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Poésie contemporaine
Ithaque : Je vous aime...
 Publié le 10/04/19  -  10 commentaires  -  1102 caractères  -  215 lectures    Autres textes du même auteur

Imaginons la dame affairée devant sa coiffeuse. On frappe. Elle dit "entrez".
L'homme, ganté de blanc, lui remet un pli posé sur une coupelle d'argent.
Elle l'ouvre et lit...


Je vous aime...



Quand vos sandales bleues dénudent le bouton
De la bride chinée, noire sur la soie grège,
Que vos chapeaux déploient, cheveux peignés en règes,
Leur feutrine à plumets, dans la De Dion Bouton...

Quand la vigne vous fait un sautoir en raisins,
Festonné de rameaux, dentelé de charmilles,
Et que je vous soupire à l’oreille « ooh Camille »
En libérant vos seins sous la blouse en basin...

Quand nos corps, exaltés par la tiédeur des nuits,
Fuient, loin des invités festoyant au Domaine,
Vers le foin des haras, près des statues romaines,
Ou le long des étangs pour un bain de minuit...

Quand nos bouches, repues de mots et de baisers,
Font un nid à l’Amour dans la maison du garde
Où grogne, dérangé, ce chat qui nous regarde
Faire chanter le lit et jambes décroiser...

Quand, au petit matin, vous lacez lentement
Le corset de satin qui souligne vos hanches,
Quand, à vous regarder, c’est chaque jour dimanche,
Une seule pensée m’emmène au firmament :

Je vous aime !


 
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   Gemini   
22/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est le genre de titre qui fait peur, si bien qu'on aborde souvent le texte avec des préjugés.
En ce qui me concerne, j'étais parti sur la piste d'un amour non encore consommé, et donc d'une cour délicate (ah ! les préliminaires), mais dès la fin du deuxième quatrain j'ai vu qu'on rentrait dans l'explicite et j’ai trouvé par la suite (un peu) moins de charme à l'ensemble. C’est un peu comme si la flamme ayant déjà embrasé le foyer, on venait seulement rajouter quelques bûches pour l'entretenir.
Les premiers vers (et l'exergue), avec leur langage châtié, leur ton, leur qualité de détails, leur positionnement dans une époque années folles et dans une société pour le moins huppée, m'avaient donc conduit sur des amours démodés (avec la puissance suggestive de leurs non-dits).
Mais je ne fais qu’exprimer une déception personnelle ; cela ne modifie bien évidemment pas la vérité de l’histoire, et n’enlève rien à la qualité de la suite, excellente par ailleurs. Je n'ai buté que sur "Faire chanter le lit et jambes décroiser" pour la construction grammaticale, et sur l'emploi de "chaque jour c'est dimanche" qui m'a semblé un tantinet sortir du registre général.
Au final, il me reste l’impression d'une lettre d'un galant (j'ai eu du mal à croire que ce soit son baron) qui veut prouver qu'il ne sait pas dire que "Ôôh Camille" lorsqu'il a recouvert ses sens. Il faut reconnaître que Madame est (bien) servie.
Je n'aurais pas ponctué le titre, parce que je crois que ces trois mots se suffisent à eux-mêmes (et dans l'esprit, "Je vous aime quand", qui est sous-entendu en anaphore, n'est pas ponctué).

   papipoete   
10/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Ithaque
" quand Vous êtes devant moi, je suis un autre que moi, mes sens en émoi... ", lit Madame ces lettres couchées dans ce pli livré . Et l'amoureux éperdu nous renvoie au siècle, où roulaient De Dion Bouton à tombeau ouvert, faisant voleter les cheveux au vent ! C'était le temps où l'on folâtrait pour passer le temps, Monsieur le Marquis chassant à coure, laissant sa Douce courir grand danger...
NB l'auteur semble être le héros de Lady Chatterley, qu'il retrouve dans sa " maison " loin des regards humains, mais tout près des animaux de la forêt... on pourrait entendre réer la biche...
Les 2 premières strophes me semblent trop désuètes, alors que les autres, intemporelles mettent l'eau à la bouche !
Deux vers me plaisent particulièrement ;
" Quand, au petit matin, vous lacez lentement
Le corset de satin qui souligne vos hanches "
à part le vers final de 3 vers, je ne vois pas ce qui s'oppose au " néo-classique " ?

   Davide   
10/4/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Ithaque,

Ah ! Un poème qui sent le charme d'une époque lointaine...
De bien belles images pour décrire les folles aventures de ces amants, des références soignées, le tout mâtiné d'un peu de fantaisie embourgeoisée.
On sent le travail de l'auteur(e) derrière ces quatrains finement dentelés.

