui ont leur charme et s'intègrent bien à l'ensemle.
Dommage ce "e" non élidé au premier vers.
L'ultime vers est très beau .

Une très belle lecture.

   Pouet   
23/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut,

tout cela sonne ma foi très bien, très coulant et bien rythmé. Je trouve aussi quelques jolies trouvailles "romantiques" - pas trop marqué le romantisme, mais pas loin, à la lisière... Et c'est finalement bon de se laisser emporter par le lyrisme d'un "répondeur qui séquestre ta voix" ou encore ce poignant - bien que pouvant inciter à des interprétations contestables - final "Tu dors comme une enfant qui m'a tout pardonné". Notez que je pourrais dire ça avec ironie ou cynisme, mais même pas, c'est quand même "beau" et puis je fais ma pause railleries désabusées (entre 20 et 21h).
Cela ne manque pas d'une certaine modernité dans l'expression, en tout cas c'est vif et prenant et on fait même du tourisme alors !
Voilà, une évidente qualité d'écriture quoi.

   Cristale   
23/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour célèbre Inconnu,

Un poème tellement bien à sa place en contemporain (merci d'avoir écrit encore avec son "e" et tant pis pour le treize syllabes) tant le discours est pétri de modernité. Je t'aurais volontiers parlé des strophes de huit vers et de leur système de rimes mais non, pas ici, au temps pour moi ^^

J'aime beaucoup la façon dont tu déroules tes mots sur l'asphalte de tes vers qui nous entraînent sur l'autoroute de tes pensées.
Quelques jolies images poétiques savamment entrelacées avec d'autres au langage plus actuel :
"La nuit n'a pas encore blanchi sa cape brune.
Les doigts sur le Thermos, je m'enivre au café."

"Et le soir qui s'éclaire et le ciel qui détonne,
Moins que ce répondeur qui séquestre ta voix."

J'adore ce quatrain qui sent le vécu :

"Un poids lourd malappris m'engloutit sous des litres.
Mon balai d'essuie-glace au crissement suspect
S'ébroue en étalant tout le ciel sur mes vitres
Et proteste âprement contre tant d'irrespect."

Oui, j'aime vraiment l'originalité de ton poème.
Merci et bravo cher Inconnu.
Cristale

   Corto   
24/1/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
j'aime beaucoup ce style, mêlant vie quotidienne et images mentales à ressort poétique. On accompagne le personnage, on subit avec lui. J'ai même applaudi la compagnie de Barbara dans ce "il chagrine autant qu'il pleut sur Nantes."
Les "éclats de breloque" de Bordeaux m'ont par contre interrogé.

Belle aventure.

   inconnu1   
25/1/2022

   Myo   
27/1/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour Inconnu 1,

Je me suis faite un peu attendre... comme la belle endormie ;-)

Mais le plaisir de vous lire en est d'autant plus grand.
Une poésie qui dessine les contours d'un bout de route, bout de vie, bout de rêve qui s'embrume dans la tourmente de l'incompréhension et du doute avant de dévoiler ce dernier vers tourné vers l'espoir.

Oui, un style moderne qui distille une émotion palpable dans ce voyage jusqu'à la fin de la nuit que l'on vit intensément.

De très belles formulations " Rennes se déshabille au milieu des clapots" "..ce répondeur qui séquestre ta voix" ... et tant d'autres.

Je vous pardonne aisément ce "e" trouble-fête et je suis tout à fait d'accord avec vous. Il ne faut jamais changer un vers en dernière minute... je me suis déjà faite avoir aussi.

Merci du partage de votre talent.

   Anonyme   
27/1/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je n'y entends rien de rien aux catégories en Poésie, néanmoins il est certain que la vôtre, ici, dégage un incontestable parfum de modernité.

Est-ce sa mise en vers en forme de road movie ? Certainement un tout qui donne cette ambiance si prenante.

Ah, votre ''Rennes se déshabille au milieu des clapots." Je crois bien que c'est là que je me suis laissée emporter...

Il est évident que je ne referais plus cette route, parcourue plusieurs fois par an, sans penser à votre ''Romance noire pour une nuit blanche''.

Merci pour le partage, Inconnu.
A vous relire...


Cat

   Ascar   
2/2/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
De votre départ de Rennes à votre arrivée à Bordeaux, je n'ai pas perdu une goutte de cette pluie qui vous a accompagné.

La richesse des rimes, les images singulières, le vocabulaire industriel m'ont plongé dans cette romance noire.

Vous avez un style hypnotique et je reste comme un lapin figé sur la route par les pleins phares de votre clio.

Bravo

   Anonyme   
2/2/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Le principal défaut de la pièce réside dans sa chronologie et plus précisément dans le déroulé de sa toile de fond :
1. « La nuit n'a pas encore blanchi sa cape brune. »... elle ne devrait pas tarder à finir...
2. « Sous le dais de la nuit »... puis on est maintenant en plein dedans !
3. « Rennes se déshabille »... mais on s'apprête seulement ensuite à aller se coucher !
4. « Et le soir qui s'éclaire et le ciel qui détonne »... avant le soleil !
Admettez qu'il est difficile de vous suivre !
L'autre élément permanent du décor : la pluie, tenant nettement mieux la route en crescendo maîtrisé, parvient heureusement à vous épargner le fossé. Notons encore, en nids de poule, les répétitions rapprochées de « nuit » (x1) et « ciel » (x2) ; il semblerait aussi que l'expression "frais comme un gardon" vous ait égaré...
Je vous concède que ce sont ici des détails, et que franchi l'écueil de « la nuit », je verrais bien cette "poésie de la modernité" – expression plus ou moins métaphorique et dans l'ensemble juste et adroite d'une relation sentimentale compliquée et d'un quotidien surmené caractéristiques du mode de vie occidental actuel – scandée par Grand Corps Malade ou sous la plume d'un Houellebecq... enfin, à peu de choses près. Vous voyez, comme l'allocutaire du très réussi dernier vers, je vous ai (presque) tout pardonné.


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