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Poésie contemporaine
Ithaque : Psoriasis
 Publié le 16/05/18  -  7 commentaires  -  1508 caractères  -  191 lectures    Autres textes du même auteur

Des messages de sang, un hôte indésirable : confidences d'un(e) souffrant(e).


Psoriasis



« Je regarde la grève où la mer a laissé,
Lambeaux éparpillés au jusant sur la plage,
Ces épaves couvrant d’un sordide voilage
L’estran de mon corps pris dans les rets du passé.

Mes flots n’en pouvaient plus de charrier jour et nuit
Ces fétides esquifs agglutinés sur l’onde,
Parasites bouquets d’émotions floribondes
Fécondées par ma peur, ma tristesse, l’ennui,

Les douleurs d’autrefois, l’absence de mots dits
Quand il eût été temps et besoin de le faire,
Jetées dans l’océan de l’oubli pour défaire
Leurs écheveaux noués de chagrins interdits...

Alors la vie posa, au sable de ma peau,
Les coupables intrus venus des plis de l’âme !
Un jour, à pas de loup, s’imprima leur infâme
Griffure d’incarnat, armoirie et drapeau,

Sous mon derme saigneux où gémissait l’émoi
De larmes détenues. Ô rebelles captives,
Murées depuis toujours, sortez de vos archives,
Venez crier vos noms sans un Excusez-moi !

Remontez de jadis vers le pays des fleurs
Qui guérissent de tout, au grand air, dans mes rires,
Sur mes cahiers remplis de poèmes, mes dires,
L’amour émancipé des plus sombres couleurs,

Mes joies, mes utopies de présent, d’avenir,
Donnez-vous libre cours, et mes talents d’artiste
Nettoieront l’océan des fumerolles tristes
Qui enfouirent la braise au fond du souvenir


Tatouant sur ma peau ses messages de sang. »


 
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   Anonyme   
16/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Ithaque,

Il fallait oser en faire un poème, du psoriasis !

Tout semble dit ici, et bien dit ! Du mal fait par le temps jadis qui ronge et se dépose sur la peau comme autant de blessures, et les souffrances infligées par ce mal, physiques autant que morales. La première strophe est explicite en ce sens :

"« Je regarde la grève où la mer a laissé,
Lambeaux éparpillés au jusant sur la plage,
Ces épaves couvrant d’un sordide voilage
L’estran de mon corps pris dans les rets du passé."

Rajoutée à cela, la volonté de se sortir des maux par les mots, par le talent de la plume et l'on peut se laisser-aller à écouter la musique de cette histoire où l'on sent une volonté farouche et désespérée pour s'extirper de ce tourment.

Heureusement, s'épancher sur la feuille blanche guérit bien des plaies. Preuve, s'il fallait, qu'il ne faut pas se laisser bouffer de l'intérieur par des interdits, des non-dits ou autres empêcheurs de tourner en rond...

Merci pour le partage.


Cat

   Anonyme   
16/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Oups !!
C'est ce qui se nomme prendre des risques.
Avoir l'idée de traiter ce sujet en poésie peut paraître une gageure.
Mais non ! Tu le fais avec une finesse et un tact étonnants.

On oublie vite la maladie elle-même, pour découvrir la souffrance - psychologique surtout - de cette personne qui la subit.
Et cette pugnacité qui l'anime, avec la ferme décision de la vaincre.

Je ne cite rien car j'apprécie tout.
Je te dis << chapeau ! >>

   Anonyme   
16/5/2018
Bonjour Ithaque,
J'avoue être surpris d'un poème sur un tel sujet et l’analogie entre la maladie et l'océan.
D'abord sur le sujet, le psoriasis. En faire de la poésie ????
Pour ma part, je dirais que cela me gène, je trouve un peu inconvenant.
Le poème est long, très long. On sent que vous avez une grande aisance à versifier
et que vous le montrer avec grand plaisir.
Le ton et le vocabulaire employé sont soignés, parfois solennels, parfois sophistiqués
mais cela ne va pas très bien avec cette maladie.Il y a comme une discrépance entre forme et fond..

Résumé: Vous avez fabriqué une superbe pièce poétique, avec des bois précieux bien travaillés, marquetés, dorés, vernis, lustrés
mais vous avez oublié la poésie... je veux dire un certain sens de la poésie bien entendu).

Mais si d'avoir écrit cela vous aide à soulager la maladie, alors là, c'est magnifique.

   LenineBosquet   
16/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Je trouve ce poème très réussi, d'abord parce qu'il y a un certain culot à mettre le psoriasis en poésie et j'aime les thèmes peu commun.
De plus vos mots sont choisis, c'est ciselé, il y a une belle maîtrise de la versification. Je suppose que ce poème atterri dans la catégorie " contemporain " à cause du dernier vers qui ne rime pas, sinon c'était du néo-classique.
Et c'est bien de la poésie que d'exprimer ces douleurs de l'âme qui, ici, deviennent douleurs du corps.
Impec' !