L'expression "jambes décroiser..." me paraît maladroite ; on dirait plutôt "décroiser LES jambes" ou, par inversion du sujet, "LES jambes décroiser".

Je n'ai pas été emporté autant que je l'aurais aimé par ce poème épistolaire.
Si la pudeur des mots m'a séduit, le romantisme apprêté auquel je m'attendais en première lecture m'a fait faux bond.
Pas de salamalecs ici, mais des nuits dans les foins des haras...
Pourquoi pas, mais ce parti pris m'a quelque peu dérangé.

Malgré tout, ce poème reste un délice de lecture !
Bravo !

Davide

   senglar   
10/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Ithaque,


Délicieusement Années folles (trop), c'est à la fois lent et avec des accélérations, des rapidités incongrues cependant, des ellipses et des raccourcis où l'on eût voulu ou se vautrer ou du moins s'attarder, ce qui crée des vides et quelques insatisfactions. Ce couple n'en a finalement que pour lui. Je ne l'ai pas trouvé très partageur. C'est que je suis un voyeur moi et je n'ai pas eu ici mon content.
Sinon d'une préciosité parfois un peu maladroite, d'ébats un mon avis un peu trop policés, réglés, régentés, finalement académiques ; pas suffisamment désordonnés.

Du vocabulaire mais des décors convenus.
Une invite à la baise mais une alcôve tue.

"ooh Camille" ! Mais secouez-le donc votre bonhomme ! On a l'impression qu'il porte un corset et qu'il est plus corseté que corsaire.

"Je veux voir des poils et de la salive" disait Jean-Pierre Mocky à des acteurs qui jouaient une scène de sexe.

lol

senglar

   Castelmore   
10/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ambiance années folles, art nouveau ... Château en bordelais ... ils aiment la vie aisée et la vie tout court !
Le vocabulaire un peu suranné est cousu au style légèrement précieux et tous deux concourent plaisamment à nous poser dans ce décor et suivre ces amants jusqu’à ce chat voyeur...

Un double regret... pour
« c’est tous les jours dimanche » qui dénote dans cet univers épistolaire ... (à moins que ce ne soit le régisseur qui s’offre l’héritière...)
et le vers 16... que n’avez vous osé la double inversion:
Les jambes décroiser, le lit faire chanter...

Mais l’ensemble reste fort réussi et d’une lecture délicieusement coquine...

   VictorO   
10/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Poème très plaisant et élégant qui regorge de détails, notamment vestimentaires, mas qui ne manque pas de surprises. Un thème on ne peut plus classique, mais une très belle mise en œuvre.

   Anonyme   
10/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quand la belle Dame, élégante, raffinée, nantie - bien entendu..- préfère à la De Dion Bouton et la fête au " Domaine ", faire l'amour dans le " foin des haras " ou la maison du garde.

Tableau coquin sur un fond de belle époque avec une écriture adequate.

Juste un bémol : " jambes décroiser..." une inversion qui ne passe pas très bien.

   jfmoods   
11/4/2019
Aimer, c'est rêver sa vie.

C'est, par le vouvoiement, jouer la distance, cultiver le mystère.

C'est évoluer dans une nature complice.

C'est fixer l'émerveillement du vêtement et de l'accessoire, qui couvrent et qui découvrent.

Aimer, c'est réciter (à soi, à l'Autre), l'incandescente partition des heures traversées.

Merci pour ce partage !

   Cristale   
11/4/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Diantre que lis-je de mes chastes prunelles ? La coquinerie s'en donne à coeur joie et se vautre dans la fange des plaisirs libertins.
Si l'habillage de la gourgandine fut une occupation de grande ampleur, le déshabillage ne laisse rien paraître d'un éventuel long effeuillage.
Le damoiseau eut tôt fait d'accomplir la tâche tant l'oiselle s'y prêta de bonne grâce et même l'aida...

J'aime beaucoup ce tableau suranné et j'imagine que le narrateur s'est bien amusé à sortir de la toile ces personnages hauts en couleurs dans leurs batifolages.
Excellent !

Evidemment, j'aurais préféré un peu plus de soin du point de vue prosodie mais je respecte également la liberté de l'auteur à ce propos.

Cristale

   emilia   
11/4/2019
 a aimé ce texte 
Bien
A chacun son fantasme et son imaginaire pour évoquer « un nid à l’Amour », planter le décor du temps passé dans un milieu privilégié où le serviteur « ganté de blanc, remet un pli posé sur une coupelle d’argent »…, nous permettant d’assister, entre autres, au lent laçage d’un corset de satin au charme particulier et suggestif, caractéristique de l’époque…


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