   Anonyme   
20/5/2018
 a aimé ce texte 
Pas
Je vous ai lu, relu et re relu très attentivement.

Le poème en sa forme est remarquable, les mots sont sans aucun doute bien posés avec aisance, mais ils ne m'ont apporté aucune émotion, ni ressenti face à l'immense et intense douleur que peut provoquer le "Psoriasis", il est l'absent.

Je trouve votre écrit bien trop "empesé", vous avez enfermé ce "Psoriasis" dans un beau carcan poétique étriqué, le rendant abstrait et surtout inhumain. D'ailleurs heureusement que votre titre précise de quoi il s'agit, après moult lectures, je ne l'aurai jamais envisagé.

J'ai peut-être trop le souvenir de ces personnes ayant souffert de ce mal difficilement guérissable, je ne perçois ici rien de ce qu'est leur vie au quotidien, rien de ce qu'est leur combat perpétuel pour vivre avec un peu de répit sans leur horrible douleur profondément ancrée, et pourtant ils sont aussi cette véritable joie de vivre qui vous fait relativiser sur vos petits bobos.

La forme est talentueuse mais pour moi pas le fond.
Je pense, peut-être à tort que ce genre de sujet est complexe à aborder en poésie, les mots à eux seuls ne peuvent exprimer toute l'étendue d'une douleur aussi pesante, malgré toutes les qualités de plume ici présentes.

   Robot   
21/5/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je trouve que le poème a su se dégager des maux proprement dits pour en faire une métaphore de la maladie.

Ce n'est pas si simple de décrire un mal sans tomber dans la complaisance ou le mélo. Je trouve que le juste milieu, la juste distance et le parti pris de la valeur poétique des vers ont été parfaitement mesurés. C'est en cela que ce texte dépasse le vécu personnalisé pour en faire un récit plus général.

"Alors la vie posa, au sable de ma peau,
Les coupables intrus venus des plis de l’âme !
Un jour, à pas de loup, s’imprima leur infâme
Griffure d’incarnat, armoirie et drapeau,"


Ce quatrain résume bien ce qu'est la condition vécue sans en faire trop.

   jfmoods   
8/6/2018
Ce poème est composé de sept quatrains et d'un monostique en alexandrins. Les rimes sont embrassées, suffisantes et riches, sauf pour le dernier vers qui ne fait pas écho.

I) L'encalminage

1) Un naufrage métaphorique

La thématique de l'échouage d'une flotte innerve les trois premières strophes du poème (champ lexical de la rive : "grève", "mer", "jusant", "plage", groupe nominal : "Lambeaux éparpillés", démonstratifs assortis d'adjectifs qualificatifs hautement discriminants : "Ces épaves couvrant d’un sordide voilage", "Ces fétides esquifs", métaphore : "L’estran de mon corps", personnification : "Mes flots n’en pouvaient plus de charrier jour et nuit").

2) L'échec à se réaliser

L'individu est prisonnier d'un vécu douloureux qui ne lui a pas permis de se construire une identité heureuse (métaphore : "les rets du passé", "l'océan de l'oubli", groupes nominaux élargis : "Parasites bouquets d’émotions floribondes", "Leurs écheveaux noués de chagrins interdits", accumulation : "ma peur, ma tristesse, l’ennui, / Les douleurs d’autrefois, l’absence de mots dits", conditionnel passé deuxième forme : "Quand il eût été temps et besoin de le faire").

II) Une éruption salvatrice ?

1) Un envahisseur

Le locuteur se voit soudain confronté à un ennemi intérieur (allégorie : "la vie posa") dont il attribue l'origine à la situation psychologique dans lequel il se trouve (personnification : "Les coupables intrus venus des plis de l’âme"). La maladie de peau (le psoriasis du titre) commence sa redoutable invasion (métonymies : "leur infâme / Griffure d’incarnat", "mon derme saigneux", image de l'armée en marche : "armoirie et drapeau").

2) La rébellion en germe

Le poète fait alors appel à ses forces de vie pour se libérer à la fois de l'assaillant et de son passé (métaphore : "le pays des fleurs / Qui guérissent de tout", accumulation : "au grand air, dans mes rires, / Sur mes cahiers remplis de poèmes, mes dires, / L’amour émancipé des plus sombres couleurs, / Mes joies, mes utopies de présent, d’avenir", futur : "Nettoieront l’océan des fumerolles tristes", métaphore figurant une identité à défricher : "la braise").

Merci pour ce partage !


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